Les Musées d’Extrême-Orient (Bruxelles)

Hors des circuits touristiques habituels, le complexe des musées d’extrême orient de Bruxelles vaut largement le détour. Situé dans le parc du domaine royal de Laeken, l’ensemble est constitué de trois bâtiments, la tour japonaise, le pavillon chinois et enfin un Musée d’Art Japonais. Lors de ma visite, je n’ai pas eu le temps d’explorer ce dernier : mon billet ne portera donc essentiellement sur l’histoire des lieux, dont l’origine remonte au règne de Léopold II (1835-1909).

Lors de sa visite de l’exposition universelle de 1900, à Paris, le roi Léopold II avait particulièrement apprécié l’attraction « Panorama du Tour du monde », proposée par la Compagnie des Messageries maritimes. Il s’agissait d’un bâtiment composite, dont les éléments évoquaient les architectures mauresques, japonaises et cambodgiennes.

Le Tour du Monde, exposition de 1900

De retour à Bruxelles, il s’adresse à l’architecte de l’attraction, Alexandre Marcel (1860-1928) et lui commande une tour japonaise pour le parc du domaine royal de Laeken.

Le chantier est lancé dès l’été 1901. Alexandre Marcel reproduit la tour qu’il avait conçu pour l’attraction parisienne : sur une structure employant les techniques architecturales européennes, il plaque un décor constitué d’éléments importés du Japon. Il ne s’agit donc pas, contrairement à ce que l’on pourrait croire, d’une « vraie » tour japonaise : la tour de Bruxelles présente 6 niveaux alors que la tradition japonaise n’en prévoit que 5 et ceux-ci sont tous accessibles tandis qu’au Japon, seul le rez-de-chaussée l’est. De plus, la pagode est dotée de tout le confort moderne (électricité, chauffage et même un ascenseur !). Pour donner du cachet à l’ensemble, l’architecte commande un certain nombre d’éléments fabriqués au Japon (panneaux de bois sculptés et peints, mobilier, objets décoratifs). Pour compléter l’ameublement de la tour, Alexandre Marcel fait appel dès 1902 à des décorateurs parisiens, qui sont chargés de la réalisation de vitraux, de plafonds peints et de luminaires.

Les travaux se déroulent très lentement. La tour est inaugurée en 1904. Conçue pour le plaisir personnel du souverain, elle est ouverte au public à titre exceptionnel en mai 1905, à l’occasion d’une garden-party.

Quant au pavillon chinois, il a été inauguré en 1911. Il était à l’origine destiné à accueillir un restaurant de luxe. Son décor néo-XVIIIème siècle dans le goût des chinoiseries, regorge de détails croustillants.

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La pagode, qui présente très rapidement des vices de construction, finit par désintéresser le roi, qui n’y venait plus que rarement. Elle devient une annexe du musée commercial des affaires étrangères. En 1921, la tour japonaise et le pavillon chinois sont légués à l’Etat puis confiés au musée du Cinquantenaire. L’ensemble restera longtemps fermé.

Aujourd’hui, la tour japonaise contient une exposition permanente de porcelaines japonaises des XVIIème et XVIIIème siècles réalisées pour l’Europe et d’arts décoratifs japonais présentés aux expositions universelles. Quant au pavillon chinois, il abrite une belle collection de porcelaines chinoises d’exportation. Les collections sont issues de legs et dons de collectionneurs belges et de cadeaux du Japon à la Belgique.

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Cette visite a été le coup de cœur de mon dernier séjour à Bruxelles. Les amoureux de l’Asie, les romantiques et les nostalgiques des années 1900 y trouveront leur bonheur… Le dépaysement est très plaisant, l’atmosphère très particulière… Les lieux sont peu fréquentés, ce qui ajoute encore à leur charme ! Dommage cependant que l’on entende tant les voitures (une route traverse le site !).

Il ne faut pas se contenter des extérieurs (accessibles libre) : la visite des deux bâtiments est indispensable, surtout pour les amateurs de chinoiseries et de japonisme : les décors, comme les collections, témoignent des rapports culturels et économiques entre l’Europe et l’Extrême Orient.

Informations pratiques sur le site des musées d’Extrême-Orient

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