Gallica insolite: Petit traité des fraudes alimentaires

Gallica insolite: Petit traité des fraudes alimentaires

 Si vous avez assez mal vécu l’idée d’avoir mangé du cheval dans vos lasagnes, soyez rassurés, on a fait, par le passé, bien pire en matière de fraudes alimentaires. Âmes sensibles s’abstenir, ce qui suit pourrait se révéler peu soutenable.

Pierre Delcourt (1852-1931), journaliste et écrivain, passionné par l’histoire du commerce (il a donné à la BnF une surprenante collection de prospectus offrant un panorama du commerce parisien pour la dernière décennie du XIXe siècle), a publié en 1888 un livre intitulé « ce qu’on mange à Paris ». Bien loin de ce que j’avais imaginé en l’ouvrant, il ne s’agit pas d’un guide de meilleures tables de la capitale mais d’une longue liste des fraudes alimentaires observées à Paris.

Agence meurisse, Boucherie témoin application des barèmes de la préfecture, 1927, Gallica/BnF
Agence meurisse, Boucherie témoin application des barèmes de la préfecture, 1927, Gallica/BnF

BONBONS : La chimie vient puissamment en aide aux confiseurs pour la manipulation de leurs sucreries. C’est ainsi que les dragées sont confectionnées avec de vieilles amandes rancies, recouvertes d’une composition dans laquelle le sucre se mêle, pour une faible part, à l’amidon, au plâtre blanc ou l’argile blanche. (…) Certains pâtissiers font usage d’amandes amères pour mieux faire lever la pâte, et colorent leur marchandise avec du chromate de plomb. D’autres, dans la confection du pain d’épice, mêlent savamment la potasse ou le savon à la farine, ce qui constitue un mélange assez bizarre dont on se régale néanmoins pour la modique somme de dix centimes.

CHARCUTERIE : S’imagine-t-on qu’on vend actuellement à  Paris plus d’un million de kilogrammes de charcuteries? Aussi les rebuts de tout ordre vont-ils se fondre dans l’immense creuset où se manipule une aussi gigantesque production alimentaire.
Point de viandes gâtées en charcuterie ; le feu les purifie! Là, un touchant éclectisme réunit les productions les plus hybrides : le cheval se transforme en porc, pour la confection des pâtés, des saucissons et des saucisses

Ainsi, pendant 200 pages, Pierre Delcourt dénonce les abus d’une industrie alimentaire naissante. Horrifiée par cette lecture, je me suis demandé en quelle mesure l’auteur avait exagéré la situation. S’il est difficile pour nous de prendre au pied de la lettre les énumérations de Delcourt, quelques ouvrages ont confirmé certains abus évoqué par l’auteur. Ainsi, il semble établit que la poudre de cuivre était employée pour colorer les légumes tandis que le lait pouvait être allongé d’une eau (sale et) farineuse. Quand au plâtre, il entrait dans la composition d’un certain nombre de denrées.

Un fléau du XIXe siècle : la fraude alimentaire, tromperies et falsifications en tous genres

Au XIXe siècle, le frelatage alimentaire atteint son paroxysme. Les mutations rapides de la société, au premier rang desquels l’urbanisation massive, ont entrainé une industrialisation fulgurante mais non contrôlée du circuit de production et de distribution alimentaire. Profitant de l’ignorance des consommateurs et de l’inefficacité des cadres juridiques, les producteurs et commerçants s’adonnent, dans les fabriques à l’abri des regards et dans l’intimité des arrières boutiques, à des pratiques peu avouables.

« La falsification des denrées est devenue un art véritable qui nous fait consommer chaque jour du café de chicorée, du beurre de margarine, du vin fait sans raisin, et du lait sans vache ni chèvre. »

Gide Charles, « La guerre entre commerçants et coopérateurs et l’évolution commerciale. Conférence pour la Société coopérative ». La Coopération, 17 février 1900

Agence Rol, La vie chère à Paris [étal du commerce alimentaire Alexandre, 79 boulevard de Magenta, 10e arrondissement, Gallica/BnF
Agence Rol, La vie chère à Paris [étal du commerce alimentaire Alexandre, 79 boulevard de Magenta, 10e arrondissement, Gallica/BnF

On distingue deux types de fraudes : la tromperie et la falsification. La première consiste à faire croire que « le produit est, par sa nature, ses qualités, son origine ou sa quantité différente de ce qu’elle est en réalité ». En vrac, vous pouvez vendre 900 grammes là où vous annoncez 1kg, positionner de beaux grains sur le haut d’un sac contenant un mauvais blé, offrir une piquette comme un vin de premier choix, annoncer de la viande de cheval pour de la viande de porc… (et oui, déjà !). Le second type de fraude, la falsification, consiste à « additionner un corps différent et de moindre valeur à la denrée ». Là, tout est permis ! Pas de gâchis !

CHICOREE (…) La poussière de semoule et les débris de vermicelle, colorés, sont aussi transformés en excellente chicorée ; Le noir animal épuisé la remplace parfois fort avantageusement ; on y joint alors une faible partie de poudre de la plante ; La poudre de chicorée allongée de sable et de brique rouge pulvérisée, va quelquefois donner du ton aux cafés parisiens;

Le Traité des fraudes en matière de marchandises, tromperies, falsifications et de leur poursuite en justice, publié par Charles Million en 1858, regorge de belles trouvailles d’ingénieux faiseurs d’argent peu scrupuleux de santé publique !

Agence Rol, La vie chère à Paris [devant une épicerie], 1918, Gallica/BnF
Agence Rol, La vie chère à Paris [devant une épicerie], 1918, Gallica/BnF

La naissance d’un contrôle

Au début du XIXe siècle, l’Etat n’est que peu engagé dans le contrôle des denrées : on pense alors que le jeu de l’offre et de la demande suffira à l’autorégulation du marché. [On a depuis prouvé que cet état des choses ne favorisait pas la bonification de l’offre, bien au contraire que « le mauvais produit chassait le bon »].

Face aux scandales, une première loi, promulguée le 27 mars 1851, réprime les tromperies et falsifications des marchandises alimentaires. Cependant, faute d’outils de contrôle efficace, cette première législation ne suffit pas à endiguer le problème. De même, si la loi du 21 juillet 1881 instaure un contrôle sanitaire des animaux, ce ne sont finalement que les initiatives isolées de contrôle de certaines municipalités qui permettent des améliorations locales de l’offre.

Bien que dans le dernier quart du XIXe siècle, de plus en plus de personnes, telles Charles Gide, leader du mouvement coopératif ou notre Pierre Delcourt cherchent à alerter l’opinion publique, de vraies solutions ne seront mises en place au niveau national que dans les années 1910. Face aux impératifs économiques d’une bonne image des produits français sur le marché international et aux soucis sanitaires du courant hygiéniste, une loi est promulguée le 1er aout 1905. Il s’agit désormais non seulement réprimer, mais également de prévenir les tromperies et falsification en organisant le dépistage des fraudes. Et au vu de notre actualité, le combat n’est toujours pas terminé !

Agence Rol, La vie chère à Paris [l'étal d'une poissonnerie], 1918, Gallica/BnF
Agence Rol, La vie chère à Paris [l’étal d’une poissonnerie], 1918, Gallica/BnF

Les ouvrages cités dans ce billet sont accessibles sur Gallica. Rapportez en commentaires vos pires trouvailles en matière de fraude dans ces ouvrages !

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Jean Veber, de l’Assiette au beurre aux tranchées de la guerre

Jean Veber, de l’Assiette au beurre aux tranchées de la guerre

Dans le cadre du programme Europeana 14-18, le département des Estampes et de la photographie de la BnF a numérisé les volumes consacrés à l’œuvre gravé de Jean Veber (1864-1928). En parallèle de l’album facebook présenté sur la page de Gallica, je vous propose ici quelques clés pour mieux comprendre le travail de cet artiste à la production éclectique.

Rappel: l’intégralité des liens de ce billet renvoie à des documents numérisés disponibles sur Gallica.

Jean Veber, dans le ruisseau, estampe, 1894, GallicaBNF
Jean Veber, dans le ruisseau, estampe, 1894, GallicaBNF

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Gallica insolite: chien équipé d’un masque à gaz, 1920

Gallica insolite: chien équipé d’un masque à gaz, 1920

De retour de vacances, je retrouve le programme Europeana 14-18. Clin d’oeil!

Agence Rol, Front anglo-belge (bureau information) [chien équipé d'un masque à gaz], 1920, BNF/Gallica
Agence Rol, Front anglo-belge (bureau information) [chien équipé d’un masque à gaz], 1920, BNF/Gallica
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Le musée des moulages de l’Université de la Sapienza – Rome

Le musée des moulages de l’Université de la Sapienza – Rome

Vous ne trouverez pas ce musée dans les guides touristiques, pas même dans ceux qui vous promettent une visite curieuse et insolite de Rome. Fondé en 1892, le Muséo Dell’Arte Classica est pourtant l’une des rares collections universitaires de moulages encore pleinement intégrée au campus moderne.

Museo Dell'Arte classica Sapienza (5)

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Gallica insolite: une bouée automobile

Gallica insolite: une bouée automobile

La bouée automobile, une solution contre les chutes dans la Seine?

Agence Meurisse, Essais d'une bouée automobile de Mr Mercorelli, 1921, BNF/Gallica
Agence Meurisse, Essais d’une bouée automobile de Mr Mercorelli, 1921, BNF/Gallica

Malheureusement, le net est avare en informations sur l’inventeur de cette machine, Mr Mercorelli, qui survécut à cette séance photo, comme le prouve le cliché suivant.

Agence Meurisse, Essais d'une bouée automobile de Mr Mercorelli, 1921, BnF/Gallica
Agence Meurisse, Essais d’une bouée automobile de Mr Mercorelli, 1921, BnF/Gallica
Dans les coulisses du musée: montage de l’exposition Geoffroy Dechaume à la Cité de l’architecture et du patrimoine

Dans les coulisses du musée: montage de l’exposition Geoffroy Dechaume à la Cité de l’architecture et du patrimoine

L’exposition « Dans l’intimité de l’atelier, Geoffroy-Dechaume (1816-1892), sculpteur romantique » sera inaugurée demain soir. A l’invitation de la Cité de l’architecture et du patrimoine, j’ai eu la chance d’assister au montage de l’exposition et de bénéficier de quelques explications de sa commissaire, Carole Lenfant.

L’exposition « Dans l’intimité de l’atelier, Geoffroy-Dechaume (1816-1892), sculpteur romantique »

Grace à la donation récente de la famille Geoffroy-Dechaume, la cité de l’architecture et du patrimoine s’est vue dotée de près de 4700 pièces issues du fonds d’atelier de ce sculpteur intiment lié à l’histoire du musée des Monuments français, dont il fut l’un des premiers directeurs.

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Moulages en cours d’installation.

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« The End » : lancement du cycle « Ex-Situ » au Studio 13/16

« The End » : lancement du cycle « Ex-Situ » au Studio 13/16

Samedi dernier, le Centre Pompidou inaugurait le nouveau cycle du studio 13/16, l’espace dédié aux adolescents. Intitulé « Ex-Situ », cette nouvelle programmation est une prometteuse initiative qui fait entrer le Street Art au musée par une porte originale et de façon intelligente.

Sept artistes pour plusieurs événements

Pour cette nouvelle saison du studio 13/16, le Centre Pompidou a su convaincre sept grands noms de la scène du Street-Art : JonOne, Vhils, Ox, RERO, Mark Jenkins, Ludo et YZ. Autant d’artistes que les ados auront la chance se rencontrer pendant leurs résidences successives au sein de l’institution.

RERO, Do Not Cross the Line, 2012, Centre Pompidou, photo © Cristobal Diaz
RERO, Do Not Cross the Line, 2012, Centre Pompidou, photo © Cristobal Diaz

Par cette sélection, le Centre Pompidou offre du Street Art une vision large quoique non exhaustive, qui permet de prendre conscience de l’ampleur et de la diversité de ce mouvement, tant sur le plan des médiums que des champs de réflexions ou encore de l’esthétique. RERO interroge le sens des mots, inscrivant sur de grandes surfaces des mots qu’il barre sans pour autant les rendre illisibles. Le travail de JonOne a aussi pour sujet l’écrit : multipliant son blase à l’infini, il travaille sur la calligraphie des lettres, dépassant le tag qu’il pratiquait dans les années 70 pour tendre vers l’abstraction. Les collages et lavis de YZ mettent en scène des figures féminines d’une très grande poésie, tandis que Ludo crée par infographie des figures hybrides mêlant nature et technologie. OX intervient sur les affiches publicitaires, y peignant ou y collant des formes abstraites ou géométriques, prenant toujours en compte la nature visuelle et commerciale de son support et l’environnement dans lequel il s’inscrit. Mark Jenkins crée à l’aide de mannequins illusionnistes des situations absurdes dans l’environnement quotidien afin de faire réfléchir et réagir les passants sur nos agissements. Enfin, le portugais Vhils est connu depuis quelques années pour ses portraits gravés sur l’épiderme des murs.

Installation RERO, Do Not Cross the Line, 2012, Centre Pompidou, photo © Cristobal Diaz
Installation RERO, Do Not Cross the Line, 2012, Centre Pompidou, photo © Cristobal Diaz

Ex-situ se décline en plusieurs événements. Chaque résidence d’artiste débutera par une intervention réalisée dans le Centre ou dans ses alentours immédiats. RERO, en ouverture de la programmation, a déjà inscrit sur l’escalator-chenille emblématique du bâtiment un monumental « DO NOT CROSS THE LINE ». Des ateliers « workshops », réunissant les ados et les artistes durant 35 après-midi, marqueront un temps de dialogue et de création collective. Enfin, le cycle se terminera par une journée de performances dans Paris : le 1er juin, sept kiosques de la ville de Paris seront le support de créations élaborées en concertation par sept groupes d’adolescents et les artistes invités.

Une collaboration prometteuse du musée et de l’ « art urbain »

Nombreux sont ceux qui déplorent les relations maladroites/laborieuses entre les musées et le milieu du Street Art. Les enjeux des deux protagonistes ne sont en effet pas toujours compatibles, quand ils ne sont pas tout simplement radicalement antinomiques. En outre, les institutions muséales sont souvent accusées d’offrir en exposition un Street Art dénaturé, vidé de son sens…

A mon goût, l’opération du Centre Pompidou rompt radicalement avec cette tendance, offrant du Street Art une approche novatrice en ce qu’elle est respectueuse de son esprit. Par ce cycle « Ex-Situ », c’est un véritable dialogue qui est appelé à s’instaurer entre le public et les artistes, en marge des expositions temporaires et des collections permanentes. Il n’est en effet pas question d’exposer à cette occasion les œuvres des artistes mais d’initier les ados à une réflexion sur le Street-Art. S’il y aura bien quelque chose à voir du travail de RERO, Vhils et des autres artistes au centre, l’essentiel du contenu de ce cycle, dont le but premier est la transmission, prendra forme dans les workshops où les jeunes seront invités à s’emparer des moyens d’expression des intervenants pour formuler leur propre message.

« Ex-Situ »,  interroger la relation au lieu : que devient le Street Art hors de la rue ?

Pour la plupart des street artistes, l’œuvre naît de leur interaction avec l’environnement spécifique dans lequel ils interviennent. Initiée par l’artiste, cette interaction est d’ailleurs appelée à se prolonger au-delà du moment de l’acte créateur : un passant viendra peut-être modifier un détail, un autre graffeur recouvrira une partie de l’œuvre, plus tard peut-être dissimulée derrière un quelconque affichage sauvage… Bref, ce sont le temps et la vie qui feront leur œuvre.

Lancement d'Ex-Situ au Centre Pompidou, Photos H. Véronèse
Lancement d’Ex-Situ au Centre Pompidou, Photos H. Véronèse

C’est cette relation au lieu, à l’environnement que le Centre Pompidou entend interroger. Plus précisément, par le titre donné à la manifestation « Ex-Situ », le studio 13/16 explore les formes que peut prendre le Street-Art lorsqu’il est sorti de son « milieu naturel », la rue, pour être présenté dans un espace autre – ici une institution culturelle reconnue comme « légitime ».

Dans le langage de l’Art contemporain, on emploie le terme in-situ pour désigner une œuvre créée pour et dans un environnement spécifique et qui ne peut exister et n’avoir de sens que dans ce contexte précis (les colonnes de Buren forment l’un des exemples les plus connus d’interventions in-situ). Par nature, donc, le Street Art est un mode d’expression in-situ. En entrant au Centre Pompidou, le Street Art est déplacé hors de son environnement naturel et devient donc « ex-situ ».

Il y a là, à mon sens, un niveau de réflexion que l’on ne retrouve malheureusement pas dans la plupart des expositions sur ce champ de l’art vivant. Ainsi, quelle déception a été pour moi l’absence de mise en perspective de telles questions dans la récente exposition du musée de la Poste, au titre pourtant prometteur d’ « Au-delà du Street Art » !

Lancement d'Ex-Situ au Centre Pompidou, Photos H. Véronèse
Lancement d’Ex-Situ au Centre Pompidou, Photos H. Véronèse

Bien déterminée à assister à quelques uns des workshops, je reviendrai volontiers sur la nature des interventions des artistes dans de prochains billets. Si vous avez-vous-même assisté à certains d’entre eux, n’hésitez pas à partager votre expérience via les commentaires, la page facebook ou le formulaire de contact : votre avis m’intéresse ! 

Plus d’informations sur la page facebook du studio 13/16

crédits photos: toutes les images illustrant cette article sont tirées de la page facebook et des brochures du Centre Pompidou.

Gallica insolite: gargarisez-vous contre la grippe!

Gallica insolite: gargarisez-vous contre la grippe!

Alors que l’on s’inquiète d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire en Asie, Gallica expérimente des alternatives à la vaccination.

Planet, Marins anglais se gargarisant contre la grippe (anglaise), 1933, BNF/Gallica
Planet, Marins anglais se gargarisant contre la grippe (anglaise), 1933, BNF/Gallica

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Gallica insolite: séance de bronzage pour tout le monde!

Gallica insolite: séance de bronzage pour tout le monde!

Le printemps est bien entammé et le soleil n’a toujours pas pointé le bout de son nez ? La grisaille vous déprime et vous avez épuisé votre stock de vitamine D ? Prenez donc un bain de soleil grâce à Gallica ? Nous avons tout ce qu’il vous faut ! Sable fin et lumières intenses !

Agence mondial, Le soleil artificiel les joueurs de Portsmouth passent aux rayons de soleil ultra-violets, 1932, BNF/Gallica
Agence mondial, Le soleil artificiel les joueurs de Portsmouth passent aux rayons de soleil ultra-violets, 1932, BNF/Gallica

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Au Louvre, une spectaculaire opération de moulage du Milon de Crotone

Au Louvre, une spectaculaire opération de moulage du Milon de Crotone

Les visiteurs du Louvre avaient dernièrement un drôle de spectacle à admirer dans la cour Puget. Le chef d’œuvre du lieu, le Milon de Crotone, sculpté entre 1671 et 1683 par Pierre Puget était entouré d’une palissade. Les mezzanines alentours offraient une vue imprenable sur ce qui se passait derrière cet échafaudage. Autour du monumental bloc de marbre de Carrare, deux personnes en combinaison blanche s’activaient. Un spectacle assez rare qui se jouait : le moulage d’une œuvre pour en tirer des copies fidèles.

Moulage du Milon de Crotone au Louvre 1

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La plus fabuleuse bibliothèque publique d’Europe: O.B.Amsterdam

Ayant eu vent de la très belle vue offerte par la terrasse de l’OBA, la bibliothèque publique d’Amsterdam, je l’avais inscrite à ma liste des visites à faire lors de mon séjour dans la capitale néerlandaise. Plus que pour la vue, c’est pour la bibliothèque en elle-même que j’ai eu un coup de foudre. 

OBA Bibliothèque AmsterdamInstallée depuis 2007 près de la Gare centrale, dans un quartier en pleine réhabilitation, à deux pas du centre-ville, la bibliothèque publique d’Amsterdam se déploie dans un édifice d’une incroyable qualité: espace, design, aménagement, confort, tout est réussi. Avec 28 000 m2, c’est la plus grande bibliothèque publique d’Europe. Sept niveaux sont accessibles aux lecteurs, qui y trouvent quelques 1000 places assises et 600 postes informatiques.

Un bâtiment et un design réussi

Pour concevoir la nouvelle bibliothèque, les moyens n’ont pas été négligés : un budget de 70 millions d’euros avait été alloué au projet. Une belle enveloppe qui a permis à la ville d’Amsterdam de s’offrir les services d’un architecte spécialiste des bibliothèques, Jo Coenen. Et quelle réussite!

OBA Bibliothèque Amsterdam

Une grande bibliothèque, répartie sur sept niveaux, ça aurait pu être assez monotone, avec des espaces qui un peu répétitifs dans leurs volumes. Et non! Les étages se suivent et ne se ressemblent pas. Il y a du rythme, de la dynamique dans l’enchaînement des zones. Oubliée la version classique du grand puits de lumière que l’on retrouve souvent dans les bibliothèques moderne ! Ici, l’élément « puits de lumière » est traité de manière très subtile: il prend des formes variées suivant les étages, créant de beaux jeux de points de vues et de perspectives, excellemment sténographiés et cela sans jamais que l’on ne ressente de sentiment de vertige ou d’écrasement. Malgré cette disposition hétérogène autour du puits, l’architecte a su donner au volume intérieur une unité et une harmonie.

OBA Bibliothèque Amsterdam

Chaque espace de la médiathèque dispose d’une identité visuelle marquée. On retient surtout l’espace dévolu à la musiqueOBA Bibliothèque Amsterdam et aux films avec ses belles étagères cylindriques et l’espace des enfants, très ludique. Au sous-sol du bâtiment, la bibliothèque des petits est bien accueillante, avec son ours géant, ses étagères arrondies et sa cabane. On y retrouve un confort de lecture « comme à la maison » : tapis, coussins, gros fauteuils rouges qui appellent petits et grands à s’y lover. En retrait, divers espaces d’ateliers, le « kinderlab », ont été aménagé pour accueillir les nombreuses activités de l’institution. Et comme la bibliothèque conserve une belle collection de livres de jeunesse anciens, certains sont présentés par roulement dans des vitrines, avec un écran tactile permettant d’en manipuler des versions numérisées.

OBA Bibliothèque Amsterdam

A mon sens, l’autre grande réussite de l’architecte réside dans l’exploitation qu’il fait du paysage. Avec la hauteur du bâtiment et l’espace dégagé qui le précède, la vue sur Amsterdam est époustouflante. Agréable, oui, mais… Toute personne qui a déjà été à la bibliothèque du musée du Quai Branly sait à quel point il est difficile de travailler quand on a un paysage merveilleux sous les yeux (au MQB, c’est une vue à + de 180° sur Paris). C’est pas pour rien que Labrouste avait mis des fenêtres hautes à la Bibliothèque Sainte-Geneviève! Le paysage, c’est l’élément numéro 1 de distraction pour tout étudiant dans une bibliothèque. Bon, là, me direz-vous, la question se posait de façon moins cruciale étant donné qu’il s’agit d’une bibliothèque publique municipale. Il n’empêche que le parti-pris de l’architecte est bien pensé: jamais d’immenses baies vitrées courant sur toute la longueur de la façade, mais des baies qui encadrent avec soin des portions du paysage. La ville se dévoile par fragment, discrètement. Le touriste qui voudra emporter une belle carte postale se rendra sur la terrasse au dernier étage pour embrasser la vue d’un seul regard (mais seulement l’été, car malheureusement, l’accès est fermé une bonne partie de l’année…)

OBA Bibliothèque Amsterdam

Quand la bibliothèque devient un lieu de vie

Le rêve de tout étudiant néo-rat de bibliothèque: une institution ouverte 7 jours sur 7, de 10h à 22h ! Un modèle que l’on aimerait bien voir généralisé ! Outre de riches collections, dont près d’un quart sont en libre accès, le visiteur peut ici assister à toutes sortes d’activités : représentations théâtrales, exposition, conférences, émission radio… La devise de l’institution : « il y a toujours quelque chose à faire à l’OBA ». Même manger ! En effet, une cafétéria est installée au dernier étage !

Visitée par 5000 usagers par jour, l’OBA est une institution phare, à la tête d’un réseau de 27 bibliothèques municipales. La construction de ce bâtiment, en 2007, a largement participé à la restructuration – toujours en cours – de ce quartier portuaire, à deux pas du centre ville !

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site officiel de la bibliothèque

Vues parisiennes de Jacques Beurdeley

Vues parisiennes de Jacques Beurdeley

La marie du 8e arrondissement accueille pour une courte durée – du 2 au 12 avril – une exposition réunissant une centaine d’oeuvres de l’aquafortiste Jacques Beurdeley (1874-1954).

Beurdeley détail

Destiné à une carrière juridique par son père, Jacques Beurdeley abandonne rapidement ses études de Droit pour fréquenter l’atelier de Cormon à l’Ecole des Beaux-Arts. Sa rencontre avec Auguste Delâtre, l’imprimeur des peintres-graveurs, qui compte parmi les principaux acteurs du renouveau de l’eau-forte qui s’opère en France dans la seconde moitié du XIXe siècle va être déterminante dans sa destinée artistique. Initié aux techniques de l’estampe par Delâtre, Beurdeley adopte la pointe sèche et l’eau-forte comme principaux moyens d’expression.
Marqué par les modèles de Buhot, Meryon et Whistler, Jacques Beurdeley réalise de nombreuses vues de ville – Paris, Londres, Venise, mais également Amsterdam et Bruges. Après la Première Guerre mondiale, alors qu’il séjourne fréquemment et longuement à Provins, la campagne briarde devient son motif de prédilection.

Jacques Beurdeley, démolition rue Lepic, 1903, photo famille de l'artiste.
Jacques Beurdeley, démolition rue Lepic, 1903, photo famille de l’artiste.

L’exposition actuellement présentée à la mairie du 8e arrondissement se concentre sur les vues parisiennes de l’artiste: on y admire des estampes figurant Paris au tournant du XXe siècle, ainsi que de très nombreuses études, aquarelles et dessins préparatoires, pour la plupart inédits.
Dans ces estampes, l’empreinte esthétique de l’imprimeur Delâtre est prégnante: les tirages sont retroussés, les noirs intenses et veloutés. Comme Meryon ou Martial, Beurdeley a aimé représenter le « Paris qui s’en va » offrant de belles vues pittoresques de la capitale alors en pleine transformation.

Exposition entrée libre à la mairie du 8ème du 2 au 12 avril 2013.
Du lundi au vendredi de 12h à 18h. Jusqu’à 19h le jeudi. Samedi de 9h à 12h.

Pour en savoir plus: site de la famille de l’artiste