Nouvelle enquête sur une matrice d’après Le Brun

Nouvelle enquête sur une matrice d’après Le Brun

Les hasards de la vie sont parfois surprenants : vendredi soir, en sortant d’une formation sur l’estampe que je donnais à Merideck (Mediaquitaine) avec Astrid Mallick, nous avons traversé un marché d’antiquités brocante bordelais. Je prêtais un oeil bien distrait jusqu’à ce qu’une plaque de métal brillant attire mon regard : « oh, une matrice d’estampe ! ». Après quelques jours d’hésitation, la plaque en question a rejoint ma collection personnelle, d’une part parce qu’elle illustre une technique (le burin mêlé à l’eau-forte) dont je n’avais jusqu’ici aucun témoignage parmi mes matrices, mais surtout parce qu’elle restait à identifier précisément… Voilà de quoi alimenter une nouvelle enquête sur ce blog !

Une nouvelle matrice gravée dans ma collection
Une nouvelle matrice gravée dans ma collection

Du premier coup d’oeil, avant même de m’approcher de l’objet, une certitude : nous avons là une gravure d’interprétation de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe. Une gravure d’interprétation, c’est-à-dire une estampe réalisée d’après un modèle, le plus souvent peint. Tout l’art du graveur d’interprétation consiste à traduire les qualités picturales de l’original au moyen du vocabulaire graphique propre à l’estampe, fait de tailles et contre-tailles. Lire la suite

Retours sur un stage de linogravure à l’URDLA

Retours sur un stage de linogravure à l’URDLA

Mi-octobre, je me suis offert un petit cadeau : un stage de linogravure à l’URDLA. Dans un précédent billet, je vous avais raconté mes premiers pas dans cette technique. Après quelques mois de pratique autodidacte, je souhaitais me perfectionner auprès de personnes expérimentées.
L’URDLA proposait justement un stage animé par l’artiste Jérémy Liron sur le thème de la ville graphique. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre et me voici en route pour deux jours lyonnais particulièrement intenses.

Résultat de ma linogravure à la plaque perdue
Résultat de ma linogravure à la plaque perdue

Lire la suite

Projet 14-18 : avril 1915, d’interminables marches

Projet 14-18 : avril 1915, d’interminables marches

Vendredi 26 mars 1915 : on annonce la relève pour les hommes du 33e régiment, déployés depuis des mois sur la ligne de front à proximité d’Ypres.
Samedi 27, alors que la nuit tombe, la batterie d’Augustin quitte ses positions pour cantonner un peu plus loin. La nuit sera courte puisqu’à 3h30 il faut prendre la route : 30 kilomètres de marche les attendent. Un jour de plus, et trente kilomètres encore seront nécessaires pour atteindre Eringhem et Esquelbecq, où le 33e régiment d’artillerie va prendre ses quartiers durant une semaine.

Le 33e Régiment d'Artillerie de Campagne en marche : vue d'une pièce. Photographie probablement prise par Augustin en juin 1916, archives familiales
Le 33e Régiment d’Artillerie de Campagne en marche : vue d’une pièce. Photographie probablement prise par Augustin en juin 1916, archives familiales

Rappel sur mon Projet1418 : Augustin Garnault était artilleur pendant la Première Guerre mondiale. Sur le blog, je partage avec vous mes recherches sur son parcours. Pour retrouver l’intégralité des articles, c’est ici.

Lire la suite

DIY : mes débuts en linogravure

DIY : mes débuts en linogravure

Depuis quelque temps, je m’adonne à un loisir créatif, la linogravure. Quand je dis quelque temps, à vrai dire, cela fait maintenant presque deux ans, mais comme je pratique de manière irrégulière, cependant intense, il me semble toujours que cela fait « peu de temps ». D’ailleurs, si je compte bien, je n’ai réalisé que six ou sept planches gravées en tout.

En cours de gravure...
En cours de gravure…

Comme à chaque fois que je poste sur les réseaux sociaux une photographie d’une lino en cours cela déclenche une avalanche de likes et de questions en tous genres (C’est quoi ? Comment on fait ? Y’a des cours ?), j’ai décidé d’en faire un billet.

Mes linogravures
Mes linogravures

Lire la suite

Projet 14-18 : il était artilleur

Projet 14-18 : il était artilleur

C’est un peu bête, mais il m’a fallu lire plusieurs ouvrages sur la Première Guerre mondiale pour que je prenne conscience d’une chose pourtant essentielle : alors que je l’avais imaginé dans la boue des tranchées, Augustin Garnault n’avait sans doute jamais vécu l’expérience des première lignes. Il était artilleur et non fantassin. Son horizon quotidien n’était donc pas celui des tranchées, mais un autre environnement, avec ses spécificités.

L’enseignement de la guerre, le devoir mémoriel est tant centré sur les tranchées et les souffrances qu’elles ont provoquées que l’on en vient à réduire dans notre imaginaire la guerre aux tranchées de la première ligne du front, occupée par l’Infanterie, oubliant que bien des mobilisés n’y avaient jamais mis les pieds. Si bien que j’y plaçais tout naturellement mon ancêtre, renforcée dans cette vision par l’idée (peut-être fausse, j’en rediscuterai dans un autre billet) qu’il était mort dans l’éboulement d’une tranchée. Or, Augustin, je l’ai dit, était maître-pointeur dans l’artillerie.

Augustin Garnault (à droite) et un camarade devant leur canon, 1916. Archives familiales.
Augustin Garnault (à droite) et un camarade devant leur canon, 1916. Archives familiales.

Lire la suite

L’heure de la rentrée pour Orion en aéroplane

L’heure de la rentrée pour Orion en aéroplane

Chers lecteurs,
Voici revenu le mois de septembre, la rentrée, les éternelles bonnes résolutions… et Orion en aéroplane !
Après une année difficile et quelques pauses forcées, l’aéroplane reprend ses vols réguliers. Au programme, un rattrapage des visites 2016, évoquées sur Facebook et Twitter, mais dont les récits manquaient aux pages d’Orion : ainsi, durant le mois de septembre et d’octobre, peut-être même de novembre, je vous emmènerai au Familistère de Guise, à la Sainte-Chapelle de Vincennes, dans une salle Labrouste tout juste rénovée, au Palais idéal du Facteur Cheval… ainsi que sur les traces de mon voyage estival à vélo, le long de la ViaRhôna.
Et puis, évidemment, je vais reprendre la publication des billets sur la vie d’Augustin Garnault, que je sais très attendue par certains lecteurs. Il faut dire qu’au cours du printemps, j’ai été de découvertes en surprises, que j’ai hâte de partager avec vous ! Dans les prochains billets, nous irons sur le front Belge pendant la bataille d’Ypres (hiver 1914-1915), nous essayerons de comprendre le rôle d’Augustin au sein de son régiment… et je vous révélerai une découverte qui a totalement changé mon regard sur « sa » Grande Guerre !
Depuis mon retour de vacances, je me replonge avec plaisir dans mes recherches généalogiques, même s’il est parfois difficile de se remettre dans le bain après deux mois d’interruption. Comment retrouver le fil du récit ? Une fois de plus, je regrette de ne pas avoir publié mes trouvailles au fur et à mesure…
Augustin et un camarade devant le canon
Augustin et un camarade devant le canon (archives familiales)
Cet automne va être également marqué par des nouveautés sur le plan perso et pro… mais il est encore trop tôt pour les évoquer ! Restez connectés, je vous en dis bientôt plus !
Le livre de demain

Le livre de demain

L’autre jour, en faisant l’inventaire des vieux papiers du grenier familial, je me désolais que la bibliothèque de mon arrière-grand-mère institutrice ne compte aucun titre de la collection du « Livre de demain », si intéressante du point de vue de l’histoire de l’édition et de l’histoire de l’estampe… Je ne me doutais pas que quelques instants plus tard, mon voeu allait être réalisé !

Colette, La fin de Chéri, texte illustré par Constant Le Breton, Edition Fayard, collection Le livre de demain, 1929.
Colette, La fin de Chéri, texte illustré par Constant Le Breton, Edition Fayard, collection Le livre de demain, 1929.

J’explorais un de ces vieux meubles typiques des années 50, fermés par des volets roulants en bois que l’on remontait. Enfant, j’étais très fouineuse et fouiller dans ce meuble me faisait très envie, bien que ce soit interdit. Une seule chose me retenait : j’avais peur que le volet en bois se coince ou sorte de ses rails et que je ne parvienne pas à le refermer. Ma bêtise aurait alors immédiatement sauté aux yeux des adultes !

Un dimanche pluvieux de mai, quinze ans plus tard, dûment autorisée, j’inspectais méticuleusement chaque étagère, à la recherche de papiers pouvant éclairer l’histoire familiale et m’émerveillant de tous les trésors que je dénichais : un cahier d’écolier à l’écriture régulière, au nom de mon arrière-grand-père, un herbier des années 50 constitué par ma grand-mère, un agenda griffonné d’additions et visiblement vieux de plus d’un siècle… et tout en bas, d’une pile de fascicules d’enseignement, j’ai repéré un dos caractéristique, inscrit du titre La Fin de Chéri.

Surprise autant qu’excitée, certaine de ce que j’allais trouver, j’extrais le livre de la pile. Mon intuition était la bonne : c’est bien l’édition chez Fayard, au Livre de demain, de La Fin de Chéri, signé Colette.

Lire la suite

#VéloChateau : la boucle de la Marne et le château de Champs

#VéloChateau : la boucle de la Marne et le château de Champs

Depuis longtemps nous cherchions une activité qui allie sport en plein air, culture et moment convivial. C’est ainsi qu’est né le projet #VéloChâteau, à savoir des sorties vélo entre amis, avec pour objectif la visite d’un monument ou d’un musée (château a été choisi pour la rime, mais cela aurait tout aussi bien pu être vélo-muséo!). Après trois sorties de rodage en solitaire ou accompagnée d’un ami (Colombe-Saint-Germain-en-Laye ; Paris-Sceaux (sans la visite du château) et Melun-Moret-sur-Loing (dont je vous avais parlé ici), nous avons enfin pu mettre notre concept à l’épreuve de notre groupe de copains. Ce dimanche 15 mai, nous étions 6 – un tandem et quatre vélos – à nous élancer sur les pistes du bord de Marne avec pour double objectif de voir la chocolaterie Meunier à Noisiel et de visiter le château de Champs-sur-Marne.

Le château de Champs, vu depuis les jardins
Le château de Champs, vu depuis les jardins

Étant donné que je n’allais pas faire arrêter le groupe à chaque fois que je voulais faire une photo, beaucoup des clichés qui illustrent ce billet sont tirés de Wikipedia ou de Gallica. Les crédits sont indiqués en légende. Lire la suite

Chronique 9 – Que des expos !

Chronique 9 – Que des expos !

Holà chers lecteurs ! Reprendre le blog est motivant et même si la remise en route de la machine est un peu difficile, je me sens « sur la bonne pente ». La chronique n°9 laissera la part belle aux expositions car j’ai retrouvé le courage d’aller au musée sans m’y traîner !

Vue de l'exposition Faire le Mur aux Arts Décoratifs
Vue de l’exposition Faire le Mur aux Arts Décoratifs

Lire la suite

Chronique 8, ou le come back d’Orion en aéroplane.

Chronique 8, ou le come back d’Orion en aéroplane.

«  Mais pourquoi je ne reçois plus les mails d’Orion en aéroplane ? Comment je fais pour me réabonner ? » demande la voix au téléphone. Le blog serait-il cassé ?
Non, non, que je te rassure, lecteur : Orion en aéroplane n’est pas cassé, il n’est pas mort non plus. Je faisais juste une petite pause. Pause nécessaire, pause contrainte : une recherche d’appartement, un déménagement, un agenda au bord de la saturation, une grosse fatigue, un petit coup de déprime et une to-do-list qui ne cessait de s’allonger. Ce genre de to-do-list tellement longue qu’elle vous décourage de commencer à la traiter.

Nouvel espace de travail ... temporairement rangé !
Nouvel espace de travail … temporairement rangé !

Lire la suite

Tenir un blog (3) : partenariats et monétisation, jusqu’à quel prix ?

Tenir un blog (3) : partenariats et monétisation, jusqu’à quel prix ?

Après avoir parlé des raisons qui me poussent à tenir Orion en aéroplane et de mes pratiques d’écriture, je comptais clôre cette série de réflexions sur ma pratique du blogging culturel par un billet sur la monétisation, question qui a occupé une part importante de nos débats lors de la table ronde de Mémoire Vive, en décembre dernier.

Agence Rol, Geneviève Félix [allongée dans un lit, lisant un livre], photographie, 1922, Gallica/BnF
Agence Rol, Geneviève Félix [allongée dans un lit, lisant un livre], photographie, 1922, Gallica/BnF

La monétisation et les partenariats sont loin d’être mes sujets préférés, mais il faut reconnaître que lorsqu’on parle de blogging, ces questions reviennent souvent. Peut-on vivre d’un blog ? Une interrogation qui touche autant aux raisons de faire qu’aux moyens de faire. Bloguer apporte-t-il des avantages ? Une autre interrogation qui soulève celle de la transparence et de l’honnêteté face aux lecteurs, à une époque où le blogging se professionnalise et où les youtubeurs deviennent des influenceurs. Lire la suite

Vigipirate : ces monuments que nous ne verrons plus

Vigipirate : ces monuments que nous ne verrons plus

Après génération Y, génération geek, génération précaire, ma génération s’est vue décerner le titre de « génération Bataclan ». Sur Twitter, quelqu’un a émis l’idée que nous étions plutôt la « génération Vigipirate », impression que je partage également. À 26 ans, j’ai vécu plus des deux tiers de ma vie sous « Vigipirate ». C’est à peine si les enfants de ma génération sauraient dire « comment » et « pourquoi » ça a commencé (NB : les attentats du RER à Paris). Depuis 1996, nous n’avons jamais quitté les plus hauts niveaux de Vigipirate, alternant de l’orange au rouge écarlate. Au point qu’en 2014, la situation ayant tellement duré, les décideurs ont supprimé le code couleur (après dix ans de rouge, à quoi bon espérer revenir au vert ?).

Vue du Palais de Justice de Rouen
Vue du Palais de Justice de Rouen

Lire la suite

Les taureaux de Bordeaux : Goya lithographe

Les taureaux de Bordeaux : Goya lithographe

Des gravures de Goya, on connaît surtout les Caprices et la très célèbre « Le Sommeil de la Raison engendre des monstres » qui aurait du servir de frontispice à la série. On connaît moins, en revanche, les dernières pièces de sa vie, les quatre tauromachies lithographiées. Elles comptent parmi les chefs-d’oeuvre de l’histoire de l’estampe.

Goya, Plaza Parida, les taureaux de Bordeaux, lithographie, 1825, Gallica/BnF
Goya, Plaza Parida, les taureaux de Bordeaux, lithographie, 1825, Gallica/BnF

Lire la suite

Tenir un blog (2) : écrire au quotidien

Tenir un blog (2) : écrire au quotidien

Ça va bientôt faire 4 ans que je tiens ce blog. 4 ans et près de 225 billets publiés. 4 ans et tant de progrès et d’avancées : sur le plan technique, professionnel, humain, relationnel : je peine à mesurer tout ce que ce carnet virtuel m’a apporté. Tout le temps qu’il m’a pris aussi. Chaque billet représente à lui seul une vingtaine d’heures de travail, de la documentation à la mise en ligne : rédaction, relecture, réécriture, illustration, veille sur les réseaux sociaux.

Les carnets dans lesquels naissent les billets d'Orion en aéroplane...
Les carnets dans lesquels naissent les billets d’Orion en aéroplane…

Pour ce second volet de ma série « retour / compléments de la table ronde sur le blogging culturel», j’avais  envie de parler un peu des coulisses du blog, de la manière dont je le construis. Vous parler aussi de mes doutes, des envies que j’ai quant à ses développements…

Lire la suite

Tenir un blog culture (1) : être légitime ?

Tenir un blog culture (1) : être légitime ?

Mercredi 16 décembre, Mémoire vive, un club d’étudiants de l’École du Louvre organisait une table ronde sur les blogs culturels. Louvre pour tous (Bernard Hasquenoph), Culturez-vous (Antoine Vitek et Cécile Corne), Je  beurre ma tartine (Louise Deglin et Agathe Torres) et moi-même étions invités à présenter nos blogs respectifs et notre vision de ce que le blogging peut apporter à la Culture. C’était la première expérience de table ronde pour le club et pour certains d’entre nous, aussi l’heure est passée assez vite. Après coup, il y a toujours des regrets parce qu’on est passé trop rapidement sur certains aspects, qu’on aurait voulu dire mille autres choses… Aussi, en rentrant chez moi, j’ai poursuivi l’interrogation commencée quelque jours plutôt : c’est quoi être blogueur culture en 2016 pour moi ? Qu’est-ce que ce blog m’apporte ?

Table de travail nomade
Table de travail nomade : travaux d’écriture

Alors, j’ai décidé de faire comme François Bon : prolonger l’intervention sur mon blog, car c’est finalement toujours plus facile pour moi à l’écrit. Compte-rendu et prolongations en trois actes ! Lire la suite