Alfons Mucha, connu et méconnu

Alfons Mucha, connu et méconnu

Des silhouettes sensuelles et fatales, de longues chevelures ondoyantes, ornées de fleurs ou noyées dans des volutes de fumée. Vous pensiez tout connaître de l’esthétique d’Alfons Mucha ? Au Musée du Luxembourg, une rétrospective permet de redécouvrir le parcours de cette figure majeure de l’Art nouveau… et d’explorer des facettes bien moins connues de sa carrière.

Alfons Mucha, Rêverie, Lithographie en couleurs, 1897, Fondation Mucha

Mucha, ce n’est pas que l’Art nouveau ! Et cela décevra peut-être ceux venus au Musée du Luxembourg spécialement pour s’enivrer des courbes gracieuses de ses créatures féminines : moins de la moitié de l’accrochage leur est consacré, le reste du parcours explorant d’autres aspects de la personnalité de l’artiste. On y découvrira son obédience franc-maçonne, son intérêt pour le mysticisme, son œuvre peinte et — surtout — son engagement en faveur des peuples slaves.

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Mirabilis, les trésors des musées d’Avignon exposés

Mirabilis, les trésors des musées d’Avignon exposés

  Une armure de Samouraï, un oiseau rare naturalisé, une superbe Sainte Conversation, une statue grandeur nature de Saint-Longin, un leurre de chasse en forme de taureau, un rhyton en verre antique… Voici un bien drôle d’inventaire, n’est-ce pas ? Ce sont quelques-uns des 489 objets présentés au Palais des Papes d’Avignon jusqu’au 13 janvier 2019. Intitulée Mirabilis, une exposition y met en lumière les trésors musées avignonnais, tout en éclairant la riche et étonnante histoire des collections de la ville.

Vue de l’exposition Mirabilis dans la grande chapelle du Palais des Papes

Avignon est une destination de choix pour le touriste amateur de patrimoine : outre le célébrissime Palais des Papes et le pont qu’on ne présente plus, la ville regorge de trésors architecturaux et de musées… la cité en compte au moins une dizaine, dotés de riches collections, notamment dans le domaine de la peinture médiévale.

Vue de l’exposition Mirabilis dans la grande chapelle du Palais des Papes

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Quiétude des images. Manière noires de Judith Rothchild

Quiétude des images. Manière noires de Judith Rothchild

Le dernier billet que je vous ai livré était très intime, beaucoup plus que ceux que je publie habituellement ici. Récit à la première personne d’un moment en solitaire dans l’atelier de l’artiste Judith Rothchild, avec qui je partage beaucoup, à commencer par l’amour de l’estampe.

Judith Rothchild, Feathers, manière noire. Publiée avec l’autorisation de l’artiste, reproduction interdite.

Judith et moi, nous nous connaissons depuis quatre ou cinq ans. Nous nous sommes rencontrées un jour de juin, à la foire de l’estampe de Saint-Sulpice. Je devais écrire un compte-rendu de la manifestation pour les Nouvelles de l’estampe et Lise Follier-Moralès, une artiste que je connais, m’avait fortement encouragée à m’arrêter devant le stand de Judith, une des rares graveuses contemporaines à pratiquer la manière noire. J’avais admiré son travail, et nous avions longuement discuté. Nous nous sommes ensuite revues, de salons en expositions, jusqu’à ce que je descende découvrir le village du sud de la France où elle vit et travaille. Depuis, je ne fais pas un voyage dans la région de Montpellier sans lui rendre visite.

En mai dernier, j’ai passé dix jours en sa compagnie pour l’aider dans une tâche importante : l’établissement de son catalogue raisonné gravé, c’est-à-dire la liste de toutes les estampes qu’elle a créées. C’est une expérience très particulière que d’accompagner une artiste et amie dans ce travail, tant il est intime : il faut ouvrir tous les tiroirs, les placards, les portefeuilles, inventorier chaque image, exhumer des feuilles oubliées. Travail de mémoire, travail délicat : avec les gravures ressurgissent les souvenirs personnels, les moments de la vie dans lesquels sont nées telles ou telles oeuvres.

Le chantier de l’inventaire des gravures de Judith Rothchild. Judith me montrant l’un de ses autoportraits

Travail émouvant, captivant, travail fastidieux également : compter, recompter, mesurer, transcrire, photographier. Toute une rigueur, toute une méthode. Le cocktail des deux peut se révéler parfois éprouvant, épuisant, pour l’une comme pour l’autre.

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Une sélection d’expositions pour l’automne 2018

Une sélection d’expositions pour l’automne 2018

C’est la rentrée et les « sélections d’expositions à ne pas manquer » fleurissent dans les magazines et blogs culturels. Orion en aéroplane n’y échappera pas, vu le succès que vous aviez réservé à ma sélection de l’automne 2017.
Je vous présente les dix expositions soigneusement choisies qui rythmeront mon automne. Quelques blockbusters que vous verrez partout, mais aussi des manifestations plus confidentielles, parce que plus pointues, en lien avec les grandes thématiques de ce blog…

Giuseppe Castiglione, Le Salon Carré au musée du Louvre, 1861, huile sur toile, 69 x 103 cm, Paris, Musée du Louvre

Ne sachant pas ce qui allait être accroché dans ces différentes expositions, j’ai choisi mes illustrations librement. 

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L’anatomie d’une fleur. Modèles en papier-maché du Docteur Auzoux

Une fleur géante s’effeuille, vous exhibant tous ses dessous : sépale, pétale, étamine, pistil. Pas de doute, vous êtes devant un modèle du docteur Auzoux. Au XIXe siècle, cet homme, médecin de formation, s’est spécialisé dans la fabrication d’écorchés aux vertus pédagogiques.

Fleur d’oeillet, modèle botanique en papier maché du Docteur Auzoux, XIXe siècle

Au musée national de l’Education, à Rouen, quelques-unes de ses créations sont à découvrir dans une exposition intitulée « Belles plantes ! Les modèles en papier mâché du Docteur Auzoux ». Lire la suite

Précieux pastels : la collection du Musée du Louvre

Précieux pastels : la collection du Musée du Louvre

Rencontrer la meilleure société du XVIIIe siècle, presque en chair et en os, cela vous dit ? C’est ce que le Musée du Louvre nous propose jusqu’au 10 septembre avec l’exposition « En société ». L’occasion d’admirer la plus belle collection de pastels anciens au monde et de s’offrir un troublant face à face avec les grands personnages de l’Ancien Régime, car tous les pastels exposés sont des portraits !

Gustav Lundberg, François Boucher, 1741, pastel, Paris, Musée du Louvre

Le Musée du Louvre peut s’enorgueillir de nombreuses choses : le fait de posséder la plus extraordinaire collection de pastels des XVIIe et XVIIIe siècles n’en est pas la moindre, quand on sait la rareté, la fragilité et la préciosité de ces oeuvres. Cent soixante numéros, de quelques cinquante artistes différents, essentiellement français – et parmi lesquels les plus grandes signatures : Maurice-Quentin de La Tour, Chardin, Perronneau… Presque tout l’âge d’or du pastel réuni ! Cette collection s’est pour l’essentiel constituée sous la Révolution et au cours des premières décennies du XIXe siècle, à partir des fonds de l’Académie royale de peinture et de sculpture, des saisies des biens des émigrés et des collections royales qui ornaient Versailles. Lire la suite

Marathon des expositions parisiennes qui se terminent en juillet 2018

Marathon des expositions parisiennes qui se terminent en juillet 2018

Ces dernières semaines, j’ai fait un marathon d’expositions. Avant de fuir Paris pour une partie de l’été, il fallait que je voie toutes ces expositions qui se termineront pendant mon absence et dont j’avais (trop) repoussé la visite.

Kupka, Printemps cosmique I, Huile sur toile, 1913-1914, Pargue, Narodni galerie v Praze

Je vous livre donc un compte-rendu de ces séances muséales, qui pourront orienter ceux d’entre vous qui passeront quelques jours à Paris au cours de l’été. Certaines expositions feront (ou ont fait) l’objet de billets plus détaillés sur le blog. Lire la suite

A la périphérie des estampes : les remarques marginales

A la périphérie des estampes : les remarques marginales

Si vous avez vu l’exposition Delacroix au Musée du Louvre (ou suivi les nombreux partages de photos sur les réseaux sociaux), la mention « avec remarques marginales », apposée sur les cartels de certaines de ses estampes, n’a pas dû manquer de vous intriguer.
Aujourd’hui, je vous propose un petit focus sur ces « remarques marginales » et sur leur place dans l’histoire de l’estampe.

Delacroix, Duel de Faust et Valentin, lithographie, premier état avec remarques marginales, 1827, Paris, Bibliothèque nationale de France

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Guernica sans Guernica, une exposition au Musée Picasso

Dans un précédent billet, je vous parlais de Guernica et de l’émotion que j’ai ressentie lorsque je l’ai vu, en vrai, pour la première fois.

En ce moment, le musée Picasso, à Paris, consacre une exposition à ce chef-d’œuvre qui a marqué l’art moderne. Une exposition Guernica, mais sans Guernica : l’œuvre ne peut plus quitter le Reina Sofia pour des raisons de conservation… et, de toute façon, jamais l’hôtel Salé du Marais n’aurait été en capacité d’accueillir la foule que le tableau aurait immanquablement déplacée.

Pablo Picasso, Guernica, huile sur toile, 1937, Musée Reina Sofia, Madrid.

Une expo Guernica sans Guernica, est-ce que cela vaut le coup ? Oui ! Du moins, moi, j’ai beaucoup apprécié la visite : redécouverte la genèse de l’œuvre, l’onde de choc qu’elle a provoquée… Le tout servi par un bel accrochage, comprenant un célèbre portrait de Dora Maar, de précieuses études dessinées, un superbe ensemble d’estampes, parmi les plus importantes réalisées par l’artiste. Bref, de quoi vous convaincre, j’espère, de faire le déplacement.

Scénographie de l’exposition Guernica à Paris, 2018

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Salon du livre rare 2018 (4) : l’IMEC et la BnF, invités d’honneur

Salon du livre rare 2018 (4) : l’IMEC et la BnF, invités d’honneur

Chaque année, outre les marchands, sont conviés au Salon du livre rare quelques invités : institutions publiques, artisans d’art, associations. C’est des stands de la Bibliothèque nationale de France et de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine que je vais vous parler dans ce dernier billet consacré au Salon international du Livre rare et de l’objet d’art 2018.

Grand Palais, dome

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Salon du livre rare 2018 (3) : vous reprendrez bien un peu de bibliophilie ?

Salon du livre rare 2018 (3) : vous reprendrez bien un peu de bibliophilie ?

Le salon international du livre rare, plus de 150 stands, et 100 000 documents proposés à la vente. Dans les deux précédents billets, je vous relatais d’une part la liste de mes trouvailles le soir du vernissage, et, d’autre part, un panorama des stands consacrés à l’estampe. Poursuivons notre exploration dans les allées du Grand Palais pour une orgie bibliophile !

Stand de découverte du livre ancien, Salon international du livre rare 2018

Le lendemain du vernissage, à midi trente, me voici de retour au Salon, bien décidée à reprendre mon exploration là où je l’avais laissée, c’est-à-dire au milieu de l’allée F. Lire la suite

Salon du livre rare 2018 (2) : du côté… des livres !

Salon du livre rare 2018 (2) : du côté… des livres !

Après vous avoir entretenu des estampes au Salon du livre rare, il est temps de vous parler de bibliophilie. Un gros morceau, puisque le salon compte près de 150 stands de libraires et que ces derniers réservent évidemment leurs plus remarquables pièces pour l’événement.

Stand de la librairie Eppe Frères au Salon du Livre rare 2018

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Salon du livre rare 2018 (1) : du côté des estampes

Salon du livre rare 2018 (1) : du côté des estampes

Cette année, le Salon international du Livre rare et de l’objet d’art était pour moi un peu particulier. Non seulement, comme chaque année, j’allais y flâner pour me former l’oeil, mais en plus, pour la première fois depuis dix ans, y travailler.
Et pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de s’y rendre, voici le récit de mon salon, avec mes coups de coeur, en espérant vous régaler.

Salon du Livre Rare 2018

Depuis 2013, je partage avec vous mes plus belles découvertes du Salon, soit sur Facebook (2015), soit sur le blog (en 2015 et 2017), et, deux fois, dans la revue les Nouvelles de l’Estampe (2015,  2017). Pour le salon 2018, je vous ai offert un live-tweet d’une centaine de tweets (accessible librement, même pour les non-usagers du réseau), que je vais reprendre, dans le détail, sur le blog. Aujourd’hui, nous commençons avec les estampes Lire la suite

Israël Silvestre ou une invitation à la promenade dans la France du Grand Siècle

Israël Silvestre ou une invitation à la promenade dans la France du Grand Siècle

Des centaines d’estampes, des dizaines de dessins — moins connus, il est vrai — : voici l’œuvre d’Israël Silvestre, un des plus célèbres graveurs de vues topographiques du XVIIe siècle. Son crayon et sa pointe ont immortalisé les plus beaux points de vue de la France d’alors (on ne disait pas encore panoramas), façonnant et fixant l’image de quelques remarquables châteaux depuis disparus ou de perspectives urbaines aujourd’hui transformées.

Israël Silvestre, Vue du collège des Quatre-Nation, Plume et encre brune, noire et grise, lavis gris et brun-vert, vers 1670, Paris, Musée du Louvre

Israël Silvestre : en dehors des amateurs d’estampes et des passionnés du Grand Siècle, qui a retenu son nom ? Et pourtant, tant de fois ses gravures ont été reproduites ! Besoin d’évoquer un château du milieu du XVIIe siècle ? C’est certainement une gravure de Silvestre que l’on reproduira. Mais au-delà de ces quelques eaux-fortes tant de fois montrées, que faut-il retenir de sa carrière ?

Israël Silvestre, Château et parc de Meudon, vus du côté du village de Fleury, Graphite, plume et encre brune, lavis brun, aquarelle, 1687, Paris, Musée du Louvre

Jusqu’au 25 juin 2018, le Musée du Louvre consacre une belle exposition à Israël Silvestre, renouvelant profondément la connaissance que nous avons de cet artiste, notamment par la mise en avant de ses dessins, jusqu’alors injustement méconnus. Lire la suite

Pieter de Josselin de Jong : des salons mondains aux usines métallurgiques

Pieter de Josselin de Jong : des salons mondains aux usines métallurgiques

Lors de ma visite du Panorama Mesdag, que je vous relatais dans un précédent billet, le musée présentait une petite exposition temporaire consacrée au peintre Pieter de Josselin de Jong, dont je ne connaissais pas l’existence. Une chouette découverte que je souhaite partager avec vous.

Pieter de Josselin de Jong, Lamineurs, pastel, 1896, Museum Helmond

Du bruit, de la chaleur, la lumière du métal en fusion, des machines monstrueuses, des hommes en plein effort : voilà ce que je retiendrai de Pieter Josselin de Jong, artiste de la fin du XIXe siècle à la carrière protéiforme. Lire la suite