Bien avant que le scandale du Piss Christ éclate, j’avais préparé, en vue de l’ouverture du blog, un article sur la femme qui pisse de Rembrandt.

Des gravures de Rembrandt, on admire souvent la Pièce aux cent florins ou Les trois Croix, et si l’on connait bien ses nus, il est plus rare que l’on ne montre cette petite pièce de La femme qui pisse. Elle a cependant été présentée dans l’exposition Rembrandt, La lumière de l’ombre (BNF, 1996) au coté de plusieurs de ses nus et de deux pièces toutes aussi croustillantes, Le lit à la française et l’espiègle (les curieux seront ravis de chercher sur google image la première citée). Il est vrai que les nus et sujets « libres » occupent une place limitée dans l’œuvre de Rembrandt.

La femme qui pisse, comme son pendant, l’homme qui pisse, sont des gravures de facéties ou de caprices, comme celles de Callot ou de Goya (dont je serai amenée à reparler). Ce n’est pas un sujet si rare dans l’art hollandais et le nombres de copies (7 pour l’homme qui pisse), laisse entendre qu’elles étaient très recherchées. Vivant Denon lui-même l’aurait peut-être copié !
Cependant, elles choquaient : l’auteur d’un ouvrage sur Rembrandt les qualifie même « d’horreur artistique ». C’est très probablement le sujet «vulgaire » et le réalisme des figures qui gênent.
J’apprécie particulièrement celle de La femme qui pisse pour son expression, si mal à l’aise : elle semble s’assurer qu’elle n’est pas épiée… or, nous sommes là en voyeur, nous délectant du plus croustillant ! Les historiens de l’art ont loué cette capacité de Rembrandt à saisir avec vivacité les instantanés de la vie quotidienne des vagabonds, que l’artiste a plusieurs fois traités (Gueux à la motte de terre et gueux à la jambe de bois)
Pour en savoir plus : consulter l’exposition virtuelle Rembrandt, la lumière de l’ombre, Paris, BNF, 1996
Ping : Un trésor scatologique dans la chasse aux trésors de Gallica | Orion en aéroplane
Ping : Estampes | Pearltrees
Ping : Faire caca à Paris au XVIIIe siècle… pas évident! | Orion en aéroplane