C’est fait ! La maquette de la Merveille du Mont-Saint-Michel a retrouvé les salles de la Cité de l’architecture et du Patrimoine fin mars. En septembre dernier, je relayais la campagne de crowdfunding pour la restauration de ce trésor singulier : le chantier s’est achevé il y a quelques jours, sous les yeux du public.
La maquette de la Merveille du Mont Saint Michel restaurée, Cité de l’architecture, avril 2015
Un témoin exceptionnel des chantiers de restauration du XIXe siècle
Réalisée vers 1880, la maquette représente la partie la plus remarquable du Mont-Saint-Michel, « La Merveille », alors en cours de restauration par l’architecte Édouard Jules Corroyer.
Depuis quelques jours, le Palais-Royal a retrouvé sa belle perspective : le théâtre éphémère, qui occupait la galerie sud du jardin est désormais démonté, signe de l’achèvement des travaux de la Comédie Française. Pour fêter l’événement, et parce que le théâtre éphémère me faisait sans cesse penser au « camp des tartares » qui occupait le même espace il y a deux siècles, je vous propose une série de deux billets sur l’histoire du Palais-Royal.
Le Coeur d’après Lépinasse, Vue du jardin du Palais Royal, de ses batiments et galleries, estampe en couleurs, 1791, Gallica/BnF
À certains moments de la vie, des questions se font pressantes, on regarde le chemin derrière soi et on se demande : « pourquoi suis-je là ? Quels hasards, assemblés bout à bout, font que j’ai suivi ce parcours-ci ? » Parfois, un souvenir remonte à la surface, un détail vécu prend tout son sens, un proche, par une réflexion anodine, délivre une pièce du puzzle. Dernièrement, alors que je visitais l’exposition « Claude Gellée » au Petit Palais, un souvenir fugace m’est revenu. En lisant le titre « Claude Gellée dit Le Lorrain » sur la banderole à l’entrée, j’ai eu la vision des fiches en papier glacé sur les grands peintres que ma mère collectionnait. Je me souviens de tout : leur format, leur aspect, le contact du papier, leur odeur. Les fiches sur les tableaux de Claude Gellée portaient un bandeau entre le pourpre et le marron.
Il y avait une dizaine de fiches consacrées aux oeuvres de Claude Gellée, dit Le Lorrain
Entre mes huit et mes douze ans, ma mère était abonnée aux Géants de la peinture, une sorte de collections de cartes Panini de luxe pour adulte. Sur une face, une belle reproduction d’un tableau ; au dos, un cartel et un texte explicatif sur trois colonnes. Tous les mois, nous recevions un ensemble de vingt ou trente fiches en papier glacé que nous rangions dans des boîtes cartonnées tapissées du motif d’un tableau de Monet, Champ d’iris jaunes à Giverny. Je me souviens des soirées passées avec ma mère, sur le grand lit parental ou sur la table du salon, à classer, avidement, les fiches nouvellement reçues.
En 1803, Louis-Pierre Baltard réalise une série de dessins au Palais du Louvre : à la sanguine, il reproduit les ornements sculptés des façades et des plafonds. Cette série de dessins, achetée par le collectionneur Destailleurs est aujourd’hui conservée à la Bibliothèque nationale de France et numérisée sur Gallica. Curieuse, j’ai profité d’un samedi après-midi pour marcher dans les pas de Baltard et retrouver les détails qu’il avait dessinés.
Baltard, Accumulation de détails de la salle des cariatides, dessin, 1803, Gallica/BnF
Installée à Villeurbanne, l’URDLA – Centre international de l’estampe et du livre est un lieu d’art contemporain dédié à l’estampe. Structure unique en Europe, elle perpétue un savoir-faire traditionnel, initie des artistes aux techniques de l’estampe et accompagne les recherches de ceux qui en ont fait leur moyen d’expression de prédilection. Lors de mon dernier séjour lyonnais, j’ai été reçue par le directeur de l’URDLA, Cyrille Noirjean, qui m’a accordé un entretien passionnant, la matière du présent billet (et de plusieurs autres, qui ne sauraient tarder à venir).
Matrice linogravée d’une oeuvre de Damien Deroubaix, El Sueno, URDLA.
Monument de l’édition du XIXe siècle, incontournable entreprise de l’histoire patrimoniale française, les Voyages pittoresques et romantiques dans l’Ancienne France formaient jusqu’à récemment un ouvrage aussi inaccessible que célèbre. Lourds, peu maniables et extrêmement précieux, les dix-neuf tomes des Voyages, conservés avec soin dans les bibliothèques, ne se dévoilaient qu’aux yeux des spécialistes. Aujourd’hui, tout un chacun peut les feuilleter librement grâce à la campagne de numérisation menée par la Bibliothèque nationale de France. À la suite de l’exposition « La Fabrique du romantisme » au Musée de la Vie Romantique, je vous propose de découvrir quelques-unes des 3282 planches qui illustrent cette fabuleuse aventure éditoriale.
Fragonard, lithographié par Engelmann, Ruine du Palais de la Reine Blanche à Liry, Voyages (…), Ancienne Normandie, tome 2, 1824, Gallica/BnF
Dans les galeries du British Museum, se déploient, sur des dizaines de mètres linéaires, d’immenses pierres finement sculptées en très bas reliefs. Ces précieux panneaux, excellemment conservés, sont les derniers vestiges des prestigieux palais de l’Empire néo-Assyrien, bâtis au nord de l’actuel Irak entre le IXe et le VIIIe siècle avant notre ère. Leurs décors et leurs inscriptions nous délivrent mille et un détails sur cette civilisation.
Détail d’un bas-relief provenant de Ninive : roi chassant le lion, British Museum
Edit de mars 2015 : Ce billet traînait dans mes brouillons depuis plus de six mois, attendant que je rédige une suite sur les collections néo-assyriennes du musée du Louvre. L’actualité dramatique de ces derniers jours, et notamment la destruction des vestiges de Nimrud me poussent à le publier immédiatement, en hommage à l’une des civilisations qui m’ont le plus impressionnée durant mes études.
Dans le cadre du festival du domaine public, nous étions 12 chanceux, le 23 janvier 2015, à pénétrer les coulisses de la Bibliothèque nationale de France. Nous avons passé une demi-journée aux côtés de l’équipe de Gallica pour découvrir les dessous de notre bibliothèque numérique préférée.
Il y a toujours quelque chose de fascinant à observer lorsqu’on passe dans les locaux des ateliers d’art de la Réunion des Musées Nationaux (RMN). Lors de ma dernière visite, quelques jours avant Noël, je rencontre Lucile Vanstaevel, jeune imprimeur d’art anciennement apprentie et employée depuis quelques mois à la Chalcographie du Louvre. Elle tirait une planche figurant les ponts de Paris, gravée vers 1910 par Caroline-Helena Armington (1875-1939). L’occasion de décrire le savoir-faire perpétué ici, ou « comment imprime-t-on des matrices anciennes ? ».
Pendant vingt-cinq jours, le Musée du Louvre expose dans les salles Objets d’Art du XVIIIe siècle de la mosaïque de pierres dures : la Table Teschen. Offerte en 1780 par le duc de Saxe au baron de Breteuil, cette pièce unique pourrait définitivement entrer dans les collections si la générosité du public est au rendez-vous : il manque un million d’euros au musée pour l’acquérir.
Jean Christian Neuber, Table dite Teschen, 1780, pierres dures et bronze.
L’œuvre de Gustave Doré est foisonnante : des milliers d’illustrations contenues dans les pages de monumentaux ouvrages, accompagnant les textes de Cervantes, Rabelais, La Fontaine… Paradoxalement, peu de dessins préparatoires subsistent de ces gravures. Et pour cause : le multiple que nous admirons est né de la destruction de l’œuvre originale.
Gustave Doré et Héliodore Pisan, « Et on acheva de laver Don Quichotte », matrice inachevée (gouache sur bois), vers 1860, BnF, réserve du département des Estampes et de la photographie (détail)
Les peintures murales de la tombe de Nébamon, chefs-d’œuvre de l’art égyptien, sont un des fleurons du British Museum. Ils offrent aux visiteurs des couleurs éclatantes et une inventivité extraordinaire.
Tombe de Nébamon, vers 1350 avant notre ère, British Museum
Vers 1350 avant J.-C., Nébamon, haut fonctionnaire sous le règne de Thoutmosis IV et d’Amenhotep III (Nouvel-Empire), décède. Son corps, embaumé, va reposer dans une tombe qu’il a fait réaliser. Sa dernière demeure, comme cela se pratique alors, est divisée en deux parties : le corps et le mobilier se trouvent dans une chambre funéraire scellée pour toujours, tandis qu’une chapelle demeure accessible pour les vivants, afin qu’ils prient en faveur du voyage dans l’au-delà du défunt et qu’ils n’oublient pas son nom. Les parois de cette chapelle ont été couvertes de peintures magnifiques, figurant Nébamon dans les actions de sa vie.
3000 ans plus tard, des fragments de ce décor, transportés à Londres, inspirent l’émotion aux visiteurs.
Le XIXe siècle a eu un goût marqué pour les prouesses techniques. Dans les arts décoratifs, les exemples en sont pléthoriques. Le musée du Louvre conserve ainsi un fabuleux déjeuner chinois réticulé, dit de Marie-Amélie qui témoigne des recherches de pointe menées à Sèvres sur la porcelaine sous la Monarchie de Juillet.
Manufacture de Sèvre, Déjeuner « chinois réticulé », 1840, porcelaine dure, musée du Louvre.
Le diptyque Wilton est une de mes œuvres favorites de la National Gallery, au point qu’à chaque séjour londonien, je viens lui rendre visite, même pour cinq minutes ! J’ai passé devant ce tableau des heures à me régaler de sa préciosité et à scruter le moindre de ses détails.
Anonyme (Angleterre ou France), Diptyque Wilton, vers 1395-1399, Londres, National Gallery. Détail.
À Rouen, le musée national de l’Éducation s’apprête à rouvrir après un an de travaux. En attendant de découvrir les nouvelles expositions temporaires « 50 ans de pédagogie par les petits écrans », « les enfants de la Patrie (1871-1939) » et le parcours permanent, je vous emmène dans les nouvelles réserves externalisées, inaugurées en 2010 à un jet de pierre du musée de la rue Eau de Robec. Elles conservent, dans des conditions impeccables, les 950 000 artéfacts qui composent les collections du musée national de l’Éducation, et, fait remarquable, sont régulièrement ouvertes au public.
Réserve du mobilier, Musée national de l’Éducation, Rouen
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.Ok