Le 2 janvier 2017, je commençais l’année par les visites du musée des Moulages de Montpellier et du Pont du Gard, en compagnie de Jean-Luc Cougy. En 2018, les premières heures de janvier ont aussi été très culturelles avec la découverte du musée Magnin, – le seul ouvert à Dijon un mardi – et son exposition « Exquises esquisses », qui depuis Paris me donnait bien envie.
Antoine Jean Gros, Eléazar préfère la mort au crime de violer la loi en mangeant des viandes défendues, 1792, huile sur toile, Dijon, Musée Magnin
Il faut dire qu’il y a, autour de cette exposition, un battage médiatique assez important : on trouve des publicités jusque dans le métro parisien !Lire la suite →
S’il l’on demande à quelques personnes de donner les noms des artistes du XIXe siècle les plus importants, probablement qu’aucun d’eux ne citera Jean-François Millet. Pourtant, ce peintre est l’auteur d’une des œuvres les plus célèbres de son temps, L’Angélus.Un tableau si connu, si reproduit que l’on a fini par en oublier l’auteur, écrasé par l’icône.
C’est le peintre que le Musée des Beaux-Arts de Lille entend faire redécouvrir au grand public avec la rétrospective « Jean-François Millet » (13 octobre 2017 — 22 janvier 2018).
Jean-François Millet, Le bain de la Gardeuse d’Oie, 1863, Huile sur toile, Baltimore, The Waiters Art Museum.
Assez logiquement, l’exposition s’ouvre avec une évocation de l’extraordinaire postérité de L’Angélus, mille fois reproduit. Mais si, souvenez-vous, vous l’avez probablement déjà croisé ornant une boîte métallique à gâteaux chez vos grands-parents ou une poussiéreuse babiole à la brocante… Un couple de paysans, penchés dans un paysage désolé. Je l’avoue, j’ai toujours trouvé cette œuvre un peu sinistre et je me suis souvent demandé : pourquoi ? Pourquoi un tel engouement ? Est-ce parce qu’elle évoque l’image éternelle d’une France rurale et pieuse ? Lire la suite →
Le oélèbre peintre de ruines Hubert Robert ne s’est pas contenté de représenter de poétiques jardins : il a aussi donné forme dans le réel aux paysages issus de son imaginaire. Hubert Robert, créateur de jardins, paysagiste avant l’heure, voici un pan méconnu de l’œuvre de cet artiste protéiforme… Méconnu, mais plus pour longtemps ! À La Roche-Guyon, une exposition (dont on devine qu’elle fera date) entend lever le voile sur le rôle d’Hubert Robert dans « la fabrique des jardins » des derniers feux du XVIIIe siècle.
Hubert Robert, Vue du parc de Méréville, 1791, huile sur toile, Collection particulière (détail)
Un parterre de fleurs, toutes plus belles les unes que les autres, voici ce que proposait le Musée de la Vie romantique tout l’été avec l’exposition Pierre-Joseph Redouté, le pouvoir des fleurs.
Pierre-Joseph Redouté, Tableau de fleurs, le fond représente un paysage, 1822, gouache sur vélin, Paris, Centre national des arts plastiques.
Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) est un, sinon le plus, fameux peintre de fleurs de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du XIXe siècle. Il s’est à la fois illustré par ses sérieuses planches botaniques — d’une exactitude remarquable, recherchées des scientifiques — et par ses exubérants bouquets peints, prisés des clientes les plus huppées, à commencer par l’Impératrice Joséphine. Mais Redouté, c’est aussi un extraordinaire fournisseur de modèles dont les dessins vont influencer la création pendant plusieurs décennies.
Scénographie de l’exposition au Musée de la Vie Romantique
L’exposition du Musée de la Vie Romantique s’attachait à traiter ces différents aspects, replaçant Redouté dans le contexte de son époque. L’artiste naît au milieu du XVIIIe siècle, dans les Ardennes Belges. Doué pour le dessin, il fait son apprentissage de peintre de fleurs en Flandres et en Hollande, une terre où s’est épanouie, depuis le XVIIe siècle, une belle tradition de tableaux de bouquets. Redouté s’inspire d’ailleurs directement de cette tradition quand il peint sa Vierge pastourelle, totalement dans l’esprit des Madones entourées de couronnes de fleurs, typiques de la production anversoise du siècle d’or. Lire la suite →
De notre séjour estival dans le Berry, auquel j’ai consacré un précédent article, le « gros morceau » était la visite de la Maison de George Sand à Nohant, que j’attendais de découvrir depuis longtemps… Promenade dans une demeure et un jardin où le temps s’est arrêté.
La maison de Nohant, avec, dans la toiture, l’ouverture des ateliers de peinture de Maurice Sand.
Le petit bourg de Nohant a gardé presque intact son charme d’antan, si on excepte la nationale qui balafre le paisible paysage. Autour de la minuscule église, la placette est préservée du vrombissement des moteurs : le sol n’est même pas goudronné ! La pierre est blonde et derrière un mur s’élève la silhouette d’une grosse maison de la fin du XVIIIe siècle, marquée du souvenir de tant de noms illustres.
Le Salon de Nohant, où George Sand recevait ses amis
Vous le savez peut-être, j’ai une certaine passion pour Camille Pissarro – enfin surtout pour les vues urbaines peintes par Pissarro et pour Pissarro graveur. Alors quand j’ai appris que deux musées parisiens allaient consacrer des expositions à cet artiste impressionniste cher à mon cœur, vous pensez bien que j’étais ravie… et j’ai laissé filé le temps sans visiter les expos… ni vous en parler ! Elles sont toutes deux maintenant terminées, mais je tiens quand même à vous offrir ma « visite par procuration » !
Camille Pissarro, Jardin potager et clocher d’Eragny, 1899, Fukushima Prefectural Museum of Art. (détail)
Né en 1830 aux Antilles danoises (aujourd’hui Iles Vierges des Etats-Unis), Camille Pissarro est l’un des artistes majeurs de l’impressionnisme. Il sera d’ailleurs le seul à participer à toutes les expositions du groupe (entre 1874 et 1896). Contrairement à Monet – qui terminera sa vie dans l’aisance et la consécration, Pissarro a connu toute son existence la précarité : ses parents ont du l’aider financièrement jusqu’à ses 40 ans !
Anarchiste, père de huit enfants, il a souvent dû changer de logement faute de revenus suffisants. Ces difficultés financières n’empêcheront pas la famille de rester très soudée : les lettres échangées entre l’artiste et ses proches témoignent de cet attachement filial mais aussi du dialogue artistique entre les membres.
Camille Pissarro, Laveuse dans le jardin d’Eragny, 1899, collection privée (détail)
Pissarro est un artiste prolifique, acharné : on estime qu’il a peint, au cours de sa carrière, plus de 1500 tableaux, auxquels s’ajoutent d’innombrables dessins, gravures… Lire la suite →
Alfred Sisley. Certainement le plus méconnu des « grands noms » de l’impressionnisme. Et pourtant, il est de ceux qui sont restés le plus longtemps fidèles aux principes fondateurs de ce courant pictural. Son catalogue raisonné, abondant, compte 900 peintures. Pour son exposition estivale, l’hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, propose à ses visiteurs de redécouvrir l’œuvre de Sisley.
Alfred Sisley, Bougival, 1876, Cincinnati Art Museum.
Je suis loin d’apprécier la peinture de Sisley autant que j’aime les tableaux de Pissarro. J’allais voir l’exposition d’Aix pour mieux connaître l’artiste – dont je n’ai en tête que la célèbre série de l’inondation à Port-Marly (quelle déception, il n’y en avait qu’une !) et les paysages de Moret-sur-Loing (déjà évoqués dans un précédent billet).
Je dois avouer que je n’en reviens pas avec une passion fulgurante pour le peintre, mais l’accrochage comme le discours ont répondu à mes attentes : c’est une exposition estivale agréable, facile à aborder. Le parcours est chronologique et centré sur les différents lieux de vie du peintre – le paysage du quotidien ayant toujours été son motif préféré.
Alfred Sisley, La Seine à Bougival en hiver, 1872, Lille, Musée des Beaux-Arts
Pourquoi Sisley est-il moins connu que ses célèbres confrères, Monet, Renoir, Degas, Pissarro ? Est-ce que Sisley ne serait pas un peu méprisé pour le caractère répétitif de sa peinture ? Un petit nombre de thèmes, un style fidèle sur plusieurs décennies, sans l’évolution picturale qu’ont connue Monet et Pissarro ? Lire la suite →
Dans le précédent billet, je vous présentais le merveilleux musée de La Piscine de Roubaix. Peintures, sculptures, céramiques, costumes… le musée possède un autre trésor, que les visiteurs ne peuvent qu’apercevoir à travers une grande baie vitrée, au bout du grand bassin : la tissuthèque.
Un livre d’échantillon à la tissuthèque du Musée La Piscine, à Roubaix
La tissuthèque, des milliers d’échantillons textiles patiemment collectés et collés dans des registres, classés par saison et années : été 1897, printemps 1932… Le musée possède près de 5000 de ces livres d’échantillons, acquis entre 1835 et les années 1930 pour l’École industrielle : ils étaient composés par une entreprise parisienne, qui collectait les échantillons et les montait, très soigneusement, dans les livres, ensuite adressés à des abonnés.
La collection s’est enrichie de livres d’échantillons constitués par les industriels eux-mêmes jusqu’à des dates beaucoup plus tardives.
Livres d’échantillons à la tissuthèque du Musée La Piscine de Roubaix
Livres d’échantillons à la tissuthèque du Musée La Piscine de Roubaix
C’est probablement le bâtiment muséal le plus insolite de France : comme son nom l’indique, le Musée de la Piscine est installé dans … une ancienne piscine ! Oh, vous avez sûrement déjà vu passer une photo de ce cadre aussi surprenant qu’enchanteresque. Mais ce qui fait le charme de ce musée, ce n’est pas seulement son enveloppe : c’est aussi la singularité de ses collections, essentiellement centrées sur la fin du XIXe siècle et les premières décennies du XXe. Aujourd’hui, je vous emmène donc explorer un de mes musées favoris du Nord de la France.
La Piscine de Roubaix : vue du légendaire bassin !
Durant l’année écoulée, j’ai visité à deux reprises la Cité internationale de la Dentelle et de la Mode à Calais. Deux visites pour confirmer un coup de cœur pour ce musée pas comme les autres où histoire et patrimoine vivant se mêlent intimement. Amateurs d’histoire du costume, d’histoire technique, d’histoire sociale ou simplement de muséographie réussie, embarquement immédiat pour Calais !
La galerie David d’Angers est l’un des plus beaux musées français consacrés à la sculpture. Installé dans les ruines d’une ancienne église, dont les murs ont été couverts d’une toiture de verre, il présente l’œuvre du plus fameux artiste que la ville ait donné à la France, David d’Angers. Portraitiste talentueux, sculpteur prolifique, il a réalisé au cours de sa carrière quelque 700 statues et médaillons.
La galerie David d’Angers, dans l’ancienne abbatiale Toussaint, à Angers
Un jour, au hasard d’une promenade, j’avais découvert un des secrets les mieux gardés de Paris : cinq rues, isolées du tumulte incessant de Paris, perchées sur leur butte et protégées par un rempart d’immeubles. La Butte Bergeyre, peut-être un des seuls lieux qui n’a pas volé son titre de « Campagne à Paris ».
Vues sur Paris depuis la butte Bergeyre
Pour y accéder, il faut avoir la curiosité et le courage de gravir l’un des deux escaliers traversant la ceinture d’immeubles qui enserre la butte Bergeyre. Un jour où je me promenais le long des Buttes-Chaumont, cet escalier dont je ne voyais pas le bout m’a intriguée. Courageusement, j’ai gravi les douze mètres de dénivelé. Au sommet, de charmantes petites maisons m’attendaient. Je venais de tomber par hasard sur ce lieu dont j’avais déjà vaguement entendu parler, la fameuse butte Bergeyre. Lire la suite →
Vous avez peut-être aperçu son élégante silhouette sur les réseaux sociaux ces dernières semaines : la salle Labrouste, chef-d’œuvre de l’architecture publique du XIXe siècle vient de rouvrir ses portes après plusieurs années de restauration.
La Salle Labrouste aujourd’hui
Un chantier que j’avais eu la chance de visiter à plusieurs reprises dans le cadre de mon travail à l’INHA. J’ai d’ailleurs écrit à ce sujet un billet sur le blog Sous les Coupoles, mais je n’avais pas eu l’occasion d’en parler ici. Maintenant que les livres et les lecteurs ont repris leurs droits dans les salles restaurées du quadrilatère Richelieu, je vous emmène visiter ?
En février dernier, je publiais un billet sur une matrice conservée au musée d’Abbeville, qu’en vue d’une conférence, il avait fallu documenter et identifier. Avec la conservatrice de l’établissement, Agathe Jagerschmidt, nous l’avions sans trop de difficultés identifiée comme une estampe du XIXe siècle réalisée par le graveur Émile Rousseau d’après un modèle du XVIIe siècle, probablement dans le cadre de sa préparation au Prix de Rome, vers 1850-1852. Vous pensiez l’enquête terminée ? Moi aussi… mais il y a eu quelques rebondissements ! Et pas des moindres.
Emile Rousseau, étude, milieu XIXe siècle, cuivre gravé, Musée Boucher de Perthes, Abbeville
Entre le jour où Agathe Jagerschmidt m’a montré la matrice et le moment où nous avons pu, conjointement, trouver le nom du graveur, Émile Rousseau, il s’est écoulé quelques jours.
Nous avions prévu que je revienne, début octobre, afin de consulter la documentation sur Rousseau et de feuilleter ses autres oeuvres, gravées ou dessinées, que le musée conserve. Mais faute de train entre Paris et Amiens le jour prévu, mon voyage était tombé à l’eau. J’avais donc concentré mes recherches sur d’autres problématiques : l’identification du sujet gravé, la pratique du burin au XIXe siècle…
Le jour de ma conférence, je suis arrivée six heures en avance afin de boucler in extremis mon texte et rechercher dans les réserves d’autres oeuvres de Rousseau… Et j’en ai fait, des découvertes ! Lire la suite →
C’est un monument qu’il est impossible d’oublier une fois que vos yeux l’ont découvert. « Le seul exemple en architecture de l’art naïf » selon Malraux. Aujourd’hui, je partage avec vous mon émotion de contempler, au petit matin, dans la nature qui se réveille, le Palais Idéal du Facteur Cheval.
Le Palais idéal du Facteur Cheval, façade est.
Il est de ces œuvres d’art si improbables et fragiles dont on s’émeut non seulement qu’un esprit les ait mises au monde, mais plus encore, qu’elles aient échappé aux vicissitudes du temps, jusqu’à nous parvenir.
C’est le cas du palais idéal du Facteur Cheval, surgi des « terres froides » de la Drôme des collines à la toute fin du XIXe siècle. Imaginez ! Un homme modeste, un paysan devenu facteur, qui s’improvise architecte et sculpteur parce qu’il a eu une vision, et qui, trente ans durant, va consacrer toute son énergie et son temps libre à bâtir un palais fantasmagorique aux inspirations multiples. C’est l’histoire du Facteur Cheval et de son palais idéal. Lire la suite →
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