Les 24 et 25 novembre, j’animai mes deux derniers ateliers de linogravure de l’année 2018. Ces ateliers se déroulant dans des bibliothèques ou des musées, ce sont souvent les collections patrimoniales qui inspirent la thématique proposée aux participants. Le responsable de la bibliothèque patrimoniale de Verdun, Michaël George, avait choisi, pour l’atelier des enfants, « les animaux » et avait sélectionné, dans ses collections, quelques beaux ouvrages sur ce thème. J’ai eu un coup de coeur pour la magnifique édition du Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle et des phénomènes de la nature qu’il avait sorti des réserves précieuses. Aussi me suis-je décidée à partager ce trésor avec les lecteurs de ce blog !
Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle et des phénomènes de la nature, dirigé par Félix-Edouard Guérin-Ménéville, 1833-1839, exemplaire colorié conservé à la Bibliothèque de Verdun.
Six mille pages, sept cents planches d’illustrations gravées : voilà un ouvrage qui a du émerveiller ses premiers acheteurs au milieu du XIXe siècle ! En neuf volumes, le Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle propose un tour d’horizon des connaissances botaniques, zoologiques et minéralogiques de son temps.
Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle et des phénomènes de la nature, dirigé par Félix-Edouard Guérin-Ménéville, 1833-1839, exemplaire colorié conservé à la Bibliothèque de Verdun.
Saviez-vous que le célèbre photographe parisien Eugène Atget avait aussi immortalisé Rouen ? Au milieu de la décennie 1900, il se rend dans la capitale Normande, où il réalise une cinquantaine de clichés : vieilles maisons à pans de bois, rues pittoresques, élégants hôtels particuliers. Ses images, numérisées par la Bibliothèque municipale et disponibles sur Gallica, nous entraînent dans un Rouen méconnu, et, bien souvent, disparu.
Eugène Atget, Maisons: 28-30, rue du Bac et rue Saint-Patrice., 1907, Bibliothèque municipale de Rouen, Est. rec. m 171-11.
D’Eugène Atget, je vous ai déjà à plusieurs reprises parlé sur ce blog : pour dresser son portrait et les contours de son œuvre, dans ce billet, ou bien encore pour scruter les détails de certaines de ses photographies, dans cet autre article. Depuis longtemps, je savais qu’Atget, célèbre pour ses clichés du Vieux Paris, avait aussi photographié Rouen : quelques clichés du corpus normand, appartenant à la Bibliothèque de l’École des Beaux-Arts se trouvent sur Gallica depuis 2002.
La mise en ligne récente des cinquante clichés d’Atget conservés par la Bibliothèque municipale de Rouen permet désormais d’explorer la totalité des vues rouennaises du photographe. Amoureuse de la cité et grande admiratrice d’Atget, j’ai géolocalisé ces images afin de les rendre plus aisément accessibles. Dans la carte interactive ci-dessous, apparaissent en bleu les monuments encore debout, et en rouge ceux qui ont été détruits ou déplacés depuis qu’Atget les a immortalisés. La géolocalisation correspond approximativement à l’emplacement où le photographe a posé son trépied, et non à la localisation du monument photographié. Quand il existe plusieurs vues très proches d’un monument, les clichés secondaires sont matérialisés par une épingle afin de rendre la carte plus lisible.
Chaque photographie est commentée. Pour cette tâche, je me suis notamment appuyée sur une brochure éditée en 1982 suite à une exposition sur Atget qui s’était tenue à la bibliothèque de Rouen en 1979. Lire la suite →
Si vous vous intéressez un tant soit peu à l’histoire de Paris, nul doute que vous avez déjà croisé l’une de ses photographies, et peut-être retenu son nom, Eugène Atget. L’homme, devenu photographe sur le tard, est l’auteur d’un œuvre considérable : plus de 8000 clichés lui sont attribués. Nombre d’entre eux concernent Paris. De 1897 à son décès, en 1927, Atget a méticuleusement photographié chaque rue ancienne de la capitale, chaque détail pittoresque, tout ce que Paris comptait d’immeubles menacés, de petits métiers mourants, jusqu’à écrire « Je possède tout le vieux Paris ».
Eugène Atget,Petit bras de la Seine au Pont Neuf, 1898, Gallica/BnF
Aujourd’hui, ces clichés, tirés avec plus ou moins de soin, se trouvent par milliers dans les grandes institutions parisiennes et – par les hasards des rencontres et des passions – au MoMA à New York. Numérisés, ils font le bonheur des nostalgiques du Paris d’autrefois. Pour ce nouveau billet, je vous propose une exploration – forcément superficielle – de l’immense œuvre de ce photographe « documentaliste » .
Pendant les Journées du Patrimoine 2018, « Dans les pas d’Atget », visite guidée pour la BNF.
Paris immortalisé, Paris comme nous ne le verrons jamais plus, Paris un peu mystérieux. Si les photos d’Atget ont parfois une aura de mystère, la carrière de leur auteur n’est elle-même pas dénuée d’énigmes… Lire la suite →
Devineriez-vous, si je ne vous la dévoilais pas, la technique par laquelle a été réalisée l’œuvre dont il va être question aujourd’hui ? Ce n’est pas un délicat pastel, mais bien une estampe. Oui, une gravure, une impression.
Bonnet, d’après Boucher, Tête de Flore, manière de pastel imprimé en couleurs à partir de 8 éléments d’impression, 1769, BnF/Gallica
Oh ! On dirait bien pourtant que c’est un pastel, un vrai pastel, et c’était d’ailleurs là toute l’ambition du créateur de cette feuille : mettre au point une technique qui imite si parfaitement le pastel qu’on y tromperait un amateur !Lire la suite →
De Millet, nous connaissons tous les célèbres Glaneuses, et le plus célèbre encore Angélus. Mais saviez-vous que le peintre était aussi aquafortiste, c’est-à-dire graveur à l’eau-forte ? Dans mon compte-rendu de l’exposition Millet du Palais des Beaux-Arts de Lille (automne 2017), je disais regretter la quasi-absence de gravures dans l’accrochage. À vrai dire, il y en avait quelques-unes, prêtées par la bibliothèque de l’INHA. Cela m’a donné envie de me replonger dans l’étude de l’œuvre gravé de Millet, en grande partie numérisé (notamment sur les sites du Metropolitan Museum et sur Gallica). En résulte ce billet.
Jean-François Millet, Les glaneuses, eau-forte, 1855-1856, BnF/Gallica
Il faut être honnête : Jean-François Millet n’a pas beaucoup gravé : on lui connaît une vingtaine de gravures sur cuivre — des eaux-fortes —, six lithographies, autant de xylographies, et deux clichés-verres. Si son œuvre gravé est réduit en nombre, il n’en demeure pas moins intéressant dans le déroulé de la carrière de l’artiste comme dans celui de l’histoire de l’Estampe au XIXe siècle. Lire la suite →
Aujourd’hui, Orion en aéroplane vous propose un étonnant voyage dans le temps : que diriez-vous de visiter le Salon de 1761 et d’assister à quelques ventes d’art prestigieuses de la seconde moitié du XVIIIe siècle ? Montez dans l’aéroplane ! Je vous préviens, notre allons rencontrer l’un des personnages les plus atypiques de son temps. Il s’appelle Gabriel de Saint-Aubin.
Gabriel de Saint-Aubin, la vente aux enchères publiques, 1776, aquarelle, Album Saint-Aubin – Folio 23 rapporté au verso, Musée du Louvre, RF29344-8
Nous sommes à Paris, le 14 décembre 1778 à l’hôtel d’Aligre, rue Saint-Honoré. Tous ces messieurs sont rassemblés pour la vente publique de la collection du peintre Charles Natoire qui vient de décéder. Il y a ici des trésors à acquérir : des Hubert Robert, un Boucher, du Watteau, du Pannini, des Fragonard… Que de merveilles nous entourent ! Il paraît qu’il y a même un dessin de Léonard de Vinci !
C’est impressionnant n’est-ce pas, cette accumulation de tableaux et de petits objets d’art ? Et dire qu’une telle collection, l’oeuvre d’une vie d’amateur et d’artiste, va disparaître en quelques heures, dispersée au gré des adjudications… Lire la suite →
Aujourd’hui, je reprends mes bonnes vieilles habitudes pour vous présenter un document insolite issu de Gallica. Il s’agit d’un recueil de gravures cher à mon cœur, parce que je l’ai découvert grâce à mon ami Mealin (Pour une image) et parce que j’ai passé de très longues heures à recopier ses motifs pour progresser en linogravure. Il s’agit des Songes drolatiques de Pantagruel.
Figure tirée des Songes drolatiques de Pantagruel, xylographie, 1565, Gallica/BnF
Découvrir l’œuvre de Jean-Jacques Lequeu au détour d’une requête Gallica ou d’une cimaise d’exposition, c’est faire une trouvaille un peu surprenante, qui laisse parfois une impression étrange. Que cachent ces dessins aux rendus si léchés ? Qui est ce dessinateur bien mystérieux dont l’œuvre juxtapose architecture et érotisme ?
Jean-Jacques Lequeu, Il est libre, dessin, vers 1798, Gallica/BnF
Jean-Jacques Lequeu a fait couler beaucoup d’encre et demeure énigmatique. On sait très peu de choses de son existence et s’il n’avait pas lui-même fait don de ses dessins à la Bibliothèque royale en 1825, il est probable qu’il serait aujourd’hui oublié de tous.
Jean-Jacques Lequeu, Il tire la langue, dessin, début XIXe siècle?, Gallica/BnF
Des gravures de Goya, on connaît surtout les Caprices et la très célèbre « Le Sommeil de la Raison engendre des monstres » qui aurait du servir de frontispice à la série. On connaît moins, en revanche, les dernières pièces de sa vie, les quatre tauromachies lithographiées. Elles comptent parmi les chefs-d’oeuvre de l’histoire de l’estampe.
Goya, Plaza Parida, les taureaux de Bordeaux, lithographie, 1825, Gallica/BnF
Elle fut l’une des plus belles femmes de son temps. L’une des plus haïes également. Courtisée, adulée, jalousée, la Comtesse de Castiglione a défrayé les chroniques mondaines du Second Empire, notamment à cause de sa courte liaison avec Napoléon III.
Sans doute la Comtesse de Castiglione aurait-elle été oubliée de tous si elle n’avait pas laissé derrière elle quatre cents clichés la mettant en scène. Des images atypiques, par leur nature et leur destination, mais qui ne dévoilent presque rien de l’intimité de cette femme mystérieuse, et pour cause : toute sa vie, elle s’est employée à construire un personnage fictionnel. C’est ce qui explique que la « Dame de cœur » intrigue encore autant aujourd’hui…
Pierre-Louis Pierson et Comtesse de Castiglione, Scherzo di Follia, photographie, vers 1861-1867, Metropolitan Museum
De sa beauté, la Comtesse de Castiglione a toujours tiré fierté, sinon orgueil. Dès l’enfance, la jeune Virginia Oldoni Verasis (1837-1899) a été courtisée. Issue d’une noble famille florentine, elle est mariée à dix-sept ans avec un comte, Castiglione. Le mariage ne sera qu’éphémère, mais le nom restera : il était taillé pour le mythe. Lire la suite →
Depuis que j’ai écrit le billet « Une promenade au Louvre en 1803 », je m’amuse souvent à comparer les paysages que je parcours aux vues anciennes que je trouve sur Gallica. C’est un exercice aussi amusant qu’instructif : il faut parfois faire preuve de beaucoup de patience pour retrouver le point de vue exact adopté par le dessinateur ou le photographe. À ce petit jeu, on constate deux faits récurrents : d’une part que les artistes ont souvent recomposé la vue qu’ils avaient sous les yeux dans le but d’en accroître l’effet ; d’autre part que nos monuments, bien qu’ils nous paraissent immuables, ont bien changé en un ou deux siècles.
Façade de Saint-Sernin aujourd’hui et au milieu du XIXe siècle, dessinée par Nicolas Marie Joseph Chapuy (Gallica/BnF)
Ce vendredi, la page Facebook et le fil Twitter du Huffington Post se paraient de couleurs inhabituelles : le temps d’une journée, l’équipe de Gallica a pris les commandes du community management du célèbre journal. À l’occasion de cette journée spéciale, plusieurs Gallicanautes ont été invités à publier un article sur un sujet de leur choix.
L’hôtel de ville de Paris en 2015 et en 1871.
Ainsi, ce vendredi, vous pouviez trouver en ligne :
Quant à moi, je vous proposais de vous Plonger dans le Paris d’hier à travers les documents de la Bibliothèque nationale de France. Comparer les vues anciennes avec le paysage que je parcours quotidiennement est une de mes activités préférées : j’adore relever une infinité de détails qui ont changé, comprendre comment le bâti a évolué en un siècle ou deux. Je vous en reparlerai prochainement ici même, puisque je prépare un article sur « Toulouse d’hier et d’aujourd’hui », où je reviens en détail sur ma pratique de Gallicanaute.
Le Palais Royal, aujourd’hui et en 1825
Dans mon article sur le Huffington Post, vous pouvez retrouver une dizaine de mes photos avec un court commentaire. Devant le succès de l’opération, je pense que je réitérerai plus régulièrement l’exercice. N’hésitez pas à participer !
Un exercice acrobatique 🙂 – photo Ghislaine Gemin, Musée des Augustins, Toulouse
Merci à Gallica et au Huffington Post pour l’invitation, à Louis Jaubertie, Jean-Michel Girardot, Yves Heuillard et la boîte verte pour leur patience et leur aide.
Ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux le savent : je suis pro-vélo et cycliste urbaine convaincue. Mais cela n’est rien par rapport à la passion que mon frère, Théo, voue au vélo : il roule dès qu’il a cinq minutes, pratique la randonnée autant que le vélo de descente et n’hésite pas à faire Rouen-Athènes via Barcelone et Rome pendant ses vacances d’été (avec un peu de bateau, quand même !). Bref, mon frère, c’est un mordu authentique (faut dire que toute la famille est affiliée à la FFCT). Cet été, son objectif, c’était le Paris-Brest-Paris, une randonnée de 1230 km à réaliser en moins de 90 heures. Pari réussi puisqu’il l’a bouclé en 74h38. Ils sont environ 5000 randonneurs à s’élancer ainsi, tous les quatre ans, sur les routes bretonnes.
Agence Meurisse, Paris Brest, le retour : le peloton avant Morlaix, 1911, BnF/Gallica
Mais pourquoi vous parlé-je du Paris-Brest-Paris alors qu’Orion en aéroplane est un blog culturel ? Parce que le Paris-Brest-Paris est un morceau d’histoire, un petit bout du patrimoine français. D’ailleurs, les étrangers ne s’y trompent pas : chaque année, ils sont plus nombreux à venir se confronter au mythe.
Il semblerait presque qu’une invention de Jules Verne ait envahi une vue gravée de Paris comme en produisaient de nombreux aquafortistes de la seconde moitié du XIXe siècle. Nous sommes à l’extrémité nord de la place de la Concorde. La façade latérale du ministère de la Marine se dresse, massive, à notre gauche. Le ciel est dégagé, le temps clair. Mais la foule s’agite : tous ont les yeux braqués vers le ciel. Les chevaux de la garde s’affolent tandis que des coups de fusil détonnent. On tire en l’air. Dans le ciel a surgi un étrange cortège d’êtres volants : entouré d’un escadron de poissons, un char tiré par sept chevaux survole Paris. À ses côtés vogue une pirogue mue par des ailes.
Vision fantasmagorique d’un Paris envahi de créatures étranges, cette estampe est l’œuvre d’un graveur fameux et torturé, Charles Meryon, figure emblématique et singulière, qui illustre le renouveau de l’eau-forte au milieu du XIXe siècle.
Charles Meryon, Ministère de la Marine, eau-forte, 6ème état (détail) Gallica/BnF
En 1803, Louis-Pierre Baltard réalise une série de dessins au Palais du Louvre : à la sanguine, il reproduit les ornements sculptés des façades et des plafonds. Cette série de dessins, achetée par le collectionneur Destailleurs est aujourd’hui conservée à la Bibliothèque nationale de France et numérisée sur Gallica. Curieuse, j’ai profité d’un samedi après-midi pour marcher dans les pas de Baltard et retrouver les détails qu’il avait dessinés.
Baltard, Accumulation de détails de la salle des cariatides, dessin, 1803, Gallica/BnF
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