Depuis leur lancement il y a quelques mois, je les avais empruntées à deux ou trois reprises. Mais ces derniers jours, je suis tombée sur les rames « Versailles » du RER C trois fois de suite. L’occasion de prendre quelques photos et de leur consacrer un billet.
Alors que le matériel roulant de la ligne C du RER fait l’objet d’un progressif renouvellement, l’état d’usure des plus anciennes rames se fait de plus en plus criant en regard des voitures flambantes neuves. Pour lutter contre cette disparité la SNCF a mis en œuvre une solution originale : en attendant leur remplacement, cinq trains ont été relookés à moindre coût. Et pas n’importe quel relooking, un relooking royal ! Les deux étages des wagons se sont transformés en Galerie des Glaces, Galerie des Batailles, Grand Trianon, bibliothèque du roi et autres pièces Versaillaises emblématiques.
C’est pour le château de Versailles, desservi par ces trains, un bon coup de pub, qui vise autant les touristes (10% des usagers de la ligne) que les utilisateurs quotidiens dont on espère susciter la visite du monument.
Le contraste entre l’extérieur vieillissant des trains et l’intérieur coloré est saisissant. Il est très plaisant d’admirer les plafonds dans des conditions qui n’ont rien à envier à la vraie Galerie des Glaces. En effet, les peintures reproduites sur les parois du train, plus proches de nous, se prêtent mieux à la contemplation qu’au milieu de la foule qui piétine les couloirs du château. Un peu plus et on pourrait y faire des T.D.O de l’Ecole du Louvre. Si on observe mieux le programme iconographique conçu par Le Brun, on ne peut en revanche pas le relier à son contexte architectural.
La technique mise en œuvre pour le relooking de ces trains est assez simple : d’immenses autocollants en vinyle sont venus couvrir les plafonds et les parois. On imagine le casse-tête qu’a dû être l’adaptation de l’œuvre originale à cet espace confiné. Evidemment, en écrivant ces lignes, je pense à Albert Robida, qui aurait certainement beaucoup apprécié cette initiative. Dans un précédent billet, j’avais cité ce passage où, imaginant les développements à venir de la photographie, il rêvait de papier peint permettant de reconstituer les Noces de Cana dans un modeste appartement.
L’originalité des RER « Versailles » est d’avoir renouvelé l’idée des stickers autocollants comme support promotionnel dans les transports. Alors que d’habitude on relooke l’extérieur des voitures (il y a d’ailleurs eu de très belles réussites sur le métro de Rouen), ici c’est l’intérieur qui a été visé… car finalement c’est là que le voyageur passe le plus de temps !
Si elles surprennent les voyageurs et égayent le trajet quotidien, les belles rames ne font pas oublier aux usagers leurs récriminations contre les incidents qui émaillent trop souvent leur parcours.
Le succès des rames relookées et le recul du vandalisme observé dans les trains concernés a incité la SNCF a renouveler l’opération. Circule donc maintenant un train aux couleurs des tableaux impressionnistes du musée d’Orsay sur la ligne J (Paris- Saint-Lazare / Vernon / Mantes la Jolie/ Gisors). Si les voyageurs de la branche Versailles-rive gauche ont 25% de chance de tomber sur un train relooké, il est plus difficile pour les usagers de la ligne de J d’emprunter une rame impressionniste, puisqu’un seul train est pour l’instant concerné par cette opération.
Au-delà de ces coups de marketing culturel, je rêve d’une généralisation de cette pratique… Comme les transports en communs seraient plus agréables ! Qu’il serait fabuleux d’inviter des artistes, des designers, des graphistes, des graffeurs à proposer leur propre pelliculage! Et par sa complexité technique, la conception d’un décor pour un wagon formerait un bel exercice dans les écoles d’art ! Alors, la SNCF, on lance un concours jeunes créateurs ?
Décennie 1890, Paris se couvre d’affiches. La loi de juillet 1881 a instauré la liberté d’affichage. Aucune palissade, aucun pan de mur, pas même celui d’un lieu sacré n’est épargné par la frénésie du collage. S’accumulent sur le bois, la brique ou la pierre des couches de papiers aux couleurs vives. Belles images, les affiches sont conçues comme éphémères. A peine lacérée, à peine la couleur un peu passée, voici qu’on la couvre d’une autre. Pourtant, nos bibliothèques et nos musées conservent de cet âge d’or de l’affiche illustrée des témoins représentatifs et nombreux. Aussi éphémère soit-elle, l’affiche a survécu, a été conservée. Les collections publiques sont nées du dépôt légal, versé par les principaux imprimeurs, mais aussi des dons de généreux amateurs, qui, pris de passion pour ces images colorées, les ont accumulées dans leur cabinet, avant de s’en défaire au profit du patrimoine national.
Il est remarquable de constater que la figure du collectionneur d’affiches est née en même temps que l’affiche illustrée elle-même. Dès les premiers développements de la réclame chromolithographiée, des connaisseurs accumulent ces images nouvelles et industrielles.
Hugo d’Alési, Exposition du Centenaire de la lithographie Galerie Rapp, 1895
Aussi précoce soit-elle, cette mode de collectionnisme fut éphémère. Son acmé coïncide avec l’âge d’or de l’art de l’affiche, que l’on peut situer entre 1886 et 1896. Quelques années pendant lesquelles l’Affichomanie, terme forgé en 1891 par Uzanne, triomphe.
A travers les collections numérisées de Gallica, je vous propose un itinéraire à la découverte de cette mode, de sa naissance dans un milieu d’hurluberlus décolleurs d’affiches à sa consécration qui mènera à son déclin.
Hier, en marchant sur les bords de Seine, j’ai croisé le promeneur de chiens bien connu de ceux qui fréquentent les pelouses du Carrousel du Louvre. Ses chiens batifolaient joyeusement dans l’eau… La scène m’a rappelé quelques photographies d’une autre époque, aperçue sur Gallica.
L’exposition « Philippines, archipel des échanges » au musée du Quai Branly offre aux visiteurs l’occasion de découvrir la production artistique des cultures insulides, jusqu’ici trop peu valorisées au sein des collections permanentes. « Philippines, archipel des échanges » surprendra peut-être le visiteur, qui aura presque l’impression de visiter deux expositions, tant les productions des cultures qui forment les Philippines sont différentes. Les hautes terres de la Cordillère de Luzon et de Mindanao, difficiles d’accès, sont restées plus longtemps isolées des influences extérieures, ce dont témoigne l’étonnante stabilité stylistique de sa production artistique. En revanche, les îles du sud, par leur position avantageuse sur les roules maritimes ont très tôt été au cœur des échanges commerciaux. C’est par ce biais que les cultures locales ont reçu les influences indiennes, indonésiennes, chinoises, arabes… en résultent des objets d’un étonnant syncrétisme.
Bipartite, le parcours de l’exposition distingue très nettement par son organisation et sa scénographie les aires géographiques et culturelles présentées. L’ambition des commissaires a été de mettre en avant la complexité de ces cultures et l’importance que la notion d’échange y occupe : d’une part le système des échanges (dons et contre dons) au sein de certaines des sociétés présentées, d’autre part les échanges commerciaux et culturels avec d’autres zones géographiques et enfin les échanges avec les invisibles, ancêtres et autres esprits.
Contrainte à passer tout l’été à Paris, entre mon job à la bibli et mon mémoire à rédiger, il me fallait vraiment de quoi décompresser. Le Pass jeunes était donc indispensable! Le Pass Jeunes? Un carnet de 36 coupons pour profiter gratuitement d’activités culturelles et sportives durant les deux mois estivaux. Pour cette seconde édition, ce sont vingt mille exemplaires de ce carnet qui vont être distribués aux jeunes parisiens de moins de 25 ans. Mon sésame retiré à la mairie de Paris jeudi soir, voici un petit résumé de son contenu.
Je rédigerai, au fur et à mesure de l’usage de mes coupons, des billets de blogs sur les activités du Pass jeune. Les liens de cet article seront alors mis à jour vers les billets correspondants. Pour suivre ces mises à jour, suivez la page facebook d’Orion en aéroplane ou mon fil twitter.
PLEIN de sorties musées
Le pass comprend plusieurs entrées pour des musées et expositions. Les expos Keith Haring au musée d’Art Moderne, Hugo Politique à la Maison Victor Hugo (place des Vosges) et Nouvelles Vagues au Palais de Tokyo sont ainsi accessibles gratuitement.
Envie de robes colorées et de chansons entraînantes? L’expo Le monde enchanté deJacques Demyest pour vous! Le pass vous offre une entrée à 5 euros (tarif habituel des moins de 18 ans). Attention, l’exposition se termine le 4 août.
Si vous avez raté le Salon du Bourget, le pass vous propose une séance de rattrapage avec une entrée gratuite, l’audioguide et l’accès à deux animations du Musée de l’air et de l’espace.
Le pass comporte un coupon pour les collections permanentes, fort instructives, de L’adresseMusée de la Poste. Notez que leur accès est déjà gratuit pour les moins de 26 ans (ressortissants U.E.) toute l’année: porteurs du pass, vous pourrez cependant faire bénéficier un accompagnateur de plus de 26 ans de la gratuité.
La mécanique des dessous, une exposition aux Arts Décoratifs
Le coupon des Arts Décoratifs vous occupera plusieurs heures: il donne en effet un accès gratuit non pas à une mais 3 expositions! Ronan et Erwan Bouroullec dans la nef, PubMania, ils collectionnent la publicité,dont j’ai déjà parlé dans ce billet et La mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette,consacrée aux sous-vêtements, qui débutera le 5 juillet.
A la Maison Européenne de la Photographie, quatre expositions estivales à découvrir. La première offre la vision personnelle d’un collectionneur, Serge Aboukrat, sur l’histoire de la photographie : on y admirera notamment une soixantaine de clichés-verre, un étrange procédé entre photographie et estampe. L’exposition BIASIUCCI / PALADINO met en dialogue la photographie et la sculpture, tandis qu' »Itinérance » de Ferrante Ferranti invite au voyage géographique et temporel. Enfin, la dernière exposition met en valeur l’oeuvre photographique du réalisateur Ferrante Ferranti.
Pas trop fan des expositions d’art? Le Palais de la Découverte vous séduira peut-être plus avec l’expositionBêtes de Sexe, la séduction dans le monde animal. Le pass offre une entrée à 3 euros. Avis à ceux qui aurait raté la distribution des Pass Jeunes: l’entrée est au même prix pour tous les étudiants après 15h! Le pass permet également l’accès aux expositions Explora et Léonard de Vinci (Cité des sciences) pour la même somme de 3 euros.
Encore pour trois euros, le porteur du pass aura accès à l’exposition Sound Systèmeà la Gaité Lyrique, qui explore les manières d’écouter de la musique dans l’espace public.
Un coupon propose l’emprunt gratuit d’un audioguide dans l’un des musées de la ville de Paris. Notez que les collections permanentes de ceux-ci sont gratuits toute l’année pour tous les visiteurs (sauf expositions temporaires): une bonne raison d’en profiter au delà du pass jeunes.
Et puis, le pass prolonge l’été jusqu’en novembre puisqu’un coupe-file pour l’exposition de l’hiver, Brassaï à l’Hotel de Ville, y est joint!
Cinémas et spectacles
Le pass offre une place à 5 euros pour une séance dans un des 10 cinémas de la liste. L’occasion d’aller admirer le Louxor restauré! Quant à la Géode, elle vous sera accessible pour trois euros!
La salle du Louxor restaurée
Au mois de juillet seulement, le porteur du pass et un accompagnateur de son choix pourront obtenir deux entrées gratuites pour le forum des images.
Côté concert, des entrées gratuites sont offertes au porteur du pass et à un accompagnateur de son choix pour le parc floral de Paris durant le Paris Jazz Festival(juillet) ou le Festival classique au vert (août)
Visiter les monuments de la capitale
De la Crypte de Notre Dame à la Tour Eiffel, le pass contient tout pour jouer les touristes dans sa propre ville! Pour commencer, un accès gratuit à la Crypte du parvis de Notre-Dame pour explorer un Paris disparu reconstitué en 3D.
Paris restitué à la crypte de Notre Dame
Besoin de séduire? Avant de l’emmener danser vendredi ou samedi soir, admirez à deux le coucher de soleil depuis les tours de Notre-Dame (deux entrées gratuites dont une plus de 26 ans). Notez d’ailleurs que les tours sont accessible toute l’année gratuitement aux ressortissants de l’U.E. de moins de 26 ans.
Pour admirer une autre belle vue de Paris, il suffira de débourser deux euros pour escalader les 704 marches menant au deuxième étage de la Tour Eiffel.
La Sainte-Chapelle
Le mercredi soir, les porteurs du pass pourront admirer les magnifiques vitraux de la Sainte-Chapelle. Si les jeunes de moins de 25 ans ont toute l’année un accès gratuit à ce monument extraordinaire, ils pourront, grâce au pass, en faire profiter un accompagnateur « adulte ». Même offre (mais tous les jours) pour le Panthéon, le Château de Vincennes et la Conciergerie.
Après la culture, un peu de sport
Coté activités sportives, le pass vous offre huit entrées pour tester quelques unes des piscines parisiennes. De quoi faire des longueurs une fois par semaine! Attention, la piscine Joséphine Baker (comme d’autres) n’est pas concernée par cette offre. Par ailleurs, on pourra profiter à deux reprises, pendant une heure, d’un court de tennis parisien: pensez à réserver!
Enfin, un cours d’initiation aux sports de glisse (skate et roller) est offert le dimanche matin à 10h. L’espace de glisse EGP18 propose 3000 m2 d’installations couvertes pour se défouler et expérimenter! Notez que l’espace est accessible gratuitement pour tous à certains créneaux horaires.
Et après tous ces efforts, un peu de réconfort!
Le pass contient deux entrées gratuites pour le Parc Bagatelle et son exposition horticole. Conçu au XVIIIe siècle à la suite d’un pari entre Marie-Antoinette et le comte d’Artois, le jeune frère de Louis XVI, le château de Bagatelle fut bâti en 64 jours et entouré d’un jardin anglo-chinois, reflet des modes de son époque. Sous le Second Empire, divers éléments sont ajoutés au jardin, comme l’Orangerie, qui accueille aujourd’hui des concerts, ou les écuries. Acheté par la ville en 1905, le jardin est restauré, mais dépouillé de ses oeuvres d’art, qui sont dispersés en vente aux enchères. La pagode, folie du XIXe siècle, est acquise par un lord anglais. C’est sa réplique que l’on admire aujourd’hui dans le jardin parisien. A ne pas rater lors de la visite, l’extraordinaire parterre de quelques 1200 variétés de rosiers, soit l’une des plus belles collections de ce type à Paris! Notez qu’il y a des visites guidées du parc le dimanche.
Et pour se mêler à la foule des touristes estivaux, profitez d’une place à cinq euros (au lieu de treize) pour une croisière d’une heure sur un des bateaux mouches parisiens (en semaine seulement)!
Une petite croisière sur la Seine?
Le Pass-Jeunes en pratique
Comment obtenir un Pass-Jeunes? Réservé aux jeunes parisiens âgés de 15 à 25 ans, il est à commander sur le site ParisJeunes. Attention, il est actuellement en rupture de stock, mais quelques exemplaires non retirés en mairie devraient à nouveau être offerts sur le site dans les jours qui viennent! Gardez l’oeil ouvert!
Remarques pour une utilisation optimale du pass: tout d’abord faites bien attention aux dates et aux créneaux horaires: certains coupons ne sont valables qu’une partie de l’été, ou seulement certains jours de la semaine, alors que le lieu concerné est ouvert sur des plages bien plus larges. D’autre part, comme je l’ai écris à plusieurs reprises, certains coupons concernent des lieux dont l’accès est déjà gratuit pour les moins de 26 ans. Non pas conçus pour vous « arnaquer » ces coupons se veulent une invitation à la visite, là où l’on se dit souvent « oh, je le visiterai la prochaine fois ». Souvent ces mêmes coupons vous offrent une prestation supplémentaire: audioguide gratuit, entrée pour un accompagnateur « adulte » (entendez + de 26 ans)…. Profitez-en!
Pour ma part, bénéficiant déjà de la gratuité pour une partie de ces activités (essentiellement les musées), je serai heureuse de partager mes coupons avec mes lecteurs (de moins de 25 ans!). Je les distribuerai au fil de mes billets sur la page facebook du blog, restez connectés!
Pour la Nuit des Musées, le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) ouvrait de façon exceptionnelle ses portes. Quatre mille cinq cent mètres carrés de laboratoire sous les parterres du Louvre où sont analysés, étudiés et restaurés les objets des collections françaises. Un endroit fascinant où se concentrent un personnel scientifique hautement qualifié et un outillage technologique de pointe, au service des œuvres. Si vous avez raté le rendez-vous, je vous emmène en séance de rattrapage, photographies à l’appui.
Parfois même les lieux familiers vous réservent bien des surprises. Derrière un escalier du Palais des Etudes de l’Ecole des Beaux-Arts, que j’ai tant fréquenté, une porte, une courette où j’aimais venir voir les pierres lithographiques entreposées. Et, au-delà de cette courette, un atelier que je n’avais jamais pénétré, l’atelier de fresque de Philippe Bennequin. Un endroit merveilleux, lumineux, aux murs d’un chromatisme chatoyant et au bazar rassurant, avec ses tables entières couvertes de petits pots remplis de poudres colorées.
Égarées dans les entrailles de l’Ecole, mon amie Chloé et moi avons chaleureusement été accueillies par le maître des lieux, Philippe Bennequin. Lire la suite →
Dans les années 1930, à Paris, on savait s’amuser!Mieux que les concours de beauté, on organisait des championnats de jeux sportifs pour enfants. Une douzaine de photographies de l’Agence Mondial, numérisées sur Gallica, gardent trace de l’édition de 1932 de cette compétition.
Agence Mondial, la course des skieurs, 1932, Gallica/BnF
Quels sont les « jouets sportifs » de 1932? Sans surprise, on trouve les classiques patinettes (trottinette) et voitures à pédales. Plus surprenant sont le skiff et le skieur, alors à la mode. Le skiff, dérivé de l’auto à pédales, est une sorte de rameur à roulettes, tandis que le skieur ressemble plus à une trottinette, que les enfants actionnent à la force des bras. Enfin, la draisienne, vélo sans pédale encore prisée aujourd’hui des jeunes enfants, fait également l’objet d’une course.
Agence Mondial, Maurice Maison (deux ans) un as de la cavalette, 1932, Gallica/BnF
La compétition semble avoir été parrainée par Georges Biscot (1886-1945), un acteur et chanteur français alors en vue. On l’aperçoit au côté d’un des enfants en compétition, lui donnant quelques conseils avant la course de voiture à pédales.
Agence Mondial, Biscot donne des conseils à Claude Rullier (quatre ans) futur champion, 1932, BnF/Gallica
On admirera l’avancée sociale que cette compétition représente: en effet, les épreuves sont mixtes! Si l’on peut s’en réjouir, observons tout de même que la parité est loin d’être atteinte. Dans le palmarès des épreuves, quelques filles: c’est par exemple la très jolie Pierrette Dubois (dix ans) qui a remporté la compétition de patinette.
L’évènement avait fait un petit buzz en fin d’année 2012. Dans le cadre des interventions d’artistes régulièrement pratiquées sur la structure du Palais de Tokyo, trois graffeurs, Lek, Sowat et Dem189 ont été invités à investir un des espaces cachés du Palais, une cage d’escaliers de secours. D’un projet modeste cantonné aux marches de l’escalier supérieur, l’intervention s’est propagée aux plusieurs centaines de m2 de cet espace de secours et des trois street-artistes invités, se sont finalement une trentaine de graffeurs qui ont ici créé, interagi, formant ainsi une œuvre collective, singulière et riche de sens, reflet des tendances de la scène française et représentative de quelques-unes de problématiques prégnantes de ce champ de l’art contemporain.
Vous les avez peut-être croisées au détour d’une recherche. Des figures de tissus, de bois, de papier mâché, de plexiglas… au détour du mot clé « arlequin », ou d’une requête « Don Juan », quelle ne fut pas votre surprise de croiser un… OBJET sur votre bibliothèque numérique. Et pas n’importe quel objet, une marionnette !
Georges Lafaye, Une sorcière, marionnette du spectacle Parades, 1981-1989, Gallica/BnF
Par leur qualité, les expositions du Musée de la Publicité au sein des Arts Décoratifs mettent en valeur la richesse d’une collection, qui, par sa nature, ne peut être exposée de façon permanente. Cet été, l’institution rend hommage aux collectionneurs de pub, dont la générosité a contribué à la qualité des fonds aujourd’hui en sa possession. A travers une sélection choisie d’objets publicitaires, témoins modestes et éphémères de notre société de consommation, cette exposition rend compte de la diversité de l’objet de collection et tente un portrait psychologique et sociologique du publiphile.
Merveilleux éventails publicitaires
L’exposition, dont le projet est né de la donation en 2012 d’un ensemble d’un millier d’éventails publicitaires par Anne et Michel Lombardini, s’ouvre sur une très belle sélection d’une centaine de pièce de ce type.
Comme l’affiche illustrée, l’éventail publicitaire est né des progrès que connait la lithographique en couleur à la fin du XIXe siècle. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant de voir les plus grands noms de l’affiche signer également des compositions pour des éventails. Alors que son utilité décline dans les couches supérieures de la société, l’éventail connaît grâce la publicité une nouvelle jeunesse auprès d’un public populaire qui le plébiscitera jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale. Conçu comme éphémère, l’éventail publicitaire, bien qu’édité en très grand nombre d’exemplaires, est aujourd’hui d’une rareté extrême, ce qui explique en partie l’engouent des collectionneurs pour ce type d’objets. Regroupés par thème ou style, une centaine d’éventails sont présentés dans les vitrines de la première salle. On admire ici une composition de Cappiello ; là on s’amuse des partis pris publicitaires des crématoriums américains, qui, dans les années 1960, offraient à leurs futurs clients des éventails ornés d’images pieuses.
Monomanie du copocléphile et du yabonophile
Il est fréquent que le collectionneur de publicité s’adonne à rassembler de objets d’un seul type : porte-clés, étiquettes de fromages, de sous-bocks de bière… La deuxième salle témoigne de quelques exemples repandus de cette pratique monomaniaque. Ces accumulations de porte-clés ou de cendriers forment de très beaux assemblages visuels, dont on se plait à faire l’inventaire. Chacune de ces monomanies typologiques a un nom, sur lesquels je reviendrai dans un prochain billet.
D’autres collectionneurs, en revanche, s’intéressent de façon exclusive à une marque, focalisant leurs efforts à amasser tout ce qui s’y rapporte. Leur collection peut alors témoigner de façon représentative de l’identité visuelle de celle-ci au cours du temps. Très tôt, en effet, certaines marques ont cultivé un style qui leur était si propre que d’un seul coup d’œil le consommateur pouvait y associer leur nom et leurs produits. Slogan, code graphiques, mascottes… autant d’éléments qui sont parfois devenus de véritables icônes, à l’instar du Bibendum de Michelin, du tirailleur sénégalais de Banania ou du Petit Écolier de Lu.
Le collectionneur, historien de l’identité visuel des produits de notre quotidien
Consciente très tôt des pratiques de collectionnisme de certains consommateurs, les marques ont cherché à les fidéliser en maintenant, par le renouvellement régulier de leur packaging, leur intérêt. Ainsi, prolongeant la pratique des boîtes de ferraille imprimées de chromolithographies réutilisées dans le foyer après que leur contenu premier ait été épuisé, les marques se sont lancées dans le packaging événementiel, les séries limités et les produits collectors. L’exposition consacre plusieurs vitrines à quelques emballages remarquables qui ont marqué les trente dernières années au fil des occasions : coupe du monde de football de 1998, passage de l’an 2000…
L’affichomanie, une pratique à la naissance de la publiphilie
Cinquième étape de l’exposition, l’espace consacré aux affiches clôt le parcours. Connaissant véritablement son essor dans le dernier quart du XIXe siècle, l’affiche illustrée s’affirme presque d’emblée comme art. Liée aux techniques nouvelles de la chromolithographie, l’affiche illustrée a fait appel aux lithographes les plus talentueux du temps. De l’estampe à l’affiche, il n’y a qu’un pas, que les artistes comme les collectionneurs ne tardèrent pas à passer. La sélection présentée pour cette exposition témoigne tout à la fois de la virtuosité de l’art de l’affiche dans les années 1890 et pendant l’entre-deux-guerres, de la passion précoce des collectionneurs pour ces éphéméras que de la qualité extraordinaire du fonds du Musée des Arts décoratifs.
Portrait du collectionneur de l’éphémère et du modeste
Entre art et objet populaire… Tout au long du parcours la figure du collectionneur est interrogée : qu’est ce qui distingue le publiphile du collectionneur d’œuvres d’art ? Quelle est la légitimité d’accumuler ces objets modestes, multiples, fruits de la société de consommation ? A l’étude, il apparaît que ce sont les mêmes ressorts interviennent dans les pratiques de collectionnismes des amateurs d’œuvres d’art et des amateurs de publicité. On retrouve la même quête de l’objet rare, le même souci de la représentativité, les mêmes délectations du regard, les mêmes pratiques de classement et de documentation… De la même façon que le marché de l’art, le marché de la collection d’objets publicitaires s’est structuré, se dotant de foires, de galeries spécialisées, de réseaux, de revues…
Un regret peut-être quant à la question de la présentation de ces trésors accumulés dans l’espace privé du collectionneur, qui n’est pas traitée ici. On a tous en tête ces clichés du collectionneur monomaniaque, accumulant pieusement l’objet de son désir dans une cave ou un grenier, au grand dam de ces proches, exaspéré par cette obsession envahissante.
C’est un spectacle régulier auquel les usagers de la ligne 12 sont habitués mais qui pourrait bientôt cesser. Une étrange mue se déclenche tous les trois mois à la station Assemblée nationale. L’espace de quelques jours, les parois concaves des quais se parent de déchirures jaunes, noires, rouges, bleues et blanches. L’espace de quelques jours, la station Assemblée nationale prend des allures d’une immense affiche lacérée à la Villeglé. Et puis, on refait le papier peint.
En attendant la nuit des musées ce week-end, Gallica vous propose une journée des musées à travers les nombreux documents numérisés disponibles sur la bibliothèque en ligne. Je profite de l’événement pour vous annoncer la création d’une nouvelle rubrique sur ce blog, intitulée « La visite au musée« . A la manière de ce que fait Virgile Septembre sur son excellent tumblr, cette nouvelle catégorie sera nourrie d’extraits littéraires, d’images anciennes et de divers documents mettant en scène les visiteurs des musées. Pour ce premier billet, nous suivons un provincial dans sa visite du Louvre en 1841.
« Il va sans dire que le provincial consacre une de ses premières expéditions à la visite du Musée, qu’il appelle et qu’il écrit: Musaeum, pour prouver qu’il a fait ses humanités. Il n’y va pas le dimanche; -car c’est bon pour le peuple, pour les Parisiens vulgaires. Lui, provincial, a des privilèges. Avec son passe-port, le Louvre lui est ouvert tous les jours. C’est là un des bénéfices, une des prérogatives de sa qualité, c’est un avantage qu’il possède sur les indigènes, et il en use avec une noble, une risible fierté. Le moment où notre provincial visite les tableaux du Louvre, est l’heure matinale employée aux études classiques. Trente chevalets sont plantés dans la galerie. Des artistes des deux sexes se livrent à la copie des maîtres. Des demoiselles reproduisent l’académie pure sous l’oeil maternel. Les mamans tricotent en rêvant l’avenir raphaélique de leur fille. Les rapins vont choisir leurs modèles sous les corniches, et travaillent perchés au bout d’une échelle comme de simple peintres d’enseigne, se préparant ainsi peut-être à la haute mission que leur réserve l’avenir. L’arrivée d’un oisif, d’un curieux, produit nécessairement un mouvement de distraction parmi les travailleurs. la tournure du provincial, son costume, produisent leur effet. On le lorgne en souriant, en ricanant. Sept ou huit copies de Rubens, de Rembrandt, de Léonard de Vinci sont momentanément abandonnées pour une mois grave composition. De caustiques crayons esquissent rapidement sur le papier une caricature, ou plutôt un portrait aussi ressemblant que s’il avait été procrée par l’opération du daguerréotype. – Que signifie ceci? s’écrie le provincial, dont l’indiscrète curiosité s’est égarée par-dessus l’épaule d’un des dessinateurs. – Vous le voyez bien, répond l’artiste sans se déconcerter. -Je trouve cette plaisanterie assez déplacée! répond le provincial, mécontent de voir son image si peu flattée. -Qu’appelez vous une plaisanterie! s’écrie l’artiste; rien n’est plus sérieux. Voici le fait: Je suis attaché au Journal des Modes, pour les gravures. L’apparition d’un dandy tel que vous, était une bonne fortune: je l’ai saisie. Votre élégant costume fera l’ornement du prochain numéro.
A ces mots, le provincial sourit, s’excuse, salue, remercie, se rengorge et s’éloigne en faisant la roue et en se disant: – Voilà que je vais donner le ton aux merveilleux de Paris! je suis le type de l’élégance. »
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