Mystérieuse matrice au Musée d’Abbeville

Mystérieuse matrice au Musée d’Abbeville

En septembre dernier, de passage à Abbeville, la directrice du musée Boucher-de-Perthes m’a présenté quatre matrices d’estampe récemment découvertes dans leurs réserves afin que j’en choisisse une pour « l’œuvre du mois ». Des trois cuivres gravés et de la xylographie populaire qu’elle m’a proposés, j’ai sélectionné la planche la mieux conservée et la plus mystérieuse : un grand cuivre apparemment inachevé, où figurent un homme nu allongé, un lion, trois mulots et un melon. L’identifier a été une aventure pleine de rebondissements, que je raconterai lors d’une conférence à la bibliothèque d’Emonville le vendredi 12 février. Mais pour ceux qui n’auront pas l’occasion d’assister à cette rencontre, je vous propose une transcription libre et condensée de ma conférence !

Emile Rousseau, étude, milieu XIXe siècle, cuivre gravé, Musée Boucher de Perthes, Abbeville
Emile Rousseau, étude, milieu XIXe siècle, cuivre gravé, Musée Boucher de Perthes, Abbeville

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Tenir un blog (3) : partenariats et monétisation, jusqu’à quel prix ?

Tenir un blog (3) : partenariats et monétisation, jusqu’à quel prix ?

Après avoir parlé des raisons qui me poussent à tenir Orion en aéroplane et de mes pratiques d’écriture, je comptais clôre cette série de réflexions sur ma pratique du blogging culturel par un billet sur la monétisation, question qui a occupé une part importante de nos débats lors de la table ronde de Mémoire Vive, en décembre dernier.

Agence Rol, Geneviève Félix [allongée dans un lit, lisant un livre], photographie, 1922, Gallica/BnF
Agence Rol, Geneviève Félix [allongée dans un lit, lisant un livre], photographie, 1922, Gallica/BnF

La monétisation et les partenariats sont loin d’être mes sujets préférés, mais il faut reconnaître que lorsqu’on parle de blogging, ces questions reviennent souvent. Peut-on vivre d’un blog ? Une interrogation qui touche autant aux raisons de faire qu’aux moyens de faire. Bloguer apporte-t-il des avantages ? Une autre interrogation qui soulève celle de la transparence et de l’honnêteté face aux lecteurs, à une époque où le blogging se professionnalise et où les youtubeurs deviennent des influenceurs. Lire la suite

Vigipirate : ces monuments que nous ne verrons plus

Vigipirate : ces monuments que nous ne verrons plus

Après génération Y, génération geek, génération précaire, ma génération s’est vue décerner le titre de « génération Bataclan ». Sur Twitter, quelqu’un a émis l’idée que nous étions plutôt la « génération Vigipirate », impression que je partage également. À 26 ans, j’ai vécu plus des deux tiers de ma vie sous « Vigipirate ». C’est à peine si les enfants de ma génération sauraient dire « comment » et « pourquoi » ça a commencé (NB : les attentats du RER à Paris). Depuis 1996, nous n’avons jamais quitté les plus hauts niveaux de Vigipirate, alternant de l’orange au rouge écarlate. Au point qu’en 2014, la situation ayant tellement duré, les décideurs ont supprimé le code couleur (après dix ans de rouge, à quoi bon espérer revenir au vert ?).

Vue du Palais de Justice de Rouen
Vue du Palais de Justice de Rouen

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Les taureaux de Bordeaux : Goya lithographe

Les taureaux de Bordeaux : Goya lithographe

Des gravures de Goya, on connaît surtout les Caprices et la très célèbre « Le Sommeil de la Raison engendre des monstres » qui aurait du servir de frontispice à la série. On connaît moins, en revanche, les dernières pièces de sa vie, les quatre tauromachies lithographiées. Elles comptent parmi les chefs-d’oeuvre de l’histoire de l’estampe.

Goya, Plaza Parida, les taureaux de Bordeaux, lithographie, 1825, Gallica/BnF
Goya, Plaza Parida, les taureaux de Bordeaux, lithographie, 1825, Gallica/BnF

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Tenir un blog (2) : écrire au quotidien

Tenir un blog (2) : écrire au quotidien

Ça va bientôt faire 4 ans que je tiens ce blog. 4 ans et près de 225 billets publiés. 4 ans et tant de progrès et d’avancées : sur le plan technique, professionnel, humain, relationnel : je peine à mesurer tout ce que ce carnet virtuel m’a apporté. Tout le temps qu’il m’a pris aussi. Chaque billet représente à lui seul une vingtaine d’heures de travail, de la documentation à la mise en ligne : rédaction, relecture, réécriture, illustration, veille sur les réseaux sociaux.

Les carnets dans lesquels naissent les billets d'Orion en aéroplane...
Les carnets dans lesquels naissent les billets d’Orion en aéroplane…

Pour ce second volet de ma série « retour / compléments de la table ronde sur le blogging culturel», j’avais  envie de parler un peu des coulisses du blog, de la manière dont je le construis. Vous parler aussi de mes doutes, des envies que j’ai quant à ses développements…

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Trois siècles de tourisme à Paris

Trois siècles de tourisme à Paris

Paris est une des destinations les plus prisées des touristes : chaque année, ils sont des millions à fouler le trottoir des Champs-Elysées, les parquets du Louvre et les pavés de Montmartre, irriguant tout un pan de l’économie française.  Alors que les récents attentats inquiètent sur la vitalité du secteur, la galerie des bibliothèques de la ville propose un regard sur trois siècles d’histoire du tourisme dans la capitale.

Jules Chéret, Champs-Elysées. Jardin de Paris, affiche lithographiée, 1890, Gallica/BnF
Jules Chéret, Champs-Elysées. Jardin de Paris, affiche lithographiée, 1890, Gallica/BnF

Je ne pouvais pas rater cette exposition qui croise plusieurs de mes centres d’intérêt : l’histoire de Paris, mais aussi l’histoire du tourisme, pratique qui m’interroge continuellement depuis que je voyage moi-même. En 2014, dans le cadre de mon master à l’École des Chartes, j’avais travaillé sur les guides de Paris au XVIIIe siècle ; la rencontre avec Damien Petermann, doctorant qui consacre ses recherches aux représentations des villes à travers le tourisme avait achevé de me passionner pour ce champ d’études.

Affiches promotionnelles pour Paris, années 60 ou 70
Affiches promotionnelles pour Paris, années 60 ou 70

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Tenir un blog culture (1) : être légitime ?

Tenir un blog culture (1) : être légitime ?

Mercredi 16 décembre, Mémoire vive, un club d’étudiants de l’École du Louvre organisait une table ronde sur les blogs culturels. Louvre pour tous (Bernard Hasquenoph), Culturez-vous (Antoine Vitek et Cécile Corne), Je  beurre ma tartine (Louise Deglin et Agathe Torres) et moi-même étions invités à présenter nos blogs respectifs et notre vision de ce que le blogging peut apporter à la Culture. C’était la première expérience de table ronde pour le club et pour certains d’entre nous, aussi l’heure est passée assez vite. Après coup, il y a toujours des regrets parce qu’on est passé trop rapidement sur certains aspects, qu’on aurait voulu dire mille autres choses… Aussi, en rentrant chez moi, j’ai poursuivi l’interrogation commencée quelque jours plutôt : c’est quoi être blogueur culture en 2016 pour moi ? Qu’est-ce que ce blog m’apporte ?

Table de travail nomade
Table de travail nomade : travaux d’écriture

Alors, j’ai décidé de faire comme François Bon : prolonger l’intervention sur mon blog, car c’est finalement toujours plus facile pour moi à l’écrit. Compte-rendu et prolongations en trois actes ! Lire la suite

Salon Pages, rencontre avec le livre d’artiste

Salon Pages, rencontre avec le livre d’artiste

Le dernier week-end de novembre, j’étais conviée pour les Nouvelles de l’Estampe au Salon Pages, un salon consacré au livre d’artiste et à la bibliophilie contemporaine.

La fille André Beuchat présentant les oeuvres de son père sur le stand Alma Charta
La fille d’André Beuchat présentant les oeuvres de son père sur le stand Alma Charta

Un domaine auquel je ne connais presque rien : certes, j’ai étudié quelques belles éditions illustrées durant ma scolarité, mais uniquement pour des périodes anciennes. Si je suis curieuse du livre d’artiste contemporain, je ne possède aucune grille de lecture ou référent pour apprécier à leur juste valeur les productions. A cela s’ajoute la difficulté d’accès du livre : au contraire d’images accrochées sur un mur, que l’on peut contempler en restant sagement à distance, le livre, lui, ne se dévoile que si on le manipule. Dans un salon, il implique pour le visiteur d’interagir avec l’objet, ce qui occasionne une certaine prise de risque : bien souvent, il faut adresser quelques mots à l’exposant, avant de s’autoriser à toucher l’objet du désir. Cela ne peut qu’intimider le néophyte surtout quand, comme moi, on n’est mû que par la curiosité et que l’on n’a aucune intention ou moyen d’acheter.

Stand du Bois Gravé
Stand du Bois Gravé

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Chronique hebdomadaire #7 : ambiance de vacances

Chronique hebdomadaire #7 : ambiance de vacances

À la veille de la rentrée, il est temps de tenir mes bonnes résolutions 2016 et de remplir mon exercice hebdomadaire de la chronique. Voici que se clôturent dix jours de vacances reposantes. J’ai peu à raconter, car je ne suis pas beaucoup sortie : mon compteur à expo est inhabituellement bas, mais de grande qualité : tout ce que j’ai vu ces derniers temps m’a séduit.

Un résumé représentatif de mes vacances :)
Un résumé représentatif de mes vacances 🙂

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Bilan 2015

Bilan 2015

2015 s’achève, l’heure des bilans. Histoire de bien commencer l’année suivante. A vrai dire, des bilans, j’en fais deux fois par an, car pour moi, il y a deux changements d’années par an. Deux calendriers qui se superposent, celui de l’année civile et celui de l’année scolaire. Je n’y peux rien, l’année universitaire, j’y reste collée, même si j’ai achevé mon cursus scolaire.

Street-Art dans les rues de Rouen
Street-Art dans les rues de Rouen

2015, quelles productions numériques ?

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Chronique hebdomadaire #6

Chronique hebdomadaire #6

Depuis le 26 octobre, je n’ai pas publié ma chronique hebdomadaire. La chronique n°5 tentait, quelques semaines après les attentats, de tourner la page, de revenir à nos petites habitudes éditoriales. Malgré les mots qui soulagent, je n’ai pas eu beaucoup le coeur, en novembre et décembre, à sortir, à faire les musées. Si j’ai au final beaucoup écrit, mes textes n’ont pas passé les pages de mes carnets manuscrits pour se retrouver sur le blog. Pour 2016, ma bonne résolution étant de reprendre le rythme normal de ces chroniques, ce n°6 va tenter d’éponger le retard de la fin 2015. Voici donc un bilan de mes activités et de mes découvertes culturelles de ces deux derniers mois. Le panorama ne sera ni exhaustif ni chronologique, car faire défiler dans l’ordre le déroulé de ces dernières semaines est trop douloureux : on en revient toujours à l’avant et à l’après.

Le Quai Branly, la nuit
Le Quai Branly, la nuit

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Pierre-Louis Pierson et Comtesse de Castiglione, Scherzo di Follia, photographie, vers 1861-1867, Metropolitan Museum

Dans le miroir, la Comtesse de Castiglione

Elle fut l’une des plus belles femmes de son temps. L’une des plus haïes également. Courtisée, adulée, jalousée, la Comtesse de Castiglione a défrayé les chroniques mondaines du Second Empire, notamment à cause de sa courte liaison avec Napoléon III.

Sans doute la Comtesse de Castiglione aurait-elle été oubliée de tous si elle n’avait pas laissé derrière elle quatre cents clichés la mettant en scène. Des images atypiques, par leur nature et leur destination, mais qui ne dévoilent presque rien de l’intimité de cette femme mystérieuse, et pour cause : toute sa vie, elle s’est employée à construire un personnage fictionnel. C’est ce qui explique que la « Dame de cœur » intrigue encore autant aujourd’hui…

Pierre-Louis Pierson et Comtesse de Castiglione, Scherzo di Follia, photographie, vers 1861-1867, Metropolitan Museum
Pierre-Louis Pierson et Comtesse de Castiglione, Scherzo di Follia, photographie, vers 1861-1867, Metropolitan Museum

De sa beauté, la Comtesse de Castiglione a toujours tiré fierté, sinon orgueil. Dès l’enfance, la jeune Virginia Oldoni Verasis (1837-1899) a été courtisée. Issue d’une noble famille florentine, elle est mariée à dix-sept ans avec un comte, Castiglione. Le mariage ne sera qu’éphémère, mais le nom restera : il était taillé pour le mythe. Lire la suite

L’histoire de ma première vente aux enchères

L’histoire de ma première vente aux enchères

Mardi 1er décembre a eu lieu un événement que j’attendais depuis longtemps : une vente aux enchères de moulages anciens issus des ateliers de la Réunion des Musées nationaux. Me voyant baver devant le catalogue, mes parents m’ont proposé de m’en offrir une pièce pour mon anniversaire. Une statuette ou un buste à poser sur une étagère, qui me rappellerait toute ma vie ce mois où j’ai eu 26 ans et durant lequel j’ai quitté le monde étudiant pour celui du travail.

Vue de quelques lots présenté à la maison de vente Cornette de Saint-Cyr
Vue de quelques lots présenté à la maison de vente Cornette de Saint-Cyr

Beau cadeau qui nécessitait néanmoins un préalable, et pas des moindres : remporter une enchère.

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Chronique #5 : les lendemains

Chronique #5 : les lendemains

Billet écrit le 20 novembre, il m’a fallu plus de dix jours pour me demander s’il était opportun de le publier. Je n’en suis toujours pas persuadée, mais il faut que je passe par là…

Lundi 16 novembre, j’aurai dû publier ma chronique n°5. Vendredi 13, d’ailleurs, je me réjouissais de ce week-end qui s’ouvrait ; j’étais reposée grâce au jour férié de l’avant-veille et j’avais programmé plusieurs visites d’expositions. Je voulais prendre le temps – une journée – pour écrire deux billets de blog, préparer un cours qui me tenait à coeur. Durant mon trajet de métro, j’avais réfléchi, enthousiaste, à la meilleure manière d’occuper ces 48 heures.
Après trois semaines intenses, j’étais bien résolue à prendre du temps pour moi, et à écrire cette chronique hebdomadaire qui avait sauté deux lundis d’affilée. Lire la suite

Voir Toulouse à travers les yeux des hommes du XIXe siècle

Voir Toulouse à travers les yeux des hommes du XIXe siècle

Depuis que j’ai écrit le billet « Une promenade au Louvre en 1803 », je m’amuse souvent à comparer les paysages que je parcours aux vues anciennes que je trouve sur Gallica. C’est un exercice aussi amusant qu’instructif : il faut parfois faire preuve de beaucoup de patience pour retrouver le point de vue exact adopté par le dessinateur ou le photographe. À ce petit jeu, on constate deux faits récurrents : d’une part que les artistes ont souvent recomposé la vue qu’ils avaient sous les yeux dans le but d’en accroître l’effet ; d’autre part que nos monuments, bien qu’ils nous paraissent immuables, ont bien changé en un ou deux siècles.

Façade de Saint-Sernin, en 1840 et aujourd'hui
Façade de Saint-Sernin aujourd’hui et au milieu du XIXe siècle, dessinée par Nicolas Marie Joseph Chapuy (Gallica/BnF)

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