Le printemps est bien entammé et le soleil n’a toujours pas pointé le bout de son nez ? La grisaille vous déprime et vous avez épuisé votre stock de vitamine D ? Prenez donc un bain de soleil grâce à Gallica ? Nous avons tout ce qu’il vous faut ! Sable fin et lumières intenses !

Pour prendre un bain de soleil artificiel, il faudra vous rendre passage Dombasle, où est établit l’Institut d’actinologie du docteur Saidman (1897-1949).
Originaire de Roumanie, ce médecin naturalisé français au lendemain de la Première guerre mondiale a été durant les années 1920-1930 la coqueluche du tout Paris qui ne jurait alors que par la luminothérapie, dont Saidman était le maître incontesté.
Dès la fin du XIXe siècle, la climatothérapie est pratiquée pour soigner certaines maladies comme la tuberculose. On vient par exemple aux bains de mer pour respirer un air sain et vivifiant.
Jusqu’à la moitié des années 1930, l’exposition aux rayons est très à la mode. Les rayons ultraviolets sont utilisés dans le traitement de certaines maladies depuis les années 1890, suite aux travaux du docteur Finsen, danois qui a mis au point un luminaire à vapeur de mercure dégageant un très fort rayonnement ultraviolet. Ses recherches lui vaudront d’ailleurs d’obtenir en 1903 le prix Nobel de médecine. Sa technique d’actinothérapie est utilisée dès 1900 à Paris à l’hôpital Saint Louis.

Rapidement, le jeune docteur Saidman va se passionner pour ces traitements par exposition aux rayonnements et améliore les techniques. Durant sa carrière, ce bricoleur passionné et chercheur acharné, qui ne dormait que 4 h par nuit, déposera de nombreux brevets pour de nouvelles lampes émetrices de rayons.
En 1925, il créé à Paris un Institut où il soigne au moyens de rayons artificiels et à moindre frais les populations défavorisées sujettes à certaines maladies en raison de l’insalubrité des logements. Un de ses soucis a été d’améliorer et d’humaniser les séances d’exposition aux rayons. Il a ainsi l’idée de créer au sein de son institut une plage artificielle dans laquelle les enfants peuvent jouer pendant le traitement.

Mais ses recherches ne s’appliquent pas qu’au soin des enfants rachitiques des classes indigentes. La luminothérapie est également très prisée des classes aisées, alors que la mode du bronzage est lancée par Coco Chanel et Joséphine Baker. C’est pour soigner les rhumatismes des grands de ce monde que Saidman fait construire en 1930 un solarium tournant dans la très chic station thermale d’Aix-les-Bains. Les cabines d’exposition y sont installées dans un bras tournant à 16 mètres du sol, afin de toujours suivre la course du soleil. Les lits des patients, quant à eux, sont pivotant, de manière à toujours être face au soleil.

Malgré le succès de ses recherches dans les années 1920-1930, Saidman connaitra des jours difficiles à la fin de sa vie. Juif, il passe la guerre dans un grand dénuement, parvenant tout de même à cacher un couple dans le sanatorium occupé par les allemands depuis 1943.
Dès la fin des années 1930, les effets négatifs d’une trop grande exposition aux rayons sont connus du grand public. Saidman, qui avait conscience des effets secondaires de tels traitements, avait très tôt mis au point un test, le sensitomètre cutané, afin de déterminer des seuils d’exposition maximale. Après-guerre, l’actinothérapie est définitivement passée de mode…
Il ne reste de l’œuvre de Saidman plus grand-chose, ses instruments ayant été pillés pendant la guerre et le solarium d’Aix ayant disparu depuis bien longtemps. Un seul solarium, quoique très endommagé, subsiste toujours en Inde, à Jamnagar. Il avait été commandé dans les années 1930 par un marahadja. L’UNESCO envisagerait de le classer au patrimoine mondial.
Pour en savoir plus:
- émission La marche des sciences du 8 juillet 2010 à réécouter sur France culture
- Thierry Lefebvre et Cécile Raynal, Les Solariums tournants du Dr Jean Saidman (Aix-les-Bains, Jamnagar, Vallauris), Éditions Glyphe, Paris, 2010
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