C’est un peu bête, mais il m’a fallu lire plusieurs ouvrages sur la Première Guerre mondiale pour que je prenne conscience d’une chose pourtant essentielle : alors que je l’avais imaginé dans la boue des tranchées, Augustin Garnault n’avait sans doute jamais vécu l’expérience des première lignes. Il était artilleur et non fantassin. Son horizon quotidien n’était donc pas celui des tranchées, mais un autre environnement, avec ses spécificités.
L’enseignement de la guerre, le devoir mémoriel est tant centré sur les tranchées et les souffrances qu’elles ont provoquées que l’on en vient à réduire dans notre imaginaire la guerre aux tranchées de la première ligne du front, occupée par l’Infanterie, oubliant que bien des mobilisés n’y avaient jamais mis les pieds. Si bien que j’y plaçais tout naturellement mon ancêtre, renforcée dans cette vision par l’idée (peut-être fausse, j’en rediscuterai dans un autre billet) qu’il était mort dans l’éboulement d’une tranchée. Or, Augustin, je l’ai dit, était maître-pointeur dans l’artillerie.
