En 2013, alors que j’étais employée à la BnF, j’ai participé à la numérisation du corpus de la maison Reutlinger : j’ai passé des heures délicieuses à compulser ces 15 000 clichés… Ces quelques billets transcrivent toutes les découvertes que j’ai faites à cette occasion.
Le nom de Mata Hari évoque encore aujourd’hui le mystère, l’exotisme et l’érotisme. Sa vie a été dissolue et romanesque : prostituée, courtisane, danseuse et espionne, elle n’a cessé de changer de masque, brodant son passé de mille petits mensonges, qui, s’ils ont participé à la construction de son mythe ont également conduit à sa tragique perte.
Albums Reutlinger, Mata Hari, tome 39, vue 6, Gallica/BnF
Les demi-mondaines qui apparaissent dans les albums Reutlinger sont souvent des femmes de spectacle. Pourtant, au fil des pages, elles posent plus souvent dans leur toilette de ville ou de soirée que parées de leur costume de scène. Rivalisant d’audace pour être toujours au centre de l’attention, les demi-mondaines ont été pour les maisons de coutures des ambassadrices de choix et de très efficaces lanceuses de tendances. Qu’il s’agisse de diffuser la beauté de ces femmes ou des tenues qu’elles portaient, la photographie a été le plus efficace outil que l’on puisse imaginer.
Parmi les milliers de photographies que contiennent les albums Reutlinger, une dizaine figurent l’écrivaine Colette. Ces clichés renvoient à la période la plus sulfureuse de sa carrière, celle où la jeune femme, tout juste séparée de Willy, se produisait comme pantomime dans les music-halls parisiens, non sans déclencher quelques scandales.
Note: toutes les photographies qui illustrent cet article sont tirées des volumes 53 et 55 des albums Reutlinger conservés par la BnF
Ce sont les plus belles femmes que Paris a connu au tournant du XIXe siècle qui s’alignent sur les pages cartonnées des albums Reutlinger. En contemplant ces 15 360 photographies de courtisane, le Gallicanaute peut être surpris de découvrir certains de ces visages angéliques gribouillés au crayon, saccagés d’un trait d’encre. Quelle main anonyme a pu commettre pareil sacrilège ?
Arlette Dorgère, tome 32, vue 35
Sur les pages des albums Reutlinger sont collés des milliers de clichés figurants les femmes de spectacle les plus en vue de la capitale, ces demi-mondaines dont les tenues, les frasques et les conquêtes alimentaient la presse et les conversations. Reflet des activités du studio Reutlinger, ces albums devaient faire office de catalogue et servir à la diffusion des photographies.
Elle est l’une des icônes de la décennie 1890, une beauté au visage éternellement juvénile et virginal… Cléo de Mérode est certainement aujourd’hui encore la plus célèbre des modèles de la maison Reutlinger. Ce sont d’ailleurs les clichés réalisés par Léopold Reutlinger qui ont le plus efficacement véhiculé l’image de cette mystérieuse courtisane.
Reutlinger, Cléo de Mérode (détail), photographie, Gallica/BnF
Le cas de Cléo de Mérode est passionnant à double titre. D’une part, elle fut l’une des plus singulières « cocottes » de la fin de siècle, dont la vie privée, jalousement préservée, suscite encore d’intenses interrogations. D’autre part, son rapport très particulier à la photographie en fait l’une des premières icônes modernes. Contrairement à la plupart des autres femmes du monde de son temps, elle ne se prête pas passivement au jeu de la photographie mais habite avec force un personnage qu’elle a patiemment construit et mis en scène.
Depuis quelques semaines, les Gallicanautes peuvent découvrir en ligne la soixantaine d’albums de Léopold Reutlinger que le département des Estampes et de la photographie de la BnF conserve. Près de 15 360 clichés, réalisés entre 1875 et 1917 qui figurent tout ce que Paris compte de cocottes, demi-mondaines et actrices. C’est pour marquer l’arrivée de ce nouveau corpus sur Gallica que j’ai décidé de publier une série de billets donnant un aperçu de sa richesse. Pour ce premier numéro, il s’agit de présenter la maison Reutlinger.
Reutlinger, Mata Hari, (tome 39, vue 6), photographie, Gallica/BnF
Nadar, Reutlinger, Disderi, voici le nom des studios où il était de bon ton de se faire photographier. Si le studio de Nadar était plutôt spécialisé dans le gotha intellectuel, la maison Reutlinger comptait dans sa clientèle une myriade d’actrices, artistes de scène, chanteuses de music-hall et autres cocottes.
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