Une semaine de vacances début août, à fuir la foule des villes et des plages… Une semaine sur les petites routes isolées du sud du Berry, à rouler dans un paysage verdoyant, sur les traces de George Sand. Une certaine idée du paradis cyclotouristique !

Le choix de notre destination estivale est en grande partie le fruit du hasard… et comme le hasard fait bien les choses ! Initialement, il était question de louer un gîte ou une chambre d’hôte en Bourgogne, mais les prix et les disponibilités ont bien vite eu raison de nos ambitions… Une amie m’avait vanté les beautés du lac de Vassilière, dans la Creuse… peut-être un peu trop loin du train et sans point du Brevet des Provinces Françaises à valider dans les environs. Parcourant ma carte numérique des « rêveries cyclotouristiques », j’explore virtuellement les environs… Mais quel est cet amas de sites BPF réunis dans un minuscule périmètre d’une cinquantaine de kilomètres de diamètre ? Sud du Berry, Nohant… le pays de George Sand ! Je rêve depuis longtemps d’aller découvrir la maison de l’écrivaine, gérée par le CMN. Voilà le lieu idéal pour nos vacances !

Nous louons, à la Ferme des vacances (rien que le nom est une promesse !) une chambre en demi-pension qui rentre pile dans notre budget (50 euros la nuit, 72 avec le repas du soir)… Voilà une affaire rondement menée !
Nous optons pour une arrivée en train à Argenton-sur-Creuse, nous ferons le reste du trajet (60 km) à vélo, à notre rythme.
Au fil de la Creuse, la vallée des peintres, d’Argenton à Crozant
Départ un samedi midi, par un interminable intercité omnibus qui relie la capitale à Cahors. Après deux heures à regarder la campagne défiler, nous voici débarqués à Argenton. La jolie cité déploie ses maisons colorées sur les rives de la Creuse dont nous allons suivre le cours toute l’après-midi.
Premier arrêt – après avoir pédalé cinq kilomètres sur une voie verte pénible – Le Menoux. C’est la première étape culturelle de notre séjour : la banale église XIXe du village recèle un trésor insoupçonnable, des peintures contemporaines, signées Carrasco, un peintre bolivien installé ici dans les années 1970.
Après Le Menoux, nous découvrons une route aussi belle que vallonnée, qui nous offre des points de vue magnifiques sur la Creuse.

Un panneau de médiation, posé au bord de la route, nous propose de comparer le paysage d’il y a un siècle à celui que nous contemplons aujourd’hui. Quel bouleversement ! Les coteaux aujourd’hui boisés offraient autrefois leur relief nu au photographe. Le mode de vie berrichon – et l’environnement – ont été profondément transformés au milieu du XXe siècle par les mutations agricoles. Autrefois, l’agriculture était vivrière : pâturages pour les chèvres et les vaches côtoyaient champs de blé et maraîchages. Il fallait être autonome !
Après guerre, la diversité des cultures s’est appauvrie : l’élevage des chèvres a disparu, les fermes ont mis la clé sous la porte les unes après les autres… et les anciens champs se sont en partie reboisés. Seules les vaches broutent encore en nombre dans les prairies les plus accessibles.
Le cours de la Creuse lui-même a été modifié avec la construction du barrage d’Eguzon : un lac, en amont, a noyé les anciennes berges.
Nous pédalons jusqu’à Gargilesse, petit village médiéval qui porte fièrement la marque des plus belles cités de France. Perché sur son éperon, entouré d’arbres et d’une rivière qui serpente au fond des rochers, Gargilesse dévoile ses atours progressivement. Dommage qu’on y autorise encore la circulation automobile, les voitures viennent gâcher le pittoresque des vieilles pierres !
On admire l’église romane dont la crypte est ornée de belles peintures, en partie conservées. C’est l’un des trésors du Berry, l’art roman, et au moins une bonne dizaine d’églises présentent encore de beaux vestiges peints. Je souhaite que notre route nous en dévoile beaucoup !
La nef de l’église de Gargilesse a elle aussi ses pépites : des dizaines de chapiteaux sculptés. Malheureusement, l’église semble souffrir d’une trop grande humidité et les pierres sont couvertes de mousse verte… Si cela ne menaçait pas le bâti, cela aurait un certain charme.
Traverser Gargliesse, c’est aussi se souvenir de George Sand, qui prit dans le bourg une maison où séjourner incognito. Une maison qui se visite mais que nous n’avons pas eu le temps de découvrir.
Harassés par trente kilomètres de dénivelés trop rudes pour mon vélo trop chargé, nous nous arrêtons un peu avant Crozant, dans un camping au bord du lac d’Eguzon.
Dimanche matin, c’est sous la pluie que nous nous réveillons. Tant pis pour le soleil, c’est par temps gris que nous contemplons les paysages de la Creuse peints par Guillaumin et bien d’autres paysagistes du XIXe siècle… Même Monet est venu ici, enfin non loin, à Fresselines (où nous ne pousserons malheureusement pas).

La descente le long de la Sedelle est magnifique : la route est fraîche et suinte l’humidité des pierres et des mousses. C’est un des plaisirs du cyclotourisme : ressentir avec tout son corps l’environnement qui nous entoure. Un champ en plein soleil vous harasse de chaleur, la forêt vous apporte sa fraîcheur…
À travers le rideau d’arbres apparaissent en séquence les ruines de la forteresse médiévale de Crozant. Nous grimpons à l’assaut du village. Au sommet, un banc nous offre une réconfortante pause. Nous profitons d’un joli point de vue sur les ruines. C’est de là, probablement, que Guillaumin les a peintes, couvertes d’une fine couche de neige.
Je me mets en quête d’un tampon, le premier du séjour. Il s’agit de prouver mon passage à Crozant, l’un des six villages de la Creuse à valider pour le Brevet des Provinces Françaises. Formalité accomplie (à la boulangerie), nous dévalons la pente jusqu’au bord de l’eau. Nous déjeunons là, à l’auberge du lac. L’occasion de goûter le pâté aux pommes de terre, une spécialité locale qui tient bien au corps… Nous en aurons bien besoin pour les 50 kilomètres qui nous restent à parcourir.

Plus nous avançons, plus je suis convaincue de notre choix de villégiature : personne ne circule sur ces petites départementales et nous sommes, avec nos vélos, tout à nos aises.
La nature est verte, vallonnée. Restent ici de petites parcelles bordées de haies derrières lesquelles broutent paisiblement des vaches. Ça me rappelle la Normandie… en moins peuplé. Un paysage à mon goût en somme !

Le paysage est d’une telle composition qu’il offre à chaque tournant, descente, de jolis vues changeantes sur les alentours. La route est belle… mais longue ! Enfin, après cinquante kilomètres, nous apercevons, en haut d’une petite côte une toiture qui est la promesse du repos : nous voici arrivés à la Ferme des vacances. La maison constitue à elle seule le lieu dit des Pouges et nous savons – dès le premier regard – que nous allons passer là cinq jours très calmes.

Sainte-Sévère ou l’ombre de Jacques Tati
Lundi, premier véritable jour des vacances. Nous commençons doucement : la visite de la journée est à sept kilomètres seulement. Il s’agit de Sainte-Sévère-sur-Indre, l’un des plus célèbres villages du cinéma français… célèbre mais bien sûr ! C’est là que Jacques Tati a tourné durant l’été 1947 Jour de Fête, un film qui a marqué le cinéma national. L’histoire d’un facteur rural, le jour de la fête du village, sa rencontre avec la « poste américaine » au hasard d’un documentaire projeté dans une tente de forains, l’animation d’un monde pittoresque en train de disparaître, dans l’immédiate après-guerre. Jacques Tati en est à la fois le réalisateur et l’acteur principal : c’est lui joue le facteur et qui nous amuse de ses pitreries et autres cascades.
Nous avons passé une bonne après-midi à marcher dans les pas de Jacques Tati, à retrouver la silhouette des bâtiments qui composent le décor du film, mais aussi à passer de l’autre coté de la pellicule, en visitant la « Maison de Jour de Fête », une sorte de centre d’interprétation drôlement bien fait. Mais comme je sais que je serais trop bavarde à propos de cette expérience, je réserve le récit de sa visite à un billet séparé.

Contempler le Centre de la France depuis Toulx-Sainte-Croix
Ce mardi matin, c’est la pluie qui nous a réveillés. À vrai dire, elle est tombée toute la nuit : les orages n’ont cessé de nous tourner autour. Qu’allons-nous faire de notre journée si le temps ne s’éclaircit pas ? Heureusement, après 9h, les averses s’espacent, puis cessent.
Nous décidons d’aller à l’assaut de Toulx-Sainte-Croix, dans la Creuse voisine. Cela grimpe, paraît-il, alors autant profiter de la fraîcheur du moment !

La route est comme les jours précédents très agréable et peu fréquentée. Cela grimpe un peu, mais beaucoup moins que nous l’avions redouté. Nous parcourons nos 25 kilomètres sans trop de difficultés : il faut parfois mouliner, mais rien d’insurmontable.
Au sommet de sa colline, Toux-Sainte-Croix nous accueille avec sa curieuse église coupée en deux : la nef d’un côté, le clocher de l’autre. L’explication est vite trouvée : une partie de la nef s’est effondrée et n’a jamais été reconstruite.

L’architecture est puissante et les contreforts sont massifs. Aux observateurs curieux, le clocher révèle quelques surprises, dont une pierre qui présente une forme étrange : à bien y regarder, on distingue une tête, deux jambes… C’est une ancienne stèle gallo-romaine. La figure – probablement divine – a été couchée pour en annuler le culte.

Après avoir visité l’église, nous grimpons à la tour, étrange folie néo-médiévale construite dans les années 1930 par le curé du village, qui voulait un observatoire. Mais la souscription lancée à l’époque ne lui permet pas de dépasser les quinze premiers mètres d’élévation. La tour sera terminée bien plus tard, en 1957 grâce à des financements de l’ORTF qui avait besoin d’une antenne-relais dans la région.
Aujourd’hui, la tour de Toulx n’émet plus la télévision mais accueille toujours les touristes : ils sont 15 000 à grimper chaque année ses soixante-quatorze marches pour admirer la vue sur les sept départements alentours, jusqu’aux monts d’Auvergne.
L’appel du ventre nous entraîne à dégringoler la pente jusqu’au chalet des pierres Jomâtres. Il faut se rassasier avant d’attaquer la promenade des pierres. C’est l’autre curiosité de Toulx, les pierres Jomâtres. De gros blocs de granit, posés au sommet du mont, certains empilés les uns sur les autres, en équilibre que l’on imagine précaire. Oeuvre de la nature, de l’homme ou d’esprits magiques ? La première réponse est la bonne : il s’agit d’une formation géologique particulière. Les blocs de granits, autrefois sous terre, se sont retrouvés déchaussés par le ruissellement qui a emporté le gros sable, laissant nues les pierres. Certaines se sont superposées sur d’autres, dans un équilibre temporaire.

Les éléments ont fait ensuite leur oeuvre : la pluie a sculpté les blocs, dessinant des sillons et creusant des trous où s’accumule l’eau. Sous la force lente de l’érosion, la pierre, parfois est déséquilibrée et bascule : ce sont les pierres branlantes.
Drôle de spectacle, qui fait courir l’imagination : mille et une légendes sont attachées à ces pierres que l’homme a fréquentées dès le néolithique.
Nous reprenons notre route, jusqu’à voir le château de Boussac apparaître entre les arbres, au détour d’un virage. Encore une terre marquée par la plume de George Sand. Son ami Pierre Leroux y résidait et elle y fit plusieurs séjours. C’est d’ailleurs dans ce château que fut découverte la tapisserie de la Dame à la Licorne, aujourd’hui trésor du musée de Cluny à Paris.

Le château a beaucoup souffert des aléas de l’histoire et a traversé le XXe siècle avec difficulté : un temps sous-préfecture, il a ensuite abrité la gendarmerie, avant d’être abandonné puis racheté par un couple, qui l’a restauré en vue d’y déployer sa collection d’objets d’art. L’ensemble se visite mais l’expérience nous a déçus, faute d’un vrai projet de médiation.
Sur la route qui nous ramène à la ferme des vacances, nous savourons, encore et encore, les minuscules routes désertes de la Creuse.
Une journée dans les pas de George Sand, à Nohant-Vic
Mercredi, nous attaquons notre plus grand circuit du séjour : 70 kilomètres sur les traces de la grande George Sand. Nous allons pédaler dans le décor de ses romans : Sainte-Sévère ; La Châtre, gros bourg pittoresque où un musée porte son nom ; et enfin, Nohant-Vic, réunion de deux villages, Nohant et Vic, qui ont chacun leur trésor.
À Nohant, c’est la demeure de George Sand, une grosse maison de la fin du XVIIIe siècle qu’elle a occupée une belle partie de sa vie, y recevant ses amis. Dans les allées du jardin se sont promenées Litz, Chopin, Gautier, Flaubert, Delacroix… Un refuge où créer, où échapper à Paris. George Sand se raconte à travers ces murs. Un récit dont je vous livrerai le détail dans un prochain billet, de peur d’être trop bavarde ici.
Si le jardin et l’exposition sur les marionnettes sont librement accessibles, le coeur de la demeure ne se découvre qu’en visite guidée. Nous avons eu l’immense chance d’être accompagné par une excellente guide conférencière qui nous a narré, avec une pointe de théâtralité – et d’humour, l’histoire de cette maison et de son illustre propriétaire. Tout ou presque est resté en place : le lustre de Murano, les verres offerts par Chopin, le cabinet de travail, le petit théâtre… Il reste même l’immense fourneau alors à la pointe de la modernité et bien indispensable pour nourrir une telle assemblée. Seule déception, ne pas avoir pu pénétrer l’atelier de Maurice Sand, sous les toits, remplis, j’imagine de tous les trésors accumulés par le peintre.
De Nohant à Vic, il n’y a qu’un coup de pédale, sur une grosse nationale qui fend la campagne, blessant comme une cicatrice la quiétude du domaine de George Sand.
La petite église de Vic contient un trésor : un des plus beaux ensembles de peintures romanes de la région. Que d’émotion de le voir enfin en vrai après avoir passé tant d’heures à le contempler dans la pénombre de la galerie des peintures de la Cité de l’Architecture. Le baiser de Judas est la scène la plus célèbre, mais les murs sont pleins d’autres merveilles.
Notre route se poursuit dans les pas de George Sand, nous déballons sur nos chevaux mécaniques les pentes que George Sand parcourait sur un destrier à quatre jambes. Nous faisons une pause au moulin d’Angibault, qui lui a inspiré un roman…

Le site n’a rien perdu de son charme. Moyennant trois euros, on peut entrer voir le mécanisme et tenter d’imaginer la vie des meuniers, ici, il y a un siècle et demi. En lisant les explications, je me souviens tout à coup que j’ai un ancêtre qui fut meunier, dans la Vienne, au milieu du XIXe siècle. Il faudra que je me penche sur son cas lorsque j’en aurai terminé avec l’histoire d’Augustin.
Sur le chemin qui nous ramène au gîte, où nous attend un bon repas, nous croisons l’imposante silhouette du château de Sarzay avec ses quatre hautes tours. Mais il est trop tard pour se lancer dans la visite. Seriez-vous surpris si je vous disais que George Sand y a aussi situé certaines scènes de ses romans ?

Aller boire du Châteaumeillant ?
Après tous ces kilomètres parcourus, nous avons bien droit à une petite pause ! Nous nous accordons une journée de repos au bord de l’étang (et de la piscine) de la Ferme des Vacances. Le lendemain, nous nous lançons dans un petit tour d’une cinquantaine de kilomètres jusqu’à Chateaumeillant, le premier site BPF du Cher que nous validons. Mais le village nous déçoit tant il est moribond. Nous apercevons à peine quelques pieds de ce vignoble dont on nous a pourtant vanté le petit gris et, au restaurant où nous nous attablons, le vin n’en porte même pas l’appellation. Seule consolation, avoir pu voir de très près des chevreuils, que l’on croise nombreux dans les environs. À vélo, nous avançons silencieusement, et ce n’est souvent qu’au crissement des freins que les animaux sauvages nous aperçoivent. Un spectacle bref que l’on savoure !

Excursion à Anzème
Samedi matin : voici une semaine que nous sommes en congé. Il est temps de quitter la douceur de la ferme des vacances pour regagner Paris. Mais notre trajet ne sera pas sans détour : notre train est réservé pour lundi, ce qui nous laisse trois jours pour rallier la gare d’Argenton. Direction donc, d’abord, la Creuse : il s’agit de valider le site BPF d’Anzème, un charmant village perché au-dessus de la rivière.
L’ascension est toute aussi difficile que pour Crozant, mais la vue panoramique nous récompense de nos efforts. Crozant, Anzème, Toulx : trois points pour la Creuse et comme la Creuse forme à elle seule la province de la Marche, je suis bientôt en passe de remporter la première de mes trente-six provinces ! Plus que trois cachets à rassembler ! (D’ailleurs, pour Anzème, pas de cachet souvenir, puisque le boulanger en était dépourvu, une photographie vaut pour preuve).

Les 35 kilomètres de Vigoulant à Anzème, les successions de côtes et de pentes m’ont achevée : je suis épuisée, parviendrais-je à rallier Dun-Le-Palestrel, notre étape du soir ? Il le faut bien, puisqu’il n’y a aucun autre camping sur notre route. Heureusement, le relief se fait plus doux. Le paysage change : toujours des haies, des prairies, mais moins, semble-t-il, de champs de blé. L’horizon se dégage et l’on aperçoit de hautes collines, des petits monts, couverts de résineux, c’est Guéret qui approche. Heureusement que nous n’avons pas à les grimper !
Dans les prés, toujours des vaches. Nous sommes surpris de croiser des veaux beaucoup plus jeunes que dans le département voisin… Comme c’est mignon les bébés animaux !

À Dun-Le-Palestrel, la ville est animée : c’est jour de course… course de vélo ! Nous dégustons une pizza en regardant d’un oeil distrait les compétiteurs lancés à tout berzingue pour faire le tour de la ville, cinquante fois d’affilée. Ils roulent à une autre allure que nous ! Avant la course, quelques gamins glanent des autographes, des cyclistes badinent. Les visages nous sont inconnus mais il semble que plusieurs des coureurs reviennent tout juste du tour de France, où certains auraient remporté des étapes…

Deux jours dans la Brenne
Il nous reste une centaine de kilomètres à parcourir à travers le parc régional naturel de la Brenne pour regagner Argenton-sur-Creuse, où nous reprendrons notre train. Nous avons prévu quelques détours pour valider deux autres sites BPF de l’Indre. Premier arrêt, Saint-Benoît-du-Sault, charmante cité médiévale où pullulent les brocanteurs et les petites galeries d’art et d’artisanat. De l’église romane et de ses vitraux modernes, nous n’apprécierons que l’extérieur, un concert nous interdisant l’accès. Mais quel plaisir d’entendre résonner dans les ruelles alentour les chants baroques qui s’échappent de l’édifice !
Nous enchaînons les kilomètres avec difficulté : une crevaison nous oblige à nous arrêter une heure, puis nous nous perdons, avant de découvrir que beaucoup des chemins que nous avions repérés sur la carte sont soit impraticables, soit privés.
De fil en aiguille, les kilomètres s’accumulent, et le retard aussi. S’ajoute à cela le constat que partout où nous passons, les commerces sont fermés ou ont mis clé sous la porte. Pas une auberge, pas un restaurant, pas un petit hôtel d’étape. Arriverons-nous à dîner ? Nous atteignons enfin le camping de Ruffec, sur les bords de Creuse. Sans la générosité d’un couple à l’emplacement voisin, nous n’aurions rien mangé. Et le lendemain, même galère pour déjeuner : vingt kilomètres sans croiser un commerce ouvert ! La voie verte de Le Blanc à Argenton nous déçoit : on pourrait croire à un itinéraire bucolique le long de la rivière, mais c’est surtout le long d’une grosse départementale que nous roulons. Rien de joli à admirer et une absence de revêtement qui nous pousse à rejoindre les petites routes plutôt de continuer sur cet itinéraire pourtant censé être conçu pour les vélos. Seule consolation, le panorama sur Saint-Gaultier puis l’arrivée à Argenton-sur-Creuse, magnifique.
Au moment d’embarquer dans le train, le compteur affiche 485 kilomètres. Vacances reposantes on avait dit ?
Au Pays de George Sand, j’aime et je partage 27/09/2017, remarquable description de l’itinéraire d’Orion en aéroplane,
Monique Martens
Merci beaucoup Monique ! Toujours un plaisir de vous voir passer par ici et marquer la trace de votre lecture 🙂
Bon week-end !
Johanna
Euh…
Je découvre ce site plaisant.
Et je râle : « […] sud Berry […] »
Et Berry du sud, ou sud du Berry ?
Pourquoi participer à la contagion de l’ignoble globish ?
Autrement, oui, merci pour ce site sympa.
Gamin, horrifié, c’est chez George Sand — que j’aimais déjà môme — que j’ai découvert en quoi sont faites les cordes des belles harpes. Des boyaux de chat.
Ouille.
Sud du Berry. En effet, déformation à force d’entendre les agences touristiques et les marques de territoires employer ces expressions. Je vais corriger.
Merci pour l’avis global sur le site, je suis contente que mon blog vous plaise !
Pour les harpes je ne savais pas, c’est en effet horrifiant. J’imagine qu’on a trouvé mieux depuis 🙂
Alerte de mon navigateur (réputé libre (?)): « site non sécurisé »
Oups… Il va falloir que je me penche sur mes paramètres ! Merci du signalement !
Merci pour le partage très physique de cet itinéraire : c’était comme si on y était !
Rien à voir avec les sites touristiques habituels !
Les trouvailles artistiques dans quelques églises et châteaux au milieu d’une nature aujourd’hui sauvage et peu habitée sont un vrai bonheur ! Et comment imaginer que c’était là que des intellectuels éclairés de Paris et l’Europe venaient se ressourcer, sans TGV ni téléphone ? Quelle puissance d’évocation de cette réalité !
Très beau reportage !
Et oui, à l’époque, il fallait être plus patient que nous pour voyager jusqu’en Berry ! Une journée complète, au moins, de trajet !
Merci beaucoup pour vos compliments, qui me touchent beaucoup. J’attache une grande importance à ce que mes billets de voyage reflètent toute l’authenticité de mon expérience, car, en effet, beaucoup de sites se contentent d’être très factuels ou, au contraire, se révèlent trop orientés marketing… Or n’est-ce pas le but des blogs que de laisser la place à la sensibilité de leur auteur ?
J’adore tes articles estampillés cyclotourisme, ils sont si complets et agréables à lire ! Je m’étais toujours fait une piètre opinion de la Creuse, et je suis ravie que tu ais fait voler en éclats mes a priori !
Bon, j’ai un peu tiqué quand tu as écrit ça : « Dommage qu’on y autorise encore la circulation automobile, les voitures viennent gâcher le pittoresque des vieilles pierres ! »
Crois-le ou non, mais je n’ai jamais lu George Sand. Visualiser les décors dans lesquels elle a vécu me donne envie de m’y plonger !
Merci Nathalie 🙂 Je suis contente de l’engouement que suscitent ces articles de cyclotourisme ! J’espère qu’ils donnent des envies de voyage !
Chez les cyclotouristes, la Creuse passe souvent pour le paradis du vélo : clame, verdoyant et peu fréquenté. Cela dit, pas sure que j’aimerai y vivre à l’année (je suis même sure que non!).
Je me doutais que la phrase sur la circulation automobile allait faire tiquer quelques uns. Loin de moi l’idée de vouloir faire de Gargilesse un village-musée complètement mort, mais le site, escarpé, et les rues étroites se prêtent mal à la circulation. Les touristes sont invités à laisser leurs voitures sur des parking aménagés un peu avant le village, mais malheureusement tous ne respectent pas cette invitation…Du coup, y’a plein de voitures stationnées n’importe comment ! C’est ça que je regrette…
Quel merveilleux reportage concernant une région chère à mon coeur. En effet, je passe l’été à quelques 5 km d’Anzême. Nous nous croisâmes donc presque lors de votre passage.