Les hasards de la vie sont parfois surprenants : vendredi soir, en sortant d’une formation sur l’estampe que je donnais à Merideck (Mediaquitaine) avec Astrid Mallick, nous avons traversé un marché d’antiquités brocante bordelais. Je prêtais un oeil bien distrait jusqu’à ce qu’une plaque de métal brillant attire mon regard : « oh, une matrice d’estampe ! ». Après quelques jours d’hésitation, la plaque en question a rejoint ma collection personnelle, d’une part parce qu’elle illustre une technique (le burin mêlé à l’eau-forte) dont je n’avais jusqu’ici aucun témoignage parmi mes matrices, mais surtout parce qu’elle restait à identifier précisément… Voilà de quoi alimenter une nouvelle enquête sur ce blog !
Une nouvelle matrice gravée dans ma collection
Du premier coup d’oeil, avant même de m’approcher de l’objet, une certitude : nous avons là une gravure d’interprétation de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe. Une gravure d’interprétation, c’est-à-dire une estampe réalisée d’après un modèle, le plus souvent peint. Tout l’art du graveur d’interprétation consiste à traduire les qualités picturales de l’original au moyen du vocabulaire graphique propre à l’estampe, fait de tailles et contre-tailles.Lire la suite →
Si tu lis ce blog, c’est probablement que nos goûts se rejoignent. Peut-être peines-tu à trouver un cadeau à offrir ou à attendre au pied du sapin ? Voici quelques idées tirées de mes lectures, de mes activités et de mes billets !
Je me suis efforcée de sélectionner des idées pour toutes les bourses et en adéquation avec les sujets abordés régulièrement sur ce blog : musées, estampe, domaine public…
Il y a presque deux ans (déjà !) je recevais à Noël un lot de matrices anciennes sans aucune indication sur leur provenance. Je m’étais lancée dans l’identification de ces cuivres, avec la volonté de diffuser sur le blog les étapes de ma recherche. Malheureusement, je n’ai jamais eu le temps d’écrire la suite du premier épisode, bien que mon enquête ait progressé. Presque deux ans plus tard, je vous livre donc l’identification des trois premières matrices, en espérant dévoiler la suite dans des délais plus raisonnables !
Daniel Chodowiecki, La danse, détail de la matrice, 1780.
Depuis quelques semaines, les publications se font plus rares et irrégulières sur Orion en aéroplane. La faute au climat enfin estival, qui m’incite plus à courir Paris pendant mes temps libres qu’à écrire des billets de blog.
Agence Mondial, Aux Tuileries : la première leçon de yachting de Bébé, 1932, photographie, Gallica/BnF
Malheureusement, mon été ne ressemble pas vraiment aux jolies images de plages et de piscines qui vont suivre. Devant rendre un mémoire le 2 septembre, je dispose de peu de temps pour profiter du soleil et de l’exceptionnelle programmation culturelle parisienne. La rédaction des billets pour ce blog reste néanmoins un de mes loisirs favoris, et, à défaut de vous proposer une véritable programmation estivale digne des grands médias, j’espère tout de même vous offrir quelques nouveaux articles plaisant dans les semaines qui viennent.
Agence Mondial, Vue générale d’un bain sur la Seine, pendant les fortes chaleurs, 1932, photographie, Gallica/BnF
Changement de rythme donc, avec peut-être un peu plus de billets sur le street-art et de considérations diverses et variées sur l’été parisien.
En septembre, je l’espère, le blog reprendra son rythme ordinaire avec quelques nouveautés!
Acmé, Sur une plage de Floride, jeunes filles se faisant porter par leur parapluie renversé formant un bateau et se servant d’un balai comme rame, 1932, photographie, Gallica/BnF
Voici l’article le plus poétique du Dictionnaire technique de l’estampe d’André Béguin, ouvrage devenu mon livre de chevet en raison de mes recherches.
AMOUR, AMOUREUX. En terme d’imprimerie et d’une manière générale, l’amour caractérise l’attraction d’un élément par un autre. (…) Le papier est amoureux lorsqu’il retient bien l’encre. En taille-douce, on brosse le papier humide pour qu’il ait ainsi plus d’amour. Trop d’amour rend le tirage lourd et empâté; un manque d’amour le rend trop pâle. Le cuivre est plus amoureux que le zinc, c’est-à-dire que le premier prend mieux l’encre et la retient davantage que le second. On dit qu’une encre ou qu’une colle sont amoureuses ou sont amour ou ont de l’amour lorsqu’elles montent bien sur les cylindres quand ceux-ci tournent et qu’elles se répartissent d’une manière régulière. (…) On peut dire d’une belle impression: « elle est amour! »
J’ai reçu à Noël un original cadeau : un lot d’une quinzaine de matrices d’estampes (plaques de cuivres) achetées par mon grand-père lors d’une brocante. Mon sujet de mémoire à l’Ecole du Louvre étant la conservation des matrices d’estampe dans les collections françaises, un tel cadeau ne pouvait pas mieux tomber !
[ill. 1] : Petit cuivre XVIIIe et son tirage en bistre
Plus que de posséder ces matrices, c’est l’enquête qui leur est associée qui m’amuse, car de ces cuivres je ne sais rien : ni leur auteur, ni leur histoire matérielle, ni leur provenance… Il va falloir trouver des indices, remonter des pistes pour connaître leur histoire :
Comme cela se fait dans les meilleurs blogs de mode, je souhaitais faire un billet spécial « acquisitions du mois ». Bien entendu, il ne sera pas question de chiffons…. quoique?
Ma première « folie » du mois de novembre a été « commise » lors de l’opération Offprint Paris à l’Ecole des Beaux-Arts. Du 15 au 18 novembre se déroulait dans la cour vitrée du Palais des Etudes une sorte de salon de l’édition indépendante et des pratiques émergentes de l’art… En 80 stands, on pouvait découvrir un panorama du livre d’artiste contemporain… A condition de s’y connaître déjà un peu! En effet, j’ai trouvé la manifestation un peu difficile d’accès pour le néophyte (ambiance un peu froide, communication sur le contenu d’Offprint assez obscure).
Si j’ai été dans l’ensemble assez déçue de la qualité des ouvrages exposés, j’ai tout de même eu un coup de coeur pour un livre, Poemotion de Takahiro Kurashima. Présenté par la maison d’édition Lars Müller Publishers, il s’agit d’un livre-objet interactif. Au premier abord, il ne s’agit que d’un petit cahier présentant sur chaque feuillet une de ces images géométriques produites par ordinateur. La clé du livre est une feuille de celluloïd rayée. Son glissement sur les pages du livre permet d’animer chacune des images. Les formes géométriques se mettent en mouvement et un hypnotisant ballet de jeux d’optiques apparaît alors sous vos yeux.
[vimeo http://vimeo.com/40808542]
Je suis retournée voir trois fois cette merveilleuse création: à chaque manipulation du livre, j’étais un peu plus fascinée… La quatrième fois, je l’ai acheté! Un achat que je ne regrette pas… J’aime la manière dont cet ouvrage fait dialoguer le statisme et le dynamisme, abolissant en quelques sortes les catégories de « l’image fixe » et « l’image animée ».
Takahiro Kurashima, Poemotion, Lars Müller Publishers, 2011, 64 pages, ISBN 978-3-03778-277-4
Ce livre a été primé par l’Office fédéral de la Culture suisse lors du concours « Les plus beaux livres suisses » 2011. L’intégralité des ouvrages lauréats du concours peuvent être admirés jusqu’au 16 décembre au Centre Culturel Suisse de Paris.
Pierre Karreg, Epave
La « Grande Vente eschatologique, œcuménique et formidable d’images imprimées festives destinées à un usage offrandaire, noëlique et récréationnel » à l’atelier Bo Halbrik m’a donné une seconde occasion d’acquérir de belles images. En fait de carte de voeux, une soixantaine de belles estampes étaient proposées à la vente avec des prix défiants toute concurrence: 10 euros pièce, 20 euros pour 3 estampes etc.
Hanne N. Wintel
Les bénéfices de cette vente étaient destiné à soutenir l’atelier, que j’ai eu la joie de découvrir à cette occasion. Fondé en 1992 par Bo Halbrik, peintre-graveur danois, l’atelier qui porte son nom est une association qui accueille des artistes du monde entier pour pratiquer les différentes techniques de l’estampe. A la fois lieu de création et d’exposition, l’atelier Bo Halbrik est un acteur de la promotion et de la diffusion de l’estampe contemporaine.
Comme beaucoup d’étudiants en histoire de l’art, je suis une collectionneuse de détournement de chefs-d’oeuvre. Celui-ci, trouvé sur le tumblr « Ciel mon EDL! » [N.B. EDL = Ecole du Louvre] mérite à lui seul un billet!
Voici venu le froid et avec lui les décors de Noël. Dans certaines villes, c’est sans surprise que l’on retrouve chaque année les mêmes installations, les mêmes jeux lumineux. A Bruxelles, les installations de Noël, autour de la Grand Place, sont à elles seules un motif de voyage pour de nombreux touristes. En 2011, la Paul Devauxstraat était parée de bien étranges décorations, d’une extrême poétique. A la nuit tombée, des corps lumineux flottaient au dessus du flot ininterrompu des passants…
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Internet n’a pas pu me renseigner sur l’auteur de cette installation artistique, à mon grand regrets… Mais peut-être en savez-vous plus?
Messieurs, vous hésitez encore à vous laisser pousser la moustache ? Lassé de changer régulièrement vos lames de rasoirs, la peau irrité par le contact du métal, il vous titille de caresser d’un air sûr les pointes (délicatement recourbées) d’une moustache ?
Cependant, avouez-le, une seule chose vous retient encore…. Quoi de moins distingué qu’une moustache pleine de bière ? Et oui, comment ferez-vous, une fois votre virile pilosité installée, pour siroter tranquillement votre pinte ?
Grâce à une merveilleuse invention anglaise, ce dernier obstacle à votre accomplissement masculin total est abattu. Car en effet, ces gentlemans anglais ont rencontré avant vous ce délicat problème, non pas avec la bière, mais avec le tea. Comment dignement boire son thé en société, si la moustache en est trempée ?
En 1860, le potier Harvey Adams a une idée de génie : il ajoute une petite bordure sur l’intérieur de la lèvre des tasses de thé pour y faire reposer les moustaches, qui se trouvent ainsi protégées de l’eau chaude. La production de cette délicieuse vaiselle s’arrêtera avec la première guerre mondiale, qui marque également la fin de la mode des moustaches « handlebar » .
L’image de ces trois tasses et leur histoire ont été trouvées sur le site de la BBC : elles proviennent d’une collection privée. Chacune d’elles commémore un événement royal anglais : le jubilé de la reine Victoria en 1887, son règne de 1837 à 1897 et le couronnement d’Alexandra et d’Edouard VII, en 1902.
Comemorative moustache tea cups, photo BBCL’homme qui a la plus longue moustache du monde, photographie, 1937, agence Meurice, BNF
Ces trois tasses sont destinées à un homme droitier, mais il faut savoir qu’il en existait aussi pour les gauchers, avec logiquement, l’anse du coté gauche !
Alors, Messieurs, il ne vous reste plus qu’une chose à faire : boire votre bière dans une tasse de thé ! D’après mes indics, vous pouvez vous procurer ces indispensables objets chez Mariage Frères [ à condition de faire le cass du siècle dans leur musée].
Quant à Jean Koutra, l’homme qui avait la plus longue moustache du monde, rencontré au détour d’une ballade sur Gallica, on ne peut rien pour lui !
Depuis 2006 l’abbaye de Fontevraud mène un projet original et innovant, les Carnets de Visite. Chaque année, un artiste est invité à donner sa vison de l’esprit des lieux à travers un livre graphique, publié en nombre conséquent et offert aux visiteurs estivaux. Car l’abbaye de Fontevraud n’est pas seulement un lieu historique à visiter, c’est aussi un centre création, qui accueille des résidences d’artistes, des festivals… En 2011, Christian Volckman et Raphaël Thierry, invités pour Carnets de Visite, ont produit à deux voix un très beau court métrage et un livre tout aussi excellent, Cats.
Que se passe-t-il dans l’abbaye, le soir, une fois les grilles fermées? Il suffit de se glisser dans la peau d’un chat pour le savoir… Prendre un peu de hauteur, voir l’abbaye de points de vue inédits… sur les toits, dans les charpentes…
A défaut d’avoir retrouvé des photographies du livre Cats sur le net, je vous offre uniquement (mais n’est-ce déjà pas merveilleux?) le très beau court métrage des deux artistes…
La semaine a mal commencé à Rouen. Lundi, 10H45, un camion chargé de près de 30.000 litres d’essence se couche sur la voie de sortie du pont Mathilde à Rouen. Le passage est connu pour être dangereux. Percuté par un camion frigorifique, le chargement prend feu. Si on a évité le pire – pas de morts- les dégâts sont énormes. Le pont Mathilde, le plus fréquenté de la ville de Rouen, est très endommagé. Il faudra 3 semaines aux experts pour déterminer l’ampleur des travaux à réaliser – certains parlent même de reconstruire totalement la structure.
Evidemment, dans une ville dépourvue de contournement, la fermeture d’un tel pont engendre la pagaille automobile. Les rues sont engorgées aux heures de pointes!
Ce n’est pas la première fois que Rouen est confrontée à des problèmes de ponts… Ainsi, une estampe, numérisée sur Gallica, nous rappelle qu’en 1790 déjà, la ville avait un pont en ruine:
Vue d’Optique nouvelle représentant les ruines du pont de pierre à Rouen, avec le superbe Pont de Bateaux dans l’éloignement, 1790
La solution? Les ponts de bateaux! Ici, un exemple à Paris au XVIIIe:
Lépinasse, Pont de bateaux sur la Seine entre l’Arsenal et le jardin du Roi, XVIIIe
Bon, plus sérieusement, une solution pour désengorger la ville des voitures serait par exemple d’instaurer, le temps de la « crise », une gratuité des transports en commun, afin d’encourager les gens à ne pas grossir les bouchons. C’est d’ailleurs la solution choisie à New-York à la suite du passage de Sandy.
Pour mieux connaître l’histoire des ponts de Rouen et contempler d’autres images des franchissements de la Seine à toutes époques, rendez-vous au musée des Beaux-Arts, où l’une des 7 mini-expositions de l’évènement « le temps des collections » est consacrée au Port de Rouen. Visite guidée sur le thème de la représentation de Rouen dans les collections du musée le 2 décembre à 16h (consulter l’agenda du musée)
Le billet d’aujourd’hui est un peu insolite. Depuis longtemps, je rêve de la maison que j’aurais (peut-être) un jour (plus tard). Dans l’idéal, je l’imagine avec un salon orientalisant, dans le goût XIXe. La cuisine, très colorée. Le jardin? Travaux manuels inspiration facteur Cheval- Niki de Saint Phalle et Gaudi. Quand aux toilettes, j’en ai une idée très précise. L’illumination m’est venue à Istanbul, plus précisément dans les toilettes de l’Institut Français d’Etudes Anatoliennes. Ca ressemble grosso modo à ça:
Toilettes de l'Institut Français d'Etudes Anatoliennes, Istanbul
Quelques mois plus tard, j’ai croisé une autre cuvette de WC dans le même esprit… mais dans un musée ce coup ci!
Cuvette de toilettes, Musée Salisbury, Grande Bretagne.
Donc si par le plus grand des hasards, vous croisez un tel objet sur une brocante au fin fond de la Bretagne, prévenez moi!
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