La galerie David d’Angers est l’un des plus beaux musées français consacrés à la sculpture. Installé dans les ruines d’une ancienne église, dont les murs ont été couverts d’une toiture de verre, il présente l’œuvre du plus fameux artiste que la ville ait donné à la France, David d’Angers. Portraitiste talentueux, sculpteur prolifique, il a réalisé au cours de sa carrière quelque 700 statues et médaillons.

David d’Angers, une carrière remarquable
Pierre-Jean David naît à Angers en 1788. Son père est sculpteur-ornemaniste et c’est auprès de lui que Pierre-Jean fait son premier apprentissage. Élève à l’école de dessin d’Angers, il est remarqué pour son talent : grâce à une bourse d’études, il peut poursuivre ses études à Paris, où il devient le protégé du peintre David (mais aucun lien de parenté entre les deux !). Son parcours est exemplaire : en 1811, quatre ans seulement après son entrée à l’École des Beaux-Arts, il remporte le prix de Rome qui lui ouvre les portes de l’Italie.
Son séjour de quatre ans à la Villa Médicis est une étape décisive dans sa formation. Au contact des antiques, il achève de former son goût.
À son retour en France, les grandes commandes se succèdent : il réalise de nombreux monuments publics, comme la statue de Gutenberg pour la ville de Strasbourg, le Grand Condé pour le pont Louis XVI (actuel pont de la Concorde) à Paris, Jean Bart pour la ville de Dunkerque…

Sa plus importante réalisation demeure le fronton du Panthéon, qui lui est commandé en 1830. Sept ans seront nécessaires pour réaliser ce monumental bas-relief, qui célèbre les Grands Hommes de la Nation, couronnés par la Patrie. On y reconnaît Voltaire, Rousseau, le peintre Jacques-Louis David, qui protégea l’artiste, mais aussi le général Bonaparte…

« Glorifier les Grands Hommes ». David d’Angers, un artiste engagé
L’œuvre de David d’Angers tout entier est tournée vers la glorification des grands hommes et s’illustre particulièrement dans la galerie de portraits qu’il a réalisée. Excellent physionomiste, David d’Angers a représenté par centaines ses contemporains, en buste ou en médaillons. Quelques-unes de ces œuvres résultent de commandes, mais la plupart sont des hommages personnels, motivés par l’admiration qu’il portait aux plus brillants esprits de son temps. Dans le Panthéon personnel de David d’Angers, on trouvera Victor Hugo, Armand Carrel, Goethe, Niccolo Paganini… Ces portraits sont saisissants de vérité, enregistrant les moindres caractéristiques du modèle. Homme de son temps, David d’Angers s’est beaucoup intéressé à la phrénologie, une « science » à la mode au début du XIXe siècle, qui consiste à déduire le caractère des hommes à partir des formes de leur crâne. Aussi n’hésitait-il pas à palper ses modèles et à accentuer les protubérances crâniennes pour mettre en avant leurs qualités morales.
Le choix des personnages qu’il portraiture est le reflet de la sensibilité politique de David d’Angers, fervent républicain. L’artiste n’hésite d’ailleurs pas à refuser les commandes qui vont à l’encontre de ses convictions. Dans les années 1830, il s’illustre en imposant les personnalités représentées sur le fronton du Panthéon, ce qui lui vaut de s’attirer le courroux du pouvoir, mécontent de voir apparaître quelques personnages de l’opposition. La sculpture sera installée sans inauguration et plus jamais la direction des Beaux-Arts ne fera appel à lui.

À l’origine du musée David d’Angers
Reconnaissant envers sa ville pour le soutien qu’elle lui a apporté dans sa jeunesse, l’artiste envoie régulièrement ses plâtres d’atelier à Angers, où ils enrichissent les collections du musée. Servant de modèles aux œuvres originales en marbre ou en fonte, les plâtres d’atelier étaient normalement destinés à être détruits.

Après la mort de l’artiste, en 1856, la famille du sculpteur offre à la ville une grande partie de son fonds d’atelier. C’est ainsi que les musées angevins se trouvent à la tête de la plus importante collection d’œuvres de David d’Angers : 250 plâtres, 3900 dessins, 700 médaillons…

Depuis 1984, cette collection est présentée dans un écrin exceptionnel, qui fait tout le charme du musée : l’ancienne abbatiale Toussaint. Il s’agit d’une église gothique, qui appartenait à l’une des abbayes les plus puissantes de la ville. À la Révolution, l’église est confisquée. Faute d’entretien, elle se dégrade rapidement, et en 1815, ses voûtes s’effondrent. Pendant un siècle et demi, les ruines resteront en l’état, avant qu’un ambitieux projet de restauration soit proposé. Il a consisté à couvrir les murs d’une toiture de verre, qui baigne la nef d’une belle lumière dorée et met remarquablement en valeur les plâtres de l’artiste. De quoi ravir les amateurs d’atmosphères originales !
Pour aller plus loin
- Le site officiel du musée (attention, pour les visiteurs estivaux, il peut faire TRES chaud dans la galerie David d’Angers. Préférez visiter le matin…)