Les 24 et 25 novembre, j’animai mes deux derniers ateliers de linogravure de l’année 2018. Ces ateliers se déroulant dans des bibliothèques ou des musées, ce sont souvent les collections patrimoniales qui inspirent la thématique proposée aux participants. Le responsable de la bibliothèque patrimoniale de Verdun, Michaël George, avait choisi, pour l’atelier des enfants, « les animaux » et avait sélectionné, dans ses collections, quelques beaux ouvrages sur ce thème. J’ai eu un coup de coeur pour la magnifique édition du Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle et des phénomènes de la nature qu’il avait sorti des réserves précieuses. Aussi me suis-je décidée à partager ce trésor avec les lecteurs de ce blog !
Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle et des phénomènes de la nature, dirigé par Félix-Edouard Guérin-Ménéville, 1833-1839, exemplaire colorié conservé à la Bibliothèque de Verdun.
Six mille pages, sept cents planches d’illustrations gravées : voilà un ouvrage qui a du émerveiller ses premiers acheteurs au milieu du XIXe siècle ! En neuf volumes, le Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle propose un tour d’horizon des connaissances botaniques, zoologiques et minéralogiques de son temps.
Dictionnaire pittoresque d’histoire naturelle et des phénomènes de la nature, dirigé par Félix-Edouard Guérin-Ménéville, 1833-1839, exemplaire colorié conservé à la Bibliothèque de Verdun.
Chaque année, outre les marchands, sont conviés au Salon du livre rare quelques invités : institutions publiques, artisans d’art, associations. C’est des stands de la Bibliothèque nationale de France et de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine que je vais vous parler dans ce dernier billet consacré au Salon international du Livre rare et de l’objet d’art 2018.
Le salon international du livre rare, plus de 150 stands, et 100 000 documents proposés à la vente. Dans les deux précédents billets, je vous relatais d’une part la liste de mes trouvailles le soir du vernissage, et, d’autre part, un panorama des stands consacrés à l’estampe. Poursuivons notre exploration dans les allées du Grand Palais pour une orgie bibliophile !
Stand de découverte du livre ancien, Salon international du livre rare 2018
Le lendemain du vernissage, à midi trente, me voici de retour au Salon, bien décidée à reprendre mon exploration là où je l’avais laissée, c’est-à-dire au milieu de l’allée F. Lire la suite →
Après vous avoir entretenu des estampes au Salon du livre rare, il est temps de vous parler de bibliophilie. Un gros morceau, puisque le salon compte près de 150 stands de libraires et que ces derniers réservent évidemment leurs plus remarquables pièces pour l’événement.
Stand de la librairie Eppe Frères au Salon du Livre rare 2018
Un peu de bibliotourisme, ça vous dit ? Bibliotourisme… quesaco ? Visiter des bibliothèques en vacances, bien un truc de bibliothécaire ça (enfin, fausse bibliothécaire dans mon cas). Aujourd’hui, c’est à la bibliothèque d’études et du patrimoine de Besançon que je vous emmène. J’ai eu la chance d’y être reçue par Bérénice Hartwig qui m’a présenté l’histoire de l’institution et de ses collections, que je ne connaissais jusqu’alors que par le site Mémoire Vive et le compte twitter associé.
La salle d’exposition de la bibliothèque de Besançon
Vous le savez peut-être, j’ai une certaine passion pour Camille Pissarro – enfin surtout pour les vues urbaines peintes par Pissarro et pour Pissarro graveur. Alors quand j’ai appris que deux musées parisiens allaient consacrer des expositions à cet artiste impressionniste cher à mon cœur, vous pensez bien que j’étais ravie… et j’ai laissé filé le temps sans visiter les expos… ni vous en parler ! Elles sont toutes deux maintenant terminées, mais je tiens quand même à vous offrir ma « visite par procuration » !
Camille Pissarro, Jardin potager et clocher d’Eragny, 1899, Fukushima Prefectural Museum of Art. (détail)
Né en 1830 aux Antilles danoises (aujourd’hui Iles Vierges des Etats-Unis), Camille Pissarro est l’un des artistes majeurs de l’impressionnisme. Il sera d’ailleurs le seul à participer à toutes les expositions du groupe (entre 1874 et 1896). Contrairement à Monet – qui terminera sa vie dans l’aisance et la consécration, Pissarro a connu toute son existence la précarité : ses parents ont du l’aider financièrement jusqu’à ses 40 ans !
Anarchiste, père de huit enfants, il a souvent dû changer de logement faute de revenus suffisants. Ces difficultés financières n’empêcheront pas la famille de rester très soudée : les lettres échangées entre l’artiste et ses proches témoignent de cet attachement filial mais aussi du dialogue artistique entre les membres.
Camille Pissarro, Laveuse dans le jardin d’Eragny, 1899, collection privée (détail)
Pissarro est un artiste prolifique, acharné : on estime qu’il a peint, au cours de sa carrière, plus de 1500 tableaux, auxquels s’ajoutent d’innombrables dessins, gravures… Lire la suite →
Aujourd’hui, je reprends mes bonnes vieilles habitudes pour vous présenter un document insolite issu de Gallica. Il s’agit d’un recueil de gravures cher à mon cœur, parce que je l’ai découvert grâce à mon ami Mealin (Pour une image) et parce que j’ai passé de très longues heures à recopier ses motifs pour progresser en linogravure. Il s’agit des Songes drolatiques de Pantagruel.
Figure tirée des Songes drolatiques de Pantagruel, xylographie, 1565, Gallica/BnF
L’autre jour, en faisant l’inventaire des vieux papiers du grenier familial, je me désolais que la bibliothèque de mon arrière-grand-mère institutrice ne compte aucun titre de la collection du « Livre de demain », si intéressante du point de vue de l’histoire de l’édition et de l’histoire de l’estampe… Je ne me doutais pas que quelques instants plus tard, mon voeu allait être réalisé !
Colette, La fin de Chéri, texte illustré par Constant Le Breton, Edition Fayard, collection Le livre de demain, 1929.
J’explorais un de ces vieux meubles typiques des années 50, fermés par des volets roulants en bois que l’on remontait. Enfant, j’étais très fouineuse et fouiller dans ce meuble me faisait très envie, bien que ce soit interdit. Une seule chose me retenait : j’avais peur que le volet en bois se coince ou sorte de ses rails et que je ne parvienne pas à le refermer. Ma bêtise aurait alors immédiatement sauté aux yeux des adultes !
Un dimanche pluvieux de mai, quinze ans plus tard, dûment autorisée, j’inspectais méticuleusement chaque étagère, à la recherche de papiers pouvant éclairer l’histoire familiale et m’émerveillant de tous les trésors que je dénichais : un cahier d’écolier à l’écriture régulière, au nom de mon arrière-grand-père, un herbier des années 50 constitué par ma grand-mère, un agenda griffonné d’additions et visiblement vieux de plus d’un siècle… et tout en bas, d’une pile de fascicules d’enseignement, j’ai repéré un dos caractéristique, inscrit du titre La Fin de Chéri.
Surprise autant qu’excitée, certaine de ce que j’allais trouver, j’extrais le livre de la pile. Mon intuition était la bonne : c’est bien l’édition chez Fayard, au Livre de demain, de La Fin de Chéri, signé Colette.
Le dernier week-end de novembre, j’étais conviée pour les Nouvelles de l’Estampe au Salon Pages, un salon consacré au livre d’artiste et à la bibliophilie contemporaine.
La fille d’André Beuchat présentant les oeuvres de son père sur le stand Alma Charta
Un domaine auquel je ne connais presque rien : certes, j’ai étudié quelques belles éditions illustrées durant ma scolarité, mais uniquement pour des périodes anciennes. Si je suis curieuse du livre d’artiste contemporain, je ne possède aucune grille de lecture ou référent pour apprécier à leur juste valeur les productions. A cela s’ajoute la difficulté d’accès du livre : au contraire d’images accrochées sur un mur, que l’on peut contempler en restant sagement à distance, le livre, lui, ne se dévoile que si on le manipule. Dans un salon, il implique pour le visiteur d’interagir avec l’objet, ce qui occasionne une certaine prise de risque : bien souvent, il faut adresser quelques mots à l’exposant, avant de s’autoriser à toucher l’objet du désir. Cela ne peut qu’intimider le néophyte surtout quand, comme moi, on n’est mû que par la curiosité et que l’on n’a aucune intention ou moyen d’acheter.
L’œuvre de Gustave Doré est foisonnante : des milliers d’illustrations contenues dans les pages de monumentaux ouvrages, accompagnant les textes de Cervantes, Rabelais, La Fontaine… Paradoxalement, peu de dessins préparatoires subsistent de ces gravures. Et pour cause : le multiple que nous admirons est né de la destruction de l’œuvre originale.
Gustave Doré et Héliodore Pisan, « Et on acheva de laver Don Quichotte », matrice inachevée (gouache sur bois), vers 1860, BnF, réserve du département des Estampes et de la photographie (détail)
La plus grande bibliothèque de littérature policière au monde… est parisienne! La Bilipo, sise au coeur du cinquième arrondissement, conserve plus de 100 000 documents. Petite visite de cette institution insolite.
Des bibliothèques spécialisées de Paris, on vous dira qu’elle est celle qui est dotée du nom le plus « mignon »…. et énigmatique. Bilipo n’est pas une bibliothèque pour la jeunesse, encore moins une bibliothèque sur l’Oulipo, mais la bibliothèque des littératures policières. Installée depuis 1995 dans le cinquième arrondissement de Paris, cette bibliothèque unique au monde et richement fournie ravit les amateurs de romans noirs et de faits divers sordides.
Lundi matin, pour bien commencer la semaine, soyons charmants. Gallica ayant eu la terrible idée de lancer sa ChasseAuxTrésors un lundi matin (entraînant retard au boulot et autres désagréments), je me dois de vous livrer sur un plateau ma fumante trouvaille avant qu’elle ne refroidisse. C’est un trésor scatologique que je vous offre ce matin. Du meilleur goût, je sais.
Les connaisseurs s’attendent peut-être à ce que je présente une estampe bien connue de Callot. Que nenni mon ami, j’ai trouvé plus inédit. Mais je t’offre quand même la gravure de Callot, car je trouve qu’elle forme un beau frontispice.
Jacques Callot, frontispice des Gobbi, 1621-1625, eau-forte et burin, BnF, Gallica
Ma trouvaille de la semaine pour la #ChasseAuxTrésors parmi les nouveautés mises en ligne par Gallica est toute autre. Il s’agit d’un petit livret au titre mystérieux « Physiologie inodore illustrée de propre à plus d’un usage » Edité en 1841, ce charmant petit livret, qui compte 22 pages, n’est autre qu’une délicate Ode à la merde. Oui, vous avez bien lu.
Physiologie inodore illustrée, 1841, BnF
Les lecteurs avertis noteront qu’il a été édité par les libraires du Palais Royal, haut lieu passé de la débauche parisienne.
Comme WordPress ne semble toujours pas décidé à intégrer le lecteur exportable Gallica, cliquez sur l’image ci-dessus pour accéder à l’ouvrage.
Pour les plus pressé, un condensé en substance:
« Lorsqu’après un dîner le ventre vous tiraille,
Et qu’alors vous sentez la merde qui travaille, (…).
Si vous avez chié dans les règles de l’art,
Gardez-vous qu’un papier ne vienne par hasard,
A torcher votre cul tout barbouillé de foire: (…)
Jetez avec dédain ce papier dangeureux;
Mais que le bout du doigt fasse seul cet office! (…)
Ainsi lorsqu’un chieur met au jour un étron,
Ni trop mou, ni trop dur, beau, bien fait, large, rond;
D’un air tout paternel il retourne la tête, (…)
Il lui lance un regard orgueilleux, fier et vain,
Se culotte à regret et poursuit son chemin! »
Lecteur au coeur accroché, si tu veux continuer ta lecture par un autre de mes charmants billets sur la même thématique, je te conseille de cliquer ici. Et pour voir Toulouse-Lautrec chier, goguenard, sur la plage, rendez vous chez Mademoiselle Titam
Entre 1840 et 1842, plusieurs centaines de petits volumes in-32°, comptant 132 pages, illustrés d’une cinquantaine de vignettes et vendus un franc, inondent le marché parisien. Ces petites plaquettes, que l’on voit partout, portent le nom de physiologies. La mode de ces physiologies a été un phénomène aussi bref qu’intense, mais néanmoins marquant tant il est représentatif des évolutions que connait l’édition française au milieu du XIXème siècle.
La numérisation récente d’un corpus d’une centaine titres par le département des Estampes et de la photographie de la BnF, nous invite à (re)découvrir tout un pan de la littérature populaire du XIXème siècle.
Le récit, « l’histoire d’un roi de Bohème que le narrateur n’arrive jamais à raconter », est l’œuvre de Charles Nodier (1780-1844), homme de lettres et conservateur de la bibliothèque de l’Arsenal, où il tenait un salon littéraire. Pour cet ouvrage, l’écrivain s’est fortement inspiré d’un livre de Laurence Sterne (1713-1768), Tristram Shandy. Outre un contenu narratif similaire, on retrouve dans l’oeuvre de Nodier le même style très imagé et la même abondance de jeux de mots.
Comme cela se fait dans les meilleurs blogs de mode, je souhaitais faire un billet spécial « acquisitions du mois ». Bien entendu, il ne sera pas question de chiffons…. quoique?
Ma première « folie » du mois de novembre a été « commise » lors de l’opération Offprint Paris à l’Ecole des Beaux-Arts. Du 15 au 18 novembre se déroulait dans la cour vitrée du Palais des Etudes une sorte de salon de l’édition indépendante et des pratiques émergentes de l’art… En 80 stands, on pouvait découvrir un panorama du livre d’artiste contemporain… A condition de s’y connaître déjà un peu! En effet, j’ai trouvé la manifestation un peu difficile d’accès pour le néophyte (ambiance un peu froide, communication sur le contenu d’Offprint assez obscure).
Si j’ai été dans l’ensemble assez déçue de la qualité des ouvrages exposés, j’ai tout de même eu un coup de coeur pour un livre, Poemotion de Takahiro Kurashima. Présenté par la maison d’édition Lars Müller Publishers, il s’agit d’un livre-objet interactif. Au premier abord, il ne s’agit que d’un petit cahier présentant sur chaque feuillet une de ces images géométriques produites par ordinateur. La clé du livre est une feuille de celluloïd rayée. Son glissement sur les pages du livre permet d’animer chacune des images. Les formes géométriques se mettent en mouvement et un hypnotisant ballet de jeux d’optiques apparaît alors sous vos yeux.
[vimeo http://vimeo.com/40808542]
Je suis retournée voir trois fois cette merveilleuse création: à chaque manipulation du livre, j’étais un peu plus fascinée… La quatrième fois, je l’ai acheté! Un achat que je ne regrette pas… J’aime la manière dont cet ouvrage fait dialoguer le statisme et le dynamisme, abolissant en quelques sortes les catégories de « l’image fixe » et « l’image animée ».
Takahiro Kurashima, Poemotion, Lars Müller Publishers, 2011, 64 pages, ISBN 978-3-03778-277-4
Ce livre a été primé par l’Office fédéral de la Culture suisse lors du concours « Les plus beaux livres suisses » 2011. L’intégralité des ouvrages lauréats du concours peuvent être admirés jusqu’au 16 décembre au Centre Culturel Suisse de Paris.
Pierre Karreg, Epave
La « Grande Vente eschatologique, œcuménique et formidable d’images imprimées festives destinées à un usage offrandaire, noëlique et récréationnel » à l’atelier Bo Halbrik m’a donné une seconde occasion d’acquérir de belles images. En fait de carte de voeux, une soixantaine de belles estampes étaient proposées à la vente avec des prix défiants toute concurrence: 10 euros pièce, 20 euros pour 3 estampes etc.
Hanne N. Wintel
Les bénéfices de cette vente étaient destiné à soutenir l’atelier, que j’ai eu la joie de découvrir à cette occasion. Fondé en 1992 par Bo Halbrik, peintre-graveur danois, l’atelier qui porte son nom est une association qui accueille des artistes du monde entier pour pratiquer les différentes techniques de l’estampe. A la fois lieu de création et d’exposition, l’atelier Bo Halbrik est un acteur de la promotion et de la diffusion de l’estampe contemporaine.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.Ok