La drôle de vie d’une matrice d’estampe, ou comment Charles X est devenu Louis-Philippe

La drôle de vie d’une matrice d’estampe, ou comment Charles X est devenu Louis-Philippe

Une image peut en cacher une autre, ou comment les éditeurs d’estampes ‘actualisaient’ leurs fonds… 

Petit imprimeur d’imagerie populaire installé à Nancy, François Desfeuilles décide d’éditer un portrait du souverain en place. Son jeune collaborateur, le graveur Jean-Baptiste Thiébault réalise une estampe représentant Charles X, laquelle est déposée par Desfeuilles le 31 mai 1830. Manque de bol pour notre éditeur, la révolution de Juillet intervient. Charles X abdique le 2 août, et, sept jours plus tard, Louis-Philippe est intronisé roi des Français.

Jean-Baptiste Thiébault, Louis-Philippe Ier, roi des Français, 1830, xylographie, ed. Desfeuilles, Nancy (BnF, estampes)
Jean-Baptiste Thiébault, Louis-Philippe Ier, roi des Français, 1830, xylographie, ed. Desfeuilles, Nancy (BnF, estampes)

Que faire du portrait d’un souverain qui n’est plus roi de rien ? Il n’y a plus d’acheteurs pour cette image tandis que la demande risque d’être forte pour le portrait du nouveau roi des Français, Louis-Philippe. Desfeuilles ne veut pas rater cette mane, d’autant que le contexte est devenu difficile pour sa fabrique : depuis quelques années, il est concurrencé par deux autres éditeurs qui se sont installés à Nancy et qui publient, comme lui, des images populaires. Desfeuilles veut donc être le premier à commercialiser le portrait de Louis-Philippe pour leur couper l’herbe sous le pied!

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1886-1896 : l’Affichomanie. Parcours sur Gallica autour des premiers collectionneurs d’affiches.

1886-1896 : l’Affichomanie. Parcours sur Gallica autour des premiers collectionneurs d’affiches.

Décennie 1890, Paris se couvre d’affiches. La loi de juillet 1881 a instauré la liberté d’affichage. Aucune palissade, aucun pan de mur, pas même celui d’un lieu sacré n’est épargné par la frénésie du collage. S’accumulent sur le bois, la brique ou la pierre des couches de papiers aux couleurs vives. Belles images, les affiches sont conçues comme éphémères. A peine lacérée, à peine la couleur un peu passée, voici qu’on la couvre d’une autre. Pourtant, nos bibliothèques et nos musées conservent de cet âge d’or de l’affiche illustrée des témoins représentatifs et nombreux. Aussi éphémère soit-elle, l’affiche a survécu, a été conservée. Les collections publiques sont nées du dépôt légal, versé par les principaux imprimeurs, mais aussi des dons de généreux amateurs, qui, pris de passion pour ces images colorées, les ont accumulées dans leur cabinet, avant de s’en défaire au profit du patrimoine national.

Il est remarquable de constater que la figure du collectionneur d’affiches est née en même temps que l’affiche illustrée elle-même. Dès les premiers développements de la réclame chromolithographiée, des connaisseurs accumulent ces images nouvelles et industrielles.

Centenaire lithographie affiche alesi
Hugo d’Alési, Exposition du Centenaire de la lithographie Galerie Rapp, 1895

Aussi précoce soit-elle, cette mode de collectionnisme fut éphémère. Son acmé coïncide avec l’âge d’or de l’art de l’affiche, que l’on peut situer entre 1886 et 1896. Quelques années pendant lesquelles l’Affichomanie, terme forgé en 1891 par Uzanne, triomphe.

A travers les collections numérisées de Gallica, je vous propose un itinéraire à la découverte de cette mode, de sa naissance dans un milieu d’hurluberlus décolleurs d’affiches à sa consécration qui mènera à son déclin.

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Jean Veber, de l’Assiette au beurre aux tranchées de la guerre

Jean Veber, de l’Assiette au beurre aux tranchées de la guerre

Dans le cadre du programme Europeana 14-18, le département des Estampes et de la photographie de la BnF a numérisé les volumes consacrés à l’œuvre gravé de Jean Veber (1864-1928). En parallèle de l’album facebook présenté sur la page de Gallica, je vous propose ici quelques clés pour mieux comprendre le travail de cet artiste à la production éclectique.

Rappel: l’intégralité des liens de ce billet renvoie à des documents numérisés disponibles sur Gallica.

Jean Veber, dans le ruisseau, estampe, 1894, GallicaBNF
Jean Veber, dans le ruisseau, estampe, 1894, GallicaBNF

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Vues parisiennes de Jacques Beurdeley

Vues parisiennes de Jacques Beurdeley

La marie du 8e arrondissement accueille pour une courte durée – du 2 au 12 avril – une exposition réunissant une centaine d’oeuvres de l’aquafortiste Jacques Beurdeley (1874-1954).

Beurdeley détail

Destiné à une carrière juridique par son père, Jacques Beurdeley abandonne rapidement ses études de Droit pour fréquenter l’atelier de Cormon à l’Ecole des Beaux-Arts. Sa rencontre avec Auguste Delâtre, l’imprimeur des peintres-graveurs, qui compte parmi les principaux acteurs du renouveau de l’eau-forte qui s’opère en France dans la seconde moitié du XIXe siècle va être déterminante dans sa destinée artistique. Initié aux techniques de l’estampe par Delâtre, Beurdeley adopte la pointe sèche et l’eau-forte comme principaux moyens d’expression.
Marqué par les modèles de Buhot, Meryon et Whistler, Jacques Beurdeley réalise de nombreuses vues de ville – Paris, Londres, Venise, mais également Amsterdam et Bruges. Après la Première Guerre mondiale, alors qu’il séjourne fréquemment et longuement à Provins, la campagne briarde devient son motif de prédilection.

Jacques Beurdeley, démolition rue Lepic, 1903, photo famille de l'artiste.
Jacques Beurdeley, démolition rue Lepic, 1903, photo famille de l’artiste.

L’exposition actuellement présentée à la mairie du 8e arrondissement se concentre sur les vues parisiennes de l’artiste: on y admire des estampes figurant Paris au tournant du XXe siècle, ainsi que de très nombreuses études, aquarelles et dessins préparatoires, pour la plupart inédits.
Dans ces estampes, l’empreinte esthétique de l’imprimeur Delâtre est prégnante: les tirages sont retroussés, les noirs intenses et veloutés. Comme Meryon ou Martial, Beurdeley a aimé représenter le « Paris qui s’en va » offrant de belles vues pittoresques de la capitale alors en pleine transformation.

Exposition entrée libre à la mairie du 8ème du 2 au 12 avril 2013.
Du lundi au vendredi de 12h à 18h. Jusqu’à 19h le jeudi. Samedi de 9h à 12h.

Pour en savoir plus: site de la famille de l’artiste   

Paul Jacoulet en Micronésie

Paul Jacoulet en Micronésie

Jacoulet

Ce printemps, le Musée du Quai Branly offre au public parisien un voyage en Micronésie aux côtés d’un artiste singulier, Paul Jacoulet. Cette exposition est présentée à l’occasion de la donation par Madame Thérèse Jacoulet-Inagaki, sa fille adoptive, d’un ensemble exceptionnel de 2950 pièces parmi lesquelles dessins, aquarelles, estampes et matrices de bois de l’artiste mais également des objets rapportés de ses voyages en Asie et en Micronésie. Ce n’est pas la première fois que la famille Jacoulet fait preuve de générosité en faveur des institutions culturelles françaises : en 1961 et 2011, déjà, le département des estampes de la BnF avait reçu deux donations lui permettant de rassembler la totalité du corpus gravé de Jacoulet, soit 162 estampes. Après la BnF, le Quai Branly est la deuxième institution française à exposer cet artiste.

Jacoulet, chagrins d'amour, 1940, gravure sur bois, Quai Branly
Jacoulet, chagrins d’amour, 1940, gravure sur bois, Quai Branly

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De la Tamise à Venise, l’oeuvre gravé de Whistler

De la Tamise à Venise, l’oeuvre gravé de Whistler

Au département des Estampes et de la photographie de la BnF, la numérisation de l’œuvre gravé de Whistler s’achève. Près de deux cent cinquante lithographies, pointes-sèches et eaux-fortes que vous pouvez désormais admirer sur Gallica. Pour fêter l’évènement, je vous propose une sélection personnelle de mes œuvres préférées.

Whistler, Old Westminster bridge, 1859-1871, eau-forte, 2e état
Whistler, Old Westminster bridge, 1859-1871, eau-forte, 2e état

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De l’amour en estampe…

De l’amour en estampe…

Voici l’article le plus poétique du Dictionnaire technique de l’estampe d’André Béguin, ouvrage devenu mon livre de chevet en raison de mes recherches.

AMOUR, AMOUREUX. En terme d’imprimerie et d’une manière générale, l’amour caractérise l’attraction d’un élément par un autre. (…) Le papier est amoureux lorsqu’il retient bien l’encre. En taille-douce, on brosse le papier humide pour qu’il ait ainsi plus d’amour. Trop d’amour rend le tirage lourd et empâté; un manque d’amour le rend trop pâle. Le cuivre est plus amoureux que le zinc, c’est-à-dire que le premier prend mieux l’encre et la retient davantage que le second. On dit qu’une encre ou qu’une colle sont amoureuses ou sont amour ou ont de l’amour lorsqu’elles montent bien sur les cylindres quand ceux-ci tournent et qu’elles se répartissent d’une manière régulière. (…) On peut dire d’une belle impression: « elle est amour! »

André Béguin, Dictionnaire technique de l’estampe, Paris, A. Béguin, 1998

Félicien Rops, graveur, par Matheu Paul, Versailles
Matheu Paul, Félicien Rops, graveur, Versailles

Christian Borstlap visite le Rijksstudio

Pour accompagner la réouverture prochaine du Rijksmuseum (Amsterdam), un nouveau site web a été lancé à la fin de l’année 2012. Il s’agit du Rijksstudio, une immense base numérique des collections du musée, entièrement en usage libre. La vidéo promotionnelle de ce nouveau site internet, très réussie, est signée du designer Christian Borstalp. 

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=0aALc4REB3E&w=560&h=315]

Pour en savoir plus sur le Rijksstudio, lisez donc l’article sur le blog buzzeum… En attendant mon prochain retour utilisateur, car il est a prévoir que je fasse quelques infidélités à Gallica! 

Enquête à propos d’un lot de matrices de cuivre : épisode 1

Enquête à propos d’un lot de matrices de cuivre : épisode 1

J’ai reçu à Noël un original cadeau : un lot d’une quinzaine de matrices d’estampes (plaques de cuivres) achetées par mon grand-père lors d’une brocante. Mon sujet de mémoire à l’Ecole du Louvre étant la conservation des matrices d’estampe dans les collections françaises, un tel cadeau ne pouvait pas mieux tomber !

[ill. 1]
[ill. 1] : Petit cuivre XVIIIe et son tirage en bistre

Plus que de posséder ces matrices, c’est l’enquête qui leur est associée qui m’amuse, car de ces cuivres je ne sais rien : ni leur auteur, ni leur histoire matérielle, ni leur provenance… Il va falloir trouver des indices, remonter des pistes pour connaître leur histoire :

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Le Blon, Préparation anatomique des parties de l’homme servant à la génération, vers 1721

Le Blon, Préparation anatomique des parties de l’homme servant à la génération, vers 1721

Devant vos yeux mi-ébahis, mi-dégoûtés, voici ce qui pourrait ne sembler être que la simple image d’une dissection de pénis mais qui, bien plus encore, est une épatante réussite technique: publiée en 1721, cette estampe est l’un des premiers exemples aussi aboutis de l’emploi d’un procédé alors nouveau, la manière noire en couleurs. Bien sûr, j’aurais pu vous présenter une anatomie moins licencieuse, mais pourquoi se priver du plus croustillant ?

Le Blon, Préparation anatomique des parties de l’homme servant à la génération, vers 1721

Une charmante dissection

Avant de s’attaquer à la complexe technique de la manière noire en couleurs, penchons nous sur le sujet de l’estampe et la destination de celle-ci. Réalisée par J.C. Le Blon, elle était apparemment destinée à illustrer une des multiples éditions d’un célèbre ouvrage de médecine du début du XVIIIème siècle, The Symptoms, Nature and Cure of Gonorrhea du docteur William Cockburn M.D. Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, il s’agit d’un livre consacré à la gonorrhée – plus communément appelé  « chaude-pisse » (pour plus d’infos sur cette ravissante maladie, Wikipédia saura vous renseigner, je n’ai personnellement pas eu la curiosité de dérouler les photos illustrant le phénomène).

Il s’agit donc d’une dissection du pénis, sobrement intitulée « Préparation anatomique des parties de l’homme servant à la génération, faite sur les découvertes les plus modernes ». Je ne saurais vous en dire plus sur les différents éléments de cette vue anatomique, dont vous pouvez à loisir admirer la précision : mon propos n’est pas là…

Une prouesse technique

Gautier-Dagoty, Femme debout, partiellement disséquée, 1750

L’œuvre que je vous présente ici est une prouesse technique. L’image que vous admirez est une estampe en couleur. Son impression a nécessité trois plaques de cuivre encrées chacune d’une couleur différente (bleu, rouge et jaune). Ces planches ont été travaillées selon la technique de la manière noire, mise au point au milieu du XVIIe siècle. Si ce procédé permet de délicats effets de velouté, il est extrêmement long à mettre en œuvre. Le graveur doit préalablement grainer de façon uniforme chaque planche : à l’aide d’un instrument appelé berceau, il travaille méticuleusement le cuivre pendant des heures et des heures jusqu’à ce que celui-ci soit couvert d’une infinité de minuscules creux. Si la planche était tirée à cette étape du travail, on obtiendrait un monochrome d’une intensité remarquable.

La seconde étape consiste à faire apparaître l’image sur ce fond uniforme. A l’aide d’un grattoir et d’un brunissoir, le graveur polit le cuivre là où il souhaite que la clarté soit. Ainsi, du noir profond, nait l’image. Dans le cas d’une estampe en couleurs, comme ici, le travail est doublement difficile. Le graveur doit en effet diviser mentalement l’image en couche de couleur et ne reporter sur chacun des cuivres qu’une partie de l’image finale.

Une fois les trois plaques obtenues, le graveur – ou l’imprimeur – n’est pas au bout de ses peines. On imprime successivement sur la même feuille les trois couleurs : en se superposant, elles révèlent le sujet. Pour que l’image rende parfaitement, il faut encore que l’impression soit d’une précision irréprochable. Si l’une des planches est très légèrement décalée par rapport aux deux autres, tout l’effet visuel est fichu.

Ici, vous en conviendrez, la précision du repérage est remarquable : tous les détails sont rendu avec une extrême finesse. Mais au-delà de cette perfection technique, le graveur, Le Blon, montre une réelle sensibilité artistique : employant à merveille un éclairage délicat, il évoque parfaitement les différentes textures des chairs.

L’estampe est publiée en 1721: par ce coup de maître, Le Blon est parvenu à convaincre le cercle savant des apports avantageux que sa nouvelle technique de gravure, fruit de vingt années de recherches acharnées, pouvait fournir à la diffusion des connaissances scientifiques.

Merveilleuses planches d’anatomies en couleurs

Suite à la publication de cette planche et malgré l’intérêt que suscitent les résultats de Le Blon, le graveur n’arrive pas à rendre l’exploitation commerciale de sa technique rentable. La famille Gauthier-Dagoty récupère le procédé et parvient, en le simplifiant, à rentabiliser les coûteux investissements que nécessitent la réalisation des planches. De leurs presses sort ce que l’on a retenu comme le chef d’œuvre de la gravure en manière noire en couleur, l’ange anatomique. Le succès est cependant de courte durée : faute d’une bonne gestion financière, les Gauthier-Dagoty font à leur tour faillite en 1780.

Gautier-Dagoty, l’ange anatomique, 1746

Pour en savoir plusL’anatomie de la couleur. L’invention de l’estampe en couleurs, catalogue d’exposition, Bibliothèque nationale de France, 1996.

Mes emplettes artistiques [1]

Comme cela se fait dans les meilleurs blogs de mode, je souhaitais faire un billet spécial « acquisitions du mois ». Bien entendu, il ne sera pas question de chiffons…. quoique?

P1300086Ma première « folie » du mois de novembre a été « commise » lors de l’opération Offprint Paris à l’Ecole des Beaux-Arts. Du 15 au 18 novembre se déroulait dans la cour vitrée du Palais des Etudes une sorte de salon de l’édition indépendante et des pratiques émergentes de l’art… En 80 stands, on pouvait découvrir un panorama du livre d’artiste contemporain… A condition de s’y connaître déjà un peu! En effet, j’ai trouvé la manifestation un peu difficile d’accès pour le néophyte (ambiance un peu froide, communication sur le contenu d’Offprint assez obscure).

Si j’ai été dans l’ensemble assez déçue de la qualité des ouvrages exposés, j’ai tout de même eu un coup de coeur pour un livre, Poemotion de Takahiro Kurashima. Présenté par la maison d’édition Lars Müller Publishers, il s’agit d’un livre-objet interactif. Au premier abord, il ne s’agit que d’un petit cahier présentant sur chaque feuillet une de ces images géométriques produites par ordinateur. La clé du livre est une feuille de celluloïd rayée. Son glissement sur les pages du livre permet d’animer chacune des images. Les formes géométriques se mettent en mouvement et un hypnotisant ballet de jeux d’optiques apparaît alors sous vos yeux.

[vimeo http://vimeo.com/40808542]

Je suis retournée voir trois fois cette merveilleuse création: à chaque manipulation du livre, j’étais un peu plus fascinée… La quatrième fois, je l’ai acheté! Un achat que je ne regrette pas… J’aime la manière dont cet ouvrage fait dialoguer le statisme et le dynamisme, abolissant en quelques sortes les catégories de « l’image fixe » et « l’image animée ».

[youtube=http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=xAaHJ2kCz1Y]

 Takahiro Kurashima, Poemotion, Lars Müller Publishers, 2011, 64 pages, ISBN 978-3-03778-277-4

Ce livre a été primé par l’Office fédéral de la Culture suisse lors du concours « Les plus beaux livres suisses » 2011. L’intégralité des ouvrages lauréats du concours peuvent être admirés jusqu’au 16 décembre au Centre Culturel Suisse de Paris.

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Pierre Karreg, Epave

La « Grande Vente eschatologique, œcuménique et formidable d’images imprimées festives destinées à un usage offrandaire, noëlique et récréationnel » à l’atelier Bo Halbrik m’a donné une seconde occasion d’acquérir de belles images. En fait de carte de voeux, une soixantaine de belles estampes étaient proposées à la vente avec des prix défiants toute concurrence: 10 euros pièce, 20 euros pour 3 estampes etc.

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Hanne N. Wintel

 

Les bénéfices de cette vente étaient destiné à soutenir l’atelier, que j’ai eu la joie de découvrir à cette occasion. Fondé en 1992 par Bo Halbrik, peintre-graveur danois, l’atelier qui porte son nom est une association qui accueille des artistes du monde entier pour pratiquer les différentes techniques de l’estampe. A la fois lieu de création et d’exposition, l’atelier Bo Halbrik est un acteur de la promotion et de la diffusion de l’estampe contemporaine.

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Cécile Gissot, Conques

 

Edward Wadsworth, Dazzle camouflage, toile et gravures sur bois.

Impossible de me souvenir de la toile ou de la gravure laquelle j’ai vu la première. Devant les deux oeuvres, la même sensation de gigantisme. J’ai eu envie d’en savoir plus sur leur auteur, Edward Wadsworth…

Wadsworth, Dazzle-Ships in Drydock at Liverpool, 1919, National Gallery of Canada
Wadsworth, Liverpool shipping, gravure sur bois, 1918, Contemporary Art Society

Artiste majeur du Vorticisme, un courant d’avant-garde britannique du début du XXe siècle, Edward Wadsworth a réalisé ces oeuvres au lendemain de la première guerre mondiale. Leur sujet, comme leur effet visuel, est largement lié à l’activité de l’artiste au sein de la Royal Navy durant le conflit.

En 1917, alors que fait rage la première bataille de l’Atlantique, Norman Wilkinson, peintre et lieutenant de la marine propose une solution innovante pour protéger les navires britanniques des torpillages allemands: camoufler les coques des bateaux grâce à d’immenses peintures géométriques et contrastées. Il ne s’agit pas de faire disparaître le bateau en le fondant dans la couleur de son environnement maritime mais de le parer de lignes dynamiques et contrastées qui empêcherait l’ennemi, par un effet d’illusion d’optique, de distinguer le type de navire, ses dimension, sa vitesse et son cap. Ainsi, impossible pour les sous-marins de viser de façon précise leur cible, la technologie du radar n’ayant pas encore été mise au point.

Rapidement, la conception des plans de ces peintures est confiée à une douzaine d’artistes de la Royal Academy of Art, parmi lesquels Edward Wadsworth, qui a lui même supervisé le camouflage de près de 200 navires.

Au lendemain de la guerre, Wadsworth va exploiter ses souvenirs des chantiers de Liverpool dans une série de gravures sur bois et à travers quelques toiles. La force esthétique des « camouflages dazzle », qui fait écho aux recherches des avants-gardes européennes (cubisme, vorticisme, futurisme…) devient tout à la fois sujet de l’oeuvre et moyen d’expression. Dans les estampes de Wadsworth, les motifs peints sur la coque envahissent l’intégralité de la plaque et reconstruisent le paysage.

Wadsworth, Drydocked for scaling and painting, gravure sur bois, 1918
Voyage dans le temps à la BNF Richelieu

Voyage dans le temps à la BNF Richelieu

La première phase des travaux du quadrilatère Richelieu concerne la partie ouest du site. Plutôt que d’installer une cloison en plâtre peu esthétique pour couper l’accès au chantier, la BNF a eu une bien meilleure idée:

Hall, BNF Richelieu, Paris

Pour découvrir le chantier du site Richelieu en images, suivez le lien!

La mascarade turque des pensionnaires de l’Académie de France à Rome, en 1748

La mascarade turque des pensionnaires de l’Académie de France à Rome, en 1748

Le Carnaval de Rome était, au XVIIIème siècle, une fête extraordinaire. Pendant 8 jours, la Via Del Corso  devenait le théâtre d’évènements fabuleux: défilés de masques, batailles de confetti, batailles de bougies et courses de chevaux…  A plusieurs reprises, les pensionnaires de l’Académie de France à Rome participèrent aux festivités en organisant des mascarades. La mascarade de 1735 et surtout celle de 1748 ont marqué les esprits. 

Mascarade chinoise faite à Rome le Carnaval de l'année M.DCC.XXXV par Mrs. les pensionaires du Roy de France en son Académie des Arts, gravé par Pierre, BNF, département des Estampes/ Gallica
Mascarade chinoise faite à Rome le Carnaval de l’année M.DCC.XXXV par Mrs. les pensionaires du Roy de France en son Académie des Arts, gravé par Pierre, BNF, département des Estampes/ Gallica

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Rouen: les impressions gravées de Pissarro

Rouen: les impressions gravées de Pissarro

Avec 67 tableaux, une soixantaine de gravures et de nombreux dessins, Camille Pissarro (1830-1903) est l’artiste impressionniste qui a le plus représenté la ville de Rouen, dans laquelle il a séjourné à quatre reprises, entre 1883 et 1898. Grâce au programme de numérisation des collections du département des estampes menée par Gallica, il est maintenant possible d’admirer en ligne une partie des eaux-fortes et zincographies rouennaises de Pissarro.

Pissarro, Cours la Reine ou Bords de la Seine, Rouen, eau-forte et aquatinte, 3e état, 1884

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