Il y a un mois, je vous emmenais sur le chantier d’accrochage de l’exposition « Fantastique ! L’estampe visionnaire de Goya à Redon » au Petit Palais. Il est temps maintenant de vous parler de son contenu.
Monstres, chimères, fantômes, squelettes… inquiétantes et étranges silhouettes qui se tapissent dans l’ombre des recueils d’estampes de la Bibliothèque nationale de France. Un peuple bizarre et trouble que Valérie Sueur Hermel, conservatrice en charge des collections XIXe siècle au département des estampes et de la photo de la BnF a voulu dévoiler au grand jour : tremblez, ils envahissent les cimaises du Petit Palais !

d’après Horace Vernet, Lenore. Ballade allemande de Bürger, Aquatinte, 1840, BnF
Le Fantastique imprime sa marque à travers tout le XIXe siècle. On sait l’engouement des hommes du temps pour le surnaturel et l’inconscient. Victor Hugo, comme bien d’autres intellectuels, s’adonnait au spiritisme de salon ; tables tournantes, apparitions et projections de l’inconscient ont inspiré multitude d’œuvres artistiques : textes littéraires, photographies, estampes…
L’estampe se prête bien à de tels sujets : imprimée en noir et blanc, elle exprime par sa nature technique même d’une tension entre l’ombre et la lumière. Par ses dimensions réduites, elle forme un médium privilégié à travers lequel l’artiste peut plus naturellement manifester son univers intérieur et projeter ses visions. Multiple et légère comme le papier qui la porte, l’estampe se prête enfin au caprice et à la fantaisie.
« l’eau-forte originale, c’est le caprice, la fantaisie, le moyen le plus prompt de rendre sa pensée » écrivait Alfred Cadart.