Architectures de papier

S’il ne s’agit pas vraiment d’une « exposition », la toute petite présentation « architectures de papier » vaut cependant pleinement une visite à la Cité de l’architecture !

Dans une unique salle au bout de la galerie Darlu, une quarantaine d’œuvres de papier, réalisées par 5 designers spécialisés dans ce matériau, offrent un voyage dans des mondes imaginaires et enchanteurs…

Peter Callesen, The Short Distance Between Time and Shadow, 2012, architecture de Papier
Peter Callesen, The Short Distance Between Time and Shadow, 2012.

Chacun des designers a exploré une technique particulière de découpage et d’assemblage. Peter Callesen utilise des feuilles A4, qu’il découpe patiemment, à la manière des maquettes en papier pour enfants : de la feuille émerge une forme sculptée. Si la partie évidée semble être l’ombre de la construction, les apparences sont parfois trompeuses… Ainsi ses plus poétiques créations de l’exposition sont celles où justement, l’ombre et le bâtiment ne correspondent pas. Par exemple, l’une des oeuvres figure une ruine et tandis que son « négatif » dessine d’un bâtiment encore intègre.

Béatrice Coron, s’inspirant des techniques de papier découpé et des théâtres d’ombres, crée de féériques univers foisonnant de mille détails, qui séduiront sans aucun doute les fans de Michel Ocelot et de Vallotton.

Béatrice Coron
Béatrice Coron

Ingrid Siliakus, quant à elle, a créé des maquettes de vides et de pleins à partir de feuilles simplement pliées à angle droit et patiemment découpées.

Ingrid Siliakus, Cité Chaillot, 2012.
Ingrid Siliakus, Cité Chaillot, 2012.

Mathilde Nivet propose les œuvres les plus colorées de l’exposition : de drôles d’amas urbains, réalisés à partir de photos d’architectures.

Enfin, Stéphanie Beck a réalisé de grandes maquettes de villes en trois dimensions, toujours à partir de papier blanc…

Mathilde Nivet
Mathilde Nivet

Au sortir de l’exposition, il faut absolument consulter les sites web de ces 5 artistes, car la présentation de la Cité de l’architecture n’est qu’une invitation à la découverte de leurs créations…

Au final, on regrette que les ateliers accompagnant l’exposition soient réservés aux enfants ! Heureusement, une petite bibliothèque, à disposition du public, offre la possibilité de piocher de bonnes idées de travaux manuels dans l’esprit de l’exposition pour occuper les dimanches pluvieux des petits… et des grands !

Info pratiques sur la page de l’exposition. Jusqu’au 17 mars! 

Kristin McKirdy: 4 ans de résidence à la Cité de la Céramique

Kristin McKirdy: 4 ans de résidence à la Cité de la Céramique

Jusqu’au 14 janvier, la cité de la Céramique à Sèvres proposait aux visiteurs de découvrir l’œuvre d’une céramiste contemporaine, Kristin McKirdy, qui vient d’achever une résidence de 4 ans dans l’institution. Compte-rendu d’une visite aux cotés de l’artiste, dans le cadre d’une sortie du groupe SMV.

P1310160

Kristin McKirdy, une figure majeure des arts décoratifs

Américaine née au Canada, la céramiste Kristin McKirdy a choisi de s’installer en France il y a vingt ans. Elle est aujourd’hui l’une des plus grandes créatrices de la scène des arts décoratifs français. Son travail a été primé en 2009 par le Prix de l’Intelligence de la Main, décerné par la Fondation Bettencourt Schueller.

P1310130

L’exposition de la Cité de la Céramique est articulée en deux parties : au rez-de-chaussée, dans l’espace des expositions temporaires, sont présentées une cinquantaine de pièces illustrant le travail de l’artiste durant ces vingt dernières années. A l’étage, mêlées aux collections permanentes, les quinze pièces exposées sont le résultat de la résidence de Kristin McKirdy à Sèvres, entre 2008 et 2012.

Vingt ans de création : des œuvres qui parlent aux sens

Bien qu’il ambitionne de résumer vingt ans de création, le parcours de la première partie de l’exposition ne se veut pas chronologique mais sensible. Dans une scénographie épurée et aérienne, toute la place est laissée à l’esthétique des œuvres.

P1310131Les pièces les plus anciennes de l’exposition datent de la période où Kristin McKirdy travaillait le grès. Il s’agit de deux vases fuseaux à l’épiderme bleu, d’une sensualité extrême.

Quand elle découvre la faïence, un matériau imposant moins de contraintes techniques et permettant une mise en œuvre plus sculpturale, son vocabulaire change. Les créations de Kristin McKirdy évoluent alors vers des formes plus rondes, organiques, sensuelles.

Pendant plusieurs années, le travail de création de l’artiste s’est organisé par cycle. Le rapport de l’homme à son environnement, la maternité, la destruction sont au nombre des thèmes qui ont guidés son travail. Si aujourd’hui l’artiste ne procède plus ainsi, ses œuvres restent toujours liées à ces questions à ces thématiques.

Bien que ces thèmes soient au cœur même du processus de création, l’artiste refuse de les imposer aux spectateurs. Souhaitant que ces œuvres entrent librement « en dialogue avec l’imaginaire du spectateur, son bagage, sa propre expérience », elle a demandé à ce qu’il n’y ait aucun cartel apposé dans les salles. Et cela ne pose aucun problème : les œuvres se suffisent à elles-mêmes. Elles sont même tellement fascinantes et si bien exposées que l’on ne cherche même pas ces titres absents. Et pourquoi une explication fixe alors que pour l’artiste ses œuvres sont tout à la fois « un paysage, un corps humain, un couple… et une sculpture, tout simplement » ?

P1310155

Les œuvres de Kristin McKirdy sont caractérisées par un vocabulaire formel composé de volumes arrondies, sphériques, sensuelles. L’artiste aime jouer sur l’opposition entre la surface et l’intérieur, sur l’apparente perfection du volume (car jamais ses sphères ne sont tout à fait régulières). Outre le volume, l’artiste porte un intérêt marqué au travail de l’épiderme de ses œuvres, affectionnant les effets de surfaces contrastés : s’opposent l’aspect lisse et brillant de l’émail et la surface rugueuse et mate de la terre travaillée. Le même goût du contraste se retrouve dans les coloris : aplats intenses vifs et primaires affrontent des épidermes blancs ou gris et mouchetés.

P1310154

S’offrant à la vue, les œuvres de McKirdy procurent une immense sensation d’apaisement. Mais rapidement, l’envie de toucher, de caresser les surfaces et les formes devient irrésistible. On voudrait effleurer l’émail brillant, lisse et froid, soupeser la sphère, tâter son irrégularité à peine perceptible. P1310128Les œuvres semblent presque posséder un pouvoir d’attraction. Il apparaît vite que seul au toucher elles pourraient complètement se révéler. Une tension et une tentation manifeste dont l’artiste a pleinement conscience et sur laquelle elle avoue jouer dans cette exposition. Car certaines de ses œuvres sont originellement conçues comme manipulable. Ainsi, telle sculpture évoque un jeu d’adresse. Les sphères sont amovibles et dissimulent des trous. Plus loin, pour démontrer un propos, elle se saisit d’un des membres d’une œuvre intitulé Famille. Et le public fond d’envie de pouvoir faire de même.

Quatre ans de résidence à la manufacture de Sèvres

A l’étage, la présentation du travail de Kristin McKirdy se poursuit dans le parcours d’exposition des collections permanentes avec quinze œuvres réalisées durant la résidence de l’artiste à Sèvres entre 2008 et 2012. Le choix scénographique de confronter des pièces contemporaines et des porcelaines du XVIIIème siècle prolonge le dialogue avec l’histoire des ateliers de Sèvres, que l’artiste a engagé pendant ses quatre ans de résidence. Du fait de sa formation première en histoire de l’art, Kristin McKirdy ne pouvait rester indifférente face au riche passé historique de la manufacture et aux extraordinaires collections et archives que son musée conserve. Cet intérêt s’est matérialisé par différents biais, tant sur le plan technique que formel.

P1310144

Lors de sa résidence, Kristin McKirdy a expérimenté pour la première fois la technique de la porcelaine, fleuron du savoir-faire de la manufacture de Sèvres. Explorant les archives de l’institution, l’artiste, aidée des artisans, a par ailleurs cherché à retrouver certains secrets d’émaux particulièrement précieux. Enfin, au terme de ce dialogue Kristin McKirdy s’est confrontée à la question du décor et de l’ornement, qu’elle avait jusque là occulté de son travail. Explorant le répertoire ornemental du XVIIIème, elle a produit Famille et Bones.

Bones, 2012

Ces quinze pièces, qui clôturent l’exposition, invitent la poursuite de la visite dans les collections historiques du musée, témoignent de la richesse des approches de Kristin McKirdy face à l’histoire de la manufacture. Pari réussi pour la Cité de la Céramique, donc, qui avait invité l’artiste afin qu’elle « explore le répertoire de Sèvres et en propose une relecture contemporaine »

Mes sincères remerciements à l’équipe de la Cité de la Céramique, qui a offert au groupe SMV une excellente soirée et à l’artiste pour nous avoir donné, avec une simplicité et gentillesse, des clés pour comprendre son travail. 

L’univers de Michel Tremblay – Québec

L’univers de Michel Tremblay – Québec

Si vous êtes de passage à Québec, ne manquez surtout pas l’exposition Michel Tremblay qui se déroule actuellement au Musée de la Civilisation. En plus de vous faire vivre la déroutante mais néanmoins très plaisante expérience d’une exposition sans objet, elle constitue un excellent moyen de (re) découvrir l’oeuvre d’un des écrivains québécois majeur de la seconde moitié du XXe siècle. 

Lire la suite

« Poème de cristal. De Gallé à Lalique, les verreries Art Nouveau du Petit Palais »

« Poème de cristal. De Gallé à Lalique, les verreries Art Nouveau du Petit Palais »

Jusqu’en septembre, le Petit Palais (Paris) propose un accrochage exceptionnel de verreries art nouveau conservées dans ses collections. Intitulé « Poème de cristal. De Gallé à Lalique, les verreries Art Nouveau du Petit Palais », l’accrochage rassemble une trentaine de pièces signées des plus grands noms : Gallé, Lalique, Brocard, Daum frères, Décorchemont…

Emile Gallé, Corps de lampe, vers 1900, cristal soufflé à plusieurs couches, marqueterie de verres, bronze patiné, Paris, Petit Palais
Emile Gallé, Corps de lampe, vers 1900, cristal soufflé à plusieurs couches, marqueterie de verres, bronze patiné, Paris, Petit Palais

Lire la suite