La cathédrale de Rouen présente une des plus fabuleuses façades de France : une véritable dentelle de pierre qui apparaît subitement au promeneur quand il débouche d’une rue médiévale. Bâtie progressivement entre le XIIe et le XVIe siècle, cette longue façade, dont Turner a donné une des plus belles représentations (des années avant la série de tableaux de Claude Monet), a beaucoup souffert de la pollution et fait l’objet d’une très longue campagne de restauration. L’un des défis de taille auxquels se sont confrontés les restaurateurs a été le sauvetage de ses dizaines de statues monumentales.
Saint Matthias, Cathédrale de RouenDétail de la façade de la cathédrale de Rouen, septembre 2014
Il y a quelques jours, la Cité de l’architecture et du Patrimoine a lancé une campagne de crowdfunding (financement participatif) pour la restauration d’une exceptionnelle (et monumentale !) maquette du Mont-Saint-Michel : un colosse de plus de deux mètres et de 1500 kg !
En juillet, je m’étais rendue dans les réserves du musée, en Bourgogne, pour suivre le tournage de la vidéo promotionnelle qui accompagne la campagne de mécénat. Ce voyage m’a fourni l’occasion de réaliser de nombreuses photographies de l’œuvre et un entretien avec la conservatrice à l’origine de ce projet, dont voici le compte-rendu.
La maquette du Mont Saint Michel, photo prise lors du tournage dans les réserves du musée.
Lors d’une visite de l’immense Victoria and Albert Museum, consacré aux arts décoratifs, il ne faut pas manquer de se perdre dans les vastes Cast Courts où sont rassemblées les collections de moulages du musée. Négligés tout au long du XXe siècle, ces artefacts regagnent, depuis deux décennies, leurs lettres de noblesse. Au milieu d’une forêt de plâtres, immergez-vous dans l’ambiance victorienne et redécouvrez l’intérêt de la copie et du multiple.
Cast Courts, Victoria & Albert Museum : Lion (Allemagne, XIIe siècle) et portail de la Gloire (Santiago, Espagne, XIIe siècle)
Le long de la rivière du Cailly, à quelques kilomètres du centre-ville de Rouen, une vieille bâtisse du début du XIXe siècle abrite une ancienne manufacture transformée en musée industriel : la corderie Vallois. Un lieu vivant, où se raconte le passé industriel Seinomarin, dans le bruit assourdissant de quelques vaillantes tresseuses mécaniques encore en état de fonctionnement.
Corderie Vallois : tresseuses mécaniques, juillet 2014
J’ai débarqué au plein coeur de Lisbonne en fin d’après-midi, avec quelques heures à peine pour prendre un premier aperçu d’une ville dont je ne savais presque rien. J’ai effleuré les franges du Bairro Alto, descendu un baco qui m’offrait un premier et éblouissant aperçu de Lisbonne; puis traversé le coeur de la basse-ville – que j’avais jugé un peu hâtivement inintéressante à son plan orthogonal – et remonté en serpentant par les petites rues de la Mouraria, vers les contreforts du château Saint Georges. Entre chien et loup, j’ai décidé de retrouver mon hôtel : il me fallait retraverser la ville basse et le Chiado.
Et au cœur de la ville basse, ce fut l’apparition: face à moi la construction la plus invraisemblable, la plus improbable se dressait. Une tour en dentelle de fer, se détachant dans la nuit, comme tirée d’un ouvrage de Robida : les Lisboètes étaient-ils si fantasques pour avoir construits l’un des embarcadères à aéronef du fameux ouvrage Lavie électrique?
L’élévador Santa Justa – photographie Victor Wong – Magic Ketchup Licence CC – BY-NC-SA 2.0
Témoin de la virtuosité atteinte dans les arts du feu en France durant la Renaissance, la « céramique de Saint Porchaire » demeure encore très mystérieuse. On ne sait rien ou presque des circonstances de production de ces pièces d’un raffinement extrême, dont seuls 70 témoins nous sont parvenus.
Rome, son Panthéon, sa basilique Saint-Pierre, sa place Navonne, sa chapelle Sixtine… et ses curiosités macabres. Petit détour par un lieu insolite de la capitale italienne, le cimetière des capucins.
Cimetière capucin, Santa Maria della Concezione, Rome (photo ministère de l’Intérieur)
Suite et fin de notre triptyque consacré à l’histoire de la place de la Concorde à l’occasion de l’exposition du musée de la Marine. Après vous avoir raconté la création de la place Louis XV au XVIIIe siècle et l’épique voyage de l’obélisque, il me reste à vous relater le spectacle extraordinaire qui se déroula sous les yeux de 200 000 spectateurs, le 25 octobre 1836 : l’antique monument se dressant lentement dans le ciel parisien!
Cayrac, Erection de l’obélisque en 1836, aquarelle, 1837, Musée de la Marine
Il y a quelques jours, nous fêtions l’anniversaire de la Tour Eiffel. De sa construction nous avons tous en tête trois ou quatre clichés alignés sur une même carte postale : une succession de vues frontales d’un chantier en cours, et une silhouette qui s’élève sur le ciel blanc. D’autres images, bien moins connues, existent et racontent plus intimement cette extraordinaire aventure technique.
Durandelle, 14 janvier 1888, Vue prise des chantiers prise de la 1ère plate-forme : l’échafaudage , photographie, fonds Eiffel, musée d’Orsay/RMN
Gallica s’est récemment enrichi de 15 « coffrets à estampe », précieux trésors de la Réserve du département des Estampes et de la photographie. Caractérisées par la présence d’une image imprimée au revers de leur couvercle, ces boîtes datées de la fin du XVe siècle ont fait couler beaucoup d’encre, tant leur usages demeurent mystérieux.
Coffret à estampe à la Crucifixion, vers 1490/1500, Gallica/BnF
Quand j’étais petite, et même adolescente, j’étais persuadée que je ne pourrais jamais aller au-delà des quelques pays limitrophes à la France, l’avion me semblant un luxe inaccessible. Depuis, j’ai fait quelques voyages, souvent en relation avec mes études, notamment pour découvrir « en vrai » ces chefs-d’œuvre que l’on nous projetait dans l’obscurité des salles de cours. Le désir de parcourir moi-même les musées et les monuments évoqués dans les livres m’a conduite en des lieux que je n’aurais jamais imaginé un jour parcourir. Et à plusieurs reprises, lors de mes « grands » voyages, je me suis intérieurement fait cette remarque : « voici un lieu que je n’aurai jamais pu imaginer vivre ». Une petite phrase souvent accompagnée d’une intense sensation de vertige.
De la photographie française de la seconde moitié du XIXe siècle, nous regardons souvent les clichés du « Paris qui s’en va ». Avec une pointe de nostalgie, nous admirons les rues d’une vieille ville en sursis, immortalisées par Marville ou Atget alors que progressaient les pioches des démolisseurs. Il est en revanche moins fréquent que nous nous penchions sur l’autre visage de cette même ville, celui du « Paris qui s’en vient », avec ses colossaux chantiers de construction. Pourtant, ce Paris-là a également été photographié à mesure qu’il s’élaborait. Peut-être est-ce que la démolition est toujours plus éminemment romantique que la construction…
Jusqu’à la fin avril 2014, une exposition présentée à la Bibliothèque des Arts Décoratifs propose de redécouvrir quelques facettes de l’œuvre de Louis Emile Durandelle. Spécialisé dans la photographie d’architecture, il a immortalisé les travaux de construction du Sacré Cœur, de l’Opéra et de la Tour Eiffel, mais aussi ceux de restaurations de quelques sites anciens, tels le Mont Saint-Michel.
Il y a quelques mois, j’ai eu la chance de pénétrer dans la galerie d’anatomie de l’Ecole des Beaux-Arts. Mes yeux émerveillés ont observés d’étranges squelettes, de fascinants moulages du vivant et une macabre mise en scène.
Anonyme, autel macabre, fin XVIIe siècle, ENSBA
La galerie d’anatomie de l’Ecole des Beaux-Arts recèle bien des trésors. Parmi eux, un petit objet peut prétendre au titre de la curiosité la plus macabre. Sous un dais inscrit de vers de Virgile et de François de Malherbe évoquant la mort, une momie de fœtus gît sur un cénotaphe, encadrée de deux petits squelettes portant des faux. Un troisième, au pied du cercueil, clôt la composition. Cette mise en scène, dans la tradition du memento mori, a été composée à la fin du XVIIe siècle.
Cet étrange objet est le dernier vestige existant d’une très prestigieuse collection d’anatomie, la collection de deux célèbres chirurgiens, Jean-Joseph Sue père et fils (le grand-père et le père de l’écrivain Eugène Sue). A partir de 1745, Jean-Joseph Sue père, chirurgien à l’hôpital de la Charité et professeur à l’Académie royale de peinture et de sculpture, mène d’importantes recherches sur la conservation des restes anatomiques. Ses travaux donnent lieu à la publication de plusieurs ouvrages tel L’Anthropotomie ou l’art d’injecter, de disséquer, d’embaumer et de conserver les parties du corps humain (1765). Ses préparations anatomiques sont alors fort connues et admirées, quoique parfois d’un goût douteux. Les auteurs de l’Encyclopédie mentionnent ainsi que le chirurgien a fabriqué et offert au Cabinet du roi une paire de pantoufles… en peau humaine !
Portrait de Jean Joseph Sue, 1775. Wellcome Library, Londres
En 1785, Jean-Joseph père confie sa collection de pièces anatomiques – encore modeste- à son fils. Ce dernier va en faire, en l’espace de quelques années, une des plus importantes collections de ce type en Europe. A la veille de la révolution, elle compte en effet 1300 pièces. Afin de financer son développement, Jean-Joseph fils a l’idée de la présenter au public dans un cabinet où il donne à l’occasion des conférences. Sa réputation est telle que le cabinet est signalé dans plusieurs guides parisiens.
En 1824, Jean-Joseph Sue fils dépose pour 15 ans sa collection à l’Ecole des Beaux-Arts. Mort avant le terme de ce prêt, Sue ne récupérera jamais sa collection, qui, faute d’entretien, va rapidement se décomposer. L’odeur pestilentielle qui règne dans les salles l’abritant nécessite qu’une décision soit prise : bien que considérées comme rares et très précieuses, les pièces d’anatomies, irrécupérables, sont détruites avant 1835. Le petit autel macabre semble être ainsi la seule pièce avoir échappé de la disparition de cet extraordinaire ensemble.
Pour aller plus loin : Philippe Comar (dir.), Figures du corps : Une leçon d’anatomie à l’école des Beaux-Arts, Paris, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2008.
Depuis une quarantaine d’années, les petites écuries du château de Versailles servent d’entrepôt à 5000 statues : des marbres magnifiques et une cohorte de plâtres plus ou moins ravagés par le temps, issus des collections du Musée du Louvre, de l’Ecole des Beaux-Arts et de la Sorbonne. Le 2 mars prochain, le château de Versailles ouvre exceptionnellement les portes des Petites écuries. Une occasion unique d’admirer les pièces de la Galerie des Sculptures et des Moulages.
Edit du 3 avril 2014 : jusqu’à septembre 2014, la galerie sera ouverte le premier dimanche de chaque mois [Plus d’info]
Le Louvre, l’été : une file interminable serpente autour de la pyramide sous un soleil de plomb. Grand Palais, l’automne : une foule trempée se presse pour voir la dernière expo à succès sous une pluie torrentielle. Qui n’a jamais renoncé à voir une exposition devant les mètres et les mètres de queue qui le séparent de l’entrée d’un musée ? La file devant le musée, ce supplice interminable à vous faire haïr la culture à tout jamais, mais dont l’image est cependant fièrement exhibée à la une de quelques journaux nationaux, comme preuve d’une fréquentation record dans les musées français, pourtant discutable.
Longues files, immenses queues, attente interminable… pourtant si faciles à éviter … pour peu que l’on connaisse quelques astuces! Aujourd’hui, je vous livre mon guide de survie pour impatients assoiffés de culture.
Esplanade d’Orsay trente minutes avant l’ouverture du musée – été 2011
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