Pas d’idée de cadeau pour la Saint Valentin?

Pas d’idée de cadeau pour la Saint Valentin? En voici une originale tirée de Gallica!

Mandat de vingt-cinq baisers payables au porteur

Mandat de vingt-cinq baisers payables au porteur : série des coeurs l’an du bonheur enregistré au boudoir des graces l’amour punit de mort l’indifférence l’amour récompense la fidélité

La visite au musée: la solution des visiteurs en cage

La visite au musée: la solution des visiteurs en cage

En 1911, suite au vol de la Joconde, certains caricaturistes proposent des solutions des plus innovantes pour éviter les dégradations et cambriolages…

Visiteurs cage Louvre vol Joconde

Illustration parue dans le n°573 du périodique Le Frou-Frou, 8 octobre 1911 et évidemment disponible sur Gallica.

On remarque que cette pratique solution offre aux gardiens la possibilité de roupiller sans gêne. 

J’avoue que ce billet était à la base le recyclage d’un des premiers tweet à succès de mon alors tout jeune compte twitter, heureusement grâce aux merveilles de Gallica, je lui adjoins une touche fraîche avec une anecdote croustillante extraite du Frou-Frou n° 572 (1er octobre 1911).

Vol de la joconde

Architectures de papier

S’il ne s’agit pas vraiment d’une « exposition », la toute petite présentation « architectures de papier » vaut cependant pleinement une visite à la Cité de l’architecture !

Dans une unique salle au bout de la galerie Darlu, une quarantaine d’œuvres de papier, réalisées par 5 designers spécialisés dans ce matériau, offrent un voyage dans des mondes imaginaires et enchanteurs…

Peter Callesen, The Short Distance Between Time and Shadow, 2012, architecture de Papier
Peter Callesen, The Short Distance Between Time and Shadow, 2012.

Chacun des designers a exploré une technique particulière de découpage et d’assemblage. Peter Callesen utilise des feuilles A4, qu’il découpe patiemment, à la manière des maquettes en papier pour enfants : de la feuille émerge une forme sculptée. Si la partie évidée semble être l’ombre de la construction, les apparences sont parfois trompeuses… Ainsi ses plus poétiques créations de l’exposition sont celles où justement, l’ombre et le bâtiment ne correspondent pas. Par exemple, l’une des oeuvres figure une ruine et tandis que son « négatif » dessine d’un bâtiment encore intègre.

Béatrice Coron, s’inspirant des techniques de papier découpé et des théâtres d’ombres, crée de féériques univers foisonnant de mille détails, qui séduiront sans aucun doute les fans de Michel Ocelot et de Vallotton.

Béatrice Coron
Béatrice Coron

Ingrid Siliakus, quant à elle, a créé des maquettes de vides et de pleins à partir de feuilles simplement pliées à angle droit et patiemment découpées.

Ingrid Siliakus, Cité Chaillot, 2012.
Ingrid Siliakus, Cité Chaillot, 2012.

Mathilde Nivet propose les œuvres les plus colorées de l’exposition : de drôles d’amas urbains, réalisés à partir de photos d’architectures.

Enfin, Stéphanie Beck a réalisé de grandes maquettes de villes en trois dimensions, toujours à partir de papier blanc…

Mathilde Nivet
Mathilde Nivet

Au sortir de l’exposition, il faut absolument consulter les sites web de ces 5 artistes, car la présentation de la Cité de l’architecture n’est qu’une invitation à la découverte de leurs créations…

Au final, on regrette que les ateliers accompagnant l’exposition soient réservés aux enfants ! Heureusement, une petite bibliothèque, à disposition du public, offre la possibilité de piocher de bonnes idées de travaux manuels dans l’esprit de l’exposition pour occuper les dimanches pluvieux des petits… et des grands !

Info pratiques sur la page de l’exposition. Jusqu’au 17 mars! 

Christian Borstlap visite le Rijksstudio

Pour accompagner la réouverture prochaine du Rijksmuseum (Amsterdam), un nouveau site web a été lancé à la fin de l’année 2012. Il s’agit du Rijksstudio, une immense base numérique des collections du musée, entièrement en usage libre. La vidéo promotionnelle de ce nouveau site internet, très réussie, est signée du designer Christian Borstalp. 

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=0aALc4REB3E&w=560&h=315]

Pour en savoir plus sur le Rijksstudio, lisez donc l’article sur le blog buzzeum… En attendant mon prochain retour utilisateur, car il est a prévoir que je fasse quelques infidélités à Gallica! 

Fresh Paint Gallery – Montréal

Montréal est une ville extrêmement dynamique en matière de création contemporaine et s’est notamment illustrée durant ces dernières décennies dans le domaine du street art. Durant mon séjour, cet aspect de la culture urbaine m’a beaucoup intéressée. J’ai notamment été marquée par l’Espace Peint Frais ou Fresh Paint Gallery, qui me semble être une expérience originale et méritant la réflexion. 

Under Pressure

Un lieu pour exposer et promouvoir le Street Art

En juin 2011, à la faveur du festival de graffiti UnderPressure¹, Sterling Downey, aidé de plusieurs bénévoles, investit les locaux. Ils y ouvrent un nouveau lieu destiné à la création et à la promotion du street art dans les anciens locaux du journal montréalais La Patrie, en plein centre ville. Deux étages du bâtiment sont transformés en espace d’exposition, intitulé « Fresh Paint Gallery ». Mais il ne s’agit pas d’une galerie dans le sens traditionnel du terme: ici, pas de roulement d’expositions, pas de commissariat, pas de catalogue, pas de cartels avec des prix. Continuellement, la présentation des oeuvres change, évolue, au fil des interventions des artistes, à qui rien n’est interdit: ici, tout est espace d’expression, du sol au plafond.

I love Cheese

Outre l’exposition permanente d’un certain nombre d’installations, le lieu vit de plusieurs dizaines d’évènements, dont le plus prisé est sans nul doute « Beaux-Dégats » dont la dernière édition a eu lieu dans le courant du mois d’octobre. Le principe est simple: 6 équipes de 4 à 5 artistes/graffeurs s’affrontent durant une battle. Un thème est imposé en début de soirée : les équipes ont alors 2 heures pour réaliser une oeuvre sur un panneau de deux mètres sur deux. Le public déambule librement, sur un fond musical mixé par deux DJ, et vote, à l’aide de canettes de bière vidées, pour la (les) réalisation(s) de son choix. La bière n’est pas chère, et l’ambiance excellente.

Fresh Paint – soirée battle « Beaux-Dégats »

Le Street Art s’expose-t-il hors de la rue?

Le Street Art étant habituellement cantonné à des pratiques urbaines et illégales, la question de son exposition en galerie, voir même en musée pose évidement question. Quelle est la légitimité de la galerie a présenter un art conçu pour la rue? Extraire le Street Art de son contexte transforme-t-il son sens?

Les attitudes face à cette question de l’exposition dans les galeries et de la marchandisation d’un art né de la rue sont très diverses. Si certains acteurs du Street Art refusent toute forme de présentation hors de la rue, d’autres recherchent la reconnaissance du marché de l’art « conventionnel », allant même jusqu’à produire des graffiti ou des pochoirs sur toile. Pour certains, même, la pratique du street art n’est qu’une étape dans le développement de leur carrière d’artiste: la rue permet de « se faire connaître » et ainsi de pénétrer progressivement le marché de l’art traditionnel.

Coin boutique

Fresh Paint, en n’adhérant pas exactement aux règles traditionnelles du monde des galeries, affirme un statut à part. Ici, l’artiste dispose d’une plus grande liberté : c’est cela que de nombreux acteurs du Street Art montréalais apprécient. L’espace est entièrement géré par des bénévoles, il n’y a ni contrat d’exclusivité ni engagement financier de la part des exposants. Si certaines oeuvres sont pourtant à vendre, c’est dans un espace spécifique du bâtiment (proportionnellement assez réduit par rapport à la surface totale d’exposition) qui s’apparente plus à une boutique qu’à une véritable galerie: on y trouve des multiples, des produits dérivés (types t-shirt), à tous les prix. La création accessible à tous!

Soirée beaux-dégats
Soirée beaux-dégats

Quant à la question de l’environnement de création, la configuration des lieux, la nature même des murs en font de Fresh Paint un espace similaire à ceux habituellement explorés par les street artistes. Certes, les problématiques de la circulation, du point de vue ne sont pas tout à fait les mêmes que dans la rue, par exemple. Au delà de ces points, l’artiste retrouve ici la possibilité de dialoguer librement avec les éléments déjà en place, comme il le ferait en contexte urbain. De plus, par ses aspects de « squatt », Fresh Paint ne ressemble-t-il pas un peu aux usines désaffectées qui accueillent certains créateurs?

Et l’avenir?

Conçu comme un projet temporaire et estival, Fresh Peint a fêté ses 14 mois d’existence. Le succès est toujours au rendez-vous. Cependant,  «Rester un an, c’était contre nos principes parce qu’on est devenu une institution, a avoue Sterling Downey, le fondateur du lieu. Ce n’est pas parce qu’il existe un lieu que ça crédibilise le « street art ». Un graffiteur n’a pas besoin d’une institution pour valider son œuvre².» Afin de se renouveler, l’équipe de Fresh Paint a décidé de fermer son espace de la rue Sainte-Catherine pour s’installer dans de nouveaux locaux dont l’adresse sera révélée dans les semaines qui viennent.

Certainement mon oeuvre préférée

Pour en savoir plus: le blog de Fresh Paint, sa page facebook et son fil twitter

¹ Depuis 1996, le festival Under Pressure rassemble chaque été, durant 3 jours, des graffeurs du monde entier. Les Foufounes électriques  haut lieu de la culture underground  sont le quartier général de cet évènement.

² Propos issu de l’article de Geneviève Raymond, « «Beaux Dégâts», une compétition d’art éphémère« , publié le 17 octobre 2012 sur le site de TVA nouvelles.

Kristin McKirdy: 4 ans de résidence à la Cité de la Céramique

Kristin McKirdy: 4 ans de résidence à la Cité de la Céramique

Jusqu’au 14 janvier, la cité de la Céramique à Sèvres proposait aux visiteurs de découvrir l’œuvre d’une céramiste contemporaine, Kristin McKirdy, qui vient d’achever une résidence de 4 ans dans l’institution. Compte-rendu d’une visite aux cotés de l’artiste, dans le cadre d’une sortie du groupe SMV.

P1310160

Kristin McKirdy, une figure majeure des arts décoratifs

Américaine née au Canada, la céramiste Kristin McKirdy a choisi de s’installer en France il y a vingt ans. Elle est aujourd’hui l’une des plus grandes créatrices de la scène des arts décoratifs français. Son travail a été primé en 2009 par le Prix de l’Intelligence de la Main, décerné par la Fondation Bettencourt Schueller.

P1310130

L’exposition de la Cité de la Céramique est articulée en deux parties : au rez-de-chaussée, dans l’espace des expositions temporaires, sont présentées une cinquantaine de pièces illustrant le travail de l’artiste durant ces vingt dernières années. A l’étage, mêlées aux collections permanentes, les quinze pièces exposées sont le résultat de la résidence de Kristin McKirdy à Sèvres, entre 2008 et 2012.

Vingt ans de création : des œuvres qui parlent aux sens

Bien qu’il ambitionne de résumer vingt ans de création, le parcours de la première partie de l’exposition ne se veut pas chronologique mais sensible. Dans une scénographie épurée et aérienne, toute la place est laissée à l’esthétique des œuvres.

P1310131Les pièces les plus anciennes de l’exposition datent de la période où Kristin McKirdy travaillait le grès. Il s’agit de deux vases fuseaux à l’épiderme bleu, d’une sensualité extrême.

Quand elle découvre la faïence, un matériau imposant moins de contraintes techniques et permettant une mise en œuvre plus sculpturale, son vocabulaire change. Les créations de Kristin McKirdy évoluent alors vers des formes plus rondes, organiques, sensuelles.

Pendant plusieurs années, le travail de création de l’artiste s’est organisé par cycle. Le rapport de l’homme à son environnement, la maternité, la destruction sont au nombre des thèmes qui ont guidés son travail. Si aujourd’hui l’artiste ne procède plus ainsi, ses œuvres restent toujours liées à ces questions à ces thématiques.

Bien que ces thèmes soient au cœur même du processus de création, l’artiste refuse de les imposer aux spectateurs. Souhaitant que ces œuvres entrent librement « en dialogue avec l’imaginaire du spectateur, son bagage, sa propre expérience », elle a demandé à ce qu’il n’y ait aucun cartel apposé dans les salles. Et cela ne pose aucun problème : les œuvres se suffisent à elles-mêmes. Elles sont même tellement fascinantes et si bien exposées que l’on ne cherche même pas ces titres absents. Et pourquoi une explication fixe alors que pour l’artiste ses œuvres sont tout à la fois « un paysage, un corps humain, un couple… et une sculpture, tout simplement » ?

P1310155

Les œuvres de Kristin McKirdy sont caractérisées par un vocabulaire formel composé de volumes arrondies, sphériques, sensuelles. L’artiste aime jouer sur l’opposition entre la surface et l’intérieur, sur l’apparente perfection du volume (car jamais ses sphères ne sont tout à fait régulières). Outre le volume, l’artiste porte un intérêt marqué au travail de l’épiderme de ses œuvres, affectionnant les effets de surfaces contrastés : s’opposent l’aspect lisse et brillant de l’émail et la surface rugueuse et mate de la terre travaillée. Le même goût du contraste se retrouve dans les coloris : aplats intenses vifs et primaires affrontent des épidermes blancs ou gris et mouchetés.

P1310154

S’offrant à la vue, les œuvres de McKirdy procurent une immense sensation d’apaisement. Mais rapidement, l’envie de toucher, de caresser les surfaces et les formes devient irrésistible. On voudrait effleurer l’émail brillant, lisse et froid, soupeser la sphère, tâter son irrégularité à peine perceptible. P1310128Les œuvres semblent presque posséder un pouvoir d’attraction. Il apparaît vite que seul au toucher elles pourraient complètement se révéler. Une tension et une tentation manifeste dont l’artiste a pleinement conscience et sur laquelle elle avoue jouer dans cette exposition. Car certaines de ses œuvres sont originellement conçues comme manipulable. Ainsi, telle sculpture évoque un jeu d’adresse. Les sphères sont amovibles et dissimulent des trous. Plus loin, pour démontrer un propos, elle se saisit d’un des membres d’une œuvre intitulé Famille. Et le public fond d’envie de pouvoir faire de même.

Quatre ans de résidence à la manufacture de Sèvres

A l’étage, la présentation du travail de Kristin McKirdy se poursuit dans le parcours d’exposition des collections permanentes avec quinze œuvres réalisées durant la résidence de l’artiste à Sèvres entre 2008 et 2012. Le choix scénographique de confronter des pièces contemporaines et des porcelaines du XVIIIème siècle prolonge le dialogue avec l’histoire des ateliers de Sèvres, que l’artiste a engagé pendant ses quatre ans de résidence. Du fait de sa formation première en histoire de l’art, Kristin McKirdy ne pouvait rester indifférente face au riche passé historique de la manufacture et aux extraordinaires collections et archives que son musée conserve. Cet intérêt s’est matérialisé par différents biais, tant sur le plan technique que formel.

P1310144

Lors de sa résidence, Kristin McKirdy a expérimenté pour la première fois la technique de la porcelaine, fleuron du savoir-faire de la manufacture de Sèvres. Explorant les archives de l’institution, l’artiste, aidée des artisans, a par ailleurs cherché à retrouver certains secrets d’émaux particulièrement précieux. Enfin, au terme de ce dialogue Kristin McKirdy s’est confrontée à la question du décor et de l’ornement, qu’elle avait jusque là occulté de son travail. Explorant le répertoire ornemental du XVIIIème, elle a produit Famille et Bones.

Bones, 2012

Ces quinze pièces, qui clôturent l’exposition, invitent la poursuite de la visite dans les collections historiques du musée, témoignent de la richesse des approches de Kristin McKirdy face à l’histoire de la manufacture. Pari réussi pour la Cité de la Céramique, donc, qui avait invité l’artiste afin qu’elle « explore le répertoire de Sèvres et en propose une relecture contemporaine »

Mes sincères remerciements à l’équipe de la Cité de la Céramique, qui a offert au groupe SMV une excellente soirée et à l’artiste pour nous avoir donné, avec une simplicité et gentillesse, des clés pour comprendre son travail. 

Enquête à propos d’un lot de matrices de cuivre : épisode 1

Enquête à propos d’un lot de matrices de cuivre : épisode 1

J’ai reçu à Noël un original cadeau : un lot d’une quinzaine de matrices d’estampes (plaques de cuivres) achetées par mon grand-père lors d’une brocante. Mon sujet de mémoire à l’Ecole du Louvre étant la conservation des matrices d’estampe dans les collections françaises, un tel cadeau ne pouvait pas mieux tomber !

[ill. 1]
[ill. 1] : Petit cuivre XVIIIe et son tirage en bistre

Plus que de posséder ces matrices, c’est l’enquête qui leur est associée qui m’amuse, car de ces cuivres je ne sais rien : ni leur auteur, ni leur histoire matérielle, ni leur provenance… Il va falloir trouver des indices, remonter des pistes pour connaître leur histoire :

Lire la suite

Paris au XIXe siècle: les physiologies

Paris au XIXe siècle: les physiologies

Entre 1840 et 1842, plusieurs centaines de petits volumes in-32°, comptant 132 pages, illustrés d’une cinquantaine de vignettes et vendus un franc, inondent le marché parisien. Ces petites plaquettes, que l’on voit partout, portent le nom de physiologies. La mode de ces physiologies a été un phénomène aussi bref qu’intense, mais néanmoins marquant tant il est représentatif des évolutions que connait l’édition française au milieu du XIXème siècle.

La numérisation récente d’un corpus d’une centaine titres par le département des Estampes et de la photographie de la BnF, nous invite à (re)découvrir  tout un pan de la littérature populaire du XIXème siècle.

Mosaïque Physiologies

Lire la suite

Versailles sous la neige

Pour le plaisir des yeux, un petit florilège d’une visite à Versailles, début janvier 2009. A l’époque, les jardins enneigés n’étaient pas fermés au public… Nous avions même pu marcher sur le grand canal gelé!

[slideshow]

Rappel important: depuis 2 ans, le jardin et le parc du château, le domaine de Marie-Antoinette, le Petit et le Grand Trianon sont fermés au public les jours de neige.

Le Blon, Préparation anatomique des parties de l’homme servant à la génération, vers 1721

Le Blon, Préparation anatomique des parties de l’homme servant à la génération, vers 1721

Devant vos yeux mi-ébahis, mi-dégoûtés, voici ce qui pourrait ne sembler être que la simple image d’une dissection de pénis mais qui, bien plus encore, est une épatante réussite technique: publiée en 1721, cette estampe est l’un des premiers exemples aussi aboutis de l’emploi d’un procédé alors nouveau, la manière noire en couleurs. Bien sûr, j’aurais pu vous présenter une anatomie moins licencieuse, mais pourquoi se priver du plus croustillant ?

Le Blon, Préparation anatomique des parties de l’homme servant à la génération, vers 1721

Une charmante dissection

Avant de s’attaquer à la complexe technique de la manière noire en couleurs, penchons nous sur le sujet de l’estampe et la destination de celle-ci. Réalisée par J.C. Le Blon, elle était apparemment destinée à illustrer une des multiples éditions d’un célèbre ouvrage de médecine du début du XVIIIème siècle, The Symptoms, Nature and Cure of Gonorrhea du docteur William Cockburn M.D. Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, il s’agit d’un livre consacré à la gonorrhée – plus communément appelé  « chaude-pisse » (pour plus d’infos sur cette ravissante maladie, Wikipédia saura vous renseigner, je n’ai personnellement pas eu la curiosité de dérouler les photos illustrant le phénomène).

Il s’agit donc d’une dissection du pénis, sobrement intitulée « Préparation anatomique des parties de l’homme servant à la génération, faite sur les découvertes les plus modernes ». Je ne saurais vous en dire plus sur les différents éléments de cette vue anatomique, dont vous pouvez à loisir admirer la précision : mon propos n’est pas là…

Une prouesse technique

Gautier-Dagoty, Femme debout, partiellement disséquée, 1750

L’œuvre que je vous présente ici est une prouesse technique. L’image que vous admirez est une estampe en couleur. Son impression a nécessité trois plaques de cuivre encrées chacune d’une couleur différente (bleu, rouge et jaune). Ces planches ont été travaillées selon la technique de la manière noire, mise au point au milieu du XVIIe siècle. Si ce procédé permet de délicats effets de velouté, il est extrêmement long à mettre en œuvre. Le graveur doit préalablement grainer de façon uniforme chaque planche : à l’aide d’un instrument appelé berceau, il travaille méticuleusement le cuivre pendant des heures et des heures jusqu’à ce que celui-ci soit couvert d’une infinité de minuscules creux. Si la planche était tirée à cette étape du travail, on obtiendrait un monochrome d’une intensité remarquable.

La seconde étape consiste à faire apparaître l’image sur ce fond uniforme. A l’aide d’un grattoir et d’un brunissoir, le graveur polit le cuivre là où il souhaite que la clarté soit. Ainsi, du noir profond, nait l’image. Dans le cas d’une estampe en couleurs, comme ici, le travail est doublement difficile. Le graveur doit en effet diviser mentalement l’image en couche de couleur et ne reporter sur chacun des cuivres qu’une partie de l’image finale.

Une fois les trois plaques obtenues, le graveur – ou l’imprimeur – n’est pas au bout de ses peines. On imprime successivement sur la même feuille les trois couleurs : en se superposant, elles révèlent le sujet. Pour que l’image rende parfaitement, il faut encore que l’impression soit d’une précision irréprochable. Si l’une des planches est très légèrement décalée par rapport aux deux autres, tout l’effet visuel est fichu.

Ici, vous en conviendrez, la précision du repérage est remarquable : tous les détails sont rendu avec une extrême finesse. Mais au-delà de cette perfection technique, le graveur, Le Blon, montre une réelle sensibilité artistique : employant à merveille un éclairage délicat, il évoque parfaitement les différentes textures des chairs.

L’estampe est publiée en 1721: par ce coup de maître, Le Blon est parvenu à convaincre le cercle savant des apports avantageux que sa nouvelle technique de gravure, fruit de vingt années de recherches acharnées, pouvait fournir à la diffusion des connaissances scientifiques.

Merveilleuses planches d’anatomies en couleurs

Suite à la publication de cette planche et malgré l’intérêt que suscitent les résultats de Le Blon, le graveur n’arrive pas à rendre l’exploitation commerciale de sa technique rentable. La famille Gauthier-Dagoty récupère le procédé et parvient, en le simplifiant, à rentabiliser les coûteux investissements que nécessitent la réalisation des planches. De leurs presses sort ce que l’on a retenu comme le chef d’œuvre de la gravure en manière noire en couleur, l’ange anatomique. Le succès est cependant de courte durée : faute d’une bonne gestion financière, les Gauthier-Dagoty font à leur tour faillite en 1780.

Gautier-Dagoty, l’ange anatomique, 1746

Pour en savoir plusL’anatomie de la couleur. L’invention de l’estampe en couleurs, catalogue d’exposition, Bibliothèque nationale de France, 1996.

Les dieux de Gallica

Les dieux de Gallica

Voici venu la nouvelle année : pour vous remercier, lecteurs et lectrices fidèles, la rédaction a décidé de vous offrir un calendrier collector, sobrement intitulé les DIEUX DE GALLICA. Non, ne rêvez pas, bien que cela ait été réclamé par quelques Gallicanautes assidus, il ne s’agit pas de clichés de l’intégralité de l’équipe de Gallica à poil, mais d’une sélection personnelle des plus beaux musclés de la bibliothèque numérique, pour faire pendant à celle publiée sur la page facebook de Gallica hier

Jean Baud
Jean Baud

Lire la suite

Amsterdam Street Art

En novembre dernier, j’ai effectué un court séjour à Amsterdam. Restée peu de temps sur place, je n’ai pas pu m’adonner à une exploration urbaine approfondie, mais mes quelques heures de ballade dans le centre ville m’ont permis de profiter des dernières couleurs de l’automne sur les canaux, et de repérer quelques spots intéressants de street art. 

[slideshow]

N’étant que très peu sortie du centre-ville, ces quelques photos ne sont qu’un aperçu bien incomplet de la scène graff d’Amsterdam.

IMG_6715

En centre-ville, les stickers sont omniprésents. Il y en a partout! N’étant pas trop fan de ce type de médium, je n’ai pris qu’une photo pour garder trace du phénomène. J’ai en revanche montré un plus grand intérêt pour les pièces peintes et les collages, ces derniers étant plus fréquent que les graffs.

Dans le centre-ville, Spuistraat est incontestablement le spot le plus connu: une sorte de rue Desnoyez amstellodamoise, qui évolue cependant moins vite que sa consoeur parisienne. On y observe essentiellement des pièces de Bustart, un artiste suisse installé à Amsterdam depuis quelques années avec son amie Zaira, qui oeuvre également sur la Spuistraat. J’ai eu quelques difficultés à identifier les noms des auteurs des graffitis et collages que j’avais photographié: on reconnait cependant un pochoir du français C215 et un autre de FAKE, un des graffeurs majeurs de la scène amstellomoise.

IMG_6062

IMG_6070

Au coeur de la Spuistraat, on ne peut manquer les deux grandes façades peintes du squat d’artiste de Vrankrijk dont je n’ai pu savoir si il avait définitivement fermé ou non. Jusqu’à récemment, la législation néerlandaise en matière de squat était parmi les plus tolérantes d’Europe. Cependant, en 2010, la ville d’Amsterdam s’est lancée dans une politique très répressive face aux occupations illégales de bâtiments, contraignant de nombreux lieux de créations alternatifs à la fermeture. Vrankrijk, squatté depuis 1982 était un centre culturel extrêmement actif, notamment sur le plan politique. 

IMG_6042

Un prochain séjour aux Pays-Bas, programmé pour le printemps me permettra certainement de poursuivre ce premier aperçu.

Dramatique incendie à New York.

Dramatique incendie à New York.

Le 10 janvier 1912, un incendie fait rage sur Broadway. L’immeuble l’Equitable part en fumée. Ironie du sort, ces locaux abritent une compagnie d’assurance. En quelques heures, 4 milliards de dollars d’actions sont réduites en cendres.

Le froid glacial rend d’autant plus difficile la tâche aux pompiers que l’eau des pompes gèle rapidement. Les photographes de l’agence Rol, sur place, réalisent d’impressionnants clichés des pompes sous la glace…

Une dizaine des photographies de l’incendie réalisées par l’agence Rol sont maintenant en ligne sur Gallica.

Charles Nodier, l’histoire du roi de Bohème et de ses sept châteaux, 1830

Charles Nodier, l’histoire du roi de Bohème et de ses sept châteaux, 1830

Gallica regorge de trésors, parmi lesquels quelques uns des chefs-d’oeuvre de l’édition française. L’histoire du roi de Bohème et de ses sept châteaux est au nombre de ceci… 

Le récit, « l’histoire d’un roi de Bohème que le narrateur n’arrive jamais à raconter », est l’œuvre de Charles Nodier (1780-1844), homme de lettres et conservateur de la bibliothèque de l’Arsenal, où il tenait un salon littéraire. Pour cet ouvrage, l’écrivain s’est fortement inspiré d’un livre de Laurence Sterne (1713-1768), Tristram Shandy. Outre un contenu narratif similaire, on retrouve dans l’oeuvre de Nodier le même style très imagé et la même abondance de jeux de mots.

Lire la suite