Cette année, le Salon international du Livre rare et de l’objet d’art était pour moi un peu particulier. Non seulement, comme chaque année, j’allais y flâner pour me former l’oeil, mais en plus, pour la première fois depuis dix ans, y travailler.
Et pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de s’y rendre, voici le récit de mon salon, avec mes coups de coeur, en espérant vous régaler.

Depuis 2013, je partage avec vous mes plus belles découvertes du Salon, soit sur Facebook (2015), soit sur le blog (en 2015 et 2017), et, deux fois, dans la revue les Nouvelles de l’Estampe (2015, 2017). Pour le salon 2018, je vous ai offert un live-tweet d’une centaine de tweets (accessible librement, même pour les non-usagers du réseau), que je vais reprendre, dans le détail, sur le blog. Aujourd’hui, nous commençons avec les estampes
Les estampes au Salon du Livre rare
Je suis fidèle au salon depuis 2008 et le début de mes études en histoire de l’art. À l’époque, il s’appelait Salon international du Livre rare, de l’estampe et du dessin : les marchands d’arts graphiques y étaient alors fort nombreux. Depuis 2016, ces derniers ont laissé leur place aux galeries d’objets d’art. Il y a cependant encore quelques fidèles marchands d’estampes, qui, malgré tout, continuent à y exposer, pour mon plus grand bonheur : les Parisiens Christian Collin, Didier Martinez et Sarah Sauvin, le Barcelonais Albert Palau, les galeries belges Le Tout Venant et Lex Antiqua, ainsi que l’Allemand Gottfried Ruetz.
Ce que j’aime à ce salon, c’est qu’il y a de l’offre pour tous les goûts et toutes les bourses. Les stands des marchands se complètent parfaitement par le genre des estampes proposées. Quant aux prix, ils vont de quelques dizaines d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros, et tous les stands, ou presque, proposent, à l’amateur qui prend le temps de consulter les portants, des pièces relativement accessibles.
Pour le plaisir de fouiller dans les cartons de Christian Collin
Ainsi, ce serait dommage de ne pas consacrer un long moment à l’exploration des cartons de Christian Collin, dont le stock est toujours le plus généreux en quantité : chaque année, le marchand déplace pour l’occasion une grande partie de sa boutique sous les verrières du Grand Palais. Après avoir admiré ses cimaises, où sont accrochées ses plus belles estampes du moment, il faut se perdre dans ses cartons où se nichent de nombreuses feuilles aux tarifs abordables. Pour ma part, j’ai feuilleté le portefeuille consacré aux estampes populaires, d’une part parce que j’aime l’esthétique un peu fruste de la xylographie d’autre fois et d’autre part parce que je goûte la vivacité des coloris. Regardez donc ce Mourant édité à Metz par Dembour et Gangel, n’est-il pas poignant ?

J’ai ensuite traqué les vues d’optique, dispersées dans les cartons en fonction de leur sujet : vues d’Italie, de Paris, des salles de spectacles. Christian Collin sachant mon intérêt pour ces feuilles m’a sorti un de ses trésors, la fameuse gravure de Boilly, L’Optique, qui figure une femme et un jeune garçon en train de regarder les vues d’optique à travers un zograscope. C’était la première fois que je voyais « en vrai » cette estampe, une jolie gravure au pointillé, ici rehaussée à l’aquarelle : je ne l’imaginais pas d’un format aussi imposant !

De l’accrochage de Christian Collin, j’ai surtout retenu sa série des métiers d’Abraham Bosse, vivantes eaux-fortes qui nous restituent un petit pan de la vie des hommes et des femmes du XVIIe siècle, fourmillantes de détails savoureux. Voilà un graveur dont il faudra que je vous reparle ! La vue de l’étude du procureur, en particulier, est passionnante : sur les murs, on voit pendre des « sacs à procès » en toile de chanvre, où l’on conservait les pièces relatives à une affaire… Une autre pièce, Le Clystère nous rappelle les progrès faits par la médecine au cours des siècles écoulés !
Un long pan de cimaise était consacré aux estampes japonaises, une nouveauté de chez Christian Collin, qui ne leur avait jamais consacré une telle place : outre des Ukiyo-e traditionnelles, il présentait quelques tirages de gravures japonaises du milieu du XXe siècle appartenant au mouvement du Shin-Hanga ou « Nouvelles gravures » qui prônait la renaissance des techniques traditionnelles de gravure et d’impression.
Des estampes japonaises, il y en avait à admirer également sur le stand Gottfried Ruetz (que j’ai cette année raté, mais dont on m’a dit qu’il présentait un ensemble extraordinaire de vues d’Hiroshigue) et sur celui de la galerie Le Tout Venant.
Xylographies belges de l’entre-deux-guerres, trésors graphiques du Tout Venant
Si la galerie Le Tout Venant expose des estampes japonaises, sont point fort demeure cependant la gravure belge… ce qui n’est pas inattendu pour une galerie Bruxelloise ! Chaque année je viens me délecter de leur généreux et percutant accrochage de gravures sur bois. C’est toujours une véritable claque pour moi qui pratique la linogravure : quelle source d’inspiration !

Je connaissais déjà Frans Masereel : la galerie du Tout venant m’a permis de découvrir d’autres graveurs flamands de l’entre-deux-guerres : Joris Minne, Henri Van Straten, Josef Cantré et Jan Frans Cantré, que l’on connaît parfois sous le nom de Groupe des Cinq. Un groupe ? Pas vraiment, m’apprend le marchand : leur esthétique présente des similitudes, leurs échanges ont nourri leur pratique, mais à l’origine, ces artistes, dispersés à travers l’Europe, ne se connaissaient pas, et n’ont d’ailleurs jamais travaillé ensemble. Leur point commun, outre le médium qu’est la gravure sur bois, est surtout d’avoir publié dans Lumière, une revue d’avant-garde créée à Anvers au lendemain de la guerre. De la publication, qui est éditée jusqu’en 1923, naissent des expositions, où les originaux des estampes sont montrés. Une expérience qui a marqué le monde des arts belges à cette période. Nul doute que je vais en reparler un jour où l’autre, tant je goûte leurs travaux.
Si je ne devais retenir que quatre pièces de l’accrochage, il y aurait la Maison Osterrieth d’Anvers, par Frans Masereel (1955), Le Danseur javanais de Henri Van Straten (1925) et les Hibous de Victor Delhez (1927) et enfin Le Café-concert de Pol Dom (1930).
Le charme des anonymes chez Palau Antiguitas
Voisinant Le Tout Venant, j’ai retrouvé la galerie barcelonaise dont je détaille chaque année minutieusement l’accrochage car le galeriste Albert Palau y cache toujours avec beaucoup de discrétion une estampe irrévérencieuse… Mais quelle déception : cette fois-ci, il a failli à sa tradition !

… Ce qui ne m’a pas empêchée d’admirer plusieurs de ses planches : deux planches de Nicolas Delaunay d’après Nicolas Lavreince, Qu’en dit l’abbé et Le Billet doux, célèbres pièces du XVIIIe siècle, l’amusante Cinq ordres de perruques de William Hogarth, publiée en 1761 à Londres…
Mais de ses feuilles, celles que j’ai préférées étaient anonymes : une xylographie populaire sur le thème la mort, une autre gravure sur bois parodiant le Laocoon, ce célèbre marbre antique figurant un homme et deux adolescents attaqués par des serpents. Ici, les personnages ont été transformés en singes, pour une raison qui me reste bien mystérieuse. Enfin, de l’accrochage d’Albert Palau, j’ai longuement admiré ce bouquet de fleurs dû à une main anonyme, à la fois ravissant de détails et étrangement naïf. Cela m’a un peu rappelé la chronique de Museolepse à propos de l’exposition « Folie en tête » qui s’est tenue cet hiver à la Maison Victor Hugo.
Une histoire de découpures sur le stand de Shapero Rare Books, mon coup de coeur 2018.
D’habitude, c’est la galerie Martinez qui remporte systématiquement ma palme de la pièce la plus impressionnante du Salon : la superbe vue de Paris en 2016, le coffret orné de collages de découpures en 2017. Mais cette année, la galerie Shapero Rare Books lui a volé le podium avec un extraordinaire recueil factice d’une centaine de xylographies et de planches semi-fines d’Augsburg magnifiquement coloriées. Au vu du prix de ce volume (30.000 euros), je mesure la chance que j’ai eue que le marchand accepte de me le sortir de sa vitrine pour me le présenter.
Quelle merveille de découvrir au fil des pages cette petite armée de figurines de papiers. Celui qui a constitué ce recueil a visiblement voulu ménager ses effets, en pensant avec soin l’agencement des planches : soldats à pied, à cheval, toutes la garde, puis scènes de combats, inventaire des villes, des jardins et des basses cours…
Il est vraiment extraordinaire d’avoir conservé ces planches de découpures intactes car, comme leur nom l’indique, elles étaient destinées à être dépecées. Soigneusement détourées, les figurines de papier étaient collées sur divers supports afin de les orner. Tout un usage de l’estampe que j’ignorais avant le Salon de 2017 et ma découverte du fascinant coffret présenté… par la galerie Martinez, justement, et auquel j’avais consacré un article !

Cette année, j’ai d’ailleurs croisé deux autres objets de ce type sur le salon : une drôle de petite boîte à la bordure courbe (Galerie Marie Maxime) et un gros coffret, dont le décor était composé de papier peint plus que de découpures (Galerie Christophe Barbe).
Si le recueil proposé par Shapero Rare Books est hors de portée de la plupart des bourses, d’autres découpures du même type sont plus abordables. Christian Collin et Didier Martinez en proposaient justement. Celles qui figurent ci-dessous appartiennent à la seconde galerie.
Une thèse et des physionotraces, curiosités gravées de Didier Martinez
Si Didier Martinez ne remporte pas cette année la première marche de mon podium personnel, j’ai quand même eu le plaisir de voir de très belles choses sur son stand, comme ce placard de thèse avant la lettre de Callot, daté de 1625. Au XVIIe siècle, le parcours universitaire comprenait des soutenances orales de thèse, auquel assistait un public nombreux et distingué (savants, ministres, parlementaires). Pour annoncer l’événement, l’étudiant faisait imprimer une affiche comprennent les positions de la thèse, le nom du candidat et du président, le lieu et la date de la soutenance ainsi qu’une dédicace à un Grand du royaume, auquel on voulait rendre hommage tout en se plaçant sous sa protection. Le tout était enrichi d’une grande image gravée usant d’un langage allégorique aussi complexe que raffiné.

Les placards de thèses étaient collés aux portes des universités et des tirages étaient offerts aux invités. Ainsi, en 1625, alors que le prince Nicolas-François de Lorraine s’apprête à soutenir sa thèse en physique, il commande à Jacques Callot, un des plus célèbres graveurs de son temps une grande eau-forte. Faire appel à des artistes renommés participait évidemment du prestige de l’opération, et on ne lésinait pas sur la dépense : outre la réalisation du placard de thèse, une soutenance pouvait occasionner plusieurs centaines voire un millier de livres de dépenses, entre le décor de la salle, les cadeaux à l’auditoire, les frais de bouche…
Le tirage présenté par la galerie est une épreuve avant l’adjonction du texte typographié. D’autres tirages de ce type sont connus, notamment dans les collections du Metropolitan Museum et du Musée du Louvre. Le cuivre est encore conservé au Musée Lorrain à Nancy.
Chez Didier Martinez, j’ai aussi remarqué un petit trésor qui se faisait bien discret sur la table : quelques matrices de portraits réalisés au physionotrace, une « machine à dessiner » de la fin du XVIIIe siècle, permettant de tracer un portrait de profil d’un modèle au moyen d’un pantographe à visée optique. On appréciait les portraits ainsi obtenus en raison de leur ressemblance avec les modèles. L’opération étant brève et relativement bon marché, tout ce que Paris comptait de notables est passé devant l’optique du physionotrace. Le portrait dessiné pouvait ensuite être gravé et imprimé en plusieurs exemplaires. On reconnaît les portraits gravés réalisés au physionotrace assez aisément : le sujet est toujours de profil, se détachant sur un fond neutre, dans un cadre de forme circulaire et souvent accompagné d’une lettre mentionnant l’auteur. Ceux proposés par Didier Martinez portent, dans la lettre, mention du dessinateur (P. Fouquel) et du graveur (P. Chrétien, l’inventeur sinon le diffuseur du physionotrace) ainsi que l’adresse (cloître Saint-Honoré à Paris) et la date (1792).

Enfin, Didier Martinez, à qui j’ai dit mon intérêt du moment pour Millet (auquel le Musée des Beaux-Arts de Lille consacrait cet automne une exposition), m’a sorti une eau-forte du peintre. Je vous laisse l’admirer à votre tour, mais j’en réserve le commentaire pour un futur article sur Millet aquafortiste 🙂
Liotard, Meryon et Charles Nègre : trois pièces remarquables de la galerie Sarah Sauvin
Des stands de marchands d’estampes, il me reste encore à vous parler de celui de mon amie Sarah Sauvin, dont j’apprécie toujours la justesse de l’accrochage, aussi soigné que prestigieux : Dürer, Rembrandt, Meryon, Redon, Gauguin… Cette année, j’ai particulièrement savouré mon tête-à-tête avec son Faust de Rembrandt. Mais, parmi les nouveautés qu’elle dévoilait pour le salon, j’ai surtout admiré son autoportrait gravé de Liotard, une pièce extrêmement rare, puisqu’un seul autre exemplaire de ce premier état est connu.

Liotard est un artiste du XVIIIe siècle, connu pour ses portraits et ses délicats pastels. Artiste itinérant, il a voyagé à travers toute l’Europe, et jusqu’en Orient. De son séjour à Istanbul, il a ramené un répertoire de motifs qu’il exploitera toute sa vie, répondant ainsi au goût des grands de ce monde pour l’exotisme. Lui-même cultivait la singularité en se costumant à la mode orientale, où qu’il soit reçu (ce qui lui a valu des amitiés… et des inimitiés !)
S’il a portraituré les hommes et les femmes les plus importants de son temps, Liotard choisissait souvent des visages familiers pour exercer son art : son épouse, ses enfants, leurs proches… Et lui-même : il est, de cette période, un des artistes pour lequel on conserve le plus d’autoportraits : une vingtaine, certains peints, d’autres dessinés… et deux gravés. Celui-ci date de sa jeunesse (il a trente ans quand il le produit, et il est alors au début de sa carrière) et a été réalisé à l’eau-forte. Le premier état, aux tailles vives et spontanées, me rappelle le style de Gabriel de Saint-Aubin.

Je vous le disais, ce tirage est d’une très grande rareté : il s’agit en réalité d’une contre-épreuve d’une impression du premier état. Le graveur, voulant voir ce que donnaient ses premières morsures à l’eau-forte, a décidé d’imprimer la plaque de cuivre alors que celle-ci n’était pas encore tout à fait terminée, un tirage pouvant l’aider à décider des retouches à appliquer. Or, lorsqu’on imprime une estampe, le tirage est obligatoirement inversé par rapport à la plaque de cuivre, aussi les retouches sont-elles compliquées car il faut toujours penser « en miroir ». Pour faciliter cette étape, Liotard a donc réalisé une contre-épreuve : immédiatement après avoir imprimé le premier tirage, il a repassé sous presse l’épreuve, afin de reporter l’image sur un autre papier. Le tirage devient alors la matrice et se départ d’une partie de son encre encore humide. La contre-épreuve ainsi obtenue présente un immense avantage : le tirage est dans le même sens que la matrice et toutes les retouches sont alors facilitées !
Dans le cas présent, on connaît deux contre-épreuves du premier état de l’eau-forte mais aucune épreuve dans le bon sens, ce qui augmente encore la rareté des deux exemplaires connus. Sarah Sauvin en possède un, l’autre appartient à la Fondation Custodia à Paris.

Par la suite, Liotard a retravaillé la plaque, en ajoutant de nouvelles tailles sur le visage et dans la chevelure, ainsi que dans le fond. De ce deuxième état, cinq épreuves seulement sont identifiées : elles sont conservées au British Museum, au Metropolitan Museum, au Château de Versailles et au Rijksmuseum. La planche a encore été modifiée et imprimée donnant lieu à un troisième état, dont la Bibliothèque nationale de France possède un exemplaire.
Mon second coup de coeur sur le stand de Sarah Sauvin est son héliogravure de Charles Nègre, une vue de la cathédrale de Chartres, photographiée autour de 1855. À cette date, le principe de la photographie est connu et au point depuis seize ans et a déjà connu d’importantes évolutions. En revanche, tous se heurtent à deux problèmes de taille : la difficulté à reproduire en grand nombre les clichés, notamment pour les imprimer dans les livres et la fragilité des images photographiques, qui s’altèrent avec le temps. Charles Nègre est de ceux qui ont expérimenté pour dépasser ces obstacles. Il perfectionne alors le procédé dit de l’héliogravure, qui consiste à reporter une photographie sur une plaque de métal en l’enduisant d’un vernis photosensible et en l’exposant au soleil, avant de lui appliquer un traitement complexe incluant une morsure à l’acide. Il en résulte, selon Charles Nègre qui consacra en 1867 un essai à son procédé, des épreuves « réunissant la finesse et la précision des épreuves photographiques à la fermeté et à la profondeur des teintes de la gravure ». Ces qualités sautent aux yeux de ceux qui, comme moi, on eu la chance d’admirer le tirage proposé par Sarah Sauvin : quelle étrange atmosphère se dégage de ce parvis désert, comme le contraste entre la précision des sculptures et le flou du vent qui agite les arbres à l’arrière-plan est singulier et envoûtant ! La taille monumentale de l’épreuve, également, a de quoi impressionner : quelle prouesse !

Enfin, Sarah Sauvin a attiré mon attention sur une autre pièce remarquable qu’elle venait d’acquérir, une gravure de Charles Meryon. Vous connaissez peut-être cet artiste du XIXe siècle, auquel j’ai déjà consacré un article. Graveur sur le tard, pionnier du renouveau de l’eau-forte au milieu du siècle, Charles Meryon a marqué les amateurs par les bizarreries dont il ponctuait ses vues de Paris. L’estampe qui nous intéresse présentement n’est pas l’une de ses plus célèbres : à vrai dire, je ne l’avais même jamais vue (contrairement au Stryge, une autre pièce présentée par Sarah Sauvin). Elle représente un coin de l’île de la Cité : on reconnaît, à gauche, le Pont-Neuf et ses demi-lunes, à droite les arbres du square du Vert-Galant. Au loin, le toit des immeubles du quai de la rive gauche, et, au centre, toute petite, la statue d’Henri IV sur son cheval. L’eau de la Seine est à peine visible : barques, échafaudages, pontons encombrent le fleuve. L’estampe tient son titre « bain froid Chevrier » du bateau amarré sur la gauche, l’un des établissements d’hygiène et de loisir que les Parisiens pouvaient fréquenter.

L’épreuve proposée par Sarah Sauvin est un peu particulière : elle tire une grande part de sa valeur de la dédicace qu’y a apposée Charles Meryon. Quelques lignes qui dévoilent beaucoup de l’artiste. La feuille est adressée au Directeur du bain, M. Gaudu, que Meryon remercie à deux titres : d’une part pour l’avoir laissé dessiner avec facilité l’établissement, mais aussi pour les soins qu’il y a reçus. On sait que Meryon souffrait de plusieurs maux physiques et psychiques, et l’on devine, à cette dédicace, que le bain Chevrier était l’un des lieux qu’il fréquentait pour se soulager. Il n’y a plus de bain amarré à la pointe de l’île de la Cité, mais désormais, quand j’y passerai, il est fort probable que je penserai à Meryon.
Je crois avoir fait là le tour de mes découvertes en matière d’estampes sur le salon. Évidemment, en quelques heures, il est impossible de tout voir; aussi, nul doute que de nombreuses pièces remarquables m’ont échappé… Mais la prochaine fois, vous irez également en profiter par vous-même, n’est-ce pas ?
merci pour ce reportage , tellement interessant….
Merci 🙂 Comme cela fait chaud au coeur, autant de commentaires positifs !
Quel compte-rendu ! Tu ne fais pas les choses à moitié !
Passionnant 🙂 J’ai notamment découvert le principe de contre-épreuve.
Et encore, ce n’est censé qu’être le premier volet d’une série de trois. Reste à savoir si je vais y arriver…
Je suis contente si tu as compris le principe de la contre-épreuve car je n’étais pas sûre d’être claire. J’ai en préparation une série de billets sur les techniques de l’estampe, je crois que ça plairait beaucoup quand je le publierai !
Oh oui, un bon récap sur les techniques ne seraient pas de trop…
Il manque des ressources de synthèse sur les techniques artistiques (l’hda a tout trusté je trouve) avec images et vidéos accessibles au public dans le web francophone.
Je pense que je vais te mettre en contact avec Grégoire Ichou pour que vous unissiez vos forces afin de me mettre la pression sur cette série de billets sur la technique, que je vous promets depuis des mois et des mois (et qui rendrait service à tant et tant de gens). Je monte un crowdfunding dessus ? ^^
Si tu veux faire un truc bien chiadé, c’est sûr que vu le temps nécessaire et les éventuelles achats pour illustrer les étapes etc il y a de quoi avoir l’utilité d’un crowdfunding en effet 😉 En fait, c’est quelque chose que l’ENSBA ou d’autres établissements (pourquoi pas un groupement) devraient faire tellement c’est d’utilité publique…
Magnifiques images des oeuvres présentées à ce Salon ! Merci beaucoup ! Petit complément d’information concernant la thèse de Callot : c’est une gravure qui est également conservée dans les collections de la Bibliothèque Stanislas à Nancy, dans différents états dont l’état avant la lettre. La Bibliothèque Stanislas possède une collection très importante des oeuvres de Jacques Callot. On aura peut-être l’occasion d’en reparler un jour ! Merci encore pour ton article Johanna, toujours passionnant.
Merci chère Astrid ! Oh, j’ai honte, j’ai pris plein de notes de vos Callot et je n’ai toujours rien publié dessus… Y arriverai-je cet été ?
Très bel article, bravo! Il y avait des choses à voir du coté des livres aussi notamment à la Librairie Chrétien qui avait en plus de leur stand habituel un stand d’artiste de bande dessinée. Attention il s’agit de Sarah Sauvin et non Gauvin qui avait la magnifique et rare eau-forte de Vincent!
Merci de m’avoir signalé cette énorme coquille (dans un titre en plus !).
L’eau-forte de Vincent m’avait aussi tapé dans l’oeil, vraiment très belle : j’ai failli l’intégrer à ce compte-rendu, mais je me suis dit que ça allait faire trop 🙂
Je me souviens avoir vu des choses chez Chrétien. Il faut que je me replonge dans mes notes, j’en parlerai surement dans l’article sur la partie livresque !
Il s’agit bien sûr d’une coquille!
Très intéressant ! Merci beaucoup !
Découvertes du coup ravie!
Un article absolument passionnant, et pourtant je ne connais rien à l’univers que tu décris : tu fais une formidable vulgarisatrice !
Merci pour ce long et intéressant billet, vivement le prochain