Les linogravures de Céline Prunas exposées à Reims

Ces derniers mois de nombreux lecteurs de ce blog se sont découvert une passion pour la linogravure. Alors, si vous passez par Reims durant les prochaines semaines, il y a une exposition à ne pas manquer, celle de Céline Prunas au Cellier.

Détail d'une linogravure de Céline Prunas, Le Ciel, 2016
Détail d’une linogravure de Céline Prunas, Le Ciel, 2016

La technique de la linogravure, Céline Prunas ne l’a découverte que récemment. En résidence à la friche artistique rémoise La Fileuse, l’artiste projette de peindre. Séduite par les odeurs d’encre qui émanent de l’atelier voisin d’une typographe, elle abandonne subitement tous ses projets pour se lancer à corps perdu dans la gravure, avec le soutien de l’association Aquaforte. Deux ans plus tard, la voici présentant pour la première fois au public ses tirages dans le très bel espace d’exposition de la ville de Reims, le Cellier.

Vue de l'exposition Anima Mundi au Cellier
Vue de l’exposition Anima Mundi au Cellier

Si la rencontre avec le médium relève du coup de foudre, les thématiques abordées dans son œuvre sont le fruit d’une longue maturation. Le titre de l’exposition donne le ton. Anima Mundi (l’âme du monde) : c’est le rapport entre l’homme et la nature qui préoccupe la jeune artiste, depuis toujours fascinée par la faune et la flore qui l’entourent, par les paysages qu’elle habite. Un intérêt qui l’a menée sur les bancs de l’École Nationale Supérieure du paysage de Versailles avant de se tourner vers l’expression plastique de son rapport à la nature.

Portrait Céline Prunas artiste graveur
Céline Prunas devant l’une de ses linogravures, exposées au Cellier jusqu’au 5 mars 2017

Sa relation très intime à la nature, au paysage, se retrouve dans sa pratique de la gravure : elle creuse des sillons dans le linoléum comme on jardine la terre, arrache la matière pour retrouver l’aspect brut des textures de la nature.

Sous les voûtes des caves du Cellier, le visiteur découvre d’abord plusieurs séries de linogravures sur le thème de l’hybridation et de la puissance animale. Quelques mètres plus loin l’attend ce qui constitue le clou de l’exposition : un triptyque composé d’immenses linogravures d’un mètre sur deux, dont chaque matrice a demandé à l’artiste un mois de travail. Le ciel, la mer et la terre, trois œuvres qui incitent à la contemplation : à la surprise de l’effet d’ensemble, succède l’envie de scruter chaque détail, d’essayer de reconstituer l’histoire que les images racontent. On peut rester ainsi de longues minutes à fouiller la surface imprimée, pour le plaisir d’y découvrir de nombreuses références aux mythologies ou simplement s’émerveiller de la richesse du vocabulaire graphique déployé. Dans la salle suivante, l’émotion est renouvelée devant le spectacle des trois matrices flottant au-dessus du sol.

Très intriguée et enthousiasmée par cette œuvre, j’ai posé beaucoup de questions à l’artiste sur le processus de création. Dans son atelier, à la Fileuse, sont encore suspendus des tirages d’essai, des notes de recherche, témoins de plusieurs mois de travail. Sur le linoléum, Céline Prunas a d’abord jeté les grandes dynamiques, puis déployé l’histoire qu’elle avait en tête, dessinant directement sur la matrice les différentes figures. Ce n’est qu’une fois chaque élément de la composition placé qu’elle s’est lancé dans la gravure. Parfois, alors que la gouge creusait le linoléum, il apparaissait qu’un groupe n’était pas heureux, alors il fallait gommer puis à nouveau dessiner les figures. La gravure en relief n’autorise plus le repentir une fois la matière incisée. Chaque matrice a nécessité un mois de travail, évidemment entrecoupé par d’autres réalisations. Pour l’impression, l’artiste ne disposait pas de feuille de papier japonais assez grande pour couvrir toute la surface des matrices, alors elle a procédé par lés successifs, ensuite contrecollées. Le résultat n’est pas sans m’évoquer les immenses gravures de la Renaissance, gravées sur plusieurs matrices et ensuite assemblées.

Les récits mythologiques, qu’ils soient issus de la culture gréco-romaine ou d’autres civilisations, sont très présents dans les travaux de Céline Prunas, qui avoue qu’ils constituent l’un des enseignements qu’elle a préférés pendant ses études d’histoire de l’art. Le rapport de l’homme à la nature étant au centre de ces récits, elle ne pouvait qu’y prendre goût. C’est ainsi qu’ils ont façonné son propre imaginaire et peuplé ses œuvres.

Si vous avez la chance de visiter l’exposition en présence de l’artiste, n’hésitez pas à aller lui parler, ses explications sont passionnantes… Et si, comme moi, vous pratiquez la linogravure, vous y trouverez certainement beaucoup d’inspiration.

Anima Mundi, à voir au Cellier, rue de Mars  à Reims jusqu’au 5 mars 2017. Entrée libre et gratuite, du mercredi au dimanche, de 14 h à 18h. 

Cet article a été rédigé suite à un voyage presse organisé par le Cellier. Je remercie Céline Prunas, Béatrice Meunier-Déry et Perrine Guillet pour leur accueil et leur disponibilité.  

Mon amie Ecribouille a également visité cette exposition et vous livre ses impressions sur son blog.

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