A propos de « recueils factices »

A propos de « recueils factices »

Si vous fréquentez les bibliothèques patrimoniales ou les expositions, que vous lisez des livres consacrés aux dessins ou aux estampes, vous avez peut-être déjà croisé ce terme « recueil factice ». Mais qu’est-ce que cela signifie ? Qu’entendent les spécialistes par « recueil factice » ? Quelques explications.

Une définition du recueil factice

Un recueil factice est un ensemble constitué d’éléments qui n’étaient originellement pas destinés à se trouver ainsi regroupés. En d’autres termes, c’est un ensemble (volume, album) constitué artificiellement par le possesseur de ces documents, qu’il soit collectionneur ou bibliothécaire. Le Trésor de la langue française le définit comme un « recueil composé de pièces diverses, traitant généralement du même sujet et présentées sous la même reliure » .

Prenons l’exemple d’un collectionneur d’estampes : il rassemble des épreuves d’un graveur et souhaite les conserver ensemble. Il fait relier ces feuilles en volume, qu’il peut doter d’une page de titre ou d’une reliure à ses armes. Il a constitué un recueil factice, plus facile à consulter que des feuilles volantes. A la reliure, certains préfèrent le collage des diverses épreuves sur les pages d’un album vierge.

Ci-dessus, un exemple de recueil factice conservé à la Bibliothèque nationale de France et disponible sur Gallica. Il contient huit suites d’estampes d’ornements du XVIIe siècle, oeuvre de plusieurs artistes, parmi lesquels Simon Vouet et Jean Berain. 

Dans le domaine de l’estampe, on oppose un recueil d’estampes édité et commercialisé comme tel (recueils gravés comme produits éditoriaux) aux recueils constitués a posteriori par leur possesseur qui sont donc qualifiés de factices. Lire la suite

Israël Silvestre ou une invitation à la promenade dans la France du Grand Siècle

Israël Silvestre ou une invitation à la promenade dans la France du Grand Siècle

Des centaines d’estampes, des dizaines de dessins — moins connus, il est vrai — : voici l’œuvre d’Israël Silvestre, un des plus célèbres graveurs de vues topographiques du XVIIe siècle. Son crayon et sa pointe ont immortalisé les plus beaux points de vue de la France d’alors (on ne disait pas encore panoramas), façonnant et fixant l’image de quelques remarquables châteaux depuis disparus ou de perspectives urbaines aujourd’hui transformées.

Israël Silvestre, Vue du collège des Quatre-Nation, Plume et encre brune, noire et grise, lavis gris et brun-vert, vers 1670, Paris, Musée du Louvre

Israël Silvestre : en dehors des amateurs d’estampes et des passionnés du Grand Siècle, qui a retenu son nom ? Et pourtant, tant de fois ses gravures ont été reproduites ! Besoin d’évoquer un château du milieu du XVIIe siècle ? C’est certainement une gravure de Silvestre que l’on reproduira. Mais au-delà de ces quelques eaux-fortes tant de fois montrées, que faut-il retenir de sa carrière ?

Israël Silvestre, Château et parc de Meudon, vus du côté du village de Fleury, Graphite, plume et encre brune, lavis brun, aquarelle, 1687, Paris, Musée du Louvre

Jusqu’au 25 juin 2018, le Musée du Louvre consacre une belle exposition à Israël Silvestre, renouvelant profondément la connaissance que nous avons de cet artiste, notamment par la mise en avant de ses dessins, jusqu’alors injustement méconnus. Lire la suite

Les jardins pas si imaginaires d’Hubert Robert

Les jardins pas si imaginaires d’Hubert Robert

Le oélèbre peintre de ruines Hubert Robert ne s’est pas contenté de représenter de poétiques jardins : il a aussi donné forme dans le réel aux paysages issus de son imaginaire. Hubert Robert, créateur de jardins, paysagiste avant l’heure, voici un pan méconnu de l’œuvre de cet artiste protéiforme… Méconnu, mais plus pour longtemps ! À La Roche-Guyon, une exposition (dont on devine qu’elle fera date) entend lever le voile sur le rôle d’Hubert Robert dans « la fabrique des jardins » des derniers feux du XVIIIe siècle.

Hubert Robert, Vue du parc de Méréville, 1791, huile sur toile, Collection particulière (détail)

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Salon du Louvre, 1765, Gabriel de Saint-Aubin

Gabriel de Saint-Aubin, un sérial-croqueur du XVIIIe siècle

Aujourd’hui, Orion en aéroplane vous propose un étonnant voyage dans le temps : que diriez-vous de visiter le Salon de 1761 et d’assister à quelques ventes d’art prestigieuses de la seconde moitié du XVIIIe siècle ? Montez dans l’aéroplane ! Je vous préviens, notre allons rencontrer l’un des personnages les plus atypiques de son temps. Il s’appelle Gabriel de Saint-Aubin.

Vente aux enchères au XVIIIe siècle
Gabriel de Saint-Aubin, la vente aux enchères publiques, 1776, aquarelle, Album Saint-Aubin – Folio 23 rapporté au verso, Musée du Louvre, RF29344-8

Nous sommes à Paris, le 14 décembre 1778 à l’hôtel d’Aligre, rue Saint-Honoré. Tous ces messieurs sont rassemblés pour la vente publique de la collection du peintre Charles Natoire qui vient de décéder. Il y a ici des trésors à acquérir : des Hubert Robert, un Boucher, du Watteau, du Pannini, des Fragonard… Que de merveilles nous entourent ! Il paraît qu’il y a même un dessin de Léonard de Vinci !

C’est impressionnant n’est-ce pas, cette accumulation de tableaux et de petits objets d’art ? Et dire qu’une telle collection, l’oeuvre d’une vie d’amateur et d’artiste, va disparaître en quelques heures, dispersée au gré des adjudications… Lire la suite

Dans les tréfonds de Gallica : le mystère Jean-Jacques Lequeu

Dans les tréfonds de Gallica : le mystère Jean-Jacques Lequeu

Découvrir l’œuvre de Jean-Jacques Lequeu au détour d’une requête Gallica ou d’une cimaise d’exposition, c’est faire une trouvaille un peu surprenante, qui laisse parfois une impression étrange. Que cachent ces dessins aux rendus si léchés ? Qui est ce dessinateur bien mystérieux dont l’œuvre juxtapose architecture et érotisme ?

Jean-Jacques Lequeu, Il est libre, dessin, vers 1798, Gallica/BnF
Jean-Jacques Lequeu, Il est libre, dessin, vers 1798, Gallica/BnF

Jean-Jacques Lequeu a fait couler beaucoup d’encre et demeure énigmatique. On sait très peu de choses de son existence et s’il n’avait pas lui-même fait don de ses dessins à la Bibliothèque royale en 1825, il est probable qu’il serait aujourd’hui oublié de tous.

Jean-Jacques Lequeu, Il tire la langue, dessin, début XIXe siècle?, Gallica/BnF
Jean-Jacques Lequeu, Il tire la langue, dessin, début XIXe siècle?, Gallica/BnF

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Une promenade au Louvre en 1803 : les dessins de Baltard

Une promenade au Louvre en 1803 : les dessins de Baltard

En 1803, Louis-Pierre Baltard réalise une série de dessins au Palais du Louvre : à la sanguine, il reproduit les ornements sculptés des façades et des plafonds. Cette série de dessins, achetée par le collectionneur Destailleurs est aujourd’hui conservée à la Bibliothèque nationale de France et numérisée sur Gallica. Curieuse, j’ai profité d’un samedi après-midi pour marcher dans les pas de Baltard et retrouver les détails qu’il avait dessinés.

Baltard, Accumulation de détails de la salle des cariatides, dessin, 1803,  Gallica/BnF
Baltard, Accumulation de détails de la salle des cariatides, dessin, 1803, Gallica/BnF

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Dessin de Le Brun, Minerve

De sanguine, de pierre noire et d’encre, dessins français du XVIIe siècle

Il ne vous reste que quelques jours pour voir l’exposition « Dessins français du XVIIe siècle » et y admirer quelques-uns des fleurons du département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France, dont certains sont des inédits récemment redécouverts.

Michel corneille, dessin Hercule
Michel Corneille le père, Hercule, pierre noire avec rehauts de craie blanche, BnF

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Voir Rome en 1575, le carnet de dessins d’un sculpteur rémois

Voir Rome en 1575, le carnet de dessins d’un sculpteur rémois

Voir les oeuvres de la Rome antique avec les yeux d’un artiste français du XVIe siècle? C’est l’expérience que je vous propose aujourd’hui, grâce au fabuleux album de dessins constitué vers 1575 par Pierre Jacques, sculpteur rémois, qui, en séjour à Rome, a dessiné les antiques des plus grandes collections. 

Pierre Jacques, Album de dessins d'après l'antique, exécutés à Rome [vers 1576], vue 21
Pierre Jacques, Album de dessins d’après l’antique, exécutés à Rome [vers 1576], vue 21

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