Connaissez-vous les archives ? Un truc poussiéreux peuplé de vieux généalogistes, dites-vous ? Pas du tout (bon, si parfois un peu, d’accord) ! Les archives ce n’est pas que des chartes médiévales et des papiers du XIXe siècle : les archives, c’est aussi des documents récents, parfois même conservés uniquement sous format électronique ! Des documents précieux, qui racontent autant notre passé lointain que notre présent. Pour les Journées du Patrimoine, de nombreux centres d’archives ouvrent leurs portes, dévoilent leurs coulisses, présentent leurs savoir-faire : l’occasion de faire tomber vos préjugés et de découvrir un univers aussi passionnant que surprenant !
Les liens vers le programme des JEP n’étant pas pérenne, je ne renvoie pas aux présentation des lieux que je cite : retrouvez-les en cherchant « archives » sur le site officiel des JEP.
C’est quoi une archive ?
Le terme « archives » désigne autant le contenu que le contenant : on l’emploie à la fois pour nommer le bâtiment ou le service (« les archives ») que les documents archivistiques. Mais qu’est-ce qu’un document d’archives ? Tout document « produit[s] ou reçu[s] par toute personne physique ou morale et par tout service ou organisme public ou privé dans l’exercice de leur activité » nous dit la loi. Une définition un peu trop jargonnante pour le commun des mortels (et encore j’ai raccourci !), mais que l’on pourrait résumer simplement : les archives, c’est tous les documents que l’on produit ou que l’on reçoit. Par exemple, votre dernier relevé bancaire fait autant parti de vos archives personnelles que la dernière carte postale envoyée par Tata Michelle. Dans une mairie, les archives, ça peut être la liste des bouches d’égout de toutes la commune, les formulaires d’inscription au centre aéré comme les mails échangés par le service des parcs et jardins. Les archives, ça peut prendre n’importe quelle forme (une image, un document écrit) et s’inscrire sur n’importe quel support (du papier comme un fichier électronique). Et surtout, une archive ce n’est pas que du vieux : le courrier édité il y a dix minutes par le service de la Défense est déjà une archive. Lire la suite →
Paris regorge de (très) belles bibliothèques. Il y en a bien plus qu’on ne l’imagine. Ecoles, instituts, sociétés savantes, beaucoup d’hôtels particuliers parisiens abritent de long rayonnages de livres qui courent jusqu’au plafond et que l’on aperçoit, furtivement, par une fenêtre éclairée dans une nuit d’hiver.
Les étudiants et érudits ont la grande chance de fréquenter quotidiennement ces lieux de savoirs, dont certains, avec leur parquet qui grince et leur odeur de cire, semblent tout droit sortis d’un film. Voici ma sélection personnelle d’adepte du bibliotourisme !
Bibliothèque nationale de France – site Richelieu
A tout seigneur tout honneur, notre parcours commence par la Bibliothèque nationale de France qui occupe à Paris plusieurs sites, dont trois principaux : le quadrilatère Richelieu (2e), le site François-Mitterrand (Tolbiac) et l’Arsenal (Pont-Marie). Malheureusement, la « grande bibliothèque » (site de Tolbiac), n’est pas ouverte pour les JEP.
Sur le site Richelieu, le visiteur pourra découvrir quelques uns des nombreux trésors des départements « patrimoniaux » de la BnF. Dans les différentes salles de lecture, des conservateurs seront présents pour dévoiler les documents sur lesquels ils travaillent : cartes anciennes, manuscrits, photographies et estampes… Parmi les trésors présentés cette année, le Livre d’heures de Jeanne de France, acquis en 2012, un manuscrit de Marcel Proust et un manuscrit de Guillaume Apollinaire, des cartes à jouer anciennes…
Côté architecture, le visiteur pénétrera dans l’une des plus extraordinaires salles de lecture parisienne, la salle Ovale, construite par Louis Pascal à la fin du XIXe siècle. Impressionnante par son volume (45 mètres de long, 18 mètres de haut), elle émerveille par son cachet, avec ses murs couverts de livre et son immense verrière. En raison des travaux de rénovation du quadrilatère, la fameuse salle Labrouste n’est pas accessible au public. Elle rouvrira en 2015.
Salle Ovale, photographie Vincent Desjardin (flickr)
Bibliothèque Sainte Geneviève
Les passionnés d’architecture se rendront à la bibliothèque Sainte-Geneviève pour admirer tout le génie d’Henri Labrouste.
En 1838, alors que les planchers du lycée Henri IV menacent de céder sous le poids des livres de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève, l’administration décide d’édifier un nouveau bâtiment pour abriter cette bibliothèque dont la préciosité et l’utilité sont unanimement reconnues.
Pour dresser les plans du premier édifice parisien conçu dès l’origine comme une bibliothèque autonome, l’administration fait appel à un architecte d’une quarantaine d’années, Henri Labrouste, lauréat du Prix de Rome en 1824. Son projet est approuvé en 1843 et huit ans plus tard, la bibliothèque accueille ses premiers lecteurs.
La conception architecturale du lieu, novatrice, ne manque pas d’impressionner ceux qui y pénètrent : visionnaire, Henri Labrouste a pensé une bibliothèque fonctionnelle qui va s’ériger comme un modèle du genre, avec sa grande salle de lecture lumineuse et aérienne, portée par de fines et élégantes colonnes de fonte. Labrouste est le premier à utiliser avec une telle audace le métal dans l’architecture.
Salle de lecture de la bibliothèque Sainte-Geneviève, photographie Marie-Lan Nguyen, (wikipédia commons)
Aujourd’hui, la bibliothèque Sainte-Genevièvre (BSG) est rattachée à l’université et accueille un public composé à majorité d’étudiants. Elle conserve également un fond ancien important et précieux, hérité de la bibliothèque de l’abbaye et régulièrement enrichi.
Durant les JEP sont proposées différentes visites. Je vous recommande notamment la visite générale, qui fait la part belle à l’architecture et celle de la Réserve, qui vous permettra de découvrir quelques uns des trésors de son exceptionnel fonds ancien.
Bibliothèque Mazarine
Située dans l’ancien Palais des Quatre Nations, qui abrite également l’Institut de France, la Bibliothèque Mazarine est la plus ancienne bibliothèque publique de France. Son origine remonte au XVIIe siècle : en 1643, Mazarin décide d’ouvrir au public sa bibliothèque personnelle, qui rejoint à sa mort le collège des Quatre-Nations. Riche d’un fonds ancien exceptionnelle, la bibliothèque est installée dans de très belles salles ornées de bustes.
Bibliothèque Mazarine, JEP 2011
Lors des JEP, les visiteurs peuvent déambuler librement dans la salle de lecture et dans le très beau vestibule de la bibliothèque et découvrir l’exposition « Raynal, un regard vers l’Amérique ».
La bibliothèque nationale de France – Site de l’Arsenal
Depuis le milieu du XVIIIe siècle, l’Arsenal abrite une bibliothèque. Ce n’est que depuis 1934 que celle-ci est rattachée à la Bibliothèque nationale de France. Lors des JEP, les espaces historiques du bâtiment sont exceptionnellement ouverts au public pour des visites commentées gratuites et passionnantes. Le visiteur y découvre quelques décors anciens comme le fabuleux salon de musique, récemment restauré et le cabinet de La Meilleraye, un rare exemple des décors de style Louis XIII. Outre les commentaires sur ces décors fabuleux, les conférenciers s’efforcent de faire revivre à nos oreilles l’incroyable passé de cette bibliothèque, où se croisaient notamment au XIXe siècle artistes et écrivains, lors des célèbres soirées littéraires de Charles Nodier.
Bibliothèque de l’Arsenal, cabinet de La Meilleraye, JEP 2011Bibliothèque de l’Arsenal, Salon de musique, JEP 2011
Les bibliothèques du Sénat et de l’Assemblée
Le Palais Bourbon et le Palais du Luxembourg abritent deux très belles bibliothèques. Ceux qui auront la patience d’affronter la queue souvent longue à l’entrée de ces deux institutions pourront admirer les décors peints par Delacroix dans la bibliothèque du Sénat et quelques trésors anciens de la bibliothèque de l’Assemblée nationale.
Les Archives nationales
Nous terminons notre parcours par une petite digression jusqu’aux Archives Nationales (site de Paris) où je vous recommande particulièrement la visite guidée des Grands dépôts qui témoignent des aménagements effectués au XIXe siècle pour offrir de bonnes conditions de conservation aux archives de la nation tout en les mettant en scène. Cette visite permet de parcourir les magasins d’archives, d’approcher des documents précieux tels les archives de l’Assemblée nationale mais également de comprendre le travail des archivistes hier et aujourd’hui.
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