Septembre, la rentrée littéraire, le début de la saison culturelle… Sur les blogs et dans les journaux spécialisés, voici que fleurissent les sélections des « expositions de la rentrée ». Orion en aéroplane n’y coupe pas, voici la liste des événements que j’attends avec impatience pour la fin d’année 2013.
Ah, les journées européennes du Patrimoine (JEP), l’orgie de l’amateur de culture… Des milliers de monuments ouverts gratuitement, des lieux secrets exceptionnellement accessibles, des rencontres avec des acteurs du patrimoine, des visites contés qui captivent toute la famille. Le programme est foisonnant ! Que faire, par où commencer, comment traquer les activités qui rendront votre week-end inoubliable ? Pour vous guider, je vous propose plusieurs sélections personnelles au sein du programme 2013, sur la base de mes expériences passées.
Si j’avais du temps, je consacrerai autant d’heures à préparer les journées du patrimoine qu’à les faire. A défaut de vous concocter autant de parcours que je le souhaiterai, j’ai regroupé quelques uns de mes coups de coeur dans ce billet fourre tout. Attention, sélection exclusivement parisienne!
L’Ecole des Beaux-Arts
C’est un de mes lieux préférés à Paris… Fascinant enchevêtrement de bâtiments de diverses époques, abritant un patrimoine riche et précieux, terreaux de la création de demain, l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris est encore trop méconnue des parisiens. Pour les JEP, quelques espaces seront librement accessibles, comme la chapelle.
Dernier vestige du couvent des Petits Augustins, démantelé à la Révolution, la chapelle a été construite au XVIIe siècle. En 1795, Alexandre Lenoir, fervent défenseur du patrimoine, y ouvre le musée des Monuments français. Dans la chapelle et le cloître adjacent, il met en scène l’histoire de l’architecture et de la sculpture française. En 1816, les collections sont dispersées et le terrain est attribué à l’Ecole des Beaux-Arts. Le souvenir du musée de Lenoir perdure cependant et dans la seconde moitié du XIXe siècle, la chapelle sert à exposer des moulages des chefs-d’oeuvre de la sculpture du Moyen-Age et de la Renaissance. Les élèves sont peu nombreux à les fréquenter, leurs préférant les moulages d’antiques de la cour du Palais des Etudes.
Chapelle de l’Ecole des Beaux-Arts
De nombreux moulages subsistent aujourd’hui encore dans la chapelle, parmi lesquels ceux de la chaire à prêcher de la cathédrale de Pise, du Colleone, de plusieurs sculptures de Michel-Ange. Vous serez probablement surpris d’admirer sur le mur du fond une immense copie du Jugement dernier de la Chapelle Sixtine, vestige du musée des copies peintes…
Je profite de l’occasion pour renvoyer à un article que j’ai précédemment publié sur l’atelier de fresque de l’école.
L’agence centrale de la société générale
Aller à la banque n’est pas toujours un plaisir… sauf si votre conseiller à un joli bureau! Pour être sûr d’être toujours ébloui quand vous devez passer à la banque, le mieux est de domicilier votre compte à l’agence centrale de la Société générale, dans le 9e arrondissement.
Si la façade date du Second Empire, l’intérieur du bâtiment a été entièrement aménagé dans le goût Art Nouveau. C’est ainsi que l’Agence centrale possède une magnifique verrière colorée qui est sans doute l’une des plus belles de Paris.
Agence centrale de la Société Générale, photographie : J.M. Gras
Lors de la visite, ne manquez pas de descendre au sous-sol pour admirer l’impressionnante porte de la salle des coffres!
Je vous en parlais déjà il y a quelques mois. Le musée de la Chasse et de la Nature, installé dans le 4e arrondissement de Paris, est un musée surprenant, bien loin des clichés que l’on peut s’en faire. Doté de très belles collections, il allie avec succès et raffinement art contemporain et patrimoine ancien, dans un cadre exceptionnel!
L’Hôtel de Salm – Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur
Joyau de l’architecture du XVIIIe siècle, l’Hôtel de Salm, siège de la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur, a été détruit dans les incendies de la Commune en 1871. Immédiatement reconstruit grâce à une souscription, il abrite aujourd’hui le musée de la Légion d’Honneur et la résidence du Grand Chancelier.
Hôtel de Salm, salon de réception
Lors des JEP, il est possible de découvrir les très beaux espaces de réception, dont la restauration vient d’être achevée. L’occasion de se familiariser avec les techniques de restauration en présence des acteurs du chantier.
En plein cœur du Paris historique, la Banque de France occupe une immense parcelle où s’enchevêtrent des édifices de différentes époques. Le joyau en est l’ancien hôtel de Toulouse et sa Galerie Dorée. Construit par François Mansart en 1640, l’hôtel de La Vrillère est racheté au début du XVIIIe siècle par le comte de Toulouse, qui le fait redécorer dans le style Régence par l’architecte Robert de Cotte. La pièce maîtresse est la Galerie Dorée, ornée de tableaux de grands maîtres, aujourd’hui au Louvre.
Hôtel de Toulouse, Galerie Dorée
Attention, la visite de la Banque de France est un peu longuette (surtout pour des enfants): les plus pressés iront directement à la Galerie Dorée.
Paris regorge de (très) belles bibliothèques. Il y en a bien plus qu’on ne l’imagine. Ecoles, instituts, sociétés savantes, beaucoup d’hôtels particuliers parisiens abritent de long rayonnages de livres qui courent jusqu’au plafond et que l’on aperçoit, furtivement, par une fenêtre éclairée dans une nuit d’hiver.
Les étudiants et érudits ont la grande chance de fréquenter quotidiennement ces lieux de savoirs, dont certains, avec leur parquet qui grince et leur odeur de cire, semblent tout droit sortis d’un film. Voici ma sélection personnelle d’adepte du bibliotourisme !
Bibliothèque nationale de France – site Richelieu
A tout seigneur tout honneur, notre parcours commence par la Bibliothèque nationale de France qui occupe à Paris plusieurs sites, dont trois principaux : le quadrilatère Richelieu (2e), le site François-Mitterrand (Tolbiac) et l’Arsenal (Pont-Marie). Malheureusement, la « grande bibliothèque » (site de Tolbiac), n’est pas ouverte pour les JEP.
Sur le site Richelieu, le visiteur pourra découvrir quelques uns des nombreux trésors des départements « patrimoniaux » de la BnF. Dans les différentes salles de lecture, des conservateurs seront présents pour dévoiler les documents sur lesquels ils travaillent : cartes anciennes, manuscrits, photographies et estampes… Parmi les trésors présentés cette année, le Livre d’heures de Jeanne de France, acquis en 2012, un manuscrit de Marcel Proust et un manuscrit de Guillaume Apollinaire, des cartes à jouer anciennes…
Côté architecture, le visiteur pénétrera dans l’une des plus extraordinaires salles de lecture parisienne, la salle Ovale, construite par Louis Pascal à la fin du XIXe siècle. Impressionnante par son volume (45 mètres de long, 18 mètres de haut), elle émerveille par son cachet, avec ses murs couverts de livre et son immense verrière. En raison des travaux de rénovation du quadrilatère, la fameuse salle Labrouste n’est pas accessible au public. Elle rouvrira en 2015.
Salle Ovale, photographie Vincent Desjardin (flickr)
Bibliothèque Sainte Geneviève
Les passionnés d’architecture se rendront à la bibliothèque Sainte-Geneviève pour admirer tout le génie d’Henri Labrouste.
En 1838, alors que les planchers du lycée Henri IV menacent de céder sous le poids des livres de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève, l’administration décide d’édifier un nouveau bâtiment pour abriter cette bibliothèque dont la préciosité et l’utilité sont unanimement reconnues.
Pour dresser les plans du premier édifice parisien conçu dès l’origine comme une bibliothèque autonome, l’administration fait appel à un architecte d’une quarantaine d’années, Henri Labrouste, lauréat du Prix de Rome en 1824. Son projet est approuvé en 1843 et huit ans plus tard, la bibliothèque accueille ses premiers lecteurs.
La conception architecturale du lieu, novatrice, ne manque pas d’impressionner ceux qui y pénètrent : visionnaire, Henri Labrouste a pensé une bibliothèque fonctionnelle qui va s’ériger comme un modèle du genre, avec sa grande salle de lecture lumineuse et aérienne, portée par de fines et élégantes colonnes de fonte. Labrouste est le premier à utiliser avec une telle audace le métal dans l’architecture.
Salle de lecture de la bibliothèque Sainte-Geneviève, photographie Marie-Lan Nguyen, (wikipédia commons)
Aujourd’hui, la bibliothèque Sainte-Genevièvre (BSG) est rattachée à l’université et accueille un public composé à majorité d’étudiants. Elle conserve également un fond ancien important et précieux, hérité de la bibliothèque de l’abbaye et régulièrement enrichi.
Durant les JEP sont proposées différentes visites. Je vous recommande notamment la visite générale, qui fait la part belle à l’architecture et celle de la Réserve, qui vous permettra de découvrir quelques uns des trésors de son exceptionnel fonds ancien.
Bibliothèque Mazarine
Située dans l’ancien Palais des Quatre Nations, qui abrite également l’Institut de France, la Bibliothèque Mazarine est la plus ancienne bibliothèque publique de France. Son origine remonte au XVIIe siècle : en 1643, Mazarin décide d’ouvrir au public sa bibliothèque personnelle, qui rejoint à sa mort le collège des Quatre-Nations. Riche d’un fonds ancien exceptionnelle, la bibliothèque est installée dans de très belles salles ornées de bustes.
Bibliothèque Mazarine, JEP 2011
Lors des JEP, les visiteurs peuvent déambuler librement dans la salle de lecture et dans le très beau vestibule de la bibliothèque et découvrir l’exposition « Raynal, un regard vers l’Amérique ».
La bibliothèque nationale de France – Site de l’Arsenal
Depuis le milieu du XVIIIe siècle, l’Arsenal abrite une bibliothèque. Ce n’est que depuis 1934 que celle-ci est rattachée à la Bibliothèque nationale de France. Lors des JEP, les espaces historiques du bâtiment sont exceptionnellement ouverts au public pour des visites commentées gratuites et passionnantes. Le visiteur y découvre quelques décors anciens comme le fabuleux salon de musique, récemment restauré et le cabinet de La Meilleraye, un rare exemple des décors de style Louis XIII. Outre les commentaires sur ces décors fabuleux, les conférenciers s’efforcent de faire revivre à nos oreilles l’incroyable passé de cette bibliothèque, où se croisaient notamment au XIXe siècle artistes et écrivains, lors des célèbres soirées littéraires de Charles Nodier.
Bibliothèque de l’Arsenal, cabinet de La Meilleraye, JEP 2011Bibliothèque de l’Arsenal, Salon de musique, JEP 2011
Les bibliothèques du Sénat et de l’Assemblée
Le Palais Bourbon et le Palais du Luxembourg abritent deux très belles bibliothèques. Ceux qui auront la patience d’affronter la queue souvent longue à l’entrée de ces deux institutions pourront admirer les décors peints par Delacroix dans la bibliothèque du Sénat et quelques trésors anciens de la bibliothèque de l’Assemblée nationale.
Les Archives nationales
Nous terminons notre parcours par une petite digression jusqu’aux Archives Nationales (site de Paris) où je vous recommande particulièrement la visite guidée des Grands dépôts qui témoignent des aménagements effectués au XIXe siècle pour offrir de bonnes conditions de conservation aux archives de la nation tout en les mettant en scène. Cette visite permet de parcourir les magasins d’archives, d’approcher des documents précieux tels les archives de l’Assemblée nationale mais également de comprendre le travail des archivistes hier et aujourd’hui.
L’exposition « Philippines, archipel des échanges » au musée du Quai Branly offre aux visiteurs l’occasion de découvrir la production artistique des cultures insulides, jusqu’ici trop peu valorisées au sein des collections permanentes. « Philippines, archipel des échanges » surprendra peut-être le visiteur, qui aura presque l’impression de visiter deux expositions, tant les productions des cultures qui forment les Philippines sont différentes. Les hautes terres de la Cordillère de Luzon et de Mindanao, difficiles d’accès, sont restées plus longtemps isolées des influences extérieures, ce dont témoigne l’étonnante stabilité stylistique de sa production artistique. En revanche, les îles du sud, par leur position avantageuse sur les roules maritimes ont très tôt été au cœur des échanges commerciaux. C’est par ce biais que les cultures locales ont reçu les influences indiennes, indonésiennes, chinoises, arabes… en résultent des objets d’un étonnant syncrétisme.
Bipartite, le parcours de l’exposition distingue très nettement par son organisation et sa scénographie les aires géographiques et culturelles présentées. L’ambition des commissaires a été de mettre en avant la complexité de ces cultures et l’importance que la notion d’échange y occupe : d’une part le système des échanges (dons et contre dons) au sein de certaines des sociétés présentées, d’autre part les échanges commerciaux et culturels avec d’autres zones géographiques et enfin les échanges avec les invisibles, ancêtres et autres esprits.
Contrainte à passer tout l’été à Paris, entre mon job à la bibli et mon mémoire à rédiger, il me fallait vraiment de quoi décompresser. Le Pass jeunes était donc indispensable! Le Pass Jeunes? Un carnet de 36 coupons pour profiter gratuitement d’activités culturelles et sportives durant les deux mois estivaux. Pour cette seconde édition, ce sont vingt mille exemplaires de ce carnet qui vont être distribués aux jeunes parisiens de moins de 25 ans. Mon sésame retiré à la mairie de Paris jeudi soir, voici un petit résumé de son contenu.
Je rédigerai, au fur et à mesure de l’usage de mes coupons, des billets de blogs sur les activités du Pass jeune. Les liens de cet article seront alors mis à jour vers les billets correspondants. Pour suivre ces mises à jour, suivez la page facebook d’Orion en aéroplane ou mon fil twitter.
PLEIN de sorties musées
Le pass comprend plusieurs entrées pour des musées et expositions. Les expos Keith Haring au musée d’Art Moderne, Hugo Politique à la Maison Victor Hugo (place des Vosges) et Nouvelles Vagues au Palais de Tokyo sont ainsi accessibles gratuitement.
Envie de robes colorées et de chansons entraînantes? L’expo Le monde enchanté deJacques Demyest pour vous! Le pass vous offre une entrée à 5 euros (tarif habituel des moins de 18 ans). Attention, l’exposition se termine le 4 août.
Si vous avez raté le Salon du Bourget, le pass vous propose une séance de rattrapage avec une entrée gratuite, l’audioguide et l’accès à deux animations du Musée de l’air et de l’espace.
Le pass comporte un coupon pour les collections permanentes, fort instructives, de L’adresseMusée de la Poste. Notez que leur accès est déjà gratuit pour les moins de 26 ans (ressortissants U.E.) toute l’année: porteurs du pass, vous pourrez cependant faire bénéficier un accompagnateur de plus de 26 ans de la gratuité.
La mécanique des dessous, une exposition aux Arts Décoratifs
Le coupon des Arts Décoratifs vous occupera plusieurs heures: il donne en effet un accès gratuit non pas à une mais 3 expositions! Ronan et Erwan Bouroullec dans la nef, PubMania, ils collectionnent la publicité,dont j’ai déjà parlé dans ce billet et La mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette,consacrée aux sous-vêtements, qui débutera le 5 juillet.
A la Maison Européenne de la Photographie, quatre expositions estivales à découvrir. La première offre la vision personnelle d’un collectionneur, Serge Aboukrat, sur l’histoire de la photographie : on y admirera notamment une soixantaine de clichés-verre, un étrange procédé entre photographie et estampe. L’exposition BIASIUCCI / PALADINO met en dialogue la photographie et la sculpture, tandis qu' »Itinérance » de Ferrante Ferranti invite au voyage géographique et temporel. Enfin, la dernière exposition met en valeur l’oeuvre photographique du réalisateur Ferrante Ferranti.
Pas trop fan des expositions d’art? Le Palais de la Découverte vous séduira peut-être plus avec l’expositionBêtes de Sexe, la séduction dans le monde animal. Le pass offre une entrée à 3 euros. Avis à ceux qui aurait raté la distribution des Pass Jeunes: l’entrée est au même prix pour tous les étudiants après 15h! Le pass permet également l’accès aux expositions Explora et Léonard de Vinci (Cité des sciences) pour la même somme de 3 euros.
Encore pour trois euros, le porteur du pass aura accès à l’exposition Sound Systèmeà la Gaité Lyrique, qui explore les manières d’écouter de la musique dans l’espace public.
Un coupon propose l’emprunt gratuit d’un audioguide dans l’un des musées de la ville de Paris. Notez que les collections permanentes de ceux-ci sont gratuits toute l’année pour tous les visiteurs (sauf expositions temporaires): une bonne raison d’en profiter au delà du pass jeunes.
Et puis, le pass prolonge l’été jusqu’en novembre puisqu’un coupe-file pour l’exposition de l’hiver, Brassaï à l’Hotel de Ville, y est joint!
Cinémas et spectacles
Le pass offre une place à 5 euros pour une séance dans un des 10 cinémas de la liste. L’occasion d’aller admirer le Louxor restauré! Quant à la Géode, elle vous sera accessible pour trois euros!
La salle du Louxor restaurée
Au mois de juillet seulement, le porteur du pass et un accompagnateur de son choix pourront obtenir deux entrées gratuites pour le forum des images.
Côté concert, des entrées gratuites sont offertes au porteur du pass et à un accompagnateur de son choix pour le parc floral de Paris durant le Paris Jazz Festival(juillet) ou le Festival classique au vert (août)
Visiter les monuments de la capitale
De la Crypte de Notre Dame à la Tour Eiffel, le pass contient tout pour jouer les touristes dans sa propre ville! Pour commencer, un accès gratuit à la Crypte du parvis de Notre-Dame pour explorer un Paris disparu reconstitué en 3D.
Paris restitué à la crypte de Notre Dame
Besoin de séduire? Avant de l’emmener danser vendredi ou samedi soir, admirez à deux le coucher de soleil depuis les tours de Notre-Dame (deux entrées gratuites dont une plus de 26 ans). Notez d’ailleurs que les tours sont accessible toute l’année gratuitement aux ressortissants de l’U.E. de moins de 26 ans.
Pour admirer une autre belle vue de Paris, il suffira de débourser deux euros pour escalader les 704 marches menant au deuxième étage de la Tour Eiffel.
La Sainte-Chapelle
Le mercredi soir, les porteurs du pass pourront admirer les magnifiques vitraux de la Sainte-Chapelle. Si les jeunes de moins de 25 ans ont toute l’année un accès gratuit à ce monument extraordinaire, ils pourront, grâce au pass, en faire profiter un accompagnateur « adulte ». Même offre (mais tous les jours) pour le Panthéon, le Château de Vincennes et la Conciergerie.
Après la culture, un peu de sport
Coté activités sportives, le pass vous offre huit entrées pour tester quelques unes des piscines parisiennes. De quoi faire des longueurs une fois par semaine! Attention, la piscine Joséphine Baker (comme d’autres) n’est pas concernée par cette offre. Par ailleurs, on pourra profiter à deux reprises, pendant une heure, d’un court de tennis parisien: pensez à réserver!
Enfin, un cours d’initiation aux sports de glisse (skate et roller) est offert le dimanche matin à 10h. L’espace de glisse EGP18 propose 3000 m2 d’installations couvertes pour se défouler et expérimenter! Notez que l’espace est accessible gratuitement pour tous à certains créneaux horaires.
Et après tous ces efforts, un peu de réconfort!
Le pass contient deux entrées gratuites pour le Parc Bagatelle et son exposition horticole. Conçu au XVIIIe siècle à la suite d’un pari entre Marie-Antoinette et le comte d’Artois, le jeune frère de Louis XVI, le château de Bagatelle fut bâti en 64 jours et entouré d’un jardin anglo-chinois, reflet des modes de son époque. Sous le Second Empire, divers éléments sont ajoutés au jardin, comme l’Orangerie, qui accueille aujourd’hui des concerts, ou les écuries. Acheté par la ville en 1905, le jardin est restauré, mais dépouillé de ses oeuvres d’art, qui sont dispersés en vente aux enchères. La pagode, folie du XIXe siècle, est acquise par un lord anglais. C’est sa réplique que l’on admire aujourd’hui dans le jardin parisien. A ne pas rater lors de la visite, l’extraordinaire parterre de quelques 1200 variétés de rosiers, soit l’une des plus belles collections de ce type à Paris! Notez qu’il y a des visites guidées du parc le dimanche.
Et pour se mêler à la foule des touristes estivaux, profitez d’une place à cinq euros (au lieu de treize) pour une croisière d’une heure sur un des bateaux mouches parisiens (en semaine seulement)!
Une petite croisière sur la Seine?
Le Pass-Jeunes en pratique
Comment obtenir un Pass-Jeunes? Réservé aux jeunes parisiens âgés de 15 à 25 ans, il est à commander sur le site ParisJeunes. Attention, il est actuellement en rupture de stock, mais quelques exemplaires non retirés en mairie devraient à nouveau être offerts sur le site dans les jours qui viennent! Gardez l’oeil ouvert!
Remarques pour une utilisation optimale du pass: tout d’abord faites bien attention aux dates et aux créneaux horaires: certains coupons ne sont valables qu’une partie de l’été, ou seulement certains jours de la semaine, alors que le lieu concerné est ouvert sur des plages bien plus larges. D’autre part, comme je l’ai écris à plusieurs reprises, certains coupons concernent des lieux dont l’accès est déjà gratuit pour les moins de 26 ans. Non pas conçus pour vous « arnaquer » ces coupons se veulent une invitation à la visite, là où l’on se dit souvent « oh, je le visiterai la prochaine fois ». Souvent ces mêmes coupons vous offrent une prestation supplémentaire: audioguide gratuit, entrée pour un accompagnateur « adulte » (entendez + de 26 ans)…. Profitez-en!
Pour ma part, bénéficiant déjà de la gratuité pour une partie de ces activités (essentiellement les musées), je serai heureuse de partager mes coupons avec mes lecteurs (de moins de 25 ans!). Je les distribuerai au fil de mes billets sur la page facebook du blog, restez connectés!
Pour la Nuit des Musées, le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) ouvrait de façon exceptionnelle ses portes. Quatre mille cinq cent mètres carrés de laboratoire sous les parterres du Louvre où sont analysés, étudiés et restaurés les objets des collections françaises. Un endroit fascinant où se concentrent un personnel scientifique hautement qualifié et un outillage technologique de pointe, au service des œuvres. Si vous avez raté le rendez-vous, je vous emmène en séance de rattrapage, photographies à l’appui.
L’évènement avait fait un petit buzz en fin d’année 2012. Dans le cadre des interventions d’artistes régulièrement pratiquées sur la structure du Palais de Tokyo, trois graffeurs, Lek, Sowat et Dem189 ont été invités à investir un des espaces cachés du Palais, une cage d’escaliers de secours. D’un projet modeste cantonné aux marches de l’escalier supérieur, l’intervention s’est propagée aux plusieurs centaines de m2 de cet espace de secours et des trois street-artistes invités, se sont finalement une trentaine de graffeurs qui ont ici créé, interagi, formant ainsi une œuvre collective, singulière et riche de sens, reflet des tendances de la scène française et représentative de quelques-unes de problématiques prégnantes de ce champ de l’art contemporain.
Par leur qualité, les expositions du Musée de la Publicité au sein des Arts Décoratifs mettent en valeur la richesse d’une collection, qui, par sa nature, ne peut être exposée de façon permanente. Cet été, l’institution rend hommage aux collectionneurs de pub, dont la générosité a contribué à la qualité des fonds aujourd’hui en sa possession. A travers une sélection choisie d’objets publicitaires, témoins modestes et éphémères de notre société de consommation, cette exposition rend compte de la diversité de l’objet de collection et tente un portrait psychologique et sociologique du publiphile.
Merveilleux éventails publicitaires
L’exposition, dont le projet est né de la donation en 2012 d’un ensemble d’un millier d’éventails publicitaires par Anne et Michel Lombardini, s’ouvre sur une très belle sélection d’une centaine de pièce de ce type.
Comme l’affiche illustrée, l’éventail publicitaire est né des progrès que connait la lithographique en couleur à la fin du XIXe siècle. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant de voir les plus grands noms de l’affiche signer également des compositions pour des éventails. Alors que son utilité décline dans les couches supérieures de la société, l’éventail connaît grâce la publicité une nouvelle jeunesse auprès d’un public populaire qui le plébiscitera jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale. Conçu comme éphémère, l’éventail publicitaire, bien qu’édité en très grand nombre d’exemplaires, est aujourd’hui d’une rareté extrême, ce qui explique en partie l’engouent des collectionneurs pour ce type d’objets. Regroupés par thème ou style, une centaine d’éventails sont présentés dans les vitrines de la première salle. On admire ici une composition de Cappiello ; là on s’amuse des partis pris publicitaires des crématoriums américains, qui, dans les années 1960, offraient à leurs futurs clients des éventails ornés d’images pieuses.
Monomanie du copocléphile et du yabonophile
Il est fréquent que le collectionneur de publicité s’adonne à rassembler de objets d’un seul type : porte-clés, étiquettes de fromages, de sous-bocks de bière… La deuxième salle témoigne de quelques exemples repandus de cette pratique monomaniaque. Ces accumulations de porte-clés ou de cendriers forment de très beaux assemblages visuels, dont on se plait à faire l’inventaire. Chacune de ces monomanies typologiques a un nom, sur lesquels je reviendrai dans un prochain billet.
D’autres collectionneurs, en revanche, s’intéressent de façon exclusive à une marque, focalisant leurs efforts à amasser tout ce qui s’y rapporte. Leur collection peut alors témoigner de façon représentative de l’identité visuelle de celle-ci au cours du temps. Très tôt, en effet, certaines marques ont cultivé un style qui leur était si propre que d’un seul coup d’œil le consommateur pouvait y associer leur nom et leurs produits. Slogan, code graphiques, mascottes… autant d’éléments qui sont parfois devenus de véritables icônes, à l’instar du Bibendum de Michelin, du tirailleur sénégalais de Banania ou du Petit Écolier de Lu.
Le collectionneur, historien de l’identité visuel des produits de notre quotidien
Consciente très tôt des pratiques de collectionnisme de certains consommateurs, les marques ont cherché à les fidéliser en maintenant, par le renouvellement régulier de leur packaging, leur intérêt. Ainsi, prolongeant la pratique des boîtes de ferraille imprimées de chromolithographies réutilisées dans le foyer après que leur contenu premier ait été épuisé, les marques se sont lancées dans le packaging événementiel, les séries limités et les produits collectors. L’exposition consacre plusieurs vitrines à quelques emballages remarquables qui ont marqué les trente dernières années au fil des occasions : coupe du monde de football de 1998, passage de l’an 2000…
L’affichomanie, une pratique à la naissance de la publiphilie
Cinquième étape de l’exposition, l’espace consacré aux affiches clôt le parcours. Connaissant véritablement son essor dans le dernier quart du XIXe siècle, l’affiche illustrée s’affirme presque d’emblée comme art. Liée aux techniques nouvelles de la chromolithographie, l’affiche illustrée a fait appel aux lithographes les plus talentueux du temps. De l’estampe à l’affiche, il n’y a qu’un pas, que les artistes comme les collectionneurs ne tardèrent pas à passer. La sélection présentée pour cette exposition témoigne tout à la fois de la virtuosité de l’art de l’affiche dans les années 1890 et pendant l’entre-deux-guerres, de la passion précoce des collectionneurs pour ces éphéméras que de la qualité extraordinaire du fonds du Musée des Arts décoratifs.
Portrait du collectionneur de l’éphémère et du modeste
Entre art et objet populaire… Tout au long du parcours la figure du collectionneur est interrogée : qu’est ce qui distingue le publiphile du collectionneur d’œuvres d’art ? Quelle est la légitimité d’accumuler ces objets modestes, multiples, fruits de la société de consommation ? A l’étude, il apparaît que ce sont les mêmes ressorts interviennent dans les pratiques de collectionnismes des amateurs d’œuvres d’art et des amateurs de publicité. On retrouve la même quête de l’objet rare, le même souci de la représentativité, les mêmes délectations du regard, les mêmes pratiques de classement et de documentation… De la même façon que le marché de l’art, le marché de la collection d’objets publicitaires s’est structuré, se dotant de foires, de galeries spécialisées, de réseaux, de revues…
Un regret peut-être quant à la question de la présentation de ces trésors accumulés dans l’espace privé du collectionneur, qui n’est pas traitée ici. On a tous en tête ces clichés du collectionneur monomaniaque, accumulant pieusement l’objet de son désir dans une cave ou un grenier, au grand dam de ces proches, exaspéré par cette obsession envahissante.
L’exposition « Dans l’intimité de l’atelier, Geoffroy-Dechaume (1816-1892), sculpteur romantique » sera inaugurée demain soir. A l’invitation de la Cité de l’architecture et du patrimoine, j’ai eu la chance d’assister au montage de l’exposition et de bénéficier de quelques explications de sa commissaire, Carole Lenfant.
L’exposition « Dans l’intimité de l’atelier, Geoffroy-Dechaume (1816-1892), sculpteur romantique »
Grace à la donation récente de la famille Geoffroy-Dechaume, la cité de l’architecture et du patrimoine s’est vue dotée de près de 4700 pièces issues du fonds d’atelier de ce sculpteur intiment lié à l’histoire du musée des Monuments français, dont il fut l’un des premiers directeurs.
Samedi dernier, le Centre Pompidou inaugurait le nouveau cycle du studio 13/16, l’espace dédié aux adolescents. Intitulé « Ex-Situ », cette nouvelle programmation est une prometteuse initiative qui fait entrer le Street Art au musée par une porte originale et de façon intelligente.
Sept artistes pour plusieurs événements
Pour cette nouvelle saison du studio 13/16, le Centre Pompidou a su convaincre sept grands noms de la scène du Street-Art : JonOne, Vhils, Ox, RERO, Mark Jenkins, Ludo et YZ. Autant d’artistes que les ados auront la chance se rencontrer pendant leurs résidences successives au sein de l’institution.
Par cette sélection, le Centre Pompidou offre du Street Art une vision large quoique non exhaustive, qui permet de prendre conscience de l’ampleur et de la diversité de ce mouvement, tant sur le plan des médiums que des champs de réflexions ou encore de l’esthétique. RERO interroge le sens des mots, inscrivant sur de grandes surfaces des mots qu’il barre sans pour autant les rendre illisibles. Le travail de JonOne a aussi pour sujet l’écrit : multipliant son blase à l’infini, il travaille sur la calligraphie des lettres, dépassant le tag qu’il pratiquait dans les années 70 pour tendre vers l’abstraction. Les collages et lavis de YZ mettent en scène des figures féminines d’une très grande poésie, tandis que Ludo crée par infographie des figures hybrides mêlant nature et technologie. OX intervient sur les affiches publicitaires, y peignant ou y collant des formes abstraites ou géométriques, prenant toujours en compte la nature visuelle et commerciale de son support et l’environnement dans lequel il s’inscrit. Mark Jenkins crée à l’aide de mannequins illusionnistes des situations absurdes dans l’environnement quotidien afin de faire réfléchir et réagir les passants sur nos agissements. Enfin, le portugais Vhils est connu depuis quelques années pour ses portraits gravés sur l’épiderme des murs.
Ex-situ se décline en plusieurs événements. Chaque résidence d’artiste débutera par une intervention réalisée dans le Centre ou dans ses alentours immédiats. RERO, en ouverture de la programmation, a déjà inscrit sur l’escalator-chenille emblématique du bâtiment un monumental « DO NOT CROSS THE LINE ». Des ateliers « workshops », réunissant les ados et les artistes durant 35 après-midi, marqueront un temps de dialogue et de création collective. Enfin, le cycle se terminera par une journée de performances dans Paris : le 1er juin, sept kiosques de la ville de Paris seront le support de créations élaborées en concertation par sept groupes d’adolescents et les artistes invités.
Une collaboration prometteuse du musée et de l’ « art urbain »
Nombreux sont ceux qui déplorent les relations maladroites/laborieuses entre les musées et le milieu du Street Art. Les enjeux des deux protagonistes ne sont en effet pas toujours compatibles, quand ils ne sont pas tout simplement radicalement antinomiques. En outre, les institutions muséales sont souvent accusées d’offrir en exposition un Street Art dénaturé, vidé de son sens…
A mon goût, l’opération du Centre Pompidou rompt radicalement avec cette tendance, offrant du Street Art une approche novatrice en ce qu’elle est respectueuse de son esprit. Par ce cycle « Ex-Situ », c’est un véritable dialogue qui est appelé à s’instaurer entre le public et les artistes, en marge des expositions temporaires et des collections permanentes. Il n’est en effet pas question d’exposer à cette occasion les œuvres des artistes mais d’initier les ados à une réflexion sur le Street-Art. S’il y aura bien quelque chose à voir du travail de RERO, Vhils et des autres artistes au centre, l’essentiel du contenu de ce cycle, dont le but premier est la transmission, prendra forme dans les workshops où les jeunes seront invités à s’emparer des moyens d’expression des intervenants pour formuler leur propre message.
« Ex-Situ », interroger la relation au lieu : que devient le Street Art hors de la rue ?
Pour la plupart des street artistes, l’œuvre naît de leur interaction avec l’environnement spécifique dans lequel ils interviennent. Initiée par l’artiste, cette interaction est d’ailleurs appelée à se prolonger au-delà du moment de l’acte créateur : un passant viendra peut-être modifier un détail, un autre graffeur recouvrira une partie de l’œuvre, plus tard peut-être dissimulée derrière un quelconque affichage sauvage… Bref, ce sont le temps et la vie qui feront leur œuvre.
Lancement d’Ex-Situ au Centre Pompidou, Photos H. Véronèse
C’est cette relation au lieu, à l’environnement que le Centre Pompidou entend interroger. Plus précisément, par le titre donné à la manifestation « Ex-Situ », le studio 13/16 explore les formes que peut prendre le Street-Art lorsqu’il est sorti de son « milieu naturel », la rue, pour être présenté dans un espace autre – ici une institution culturelle reconnue comme « légitime ».
Dans le langage de l’Art contemporain, on emploie le terme in-situ pour désigner une œuvre créée pour et dans un environnement spécifique et qui ne peut exister et n’avoir de sens que dans ce contexte précis (les colonnes de Buren forment l’un des exemples les plus connus d’interventions in-situ). Par nature, donc, le Street Art est un mode d’expression in-situ. En entrant au Centre Pompidou, le Street Art est déplacé hors de son environnement naturel et devient donc « ex-situ ».
Il y a là, à mon sens, un niveau de réflexion que l’on ne retrouve malheureusement pas dans la plupart des expositions sur ce champ de l’art vivant. Ainsi, quelle déception a été pour moi l’absence de mise en perspective de telles questions dans la récente exposition du musée de la Poste, au titre pourtant prometteur d’ « Au-delà du Street Art » !
Lancement d’Ex-Situ au Centre Pompidou, Photos H. Véronèse
Bien déterminée à assister à quelques uns des workshops, je reviendrai volontiers sur la nature des interventions des artistes dans de prochains billets. Si vous avez-vous-même assisté à certains d’entre eux, n’hésitez pas à partager votre expérience via les commentaires, la page facebook ou le formulaire de contact : votre avis m’intéresse !
La marie du 8e arrondissement accueille pour une courte durée – du 2 au 12 avril – une exposition réunissant une centaine d’oeuvres de l’aquafortiste Jacques Beurdeley (1874-1954).
Destiné à une carrière juridique par son père, Jacques Beurdeley abandonne rapidement ses études de Droit pour fréquenter l’atelier de Cormon à l’Ecole des Beaux-Arts. Sa rencontre avec Auguste Delâtre, l’imprimeur des peintres-graveurs, qui compte parmi les principaux acteurs du renouveau de l’eau-forte qui s’opère en France dans la seconde moitié du XIXe siècle va être déterminante dans sa destinée artistique. Initié aux techniques de l’estampe par Delâtre, Beurdeley adopte la pointe sèche et l’eau-forte comme principaux moyens d’expression.
Marqué par les modèles de Buhot, Meryon et Whistler, Jacques Beurdeley réalise de nombreuses vues de ville – Paris, Londres, Venise, mais également Amsterdam et Bruges. Après la Première Guerre mondiale, alors qu’il séjourne fréquemment et longuement à Provins, la campagne briarde devient son motif de prédilection.
Jacques Beurdeley, démolition rue Lepic, 1903, photo famille de l’artiste.
L’exposition actuellement présentée à la mairie du 8e arrondissement se concentre sur les vues parisiennes de l’artiste: on y admire des estampes figurant Paris au tournant du XXe siècle, ainsi que de très nombreuses études, aquarelles et dessins préparatoires, pour la plupart inédits.
Dans ces estampes, l’empreinte esthétique de l’imprimeur Delâtre est prégnante: les tirages sont retroussés, les noirs intenses et veloutés. Comme Meryon ou Martial, Beurdeley a aimé représenter le « Paris qui s’en va » offrant de belles vues pittoresques de la capitale alors en pleine transformation.
Exposition entrée libre à la mairie du 8ème du 2 au 12 avril 2013.
Du lundi au vendredi de 12h à 18h. Jusqu’à 19h le jeudi. Samedi de 9h à 12h.
Ce printemps, le Musée du Quai Branly offre au public parisien un voyage en Micronésie aux côtés d’un artiste singulier, Paul Jacoulet. Cette exposition est présentée à l’occasion de la donation par Madame Thérèse Jacoulet-Inagaki, sa fille adoptive, d’un ensemble exceptionnel de 2950 pièces parmi lesquelles dessins, aquarelles, estampes et matrices de bois de l’artiste mais également des objets rapportés de ses voyages en Asie et en Micronésie.Ce n’est pas la première fois que la famille Jacoulet fait preuve de générosité en faveur des institutions culturelles françaises : en 1961 et 2011, déjà, le département des estampes de la BnF avait reçu deux donations lui permettant de rassembler la totalité du corpus gravé de Jacoulet, soit 162 estampes. Après la BnF, le Quai Branly est la deuxième institution française à exposer cet artiste.
Jacoulet, chagrins d’amour, 1940, gravure sur bois, Quai Branly
Alors que le Musée national Marc Chagall célèbre ses quarante ans, le public parisien va pouvoir admirer à Paris, au musée du Luxembourg, 105 œuvres du peintre d’origine russe. Compte-rendu d’une visite en avant-première.
Homme-coq au-dessus de Vitebsk, 1925, collection privée
L’exposition du Musée du Luxembourg n’est pas une rétrospective. Intitulée « Chagall, entre guerre et paix », elle propose une approche thématique de l’œuvre du peintre entre 1914 et 1960.
Marc Chagall peignant
« Entre guerre et paix » : les commissaires ont imaginé un parcours en quatre temps, illustrant les exils successifs de Chagall dans une Europe en proie à deux guerres mondiales et une révolution. Avec, en fil rouge, l’idée que dans l’œuvre de Chagall peut « se lire son expérience intime de l’histoire ». En effet, si Chagall traite rarement directement des évènements qui lui sont contemporains, ceux-ci pénètrent toute son œuvre, extrêmement autobiographique.
On pourra reprocher à cette exposition dont le succès est assuré d’avance, un parcours peu audacieux, voire même franchement déjà vu. En effet, les thèmes de la guerre et de la paix mais plus encore celui de l’exil et du voyage ont déjà exploité à de multiples reprises dans les expositions consacrées à l’artiste (et notamment en 2003 au Grand Palais avec Chagall connu et inconnu). Si elle est peu audacieuse, cette approche thématique à l’avantage d’inclure une grande partie des créations de Chagall de la période 1914-1950.
Le parcours s’ouvre avec un auto-portrait. Nous sommes en 1914, Chagall vient de séjourner trois ans à Paris, au cœur du Montparnasse, fréquentant la fine fleur des avants-gardes. Il rejoint la Russie pour épouser l’élue de son cœur, Bella, restée à Vitebsk, leur ville natale. Parti seulement pour quelques mois, mais surpris par la guerre, le séjour en Russie durera huit ans. Huit ans pendant lesquels Chagall occupe cet exil forcé sur sa terre natale en peignant des tableaux empreints de la vie quotidienne de cette petite ville de garnison et de culture judaïque… Il y crée également une école d’art, dont il perdra la direction suite à un « putsch » des suprématistes, un temps appuyé par le tout jeune pouvoir communiste.
Au dessus de Vitebsk, 1915-1920, New York, the Museum of Modern Art
La tension avec Malevitch et les menaces croissantes que la révolution soviétique fait peser sur le peuple juif l’amènent à regagner Paris avec femme et enfant. Un départ non sans douleur car teinté du sentiment d’être rejeté en son propre pays.
Les années d’entre-deux-guerres à Paris sont marquée par le développement de sa pratique de l’estampe, encouragé par le marchand d’art et éditeur Vollard. Ce dernier lui confie l’illustration de plusieurs ouvrages : Les âmes mortes de Gogol, les Fables de la Fontaine et la Bible. Ce sont des gouaches et des estampes de cette dernière entreprise, déjà connue du public parisien (Chagall et la bible, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, 2011), qui illustrent cette section de l’exposition, où l’on admirera en outre le très célèbre tableau « Le rêve ».
La Guerre, 1943 Paris, Centre Georges Pompidou
Mais à nouveau, les menaces envers les juifs le rattrapent. En 1937, en Allemagne, les nazis saisissent dans les collections publiques ses œuvres et trois d’entre elles figurent à l’exposition « l’Art dégénéré » de Munich. Fin 1940, c’est de justesse et avec la complicité de l’ambassadeur des Etats-Unis que Chagall embarque pour New-York. Un exil qu’il n’a pas choisi. Il subit cette société de consommation à laquelle il n’adhère pas. Sa peinture, revient aux thèmes de l’enfance et Vitebsk réapparait encore et toujours dans ses œuvres. Mais dans les toiles de cette période, sa ville natale est en proie au feu et à la violence en écho à la situation des juifs en Europe, que Chagall n’ignore pas. Sa douleur est immense de savoir Vitebsk intégralement rasée après avoir été le théâtre de l’un des plus importants massacres perpétré par les escadrons de la mort. Dans les œuvres de Chagall transparait sa souffrance de voir ainsi son peuple persécuté. La crucifixion « juive » devient un motif récurrent dans ses compositions, symbole non pas, comme dans la tradition chrétienne de l’espoir de la résurrection, mais de la souffrance humaine.
La Danse, 1950-1952 Paris, Centre Pompidou
En 1944, alors que l’issue de la guerre se profile, un nouveau malheur frappe Chagall : la perte de sa femme et muse Bella, qui succombe d’une maladie bénigne, mal traitée en raison de la pénurie de médicaments. Chagall, peintre pourtant jusqu’alors prolifique, cesse de créer pendant neuf mois. Quand il se remet à la peinture, la silhouette de Bella est toujours présente : elle ne le quittera jamais plus. Cinq ans plus tard, alors que Chagall regagne enfin la France, sa peinture renoue définitivement avec la paix, envahie de couleurs… C’est sur cette note joyeuse que s’achève le parcours de « Chagall, entre guerre et paix ».
Cent cinq œuvres ont été sélectionnées pour illustrer cinquante années cruciales de la carrière d’un artiste mort presque centenaire. On admirera au Luxembourg de très belles peintures, dont beaucoup sont issues des collections publiques françaises (1/3 des œuvres sont des prêts du Centre Pompidou).
Voulant traduire physiquement l’idée d’errance, l’agence N.C., qui signe la scénographie de l’exposition, propose un itinéraire en lacets. Le parcours, étroit et tortueux, fait de courbes et de recoins, semble ignorer la réalité des flux de visiteurs : quelle mauvaise idée pour une exposition qui promet d’attirer les foules ! Il y a fort à parier que la visite sera insupportable : ne parlons même pas de la circulation des groupes, tout bonnement impossible ! En revanche, on peut souligner le sage choix des coloris des cimaises : une palette de gris et un éclairage maîtrisé qui mettent parfaitement en valeur les œuvres.
Un grand merci à la RMN et à Carpewebem grâce à qui j’ai pu visiter cette exposition dans d’excellentes conditions lors d’une soirée spéciale web.
Il vous reste un peu plus d’une semaine pour découvrir les magnifiques photographies de Félix Thiollier au musée d’Orsay. Un de mes coups de cœur parmi les expositions de l’hiver 2012-2013 pour le travail de ce photographe amateur qui n’avait presque jamais été exposé dans les institutions parisiennes. Invitation pour un voyage en noir et blanc d’une extrême beauté dans la campagne forézienne et auprès des usines stéphanoises du début du XXe siècle… Deux paysages à jamais disparus.
Félix Thiollier, Usines au bord de l’Ondaine, 1895-1910, Centre Pompidou
Félix Thiollier, un nom oublié de l’histoire de la photographie
L’œuvre de Félix Thiollier est celle d’un photographe amateur, qui, malgré 50 ans de pratique, ne s’est jamais intégré aux milieux photographiques parisiens. Photographe amateur et érudit local féru d’art et d’archéologie, Félix Thiollier décide, à 35 ans, d’abandonner la rubanerie familiale pour se consacrer à ses deux passions. L’exposition du musée d’Orsay met précisément en avant ces deux facettes de son activité dès lors : celle d’un défenseur du patrimoine forézien, tant bâti que paysager et celle d’un artiste photographe.
Félix Thiollier, Figure contemplant monts du Mézenc, Collection Julien-Laferrière
En défenseur du patrimoine régional, il publie en 1889 un ouvrage intitulé « le Forez pittoresque et monumental » qu’il illustre de ses propres clichés. La campagne forézienne figure parmi les premiers motifs qu’il saisit. Face à ces paysages dont il pressent la disparition prochaine, Félix Thiollier adopte une esthétique proche de celle des artistes de Barbizon dont il collectionne par ailleurs les œuvres. Proche de Auguste Ravier, un peintre local, Thiollier n’hésitera pas à poser son matériel au côté du chevalet de son ami, lui-même également photographe : leurs œuvres entretiennent d’évidents liens. La première partie de l’exposition est consacrée à ces photographies champêtres dont on admire la poésie. Dès ses débuts de photographes, Thiollier porte une attention particulière aux reflets sur les plans d’eaux et aux beaux effets atmosphériques, conférant à ses clichés une grandeur théâtrale.
Félix Thiollier, Etang à Mornand, Forez (Loire), Musée d’Orsay/photoRMN
Son intérêt pour les paysages champêtres de sa région natale l’amène à fréquenter les paysans dont il réalise de très émouvants portraits. Une dizaine sont exposés à Orsay. Loin des codes photographiques du portrait de l’époque, ses clichés surprennent par la proximité des modèles et marquent le visiteur par leur sensibilité et leur justesse.
Fumée des usines stéphanoises
La seconde partie de l’exposition présente une autre facette de l’œuvre de Thiollier photographe : ses vues industrielles stéphanoises. A la fin de sa vie, en effet, Félix Thiollier se passionne pour le paysage industriel de Saint-Etienne. Ses clichés sont un étonnant témoignage d’un bâti dont les ruines qui subsistent sont aujourd’hui élevées au rang de patrimoine.
Thiollier, Décor de fête ou de foire, Saint-Etienne(?), 1890 et 1910, Musée d’Orsay/photoRMN
Image saisissante qui ouvre cette seconde partie d’exposition : un décor de théâtre usé, peuplé d’exotiques figures d’Asie et d’Amérique, de femmes au port de princesse, d’anges… Nous sommes sur un champ de foire. Dans l’ouverture de la toile relevée, une vieille femme courbée… et l’envers du décor ; une cour, les vestiges de quelques bâtisses abattues, un cabanon, le sol boueux, une échelle, des hommes, des poutres amassées. Plongée auprès des ouvriers des mines et aciéries stéphanoises.
Thiollier, La cokerie Verpilleux, environs de Saint-Etienne, Musée d’Orsay/photo RMN
Au visiteur contemporain, ces paysages charbonneux semblent irréels, magnifiés par d’extraordinaires effets atmosphériques saisis par Félix Thiollier. Du paysage champêtre aux paysages industriels, on retrouve ainsi le même goût des cadrages pittoresques, le même intérêt pour les belles lumières. Tas de crassier fumants, enfants parmi la ferraille, mineur poussant un tombereau, à Saint-Etienne, Félix Thiollier concentre son regard sur l’architecture des usines, les décharges, baignées d’une fumée vaporeuse, dans laquelle se détachent quelques silhouettes d’ouvriers, achevant de composer ces nouveaux paysages pittoresques.
Thiollier, Grappilleurs au sommet d’un crassier, Saint-Etienne, Musée d’Orsay/photo RMN
Il faut venir ici avec une loupe pour véritablement voir. Voir la moue boudeuse de cet enfant à la casquette, l’expression goguenarde de cet adolescent, le sourire que l’on devine édenté de cet autre… Curieux amassés autour de l’appareil du photographe, grappilleurs indifférents à la présence du bourgeois amateur, il faut regarder ces visages…
Félix THIOLLIER, Mineurs à Saint-Etienne, vers 1900, musée Art moderne Saint Etienne
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