Plongée dans Videomuseum et réminiscence de mon adolescence

Plongée dans Videomuseum et réminiscence de mon adolescence

Ces souvenirs d’adolescence qui ressurgissent quand on ne s’y attend pas. Aujourd’hui, je vais vous parler de mes années lycée, de mon rapport d’alors avec l’art contemporain, et de comment, onze ans plus tard, des images enfouies ont ressurgi à l’occasion d’une table ronde professionnelle.

En exclusivité, une photo de Peccadille adolescente, en 2006 dans une magnifique pose tout à fait spontanée.

Mardi 24 avril, j’assistais à la seconde session de « Can I Use It ? », une rencontre autour de la question des droits et usages des images dans le domaine de l’histoire de l’art. Ces rencontres sont proposées dans le cadre du programme « Iconautes, Images / Usages » porté par la Fondation de France et l’Institut national d’Histoire de l’art, qui vise à faire un état des lieux des pratiques de diffusion (et d’utilisation) des images patrimoniales. Lire la suite

Le Panorama Mesdag à la Haye ou comment je me suis glissée dans la peau d’une spectatrice du XIXe siècle

Le Panorama Mesdag à la Haye ou comment je me suis glissée dans la peau d’une spectatrice du XIXe siècle

La visite du Panorama Mesdag à La Haye a été l’un des moments forts de mon séjour aux Pays-Bas. Le hasard du voyage m’a donné l’occasion de faire l’expérience de ce qui fut l’une des attractions les plus goûtées du XIXe siècle, les Panoramas. J’avais, à ce sujet, un peu lu, regrettant affreusement qu’aucun de ces dispositifs n’ait été conservé à Paris, pourtant sacrée un temps capitale des Panoramas. J’étais loin de m’imaginer que j’aurais un jour la chance d’en visiter un et d’éprouver (au moins en partie) ce que les spectateurs d’il y a 150 ans pouvaient ressentir. Ce billet a pour but de vous restituer à la fois mes impressions de visite et les quelques connaissances acquises au gré de mes lectures.

Détail du Panorama Mesdag : vue vers La Haye

Que savais-je des panoramas avant de me rendre à La Haye ? Qu’il s’agissait d’attractions très à la mode au XIXe siècle. Loin de se résumer à la peinture panoramique qu’il contient, le panorama est avant tout un dispositif constitué d’une rotonde sur les murs intérieurs de laquelle est tendue une immense toile d’une dizaine de mètres de haut et d’une longueur pouvant atteindre une centaine de mètres. Sur cette toile est peint à 365 degrés un vaste paysage naturel, urbain ou une scène historique comme une bataille.

Depuis la plateforme du panorama Mesdag

En se plaçant au centre de la rotonde, sur une plateforme prévue à cet effet, le visiteur doit oublier qu’il se tient face à une peinture, mais au contraire avoir l’illusion qu’il est en plein air, devant la réalité. Fascinant exploit pictural ! Mais produit-il encore son effet sur un être du XXIe siècle, habitué aux images animées, qui a goûté au cinéma 3D et à la réalité augmentée ? Lire la suite

Du #DIY au XVIIIe siècle. A propos d’un coffret décoré

Du #DIY au XVIIIe siècle. A propos d’un coffret décoré

C’est mon petit rituel du printemps : tous les ans, je passe une ou deux journées à arpenter les allées du Salon international du Livre et de l’Estampe (désormais renommé Salon international du Livre & de l’Objet d’art). En 2015, je vous avais fourni un compte-rendu détaillé de ma visite, cette année je me contenterai de vous parler d’un de mes coups de cœur, un insolite objet découvert sur le stand de la Galerie Didier Martinez.

Coffret XVIIIe siècle décoré de découpures d’estampes coloriées. Galerie Didier Martinez

Elle avait de quoi m’intriguer, cette boîte en carton dont l’intérieur est décoré de gravures découpées et coloriées. Drôle d’objet, qui témoigne des usages ordinaires de l’estampe autrefois.
Il s’agit d’un petit cabinet de toilette féminin, destiné à ranger les produits de beauté : poudres, parfums, onguents… Lire la suite

Fornasetti, la folie pratique : une joyeuse accumulation d’images

Fornasetti, la folie pratique : une joyeuse accumulation d’images

Jusqu’au 14 juin 2015, le musée des Arts Décoratifs accueille une rétrospective consacrée à Piero Fornasetti. Un illustre inconnu car si chacun a déjà croisé une de ses créations, peu en connaissent l’auteur. Il est temps de remettre un nom sur cet œuvre foisonnant, joyeux et polymorphe qui joue avec notre culture visuelle !

Fornasetti_Visages

Je connaissais Fornasetti pour ses visages de femmes commercialisés sous forme d’assiettes ou de carreaux de cuisine, mais j’ignorais tout simplement la personnalité singulière et fantasque qui en était le créateur. Dès la première salle, j’ai eu l’assurance que nous allions nous entendre : Fornasetti est un amateur d’estampes. Comment ai-je pu l’ignorer si longtemps alors que son œuvre rejoint tous mes centres d’intérêt ? L’image imprimée et ses détournements, le vocabulaire graphique de la taille douce, que Fornasetti aime imiter dans les autres médiums… Mais surtout, Fornasetti est un accumulateur d’images, un collectionneur de visuels, comme Jules Maciet, l’initiateur des albums d’images de la bibliothèque des Arts Décoratifs.

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Un souvenir d’enfance – papier glacé.

Un souvenir d’enfance – papier glacé.

À certains moments de la vie, des questions se font pressantes, on regarde le chemin derrière soi et on se demande : « pourquoi suis-je là ? Quels hasards, assemblés bout à bout, font que j’ai suivi ce parcours-ci ? »
Parfois, un souvenir remonte à la surface, un détail vécu prend tout son sens, un proche, par une réflexion anodine, délivre une pièce du puzzle. Dernièrement, alors que je visitais l’exposition « Claude Gellée » au Petit Palais, un souvenir fugace m’est revenu. En lisant le titre « Claude Gellée dit Le Lorrain » sur la banderole à l’entrée, j’ai eu la vision des fiches en papier glacé sur les grands peintres que ma mère collectionnait. Je me souviens de tout : leur format, leur aspect, le contact du papier, leur odeur. Les fiches sur les tableaux de Claude Gellée portaient un bandeau entre le pourpre et le marron.

Il y avait une dizaine de fiches consacrées aux oeuvres de Claude Gellée, dit Le Lorrain
Il y avait une dizaine de fiches consacrées aux oeuvres de Claude Gellée, dit Le Lorrain

Entre mes huit et mes douze ans, ma mère était abonnée aux Géants de la peinture, une sorte de collections de cartes Panini de luxe pour adulte. Sur une face, une belle reproduction d’un tableau ; au dos, un cartel et un texte explicatif sur trois colonnes. Tous les mois, nous recevions un ensemble de vingt ou trente fiches en papier glacé que nous rangions dans des boîtes cartonnées tapissées du motif d’un tableau de Monet, Champ d’iris jaunes à Giverny. Je me souviens des soirées passées avec ma mère, sur le grand lit parental ou sur la table du salon, à classer, avidement, les fiches nouvellement reçues.

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Accumuler le paysage urbain

Accumuler le paysage urbain

C’était il y a un peu plus d’un mois, je traversais le Marais, ralliant la BPI depuis les Archives Nationales. Nous étions entre chien et loup, et comme j’aime le faire, j’explorais aléatoirement les combinaisons de ce chemin quotidien. Au détour de la rue des Blancs-Manteaux, la niche d’une fenêtre murée. Je ne l’avais jamais remarquée auparavant. Dans l’ouverture aveugle, un artiste des rues a niché une ville miniature et immense. Une invitation au voyage lointain et immobile. 

Collage de Popeye, Rue des Francs Bourgeois, Paris 3e, février 2014
Collage de Popeye, Rue des Francs Bourgeois, Paris 3e, février 2014

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Le diorama de Daguerre

Le diorama de Daguerre

Alors que la postérité a retenu Daguerre comme « inventeur » – du moins révélateur – de la photographie, un autre aspect de sa carrière – et non des moindres – est tombé dans l’oubli: celle de créateur du diorama, l’un des spectacles d’illusion les plus prisés du XIXe siècle. Plusieurs documents disponibles sur Gallica éclairent cette aventure.

Marlet, Le Dyorama... port de Boulogne, lithographie, s. d., coll. George Eastman House, Rochester
Marlet, Le Dyorama… port de Boulogne, lithographie, s. d., coll. George Eastman House, Rochester

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15.360 clichés des demi-mondaines à découvrir sur Gallica, les albums Reutlinger numérisés

15.360 clichés des demi-mondaines à découvrir sur Gallica, les albums Reutlinger numérisés

Depuis quelques semaines, les Gallicanautes peuvent découvrir en ligne la soixantaine d’albums de Léopold Reutlinger que le département des Estampes et de la photographie de la BnF conserve. Près de 15 360 clichés, réalisés entre 1875 et 1917 qui figurent tout ce que Paris compte de cocottes, demi-mondaines et actrices. C’est pour marquer l’arrivée de ce nouveau corpus sur Gallica que j’ai décidé de publier une série de billets donnant un aperçu de sa richesse. Pour ce premier numéro, il s’agit de présenter la maison Reutlinger.

Photographie de Mata Hari par Reutlinger
Reutlinger, Mata Hari, (tome 39, vue 6), photographie, Gallica/BnF

Nadar, Reutlinger, Disderi, voici le nom des studios où il était de bon ton de se faire photographier. Si le studio de Nadar était plutôt spécialisé dans le gotha intellectuel, la maison Reutlinger comptait dans sa clientèle une myriade d’actrices, artistes de scène, chanteuses de music-hall et autres cocottes.

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La peinture flamande comme vous ne l’aviez jamais vue

Mon ami Virgile Septembre, qui tient un excellent tumblr consacré à la culture muséale, a le don de dégoter les plus improbables sites web… Dernièrement, il a éclairé ma TL facebook bien vide du mois d’août d’une trouvaille surprenante, le tumblr Scorpion Dagger

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Le concept ravira les amateurs de culture visuelle et de détournements d’œuvres d’art. La recette est simple: des chefs-d’oeuvres de la peinture (avec une nette prédilection pour les écoles nordiques des XVe et XVIe siècles), de la culture populaire contemporaine, une bonne dose de talent. Mélangez le tout et assaisonnez d’une pincée d’humour. 

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Le résultat: des gifs amusants, surprenants, se jouant subtilement de l’histoire de l’art et de la société de consommation. Rafraîchissant!

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Hyper actif, Scorpion dagger poste depuis avril 2012 une trentaine de nouveaux gif chaque mois! Bonne visite! 

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Voyage(s) dans le métro : les altérations forment de beaux paysages visuels (1)

Voyage(s) dans le métro : les altérations forment de beaux paysages visuels (1)

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Je n’aime pas trop prendre le métro. Certains en profitent pour écouter des podcasts, lire un bon roman, jouer sur leur mobile. Moi, je me délecte du « vandalisme » propre au métro parisien : j’emploie mes trajets à scruter les blazes dans la pénombre des boyaux de circulation, à collecter la trace des affiches déchirées sur les quais, à photographier les publicités faisant référence à l’histoire de l’art. Il faut dire que pour la plupart de mes trajets, je passe plus de temps dans les couloirs des correspondances qu’assise dans les rames. Je vous livre ici et sur facebook l’accumulation de mes trouvailles d’affiches poétiquement vandalisées, car les altérations forment souvent de beaux paysages visuels. 

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Des trains royaux. Quand la Galerie des Glaces prend le RER.

Des trains royaux. Quand la Galerie des Glaces prend le RER.

Depuis leur lancement il y a quelques mois, je les avais empruntées à deux ou trois reprises. Mais ces derniers jours, je suis tombée sur les rames « Versailles » du RER C trois fois de suite. L’occasion de prendre quelques photos et de leur consacrer un billet.

RER C train Versailles

Alors que le matériel roulant de la ligne C du RER fait l’objet d’un progressif renouvellement, l’état d’usure des plus anciennes rames se fait de plus en plus criant en regard des voitures flambantes neuves. Pour lutter contre cette disparité la SNCF a mis en œuvre une solution originale : en attendant leur remplacement, cinq trains ont été relookés à moindre coût. Et pas n’importe quel relooking, un relooking royal ! Les deux étages des wagons se sont transformés en Galerie des Glaces, Galerie des Batailles, Grand Trianon, bibliothèque du roi et autres pièces Versaillaises emblématiques.

C’est pour le château de Versailles, desservi par ces trains, un bon coup de pub, qui vise autant les touristes (10% des usagers de la ligne) que les utilisateurs quotidiens dont on espère susciter la visite du monument.

RER C VersaillesLe contraste entre l’extérieur vieillissant des trains et l’intérieur coloré est saisissant. Il est très plaisant d’admirer les plafonds dans des conditions qui n’ont rien à envier à la vraie Galerie des Glaces. En effet, les peintures reproduites sur les parois du train, plus proches de nous, se prêtent mieux à la contemplation qu’au milieu de la foule qui piétine les couloirs du château. Un peu plus et on pourrait y faire des T.D.O de l’Ecole du Louvre. Si on observe mieux le programme iconographique conçu par Le Brun, on ne peut en revanche pas le relier à son contexte architectural.

La technique mise en œuvre pour le relooking de ces trains est assez simple : d’immenses autocollants en vinyle sont venus couvrir les plafonds et les parois. On imagine le casse-tête qu’a dû être l’adaptation de l’œuvre originale à cet espace confiné. Evidemment, en écrivant ces lignes, je pense à Albert Robida, qui aurait certainement beaucoup apprécié cette initiative. Dans un précédent billet, j’avais cité ce passage où, imaginant les développements à venir de la photographie, il rêvait de papier peint permettant de reconstituer les Noces de Cana dans un modeste appartement.

L’originalité des RER « Versailles » est d’avoir renouvelé l’idée des stickers autocollants comme support promotionnel dans les transports. Alors que d’habitude on relooke l’extérieur des voitures (il y a d’ailleurs eu de très belles réussites sur le métro de Rouen), ici c’est l’intérieur qui a été visé… car finalement c’est là que le voyageur passe le plus de temps !

Si elles surprennent les voyageurs et égayent le trajet quotidien, les belles rames ne font pas oublier aux usagers leurs récriminations contre les incidents qui émaillent trop souvent leur parcours.

RER C Versailles chambre Reine

Le succès des rames relookées et le recul du vandalisme observé dans les trains concernés a incité la SNCF a renouveler l’opération. Circule donc maintenant un train aux couleurs des tableaux impressionnistes du musée d’Orsay sur la ligne J (Paris- Saint-Lazare / Vernon / Mantes la Jolie/ Gisors). Si les voyageurs de la branche Versailles-rive gauche ont 25% de chance de tomber sur un train relooké, il est plus difficile pour les usagers de la ligne de J d’emprunter une rame impressionniste, puisqu’un seul train est pour l’instant concerné par cette opération.

Au-delà de ces coups de marketing culturel, je rêve d’une généralisation de cette pratique… Comme les transports en communs seraient plus agréables ! Qu’il serait fabuleux d’inviter des artistes, des designers, des graphistes, des graffeurs à proposer leur propre pelliculage! Et par sa complexité technique, la conception d’un décor pour un wagon formerait un bel exercice dans les écoles d’art ! Alors, la SNCF, on lance un concours jeunes créateurs ?

Christian Borstlap visite le Rijksstudio

Pour accompagner la réouverture prochaine du Rijksmuseum (Amsterdam), un nouveau site web a été lancé à la fin de l’année 2012. Il s’agit du Rijksstudio, une immense base numérique des collections du musée, entièrement en usage libre. La vidéo promotionnelle de ce nouveau site internet, très réussie, est signée du designer Christian Borstalp. 

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=0aALc4REB3E&w=560&h=315]

Pour en savoir plus sur le Rijksstudio, lisez donc l’article sur le blog buzzeum… En attendant mon prochain retour utilisateur, car il est a prévoir que je fasse quelques infidélités à Gallica! 

Emmanuel Laflamme

Emmanuel Laflamme

La première fois que j’ai vu une oeuvre d’Emmanuel Laflamme c’était dans un des gratuits gay distribués sur Sainte-Catherine Est. Frappée par le détournement d’une madone jouant à la game boy, j’ai découpé  cette image que je croyais la création d’une agence de com’. Deux mois plus tard, à l’occasion de la cinquième édition de Beaux-Dégats à la Fresh Paint Gallery, j’ai pu mettre un nom sur l’image que j’avais collé dans mon carnet de voyage et découvrir le travail d’Emmanuel Laflamme…

E. Laflamme, Hesychasm, 2010

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Dévorer des yeux les images qu’on leur montre…

Dévorer des yeux les images qu’on leur montre…

« Qu’un marchand de tableaux, de plâtres, d’estampes, de photographies même, ouvre sa boutique sur une voie fréquentée, et vous verrez tous ces travailleurs dérober un instant à leur-gagne pain pour dévorer des yeux les images qu’on leur montre. »

Henry Havard, Lettre sur l’enseignement des beaux-arts, Paris, A Quantin, 1879, p 66. (en ligne sur Gallica)

Adolphe Martial-Potemont, Siège de la Société des aquafortistes, eau-forte.