Arbres remarquables et patrimoine végétal

Arbres remarquables et patrimoine végétal

Longtemps je n’ai pas porté d’attention au patrimoine végétal : les châteaux étaient entourés de beaux parcs, agrément profitable pour une pause après la visite ; il existait de jolis jardins botaniques et les villes abritaient parfois un arbre remarquable, par son ancienneté, sa taille ou sa place dans l’histoire. Point. Pas la peine d’en faire plus, ce ne sont que des arbres après tout. Mon intérêt pour eux était donc assez limité, bien que certains représentants du patrimoine végétal m’aient marquée : en fouillant dans mes souvenirs, je me remémore parfaitement l’arbre creux qui cacha des résistants dans une forêt de Sologne, le chêne-chapelle d’Allouville-Bellefosse, le magnifique Gingko du jardin des plantes d’Angers, ce parc romantique visité en Angleterre ou encore les chroniques passionnées d’Alain Baraton sur France Inter.

Miroir d'eau : le château d'Azay s'y reflète... même pendant les travaux !
Miroir d’eau : le château d’Azay s’y reflète… même pendant les travaux !

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Azay-le-Rideau : le chantier du siècle… A visiter !

Azay-le-Rideau : le chantier du siècle… A visiter !

Dans mon dernier billet, je vous parlais de l’histoire du château d’Azay-le-Rideau, aujourd’hui considéré comme un des plus beaux édifices de la Renaissance française en Val de Loire. Actuellement, le monument est en restauration : un chantier colossal qui rendra à l’édifice sa splendeur d’antan. En attendant, le château est couvert d’échafaudages : il vaut mieux attendre la fin des travaux pour le visiter, pensez-vous ? Vous faites erreur ! Jamais la visite du château d’Azay n’a été aussi passionnante ! Aménagements particuliers, visites guidées, rencontre avec les artisans, exposition : tout a été mis en œuvre pour transformer ce qui aurait dû être une nuisance pour le visiteur en une chance unique de découvrir les secrets de la restauration et le savoir-faire des artisans.
Alors, certes, pour admirer le miroir d’eau, vous devrez revenir… mais pour voir la charpente mise à nu ou des tailleurs de pierre au travail, l’occasion ne se représentera pas !

échafaudage parapluie au château d'Azay-le-RIdeau
Le château d’Azay-le-Rideau au début des travaux, juillet 2015

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Azay-le-Rideau, un joyau sur l’Indre

Azay-le-Rideau, un joyau sur l’Indre

Le château d’Azay-le-Rideau est, avec Chambord et Chenonceaux, l’un des châteaux les plus emblématiques du Val de Loire. Construit au début du XVIe siècle, il apparaît comme l’un des chefs-d’œuvre de la Première Renaissance française, bien que sa forme définitive et « parfaite » ne lui ait été donnée qu’au XIXe siècle, grâce à la famille de Biencourt. Folie romantique, Azay témoigne autant de l’art de la Renaissance que de la vision du XIXe siècle sur l’architecture du XVIe.

Château d'Azay, façade sur l'ancien gardoir à poissons
Château d’Azay, façade sur l’ancien gardoir à poissons

Le château d’Azay-le-Rideau se dresse sur une petite île de l’Indre : un joyau de pierre blanche, magnifié par une nature verdoyante. Au Moyen Âge c’est une forteresse qui s’élevait ici. En 1510, un haut financier de la couronne de France achète l’édifice à un seigneur local désargenté. Pour ce financier, Gilles Berthelot, posséder un château et une seigneurie est l’aboutissement d’une ascension sociale fulgurante. La charge de notaire et secrétaire du roi, dont il a hérité de son père, lui a permis d’accéder à la noblesse. Son habileté en affaires l’a enrichi à mesure qu’il contribuait à remplir les caisses de l’État par de nouveaux impôts. Au sommet de sa carrière, il est conseiller du roi, président de la chambre des comptes et trésorier de France. Lire la suite

S’immerger dans l’hélice terrestre de Jacques Warminski

S’immerger dans l’hélice terrestre de Jacques Warminski

Peu de chance de tomber par hasard sur l’hélice terrestre, étrange architecture sculpture perdue dans la campagne entre Angers et Saumur. Une œuvre tapie dans la terre, au creux des cavités d’un ancien village troglodyte, l’Orbière, auquel on accède par de petites routes.

La salle alvéolaire, le clou de l'hélice terrestre
La salle alvéolaire, le clou de l’hélice terrestre

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Félix Ziem et Martigues, dans l’intimité du peintre

Félix Ziem et Martigues, dans l’intimité du peintre

Tous les musées de France ont leur « Ziem » : une vue de Constantinople ou de Venise, baignée d’un soleil doré et peuplée de cavaliers arabes ou d’esclaves lascives. Aujourd’hui presque inconnu, Félix Ziem a été un des peintres les plus en vue à la fin du XIXe siècle. On s’arrachait alors ses toiles figurant un Orient fantasmagorique que l’artiste, bien conscient du marché, produisait en quasi-série. Sa postérité en a souffert et Ziem a trop longtemps été réduit à un petit maître commercial. À Martigues, où il a longtemps résidé, le musée qui porte son nom invite à une redécouverte de son œuvre, plus surprenante qu’il n’y parait.

Félix Ziem, Venise, Grand Canal, Huile sur toile, Musée Ziem, Martigues
Félix Ziem, Venise, Grand Canal, Huile sur toile, Musée Ziem, Martigues

On estime qu’il a réalisé 6000 tableaux et près de 10 000 dessins en soixante-dix ans de carrière. Pourtant, rien ne destinait Félix Ziem (1821-1911) à devenir peintre. Fils d’un tailleur d’habits d’origine polonaise, il intègre à seize ans l’école d’architecture de Dijon. Brillant élève, il aurait dû poursuivre sa formation à Paris, mais un différend avec l’administration provoque son renvoi de l’École. Il s’installe alors à Marseille où il trouve à s’employer sur le chantier du canal. Mais c’est surtout le dessin qui va lui permettre de gagner sa vie : ses aquarelles sont remarquées par le duc d’Orléans alors que l’artiste amateur n’a que dix-neuf ans. Il reçoit ainsi une première commande, que bien d’autres devront suivre. Rapidement, Ziem tisse un solide réseau de connaissances parmi l’aristocratie qui fréquente la Côte d’Azur. Elles formeront une clientèle fidèle. Dès 1840, Félix Ziem ouvre un atelier où il enseigne les rudiments du dessin alors qu’il est lui-même encore en train de se former à la peinture. Lire la suite

Paris-Brest-Paris : de 1891 à aujourd’hui

Paris-Brest-Paris : de 1891 à aujourd’hui

Ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux le savent : je suis pro-vélo et cycliste urbaine convaincue. Mais cela n’est rien par rapport à la passion que mon frère, Théo, voue au vélo : il roule dès qu’il a cinq minutes, pratique la randonnée autant que le vélo de descente et n’hésite pas à faire Rouen-Athènes via Barcelone et Rome pendant ses vacances d’été (avec un peu de bateau, quand même !). Bref, mon frère, c’est un mordu authentique (faut dire que toute la famille est affiliée à la FFCT). Cet été, son objectif, c’était le Paris-Brest-Paris, une randonnée de 1230 km à réaliser en moins de 90 heures. Pari réussi puisqu’il l’a bouclé en 74h38. Ils sont environ 5000 randonneurs à s’élancer ainsi, tous les quatre ans, sur les routes bretonnes.

Agence Meurisse, Paris Brest, le retour : le peloton avant Morlaix, 1911, BnF/Gallica
Agence Meurisse, Paris Brest, le retour : le peloton avant Morlaix, 1911, BnF/Gallica

Mais pourquoi vous parlé-je du Paris-Brest-Paris alors qu’Orion en aéroplane est un blog culturel ? Parce que le Paris-Brest-Paris est un morceau d’histoire, un petit bout du patrimoine français. D’ailleurs, les étrangers ne s’y trompent pas : chaque année, ils sont plus nombreux à venir se confronter au mythe.

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Photographie et archéologie : une exposition au Musée Saint Raymond

Photographie et archéologie : une exposition au Musée Saint Raymond

Depuis son invention, la photographie a toujours été l’alliée de l’archéologie : photographier pour garder la trace de ce que l’on fouille, utiliser cette image pour faire avancer la recherche ou pour diffuser une découverte… L’exposition estivale du Musée Saint-Raymond invite les visiteurs à réfléchir sur le rôle de la photographie dans la pratique de l’archéologie. Une exposition qui est aussi un hommage aux archéologues et photographes locaux, puisqu’il est essentiellement question de chantiers toulousains. C’est aussi l’occasion de découvrir un patrimoine précieusement conservé dans les archives et rarement exposé.

Fouille du site de l'ancienne Caserne Niel, 2010, Archeodunum
Fouille du site de l’ancienne Caserne Niel, 2010, Archeodunum

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Le château de Pierrefonds, le Moyen Âge fantasmé

Le château de Pierrefonds, le Moyen Âge fantasmé

À quelques kilomètres de Compiègne, sur un promontoire, se dresse le château de Pierrefonds. Un monument à l’histoire fascinante et rocambolesque : forteresse médiévale réputée imprenable, détruite au début du XVIIe siècle sur ordre du cardinal de Richelieu, ruine romantique qui a inspiré une génération d’artistes, puis résidence de plaisir de Napoléon III qui le fit restaurer et compléter par Viollet-Le-Duc. Aujourd’hui, le paisible château, plus bel exemple du Moyen Âge tel que rêvé par le XIXe siècle, conserve les souvenirs des fêtes impériales. C’est cette destinée fantasque que je vais vous conter.

Le château de Pierrefonds, vu depuis la ville : une première apparition féerique !
Le château de Pierrefonds, vu depuis la ville : une première apparition féerique !

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Visitez Le Havre !

Visitez Le Havre !

Une fois par an, je vais au Havre, pour voir l’exposition estivale du MuMa. Je retrouve toujours avec le même plaisir ce musée calme et baigné de lumière, qui abrite une fabuleuse collection de paysages impressionnistes. J’aime le rythme des immeubles du centre reconstruit, les reflets roses du béton, si subtils. Côté mer, je ne me lasse pas du ballet lent des cargos, monuments de ferraille qui glissent dans le port, tels des géants entrant dans un chas d’aiguille.

Entrée du port du Havre, malheureusement, ce dimanche, il n'y avait pas beaucoup de bateaux...
Entrée du port du Havre, malheureusement, ce dimanche, il n’y avait pas beaucoup de bateaux…

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Lyonel Feininger & l’estampe – une exposition au MuMA

Lyonel Feininger & l’estampe – une exposition au MuMA

Jusqu’au 31 août 2015, le MuMa du Havre expose l’oeuvre graphique de Lyonel Feininger. De cet artiste américain qui a passé la majeure partie de sa carrière en Allemagne, on connaît surtout la grande Cathédrale, qui servit de frontispice au manifeste du Bauhaus. Pourtant, Lyonel Feininger est un artiste prolixe : caricaturiste, peintre, photographe, graveur, il s’est essayé à de nombreux médiums. L’exposition du Havre s’intéresse essentiellement à son travail de dessinateur et de graveur : une occasion rare de découvrir l’estampe allemande de la première moitié du XXe siècle, peu présente dans les collections françaises.

Lyonel Feininger, Ville avec église au soleil, 1918, xylographie. Collection privée
Lyonel Feininger, Ville avec église au soleil, 1918, xylographie. Collection privée

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moulages d'antiques au musée Lyon 2

Musée des moulages de l’université Lyon 2 : une collection menacée ?

Est-ce un musée qui s’éteint ? On en sait peu sur l’avenir de la collection de moulages de l’université Lyon 2, en cours de déménagement pour une destination inconnue. C’est pourtant un patrimoine dont l’université devrait s’enorgueillir tant il est précieux et rare. Au XIXe siècle, de telles collections de plâtres étaient répandues. Chaque école et université se devait de posséder la sienne, qu’elle enseigne les beaux-arts ou l’archéologie : le moulage de l’antique comme modèle parfait pour le dessin académique, étape incontournable avant d’accéder au modèle vivant ; la copie en trois dimensions comme substitut de l’oeuvre dans l’écriture d’une histoire de l’art, l’expérience à grandeur nature pour former l’oeil du connaisseur. Deux approches du moulages pour l’enseignement qui se mêlaient parfois, comme à l’École des Beaux-Arts de Paris.

moulages d'antiques au musée Lyon 2
Musée des Moulages de l’université Lumières Lyon 2, en 2012

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Un soir au Musée d’Orsay, tête à tête impressionniste

Un soir au Musée d’Orsay, tête à tête impressionniste

Début d’été, il fait beaucoup trop chaud à Paris : le jour, je me réfugie dans la fraîcheur des bibliothèques, le soir je profite de celle des musées. Le jeudi soir, c’est le musée d’Orsay qui fait nocturne. D’habitude, j’aime déambuler dans le hall et les espaces adjacents, mais ce soir, exceptionnellement, ce sont les impressionnistes que je veux voir. Cela fait plusieurs semaines que je travaille sur Pissarro et Sisley et je ressens le besoin d’être face à leurs œuvres. D’habitude la galerie des impressionnistes est noire de monde, mais en nocturne l’ambiance au cinquième étage est toujours un peu plus calme. Je sais que je ne verrai pas les raboteurs de parquet de Caillebotte, une de mes œuvres préférées, partie en voyage aux États-Unis pour quelques mois : elle reviendra en octobre, pour mon anniversaire.

La galerie des impressionnistes quelques instants avant la fermeture du Musée d'Orsay
La galerie des impressionnistes quelques instants avant la fermeture du Musée d’Orsay

La galerie du cinquième étage, c’est un cours d’histoire de l’impressionnisme mis sur les murs. Tout y est : les signatures prestigieuses, la touche claire, les portraits des personnalités clés, les paysages champêtres, la vie moderne… Mais ce soir, je n’ai pas envie de lire linéairement mon cours d’histoire de l’art, de chef-d’œuvre en chef-d’œuvre, mais plutôt de déambuler sans autre guide que la sensibilité et la sérendipité : voyageons de fenêtres ouvertes en souvenirs. Lire la suite

Portes ouvertes à l’Ecole des Beaux-Arts : plongée entre histoire et avenir

Portes ouvertes à l’Ecole des Beaux-Arts : plongée entre histoire et avenir

Il y a deux semaines, l’École des Beaux-Arts ouvrait ses portes pour fêter la fin de l’année et les nouveaux diplômés. Un moment particulier de l’École où, dans une ambiance joyeuse et foutraque, les ateliers — exceptionnellement rangés — s’ouvrent à tous les vents et les joyaux patrimoniaux, jalousement gardés, se dévoilent aux yeux des curieux.

Une année de plus, je quitte Paris précisément ce week-end-là. Mais cette année, exceptionnellement, les portes ouvertes s’étalent sur quatre jours : juste ce qu’il faut pour que j’y passe en coup de vent.

Atelier de fresque à l'Ecole des Beaux-Arts
Atelier de fresque à l’Ecole des Beaux-Arts

Revenir à l’École des Beaux-Arts, c’est toujours un moment d’émotion pour moi. J’ai passé des heures à la bibliothèque, à éplucher les inventaires et les registres, pour reconstituer l’histoire d’une collection d’images. La création de la bibliothèque au XIXe siècle et le rôle des images dans celle-ci, tel était mon sujet de mémoire. Plus tard, pendant quelques mois, j’y ai travaillé. Avec la conservatrice de l’époque, je classais des centaines d’estampes, entassées là au début du XXe siècle et que personne n’avait jamais vraiment rangées. C’est ainsi que nous avions découvert, entre deux chromolithographies, une quarantaine d’affiches de mai 68. Partout l’École transpire l’histoire. Lire la suite

« Voir en vrai », du tableau au motif, Sisley et Moret-sur-Loing

« Voir en vrai », du tableau au motif, Sisley et Moret-sur-Loing

Il y a quelques jours, j’ai effectué ma première sortie cyclotouristique en Île-de-France, renouant avec une tradition familiale que j’avais abandonnée depuis mon installation à Paris. Pour cette première donc, nous avions un objectif, aller voir Moret-sur-Loing, ce village médiéval que Sisley a beaucoup peint à la fin de sa vie.

Sisley, Moret-sur-Loing, la porte de Bourgogne, 1891, collection privée
Sisley, Moret-sur-Loing, la porte de Bourgogne, 1891, collection privée

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Le vitrail contemporain s’expose à la Cité de l’Architecture

Le vitrail contemporain s’expose à la Cité de l’Architecture

Tout l’été, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine propose d’explorer l’art du vitrail contemporain, principalement dans les édifices religieux. Avec des œuvres de Chagall, Matisse, Soulages, voici une exposition qui a tout pour surprendre, dévoilant un aspect souvent méconnu de la création contemporaine.

Affiche de l'exposition : un détail d'un vitrail de Carole Benzaken pour l'église Saint-Sulpice de Varennes-Jarcy
Affiche de l’exposition : un détail d’un vitrail de Carole Benzaken pour l’église Saint-Sulpice de Varennes-Jarcy

Quand j’ai vu apparaître le vitrail contemporain dans la programmation de la Cité de l’Architecture, j’ai été ravie : la question m’intéresse depuis le lycée. En Terminale, “les artistes et l’architecture” était au programme du bac d’histoire de l’art et j’avais étudié avec un certain plaisir les œuvres de Soulages à Conques, Morellet au Louvre, Marguerite Huré au Havre…

La question du vitrail contemporain est passionnante à plusieurs égards. Tout d’abord, elle touche au renouvellement d’un art pluricentenaire, doté d’une tradition très prégnante. D’autre part, elle touche à l’inscription des formes contemporaines dans un espace sacré – et parfois ancien. Enfin, elle explore quelque chose de méconnu du grand public, mais essentiel dans la marche des arts au XXe siècle : l’union des savoir-faire d’artisans d’art avec la créativité d’artistes novateurs, produisant ainsi à quatre mains de nouvelles formes et techniques…

L’exposition de la Cité de l’Architecture ne prétend pas à l’exhaustivité, bien au contraire : à travers quelques exemples soigneusement choisis, elle dresse un panorama de 70 ans de création.

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