Vous ne trouverez pas ce musée dans les guides touristiques, pas même dans ceux qui vous promettent une visite curieuse et insolite de Rome. Fondé en 1892, le Muséo Dell’Arte Classica est pourtant l’une des rares collections universitaires de moulages encore pleinement intégrée au campus moderne.
Réaménagée à plusieurs reprises, la collection de moulages se déploie désormais dans un des bâtiments de l’Université de la Sapienza. La collection est directement accessible aux étudiants puisqu’elle occupe les espaces de circulation et les salles d’études du département d’histoire de l’art (à moins que ce ne soient les salles d’études qui soient implantées dans les collections…). On retrouve des moulages jusque dans les salles de cours et les amphithéâtres.
En 1892, Emmanuel Löwy, le premier occupant de la chaire d’archéologie et d’histoire ancienne de la faculté de Rome, inspiré par le modèle des glyptothèques allemandes utilisées à des fins d’enseignement, souhaite doter l’université italienne d’une collection de moulages d’antiques. Une telle démarche dans une ville aussi riche en musées que Rome peut surprendre. Pourquoi réaliser des moulages d’œuvres dont les originaux se trouvent parfois dans la ville même ? Instrument didactique performant, le musée de moulages permet la confrontation directe d’œuvres dispersées à travers le monde. Outre l’avantage qu’elle offre de rassembler ainsi virtuellement des ensembles aujourd’hui éclatés, une collection de moulages permet également de comparer, par exemple dans le cas des copies romaines d’originaux grecs depuis disparus, différentes interprétations d’une même œuvre. L’exemple le plus frappant du Muséo Dell’Arte Classica est sans nul doute celui des trois variantes du discobole de Myron.
Sculptée au Ve siècle avant J.-C. par Myron, artiste athénien, le discobole est l’une des plus célèbres œuvres de l’Antiquité. L’original, en bronze, est perdu. On ne connait donc cette œuvre qu’à travers les nombreuses copies romaines conservées. Les historiens de l’art reconnaissent dansla version du Palazzo Massimo, le discobole Lancellotti, la copie la plus fidèle. Au Muséo Dell’Arte Classica, les trois moulages ne reproduisent pas l’une ou l’autre de ces versions connues mais proposent différentes hypothèses de reconstitution afin de s’approcher au plus près de l’original disparu. Ainsi, le moulage de droite, la reconstitution Furtwängler, assemble la tête de la version Lancellotti, le torse de la version Castelporziano et le bras de la version de la Casa Buonarroti, tandis que le moulage de gauche, la reconstitution Rizzo, combine la tête du discobole Lancellotti et le torse de celui du Vatican.
Particulièrement enrichi durant le premier quart du XXe sicle, le musée compte aujourd’hui quelques 1200 pièces, présentées selon un parcours chronologique et géographique. Je ne sais pas si ces moulages sont encore utilisés directement pour l’enseignement ; quoiqu’il en soit, la volonté pédagogique perdure avec l’installation récente d’appareil de médiation écrite à l’usage des élèves.
Merci à Christian M. qui m’a fait la surprise de ce musée hors des circuits touristiques.
Informations pratiques: ouvert du lundi au vendredi 9h-19h. Plans et renseignements sur le site de l’université.
Merci pour ce billet… avec l’espoir d’une réelle valorisation du musée des moulages de l’université Paul Valéry à Montpellier ! http://patrimoine.upv.univ-montp3.fr/musee-des-moulages-empereur-antonin/
Je connais plusieurs étudiantes de l’Ecole du Louvre qui travaillent sur les collections de moulages, dont une sur celle de l’université de Montpellier!
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Intéressant billet de Peccadille… avec l’espoir d’une réelle valorisation du musée des moulages de l’université Paul Valéry à Montpellier !
o/ Les collections de moulages, c’est l’amour des formes. Elles correspondent d’ailleurs tout à fait avec les pratiques de l’Antiquité de reproductions ou l’authenticité d’une œuvre réside plus dans son expression que dans son caractère moderne d’original. De ce temps lointain d’avant le numérique, elles étaient un moyen précieux de goûter aux merveilles de la sculpture et je garde un très beau souvenir de cette visite impromptue au Musée des Moulages de l’université Paul Valéry. Merci !
À part ça, les statues d’Athéna et d’Artémis détonnent un peu sans cette sélection quelque peu sélective…
Tu seras content car d’autres articles sur la même thématique arrivent prochainement!
La sélection a surtout été dictée par la scénographie, la luminosité et ma faible maîtrise de mon appareil photo (entendre: la moitié des photos étaient ratées).
Je note ta remarque sur les pratiques antiques de reproduction, j’avoue ne mettre jamais posée la question en ce sens. A creuser!
Mais elles sont sont très chouettes tes photos !
La sélection rappelle surtout que dans les œuvres de cette époque la nudité masculine était largement plus représentée que la nudité féminine.
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