Dans les coulisses du musée: montage de l’exposition Geoffroy Dechaume à la Cité de l’architecture et du patrimoine

L’exposition « Dans l’intimité de l’atelier, Geoffroy-Dechaume (1816-1892), sculpteur romantique » sera inaugurée demain soir. A l’invitation de la Cité de l’architecture et du patrimoine, j’ai eu la chance d’assister au montage de l’exposition et de bénéficier de quelques explications de sa commissaire, Carole Lenfant.

L’exposition « Dans l’intimité de l’atelier, Geoffroy-Dechaume (1816-1892), sculpteur romantique »

Grace à la donation récente de la famille Geoffroy-Dechaume, la cité de l’architecture et du patrimoine s’est vue dotée de près de 4700 pièces issues du fonds d’atelier de ce sculpteur intiment lié à l’histoire du musée des Monuments français, dont il fut l’un des premiers directeurs.

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Moulages en cours d’installation.

Avec 315 pièces présentées, l’exposition fait pénétrer le visiteur dans l’intimité de l’atelier de ce sculpteur. Photographies, dessins, documents d’archives, moulages et esquisses sont mis en regard pour rendre compte du processus créatif de l’artiste, mais également le riche réseau relationnel et amical de Geoffroy-Dechaume, dont la prise en compte est indispensable pour comprendre son parcours. Artiste aux multiples activités, Geoffroy-Dechaume a réalisé des sculptures, fourni des modèles aux orfèvres, participé à de grands chantiers de restauration du patrimoine monumental français, dont la Sainte-Chapelle et Notre-Dame de Paris. Disciple de Viollet-Le-Duc, il devient en 1885 le directeur du musée tant souhaité par le maître, le musée de Sculpture comparée, aujourd’hui musée des Monuments français.

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A quelques jours de l’inauguration, l’espace d’exposition est une véritable fourmilière

Le montage d’une exposition : la concrétisation d’un projet de plusieurs années

A quelques jours de l’inauguration, l’espace d’exposition ressemble à une véritable fourmilière où s’activent personnels du musée (conservateurs, régisseurs) et prestataires extérieurs (scénographes, socleurs, éclairagistes).

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Installation des lumières, qui ne doivent pas être trop puissante pour ne pas endommager les oeuvres graphiques

Moment clé de la préparation de l’exposition, le montage est la concrétisation d’un long travail, qui enfin prend forme dans l’espace. A cette étape, tous les aspects de l’exposition sont depuis longtemps fixés : la sélection des œuvres a été arrêtée il y a des mois, le catalogue est sous presse, les éléments scénographiques sont en place.

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Les oeuvres sur papier (photographie, dessins) sont protégés de la lumière jusqu’au dernier moment.

Lors de notre visite, le mobilier d’exposition était en place et la plupart des œuvres étaient déjà sur les cimaises. Des krafts, sur les cadres fixés aux murs, dissimulaient encore les œuvres, les protégeant jusqu’au dernier instant de la lumière. Il restait aux régisseurs encore quelques vitrines à installer, tandis que les éclairagistes réglaient à 50 lux la luminosité afin d’éclairer au mieux les œuvres tout en respectant les normes de conservation préventive.

Le soclage : un travail artisanal délicat, méconnu du public

La mise en exposition des œuvres nécessite d’utiliser des supports adaptés aux pièces, assurant ainsi leur sécurité tout en favorisant leur mise en valeur. Un travail minutieux de conception dont les fruits doivent demeurer invisibles aux yeux du public, afin de ne pas brouiller la lisibilité des pièces.

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Mise en place des supports par les socleurs

Artisans ingénieux, dotés d’une grande sensibilité face à l’objet, les socleurs sont souvent issus de formations d’école des métiers d’art, tel l’Ecole Boulle. Dans le cadre de cette exposition, la Cité de l’architecture et du patrimoine a fait appel à un prestataire extérieur, Aïnu.

Quelques mois avant le montage, l’équipe du musée lui a fourni des informations précises sur chaque pièce à socler : dimensions, poids, éventuelles zones de fragilité, conditions souhaitées d’exposition. Autant de données ont permis aux socleurs d’imaginer pour chaque œuvre un dispositif adapté à ses spécificités : un cylindre de métal est inséré dans la partie creuse de ce moulage de statuette japonaise afin d’assurer sa stabilité, tandis que ce moulage de tête de chien repose sur un support de mousse de conservation taillé à ses dimensions.

Mise en place d'un support par les socleurs
Mise en place d’un support par les socleurs

La mise en place d’une vitrine

Lors de notre visite, l’équipe de régie et la commissaire finalisent la mise en place des pièces dans une vitrine. Leur travail est guidé par les plans fournis par le scénographe, qui lui-même s’appuie sur le travail scientifique de la commissaire.

Oeuvres en attente d'une mise sous vitrine
Oeuvres en attente d’une mise sous vitrine

Au moment du montage, il s’avère parfois que certains choix effectués sont disharmonieux. Quelques ajustements sont donc susceptibles d’être apportés à la dernière minute. C’est ainsi qu’ici, le socle en bois conçu pour le moulage de la tête de chien jure avec le reste de la vitrine. Il est donc supprimé et le support de l’œuvre directement visé au fond de la vitrine.

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Soclage d’une tête de chien moulée

Pour des raisons de conservation préventive, les œuvres et documents ne sont jamais directement posés à même le fond peint de la vitrine : des feuilles en matériaux neutres s’intercalent entre le bois acide et les documents d’archives. De même, un moulage ne nécessitant pas de support spécifique n’est pas directement posé sur la peinture mais isolé du socle par une série de petites cales de mousses noires.

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Placement délicat d’un objet

Le positionnement et la mise en sécurité de chaque pièce est terminée : la vitrine va pouvoir être refermée. Avant la pose de la cloche, manœuvre quelque peu impressionnante, la commissaire colle les gommettes numérotées renvoyant aux cartels, tandis qu’une régisseuse s’assure qu’aucune trace de doigts ne macule l’intérieur de la vitre.

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Pose de la cloche d’une vitrine

Merci à Carole Lenfant d’avoir permis ce reportage et pour le temps qu’elle a consacré à répondre à mes questions, à Thibaut Prioul qui a organisé cette rencontre, à Caroline Bruyant pour sa relecture et ses conseils, ainsi qu’à Philippe Alexandre Pierre, pour le traitement des photographies illustrant ce billet.

Informations pratiques : exposition « Dans l’intimité de l’atelier, Geoffroy-Dechaume (1816-1892), sculpteur romantique » du mercredi 24 avril 2013 au lundi 22 juillet 2013.

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