C’est mon petit rituel du printemps : tous les ans, je passe une ou deux journées à arpenter les allées du Salon international du Livre et de l’Estampe (désormais renommé Salon international du Livre & de l’Objet d’art). En 2015, je vous avais fourni un compte-rendu détaillé de ma visite, cette année je me contenterai de vous parler d’un de mes coups de cœur, un insolite objet découvert sur le stand de la Galerie Didier Martinez.
Elle avait de quoi m’intriguer, cette boîte en carton dont l’intérieur est décoré de gravures découpées et coloriées. Drôle d’objet, qui témoigne des usages ordinaires de l’estampe autrefois.
Il s’agit d’un petit cabinet de toilette féminin, destiné à ranger les produits de beauté : poudres, parfums, onguents… Lire la suite →
Curiosité connue des amateurs, le phallus phénoménal appartient à un ensemble à part de l’œuvre gravé de Vivant Denon (1747-1825), le recueil priapique, composé de 23 estampes licencieuses.
Dominique Vivant Denon, Le Phallus Phénoménal , eau-forte, avant 1793, exemplaire du British Museum
Plus que pour son œuvre gravé, Vivant Denon est connu du public pour son rôle dans l’entreprise du Voyage en Egypte et pour son poste de premier directeur du musée du Louvre. Mais Denon fut aussi un graveur amateur et passionné, doublé d’un collectionneur acharné d’estampes. S’il a commercialisé certaines de ses œuvres, il n’a jamais cherché à vivre véritablement de cet art, sinon durant la Révolution. En 1792, alors qu’il traversait des difficultés financières, il rassemble sous le titre de recueil priapique 23 estampes à sujet érotique qu’il a gravées durant les dix années précédentes. Ces pièces, hétérogènes, sont pour certaines sorties tout droit de son imagination ; d’autres transcrivent des scènes érotiques qu’il a observées sur les vases antiques ou sur les parois des murs d’Herculanum pendant ses longs séjours en Italie.
Le week-end dernier, je participais pour la seconde fois à Paris Face Cachée. Tous les ans, au début du mois de février, Paris Face Cachée ouvre les portes de lieux confidentiels, habituellement fermés au public. Usines gigantesques, souterrains obscurs, coulisses de salles de spectacles réputées, ateliers d’artistes, réserves de musées, tout ce qui est habituellement inaccessible est dévoilé aux yeux des curieux. L’occasion de découvrir l’autre face de la capitale donc, et, le temps d’une visite de rencontrer ceux qui travaillent à faire notre ville dans toute sa diversité.
Paris Face Cachée tombe à une période creuse de l’année : les Journées du Patrimoine sont déjà loin, et il est encore trop tôt pour penser à la nuit des musées ou aux rendez-vous au Jardin. Il faut certes braver le froid, mais le jeu en vaut la chandelle : une centaine d’endroits insolites sont ouverts aux visiteurs le temps d’un week-end. Pour Paris Face Cachée, aucune file d’attente, il suffit de prendre rendez-vous. Quelques semaines avant l’événement, le programme est dévoilé, mais seulement en partie. Pour conserver le mystère, le contenu des visites n’est pas clairement explicité et prend la forme d’une description énigmatique (certes facile à percer pour le public averti !). Les inscriptions se font en deux vagues successives, jusqu’à remplissage des jauges. Autant dire qu’il faut être rapide pour décrocher le précieux sésame !
Faire du vélo sur une route? Mais c’est surfait mon cher ami! Sur Gallica, nous avons rencontré pour vous quelques casse-cous aux exploits spectaculaires!
Le saut de la mort… dans la Seine
Peyrusson, nageur et plongeur, avait trouvé le moyen d’arrondir ses fins de mois de façon plus efficace que par les courses de natations. Il devenu un spécialiste du saut en tandem dans la Seine. En août 1909, à l’occasion du meeting international de natation à Bagatelle, il effectue, avec Mme Garnier un saut de 20 mètres…
Agence Rol, les préparatifs avant le saut de la mort [en tandem plongeant dans la Seine], 1909, Gallica/BNFLire la suite →
La première moitié du XXe siècle, cet âge d’or du vélo! Enthousiastes, certains inventeurs redoublaient d’ambition pour concevoir le vélo de demain, plus rapide, plus agréable… Vélo-torpille, vélos couchés : je vous propose ici ma petite sélection des expérimentations farfelues glanées sur Gallica.
Agence Meurisse, le vélo-torpille de M. Buneau-Varilla, 1913
Rome, son Panthéon, sa basilique Saint-Pierre, sa place Navonne, sa chapelle Sixtine… et ses curiosités macabres. Petit détour par un lieu insolite de la capitale italienne, le cimetière des capucins.
Cimetière capucin, Santa Maria della Concezione, Rome (photo ministère de l’Intérieur)
Il y a quelques mois, j’ai eu la chance de pénétrer dans la galerie d’anatomie de l’Ecole des Beaux-Arts. Mes yeux émerveillés ont observés d’étranges squelettes, de fascinants moulages du vivant et une macabre mise en scène.
Anonyme, autel macabre, fin XVIIe siècle, ENSBA
La galerie d’anatomie de l’Ecole des Beaux-Arts recèle bien des trésors. Parmi eux, un petit objet peut prétendre au titre de la curiosité la plus macabre. Sous un dais inscrit de vers de Virgile et de François de Malherbe évoquant la mort, une momie de fœtus gît sur un cénotaphe, encadrée de deux petits squelettes portant des faux. Un troisième, au pied du cercueil, clôt la composition. Cette mise en scène, dans la tradition du memento mori, a été composée à la fin du XVIIe siècle.
Cet étrange objet est le dernier vestige existant d’une très prestigieuse collection d’anatomie, la collection de deux célèbres chirurgiens, Jean-Joseph Sue père et fils (le grand-père et le père de l’écrivain Eugène Sue). A partir de 1745, Jean-Joseph Sue père, chirurgien à l’hôpital de la Charité et professeur à l’Académie royale de peinture et de sculpture, mène d’importantes recherches sur la conservation des restes anatomiques. Ses travaux donnent lieu à la publication de plusieurs ouvrages tel L’Anthropotomie ou l’art d’injecter, de disséquer, d’embaumer et de conserver les parties du corps humain (1765). Ses préparations anatomiques sont alors fort connues et admirées, quoique parfois d’un goût douteux. Les auteurs de l’Encyclopédie mentionnent ainsi que le chirurgien a fabriqué et offert au Cabinet du roi une paire de pantoufles… en peau humaine !
Portrait de Jean Joseph Sue, 1775. Wellcome Library, Londres
En 1785, Jean-Joseph père confie sa collection de pièces anatomiques – encore modeste- à son fils. Ce dernier va en faire, en l’espace de quelques années, une des plus importantes collections de ce type en Europe. A la veille de la révolution, elle compte en effet 1300 pièces. Afin de financer son développement, Jean-Joseph fils a l’idée de la présenter au public dans un cabinet où il donne à l’occasion des conférences. Sa réputation est telle que le cabinet est signalé dans plusieurs guides parisiens.
En 1824, Jean-Joseph Sue fils dépose pour 15 ans sa collection à l’Ecole des Beaux-Arts. Mort avant le terme de ce prêt, Sue ne récupérera jamais sa collection, qui, faute d’entretien, va rapidement se décomposer. L’odeur pestilentielle qui règne dans les salles l’abritant nécessite qu’une décision soit prise : bien que considérées comme rares et très précieuses, les pièces d’anatomies, irrécupérables, sont détruites avant 1835. Le petit autel macabre semble être ainsi la seule pièce avoir échappé de la disparition de cet extraordinaire ensemble.
Pour aller plus loin : Philippe Comar (dir.), Figures du corps : Une leçon d’anatomie à l’école des Beaux-Arts, Paris, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2008.
Vous séchez pour trouver une idée de cadeau pour la Saint-Valentin? L’an dernier, je proposais aux flemmards et rois du dernier moment un « mandat » spécial. Cette année, mon choix s’est porté sur un cadeau odorant mais à l’iconographie tout à fait adaptée!
Jules Cheret, Fromages de ferme [affiche], 1876, lithographie en couleurs, BnF/GallicaPensez à embrasser avant d’offrir votre présent!
Mon ami Virgile Septembre, qui tient un excellent tumblr consacré à la culture muséale, a le don de dégoter les plus improbables sites web… Dernièrement, il a éclairé ma TL facebook bien vide du mois d’août d’une trouvaille surprenante, le tumblr Scorpion Dagger.
Le concept ravira les amateurs de culture visuelle et de détournements d’œuvres d’art. La recette est simple: des chefs-d’oeuvres de la peinture (avec une nette prédilection pour les écoles nordiques des XVe et XVIe siècles), de la culture populaire contemporaine, une bonne dose de talent. Mélangez le tout et assaisonnez d’une pincée d’humour.
Le résultat: des gifs amusants, surprenants, se jouant subtilement de l’histoire de l’art et de la société de consommation. Rafraîchissant!
Hyper actif, Scorpion dagger poste depuis avril 2012 une trentaine de nouveaux gif chaque mois! Bonne visite!
Paris, été 1910. Que faire si vous vous ennuyez en ce 31 juillet? Nous ne saurions trop que de vous recommander d’aller assister à un spectacle des plus exotiques. En effet, se déroule cet après-midi au pied du pont Louis-Philippe des joutes sètoises, telles qu’elles se pratiquent dans le sud de la France.
Agence Rol, 31 juillet 1910, joutes sètoises [les 2 barques s’affrontent près du Pont Louis-Philippe, à Paris, dans le 4e arrondissement] (détail)
Hier, en marchant sur les bords de Seine, j’ai croisé le promeneur de chiens bien connu de ceux qui fréquentent les pelouses du Carrousel du Louvre. Ses chiens batifolaient joyeusement dans l’eau… La scène m’a rappelé quelques photographies d’une autre époque, aperçue sur Gallica.
Dans les années 1930, à Paris, on savait s’amuser!Mieux que les concours de beauté, on organisait des championnats de jeux sportifs pour enfants. Une douzaine de photographies de l’Agence Mondial, numérisées sur Gallica, gardent trace de l’édition de 1932 de cette compétition.
Agence Mondial, la course des skieurs, 1932, Gallica/BnF
Quels sont les « jouets sportifs » de 1932? Sans surprise, on trouve les classiques patinettes (trottinette) et voitures à pédales. Plus surprenant sont le skiff et le skieur, alors à la mode. Le skiff, dérivé de l’auto à pédales, est une sorte de rameur à roulettes, tandis que le skieur ressemble plus à une trottinette, que les enfants actionnent à la force des bras. Enfin, la draisienne, vélo sans pédale encore prisée aujourd’hui des jeunes enfants, fait également l’objet d’une course.
Agence Mondial, Maurice Maison (deux ans) un as de la cavalette, 1932, Gallica/BnF
La compétition semble avoir été parrainée par Georges Biscot (1886-1945), un acteur et chanteur français alors en vue. On l’aperçoit au côté d’un des enfants en compétition, lui donnant quelques conseils avant la course de voiture à pédales.
Agence Mondial, Biscot donne des conseils à Claude Rullier (quatre ans) futur champion, 1932, BnF/Gallica
On admirera l’avancée sociale que cette compétition représente: en effet, les épreuves sont mixtes! Si l’on peut s’en réjouir, observons tout de même que la parité est loin d’être atteinte. Dans le palmarès des épreuves, quelques filles: c’est par exemple la très jolie Pierrette Dubois (dix ans) qui a remporté la compétition de patinette.
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